Chap IX : Piège (2/3)
Je ne me dirige pas tout de suite chez elle. Je sais qu'avec elle, je me dois d'être plus dure, tout en gardant une marche de manœuvre dans la main. Je me dirige vers son lycée. Je longe les couloirs de son établissement et cherche des yeux, la jeune Kelly. Je l'aperçois finalement.
Je découvre ainsi sa table à manger, dans le milieu, deux ou trois personnes assises à côté d'elle, mais ne lui adressant strictement pas la parole. Je traverse le réfectoire en attirant les regards. Il faut dire que tout mon corps a été dupliqué à partir d'une autre personne.
Je marche en direction de Kelly et finit par me pointer devant elle. Elle lève la tête de son plat et reste les yeux écarquillés devant ma présence.
— Est-ce que je peux m'asseoir à côté de toi ? demandé-je, en restant concentrée sur ses deux pupilles marron, alors que les deux bavards à côté ne cesse de se regarder en commentant la scène.
— Heu... tu fais comme tu veux, me dit-elle, lançant un regard aux deux autres tout en indiquant les places vacantes.
— Merci, Kelly ! dis-je, en m'asseyant face à elle.
Je décèle de la surprise dans ses yeux.
— Dis, reprend-t-elle, en inclinant la tête, comment connais-tu mon nom ?
— Je suis une de tes futures amies et je sais que tout le monde t'évite, alors t'inquiète, je suis déjà au courant du mouvement dans ton établissement.
— Tu... tu sais que tu risques d'avoir des problèmes si tu restes là à me parler ? Non, il vaut mieux que tu ailles te mettre avec quelqu'un d'autre.
— Désolé, mais dans mon pays, c'est moi qui brise celui qui m'attaque.
Ensuite, je me tourne vers les deux jeunes élèves ne perdant pas une bride de notre conversation. Je me presse de leur dire ma façon de penser :
— Mais qu'est-ce que vous... dégagez de cette place, lancé-je, essayant de paraître moins froide.
Les deux rêveurs se lancent à nouveau un regard complice. Je me lève de suite alors qu'ils sourient. L'un d'eux se lève aussi. Brusquement, un des attablés, au loin, se lève et les indexe :
— Eh, les frères siamois. Vous n'voyez pas que c'est une invitée ? Magnez-vous et trouvez une autre place tout de suite.
— C'est bon, Delleck. Allez, viens, on se casse, dit le révolté en prenant son assiette dans ses mains.
Je me rassois en observant la réaction de Kelly, littéralement bluffée.
— Attends ! T'es vraiment une invitée ?
— Pourquoi cela t'étonne ?
— Ben, parce que le gars qui vient de te défendre, c'est Delleck du club de foot. Il est le gars le plus célèbre et le plus influent de tout le bled. Alors ce qu'il vient de faire, c'est tout simplement... enfin, tu vois le truc.
— Tu me plais bien, toi, m'efforcé-je de sourire.
— Et... balbutie-t-elle, en me dévisageant, ne le prends pas mal, mais ton accoutrement... n'est pas adéquat pour se déplacer dans une ville... encore moins dans un établissement comme celui-ci.
Elle le doit et désigne la barre noire, derrière mon dos.
— Ce sont des vraies ? m'interroge-t-elle.
— Kelly ! interviens-je, pour couper court.
— Oui ?
— Je vais faire en sorte que le reste de tes années de lycée ne soient pas sous la domination de Lisa.
Elle plisse les sourcils, visiblement déconcertée.
— Comment connaissez-vous Lisa ? Surtout pour cette histoire ?
— Si tout le monde le sait, je le sais. Une grâce t'a été accordée de régler ce problème afin de pouvoir respirer. Pour réussir mon coup, j'ai besoin de toi, Kelly.
La jeune fille me regarde de travers, semblant ne pas y croire. Elle finit par soupirer avant d'ouvrir la bouche :
— Comment comptez-vous faire ?
À la fin de notre entretien, je me déconnecte du canal d'émotion pour revenir dans mon corps. J'examine l'e-motio face à moi, n'ayant pas encore évolué. Cette utilisation est électrisée par mes nombreuses terminaisons nerveuses. Je me relève. Je considère le dernier e-motio, se libérant de mon emprise et se redressant, d'un battement de cil.
Avant même qu'il ose se rapprocher, je le bouscule d'un mouvement du pied. Il chancelle les bras ballants. J'en profite pour sortir une de mes lames et la placer entre mon ennemi et moi.
D'un air détendu, je prends une mine impassible. Sincèrement, l'éliminer serait une excellente idée pour en finir. Cependant, rien de correct n'en sortira. Le sang appelant le sang et tous se mélangeant afin de rouvrir bien d'autres blessures supposées fermées.
D'un regard insistant, je pénètre dans le canal d'émotion. Je rouvre les yeux sur une Lisa en pleur sur son lit. Je vérifie d'un coup d'œil si nous sommes bien seules avant de l'aborder :
— Lisa ! lâché-je, en constatant son brusque pivotement dans ma direction.
On croirait qu'elle a laissé couler toutes les larmes de son corps. Ses cheveux blonds, normalement, bien peignés sont ébouriffés et couvrent presque son visage.
— Et c'est maintenant que tu débarque ? m'interroge-t-elle, les sanglots perceptibles dans sa voix cassée.
Je m'avance d'un pas, ignorant la question.
— Ne t'approche pas, rage-t-elle, en levant la main en signe d'interdit. Je t'ai appelée des dizaines de fois, sans succès. J'avais besoin de toi et tu m'as ignoré !
Je désobéis à son ordre et me dirige droit vers son lit. Je la redresse d'un geste de la main. Elle tente de se dégager de ma prise tandis que je la force à me regarder.
— Donne-moi ces ciseaux, lancé-je, en levant la main pour récupérer l'élément en fer.
— Lâche-moi, reprend-t-elle, plus enragée. Je vais en finir, ici et maintenant. Je t'ai dit de me lâcher.
En prononçant ses dernières paroles, elle me vise avec son arme. J'ai juste le temps d'attraper son avant-bras et de la fixer avec la profondeur de mes iris turquoise.
— Lisa, tu ne régleras rien sans en parler à quelqu'un, rétorqué-je calmement, tout en serrant à l'extrême ma prise, rouge du geste.
L'instrument tombe sur la moquette de la chambre. Je colle Lisa contre moi. Elle éclate à nouveau en sanglot en me tapotant l'épaule gauche. Je la serre plus fort, essayant de partager sa peine, mes yeux grands ouverts.
Lorsqu'elle se calme, je me pose sur son lit en prenant soin de la conserver près de ma poitrine, ma main gauche sur ses cheveux.
— Pourquoi ? demande-t-elle, la voix encore enrouée.
Pour toute réponse, je me cale sur sa tête. Elle se vautre un peu plus.
— Pourquoi n'étais-tu pas là ? Je t'ai attendue pendant des heures et toi...
— Pardonne-moi, Lisa. J'ai eu un contretemps. Je suis là, maintenant.
— Si... si tu savais tout ce qui s'est passé ? Si tu savais tout ce qu'ils m'ont fait ? dit-elle, les larmes aux yeux, le visage déformé par la douleur.
— Chut, viens là, raconte-moi tout.
— Je... aujourd'hui, je me suis dirigée au lycée comme à mon habitude... je suis sortie de la voiture, je me suis dirigée vers mes vestiaires et j'ai découvert un mot qui m'intimait l'ordre de me rendre dans le couloir, c'était un message de Todd, l'un de mes complices... ceux avec qui... enfin... tu comprends... et... sans m'en rendre compte, j'ai placé le bout de papier dans la poche de mon veston en cuir. Je suis ensuite allé en cours.
« À la pause, je me suis pressée d'aller au rendez-vous. Et sur le tournant du couloir, je suis tombée sur la directrice et deux des professeurs les plus influents de l'établissement. Tandis que j'essayais de comprendre la raison de leur présence à cet endroit, je suis restée abasourdie en observant deux surveillants emmener Todd avec trois de ses copains en les poussant violemment. »
« Madame Florence, la directrice, m'a demandé si j'étais complice de leurs magouilles. J'ai essayé de nier en assurant que j'étais venue parce qu'il m'avait écrit un message me précisant de le rejoindre là. Et bien-sûr, elle m'a demandé le petit papier comme confirmation. Après l'avoir vu, elle m'a exhorté à la suivre dans son bureau. Là... elle m'a assuré que si j'avais été une autre élève, j'aurai été renvoyé sur le champ... mais, comme mes parents sont assez influents et investit dans l'épanouissement de l'établissement, l'administration fermait l'œil sur le cas. »
— Tu étais souvent mêlée à ces...
— Non, non, non... nie-t-elle, en cochant fortement la tête, le buste relevé pour me faire face. Je n'ai jamais touché à une seule de ses saloperies. Todd pouvait faire ce qu'il voulait avec ses copains, ça ne me regardait pas... je...
— Écoute moi ! coupé-je court, tu ne dois plus jamais fréquenter ce genre de type. Sache que pour continuer à briller comme tu le veux, tu te dois de t'entourer de gens irréprochables. Est-ce qu'on est d'accord ?
Elle lâche d'autres larmes plus lourdes à contenir.
— Mais tu ne sais pas tout... Après l'entrevue avec la directrice, j'ai rencontré mon ex, celui du club de sport, Delleck. Il m'a grondé en haussant le ton petit à petit, que finalement, tout le monde pouvait entendre ce qu'on se disait. J'ai tenté de garder la face après ses accusations. L'un de ses deux frères qui se trouve aussi dans l'établissement avait reçu de la coque de la part d'un inconnu et avait été pris sur le fait.
« En vérité, tout le monde savait que c'était pas lui, mais Todd avait oublié de récupérer son bien, ce jour-là. C'est tombé sur son petit frère et il a été renvoyé. Delleck a cherché par tous les moyens de trouver le vrai coupable, mais personne qui connaissait le véritable propriétaire de la poudre n'a osé avouer. »
« Aujourd'hui, tu imagines la scène, devant tout le monde, Delleck m'a accusé de complicité. Que je savais tout depuis le début et que j'avais osé garder le silence. Te rends-tu compte ? Et comme si tout cela ne suffisait pas, après les rires en coin, les on-dit dans les salles, j'ai fini par tomber dans les toilettes sur cette idiote de Kelly — ah, je suis sûre qu'elle en a profité un maximum — Nous nous sommes lancés un regard qui en disait long. »
« Je lui ai assuré que cela ne l'apporterait rien de me défier ou de croire que ma réputation en sera tachée. Certes, j'ai été fortement touchée en traître, mais que je me relèverai vite — ouais, c'est ainsi que nous sommes, nous, les Presley — Elle... cette gamine a osé me rétorquer que c'était dommage que je ne voies pas la réalité en face. Qu'avec ce qui venait d'arriver, je me devais de méditer sur mes actes. »
« Bien-sûr, j'aurai voulu lui refaire le portrait à cette effrontée... mais, elle m'a rétorqué que j'étais perdue au moment même où j'ai refusé de devenir la meilleure et comme j'étais aveugle, je ne verrai pas à quel point je pouvais devenir puissante... et c'est là qu'un professeur m'a appelé pour m'assurer que cette histoire resterait dans l'enceinte du lycée... et il a ajouté que mon père devrait mieux me surveiller. Tu t'imagines ? Devant cette moins que rien ?! »
— Lisa ! m'empressé-je d'intervenir. Que t'avais-je dit, la dernière fois ?
— Mais ne mélange pas tout ! Je n'vois strictement pas le rapport. C'n'est pas à cause de mon sale caractère que...
— Laisse-moi finir, Lisa.
— Quoi ? Tu veux dire que c'est ma faute ? lance-t-elle, en se pointant de sa main droite. Mais pas du tout... C'est Todd qui a foiré. Pourquoi devrais-je payer à sa place ? Pourquoi devrais-je encaisser les insultes et les reproches de ses misérables vauriens ?
— Hum... imaginons que tu aies raison. Allons dans ton sens. Et quoi ? C'est la vie, Lisa. N'est-ce pas ainsi que tu signifies les évènements dans tes profils ? « Le jeu du pouvoir. » Ceux qui décident de se conformer à la loi tout en suivant les règles se font dominer par ce qui la transgresse, pas vrai ? Combien d'élèves crois-tu, se sont retrouvé à ta place ? Insultés, méprisés, rabaissés, tabassés, volés, humiliés ? La liste est longue, n'est-ce pas ? Tu t'imaginais quoi ?
— Écoute, si t'es venue pour me faire un sermon, j'te dis direct, tu peux t'en aller...
— Les forts se font dévorer par les faibles. Mais il se trouve, ma chère Lisa, que l'espèce humaine s'adapte vite. Les faibles finissent un jour par ouvrir les yeux et à découvrir qu'ils sont forts. Si tu veux t'enfoncer dans ton monde de bisounours, tu te retrouveras dans le mauvais camp quand le flot de fureur s'abattra sur vos semblables.
— Attends pourquoi tu me dis cela ? Je n'ai rien fait. Je...
À ce moment, je lui renvoi ses propres actions en tête en lui susurrant son mensonge.
— Attends, attends, insiste-t-elle, en fermant les yeux comme sur le choc. C'est toi qui... c'est toi qui viens de faire ça ?
— Lisa ! Tu n'es pas mon ennemie. De ce fait, je préfère ne pas te laisser dans l'ignorance. Tu n'as pas décidé de naître dans cette famille, tu n'as pas décidé d'être entourée de toute cette pression, d'avoir tous ces évènements sur la tête. Mais tu possèdes un seul atout. Un puissant pouvoir qui te place au-dessus des rois et des dieux.
— Et c'est quoi ? Ma confiance en moi ? Ma réputation ?
— Le choix !... Lorsque nous nous sommes rencontrés, tu m'as parlé du froid entre toi et ton père. As-tu réussi ne serait-ce qu'à aborder le problème avec lui ?
Elle détourne le regard, en entrouvrant sa bouche.
— Évidemment, continué-je, tu ne le sais pas encore, mais je vais te le dire.
À la seconde, elle se lève, plaque ses mains sur son front et s'avance vers la porte avant de se retourner pour me faire face.
— Ton père traverse une sérieuse crise, en ce moment. Il est extrêmement stressé et essaye de garder la tête haute. C'est dans ces instants cruciaux, que les parents se souviennent du moindre geste, de la moindre caresse. C'est aussi dans ces instants fragiles, ces jours d'incertitudes et de craintes, que les plus néfastes tentations voient le jour... et que de lourds secrets naissent.
— Attends, qu'est-ce que t'essaies d'insinuer ?
— Tu as le choix de devenir forte et d'aller encourager ton père... et cela, même s'il te repousse. Tu viens de connaître, d'après toi, les pires moments de ta petite existence, n'est-ce pas ? À quel point es-tu aveugle ?
— J'te demande pardon ? lance-t-elle, visiblement choquée.
— Je t'avais dit de cesser tes mesquineries et tes actes méprisables envers tes camarades. Tu ne m'as pas écouté. Ton monde s'écroule et dans ton esprit, se dessine déjà des plans de vengeance, n'est-ce pas ?
— Attends, tu me prends pour une rancunière ? Bien-sûr que non, je... pourquoi tu n'me fais pas un peu confiance ? Pourquoi tout le monde ne croit pas en moi, ne fût-ce qu'une fois ? Tantôt, je suis la fille tendre et réservée qui se doit de finir ses études... de l'autre, je suis une sorcière assujettissant tous les premiers de promotion. Pourquoi vous ?... Laisse tomber.
— Il n'y a pas deux Lisa comme toi, dans ce monde. Et il y a une chance sur un milliard pour qu'il y en ait une autre qui soit exactement comme toi, dans même vingt mille ans. Si toi, protagoniste de ton histoire... tu es incapable de faire un choix, comment veux-tu...
— J'ai peur, ok ? me coupe-t-elle, j'ai peur... et je te l'avais déjà dit, la dernière fois. J'ai peur de faire ce choix, comme tu dis. Je ne connais pas tout ce que tu dis, là. Toutes ses nouvelles définitions que tu apportes à ma vie. Je n'y connais absolument rien... et ça m'effraie, tu comprends ? Si je ne fais pas tout cela, je deviens banale. Exactement comme ce tiroir ou ce tapis... je deviens transparente.
« Certaines nuits, je m'imagine traverser la ville et mon établissement et que personne ne me fasse un coucou ou un salut. Que personne ne se rappelle ne serait-ce que mon nom. J'ai peur d'être seule. Je... je n'suis pas méchante, j't'assure. Je n'veux faire de mal à personne. Mais lorsque le moment arrive, je reste bloquée, comme dans une bulle. »
« Je n'arrive pas à m'arrêter et je prends vite mon pied. Et lorsque je ne suis pas exécrable, d'autres questions me reviennent et je me demande... si je ne vais pas, un jour, finir comme ces derniers, par terre, à supporter la douleur sans rien dire. À être ignorée comme si je n'avais jamais existé ! »
« Alors, j'arpente les couloirs, à la recherche d'une proie potable... je n'sais pas... peut-être pour graver en lui, une marque... que j'ai existé... une trace qui prouvera qu'il ne peut m'oublier. »
— Et à ces instants, tu deviens puissante, n'est-ce pas ?
Elle me considère à nouveau en quittant la moquette qu'elle fixait depuis un moment. Ses sclérotiques sont rouges à force d'avoir pleuré.
— Dis-moi, quel est ton rêve ? interrogé-je.
— Quoi ? Je n'comprends pas ta question.
— Tu n'as jamais eu un rêve à réaliser ? Un objectif qui te trotte dans la tête ?
Elle sourit brusquement. À la déformation de son visage, elle place sa main sur sa bouche et efface quelques perles de larmes sortant. Elle incline ensuite la tête avant de la relever, le sourire à demi emporté :
— Exploratrice... faire le tour du monde. Voir du pays, de nouvelles personnes, escalader des montagnes, découvrir différentes cultures dégustant autour d'une table, un repas chaud et exotique... croiser l'amour au détour d'une rue ou sur un coucher de soleil. Écrire mon aventure.
Je place une minute de silence afin qu'elle y réfléchisse.
— Fais ton choix... déclaré-je, sèchement. Dévore la Lisa qui se croit forte en martyrisant les autres... choisis-toi un stylo et prépare ton voyage.
— Quoi ?! T'es sérieuse ? Mes parents ne vont jamais me laisser faire...
— Alors passe tes dernières années de lycée... à leur prouver que tu peux te gérer toi-même. Prends ton stylo... et note déjà ce qui te fait rêver. Prépare ce jour... Ce jour où tu feras ce premier modeste voyage, pour prévenir un plus grand encore. Et au détour d'une ruelle, nous nous croiserons sûrement, aventurière.
Je finis par couper la connexion, en ayant terminé avec ses soucis. À mon retour, je m'aperçois du dérèglement de mes deux bêtes, se traînant à terre, pris de convulsions. Celui à ma gauche, produit la même aura que l'autre dévoreur.
De son corps, jaillit un écoulement rouge se coagulant, dessinant son buste d'une rose rouge. Très vite, son teint devient gris, son cœur rate un battement avant qu'une lumière se fraye un chemin sous sa carcasse. Un e-motio d'une autre catégorie se présente à moi. Il s'est transformé en e-motio classique. Sa taille minuscule et sa tête de bébé se démarque au premier coup d'œil.
Tandis que je le contemple brillant encore sous d'infimes particules de lumières et de poussières tournoyant autour de lui, je suis interpellée par l'autre, ayant débuté sa transformation en grande pompe. Une aura telle une tornade l'enveloppe. Des particules de lumières violettes et bleues entrent et sortent de la tornade.
Subitement, le mouvement décélère. Je distingue des sortes de patte se démarquer avant que je ne puisse comprendre qu'il s'agisse de ses ailes. L'animal apparaît dans toute sa forme, dessiné de motif illustrant une sorte d'aigle dorée. Son teint est d'un beige prononcé. Sa tête, anthropomorphe, me semble d'une beauté frappante. Il s'est renouvelé en un e-motio classique. Une forme humanoïde doublée d'une paire d'aile.
Un vent chaud me caresse. Je sens une forte odeur de crêpe en émaner. Des particules jaunes dansent tout autour de nous telle la poussière.
Je soupire fortement. Et le voyant prendre son envol majestueux, je me décide de poursuivre ma route. J'ai réglé le petit différent entre nous. Je me prends à penser à Karyo, le japonais. Je n'ai pas retrouvé son canal. Aurait-il finalement trouvé un semblant de joie ? Ou se serait-il supprimé ? Je ne le saurai certainement jamais.
— Tu n'as pas fait dans la dentelle, dis-moi ?! articule Synda, donnant signe de vie.
— Si tu le dis. Je ne me souviens pas avoir une seule fois joué les miséricordieuses. Plus important, allons faire un tour chez toi, Synda.
— Laisse-moi t'y guider, Alpha !
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