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Chap VI : La Pièce Qui Emporte Le Tout (3/3)

*
* *

Nous reprenons la marche avec un silence macabre. Il m'arrive de tourner de la tête pour apercevoir deux ou trois petites créatures apparaissant l'espace d'un instant.

Nous nous engouffrons dans la sombre forêt d'où la lumière s'en trouve filtrée et où le froid semble s'y être investit. De la mousse sur tous les troncs d'arbres, des champignons dans un coin.

— Ouh... Faites attention... avertit Nsenga la jambe dans de la boue.

« Il y a de la vase absorbante un peu partout... soyez vigilant...»

Le prêtre est en première position. Il se met à allumer une torche.

— La torche va éloigner certains indésirables que vous n'auriez sans doute jamais voulu connaître l'existence, dit-il, en se retournant machinalement.

Un vent souffle, un murmure surplombe l'atmosphère.

— Ne les effrayez pas... prévient le guide.

« Ce sont les spectres des décédés. Ils errent à travers la Toile cherchant une âme pouvant les nourrir. Ils sont silencieux dans certaines zones de la forêt. »

Il a beau le préciser, je ne vois encore rien. Par contre, une sorte d'écho transmettant un cri presque comparable à celui d'une baleine dans l'eau. Cela ne tarde guère, car voici qu'une tête transparente, ma foi, se dessine dans l'air ambiant. Le regard d'un homme rongé par la faim, presque squelettique, ses iris d'un rond blanc sont noircis au bord. Il porte une sorte de cap le confondant à un faucheur d'âmes.

Sa bouche est couverte de pli. Il me fixe soudain et reste figé. Ma curiosité m'empêche de me détourner d'une chose nouvelle. Il ouvre la bouche et tente, à première vue, de pousser un cri. Je n'arrive pas à me décoller.

— Alpha !

Je reviens subitement à moi et me retourne vers Nsenga qui me regarde avec fermeté, mais aussi avec une peur invérifiée.

— Reste concentré... Nous ne devons pas nous laisser distraire, dit-il.

La marche continue sans aucun problème. Nous avançons jusqu'à atteindre un tas de feuilles mortes rougies. La vue de ces décombres nous pousse à la réflexion : « Est-il possible qu'il y ait un piège ? »

Je ne suis pas la seule car je rencontre le regard d'Eskiell qui se met déjà à contourner l'amas. Nous cheminons par la droite tout en jetant un coup d'œil sur le tas.

Curieusement, le milieu du tas est surplombé de rayon solaire. Notre détour est jalonné de grosses racines nous obligeant à sauter par intermittence et à nous hisser, puis atterrir sur une liane.

— Les gars...

C'est la voix d'Eskiell qui se retrouve en tête de file et pointant en ce moment vers la gauche, direction le milieu de l'entassement.

— Là, ça remue...

Nous nous tournons vers le point indexé. Une jeune pousse commence à se dégager, monter, puis s'étendre. Les branches munies de bourgeons se flétrissent subitement. La chose commence à former un minuscule, mais perceptible visage encore collé au corps.

L'endroit est illuminé par le milieu, plaçant le terrain sous la domination du gris. Soudain, le gris fait place à une teinte rougeâtre. Tout l'espace prend la teinte du rouge.

La créature se dessine en formant un triangle inversé désignant un buste, dont le cou s'en trouve inexistant. La bête est noire de jais et s'élève de plus en plus.

Nous restons là, à observer la scène stressante. S'agit-t-il d'un ennemi ? Est-ce la séquence d'un quelconque piège ? Y a-t-il quelqu'un qui se cache dans ses ténèbres au loin et se prépare à nous attaquer ?

La créature stoppe sa croissance. Elle a atteint sept mètres. La tête reliée au corps, s'agrandit de quelques centimètres atteignant celle d'un être humain. C'est une face anthropomorphique. En quelques secondes, le visage devient d'un blanc immaculé. Ses yeux, encore fermés, s'ouvrent présentant des iris rouges sang. Les pupilles dorées pointent le ciel d'où provient la lumière. Il n'a pas de jambes. Il est bien enraciné dans le sol. C'est un e-motio d'élégance.

Un e-motio d'élégance est un unique guidant et défendant les âmes en détresse. Ils apparaissent souvent pour véhiculer un message. Ils peuvent présenter une forme humaine ou être sous une forme animale : licorne, aigle, loup, chien, cerf, girafe, centaure, et bien d'autres.

La face contemplant la lumière, s'abaisse et détaille l'étendue devant elle. Soudain, elle se tourne vers nous et lancent des yeux menaçants, mais sans émotions apparentes.

L'e-motio redresse à nouveau sa tête et observe à nouveau le ciel. Son visage reflète une profonde maîtrise. Cela nous pousse finalement à regarder à notre tour, le fameux ciel.

La scène qui s'étend à nos yeux nous glace sur place.

— Mon Dieu ! Que s'est-il passé ici ?

Cette question lâchée par Nsenga, sans vraiment y réfléchir, nous fait miroiter un bon nombre de possible cas.

Au-dessus de nos têtes, des squelettes attachés, d'autres avec des poignards placés tout autour de là où devait se trouver la chair. C'est un véritable théâtre de pendu. Certains manquent de pieds, un bras et même le crâne.

— Où sommes-nous tombés ? s'étonne Nsenga en reculant de quelques centimètres tout en brandissant sa torche.
— C'est nous qui avons été dupé... s'exclame Selfor en fixant les corps.

« Il y a une multitude de têtes ayant une charpente vieillie... Ce sont certainement les raids des premiers explorateurs et aventuriers, venus pour obtenir une partie des e-motios classiques... Et d'autres trésors... »

— Il n'y a pas que des vieilles carcasses... ajouté-je, en observant une quinzaine de corps desséchés, mais dont la peau s'y trouve encore, noircie.
— Ce sont sûrement les derniers voyageurs ayant pénétré dans la Toile... explique Selfor, devenant de plus en plus bavard depuis la dernière réunion.
— Ça, c'était pas prévu... commente Bordos, le regard fermé.
— Tout ça... Tout ça, c'est ta faute...

Mes yeux se tournent vers l'aventurier qui se met à serrer les poids. Sa gorge à l'air de vouloir se solidifier, sa mâchoire se serre en rejetant son souffle. Il se retourne vers l'explorateur et l'attrape par le col.

— Tout ça, c'est toi, hein ? lâche-t-il, la rage se manifestant.
— Calme-toi, voyons...

Tout se passe très vite au point que nos corps ne réagissent pas de suite. Nous sommes encore subjugués par la scène que nous restons de marbre.

— C'est toi qui nous a conduit dans ce trou où t'as sûrement prévu de nous y laisser crever, pas vrai ?
— Arrêtes... pauvre fou... Tu m'étouffe...
— Tu sais de quoi je parle, n'est-ce pas ? C'est toi... toi et ton misérable prêtre qui avez préparé ce coup en nous menant ici... Allez, réponds !

Selfor avance et prend Eskiell par le cou et serre sa prise.

— Lâche moi, désencracteur*! Tu es de mèche avec lui... hein ?

Ezkiell se débat. Il ne compte pas lâcher son prisonnier. On le voit transpirer à outrance. Des rougeurs fortes lui passent le visage. Bordos, retrouvant son contrôle, force sur les mains qui le serrent le cou et se libère.

— Ah... Mais lâche moi... merde ! souffle un Eskiell au bord de l'asphyxie.

Le mercenaire desserre son emprise. Eskiell tousse à gorge déployée. Il s'agenouille avant de baisser son buste puis placer ses deux mains au sol. Sa respiration est saccadée, mais il me semble percevoir un mot.

— Mais... mais tu es malade... prononce Bordos, palpant son cou avec vigueur.

« Tu as failli me tuer... pour des suppositions idiotes ?! »

Il respire lui aussi difficilement. Il reste cependant debout, lançant un regard dédaigneux vers son agresseur.

— Tiens-tu tant que cela à voyager seul ? reprend Bordos.

« Tout ceci... tu crois que je l'ai déjà vécu, soulard des bars Nofer* ? Aucun d'entre nous, vois-tu, ne s'est déjà retrouvé dans la Toile... Et toi... fort de tes connaissances et de ton jugement... tu es certain que tout serait rose... laisse-moi te rappeler, aventurier que tu t'es engagé à continuer de ton plein gré... si tu changes d'avis maintenant, je pourrais te pardonner ta stupidité et te laisser prendre ton départ...»

Il se rapproche de la face d'Eskiell, apaisant ses épaules et ses bras de la forêt. Le chef s'agenouille près de l'aventurier et lui prend la tête de sa main gauche par les cheveux et le lance un regard que j'ai déjà vu.

— ...Si tu décides de continuer ta route avec nous... par contre, je te jure que la prochaine fois que tu douteras de nouveau sur moi, je te briserai la nuque avec plaisir...

Eskiell reste sans réponse, le visage vide comme happé par le temps. Bordos le lâche et revient vers nous.

— Et tu penses que je vais accepter tes sottises ? rétorque l'aventurier, toujours près d'une racine.

« Tu crois que je vais... »

— Eskiell, la ferme !

Je ne me repends pas de mon intervention, encore moins du visage noir que je lance à ce combattant.

— Tu t'es suffisamment donné en spectacle...
— Qui t'as permis de...
— Survivons et n'oublions pas ce pourquoi qui nous pousse plus loin encore dans les profondeurs de la Toile...

Je m'attends à ce qu'il réagisse, mais cela n'arrive pas. Il ramasse son sac abandonné quelques minutes plutôt et se mure dans son silence.

— Quoiqu'il en soit... intervient Bordos.

« Examinons la situation... Il est possible qu'en avançant, nous tombions sur un danger plus tétanisant que ces quelques os... Il y a des anciens voyageurs au-dessus de nos têtes... La créature au centre, je suppose que c'est un e-motio, n'est-ce pas, Alpha ? »

Je hoche la tête tout en étudiant l'e-motio qui reste la tête baissée, offrant une expression de vide immense. Je me concentre pour essayer de déceler une nouvelle information pouvant m'aider sur la suite de ma route.

L'e-motio redresse sa face de quelques millimètres. Il tourne ses yeux dans ma direction. Nous nous croisons. Son visage, ce regard... pouvant dire tout et rien à la fois. Je ne peux pas contrôler ma curiosité. Avant même que je ne m'en rende compte, sous les cris des autres, je suis en train de marcher sur les feuilles mortes produisant des craquements à mon passage.

Je lève ma main droite. Toutes mes pensées convergent vers ce tronc au milieu, illuminé par le soleil le plaçant telle une arme légendaire poussant à l'épopée de celui qui le croise.

Deux dixième de seconde est le temps suffisant pour la bête pour faire sortir des feuilles, des branches en pointe, m'entourant brusquement.

Je ne me sens pas intimidée et continue à fixer l'e-motio qui n'a pas changé ses traits. Curieusement, j'avance malgré les lames. Celles-ci se mettent à reculer à force que je place le pas.

D'un coup, le mouvement me pousse jusqu'à lui. À quatre mètres de lui, je chancelle. Mon corps devient trop lourd — C'est incompréhensible — Je le sens, c'est lui qui en est la cause. Son regard reste flanqué sur moi, me contemplant tel qu'on observe un insecte : plein d'arrogance.

Je le regarde sans me détourner depuis le début. Je l'atteindrai, quoiqu'il m'en coûte. Je me lève difficilement, mais je m'y habitue. La pression engendrée me brûle les poumons et me donne des maux de tête douloureux. J'arrive tout de même à me lever. Un instant, je crois ne pas y arriver, ça a l'air d'être à la limite du possible, mais je tiens debout.

Je m'avance de plus en plus vers l'e-motio. Et c'est là que je me vois debout de dos, face à l'intriguant. Je suis tachée de sang, et je prépare mon arc. J'ai le côté droit fortement marqué du passage d'une lame. Brusquement, je me retourne une seconde, croisons mon regard. Mes cheveux noirs dont un petit tas de mèche blanche reste la seule preuve de mon passage dans Lodart.

Je me contemple tout en comprenant que c'est une projection de moi-même. Quant à savoir s'il s'agit du moi future ou d'un double présent.

Je me retourne subitement et lève mon arc, malgré la blessure. En une seconde, j'en déduis que c'est mon futur. Je serais dans un état critique dans peu de temps et peut-être même...

J'ai tenu bon. Me voici devant l'e-motio qui fait un mètre de plus que moi. Nos regards ne se troublent point. Nous nous connaissons sans ne s'être jamais rencontrés.

C'est l'e-motio de la prémonition. Il est un déviant unique. Il se manifeste lors d'un rêve et agit sur le subconscient. Il agit de manière à montrer à un sujet ce qui peut arriver à lui ou à son entourage ou carrément à un inconnu. C'est l'un des e-motios les plus respectés. Et manifestement, lorsqu'on le rencontre, on se souvient l'avoir vu pendant nos rêves, mais nous l'avons complètement oublié.

Nous restons ainsi à nous observer — Ma curiosité — impossible de m'en défaire. Je veux en savoir plus et dans cette idée, je ne peux m'empêcher de lui poser une question, espérant obtenir un rien d'indice me menant à mon vœu :

« Remini... Dis-moi... où puis-je trouver la flamme d'Atlanta ? »

L'animal reste coi pendant quelques secondes, me fixant sans réaction. Soudain, il tourne la tête et je comprends qu'il veut m'indiquer une direction. Mais laquelle exactement.

— Dois-je continuer droit devant ?

L'e-motio me regarde à nouveau et d'un coup, plie son tronc pour rapprocher son visage du mien. Il est trop près de moi. L'espace d'un instant, il me donne des frissons. Ce visage blanc dont les yeux dorés me poussent à tressaillir, semble tenter de pénétrer dans mon esprit.

— Alpha !

Je me retrouve subitement entre les mains du meneur, les autres m'entourant.

— C'était moins une, petite... s'exclame Bordos, essuyant son visage.
— Bon sang ! Mais qu'est-ce qu'il t'a pris ? demande Eskiell.

Je n'arrive pas à suivre leur propos et me contente de trouver la force de relever ne fut-ce que le haut du corps.

— Que... s'est-il passé ?
— Tu as essayé de t'approcher de la créature. Tu as marché sur le tas de feuilles sans crainte jusqu'à ce que la bête ait pointé des sortes de lames sur toi. Nous avons immédiatement réagi... Et ...

Je me redresse difficilement, sentant des douleurs dans toutes mes articulations. Même ma mâchoire se plaint, mais je suis debout, contemplant le silencieux maître du terrain. Mon futur me semble de moins en moins certains et pourtant, je ressens ce quelque chose qui, sûrement, pousse les êtres à avancer, notant le danger.

— La Toile est en branle. Il nous faut continuer... achevé-je, l'air déterminé à le trouver.

*Désencracteur : sobriquet donné sur Lodart, à celui qui est spécialisé dans les assassinats comme Selfor.
*Nofer : sobriquet propre au dialecte Carthage. Littéralement : « possédé ».

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