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Chap IV : Ce Qui Ne Nous Lâche Pas (4/4)

Une vingtaine de mètres parcourue pendant lesquelles la gardienne me parait au final, très différente de l'image que je me faisais d'un évolué. Elle m'a avoué, au début de notre marche, être la gouverneure de ce district et qu'elle partage son territoire avec quatre autres évolués. Son nom est Tristitia, l'e-motio de la tristesse.

Elle m'avoue n'avoir pas anticipé le fait que le puissant colossal emprunterait cette voie, pour sortir du district.

— Il se balade d'un district à l'autre ?
— C'est exact. Les e-motios ont plein pouvoir sur les six territoires et peuvent agir tels des dieux sur toutes les races, vivant dans la forêt. En ce moment, le seigneur Akêdia désire quitter l'Eden pour rejoindre l'entrée.
— Dans quel but ?
— Pour répandre ses œuvres... dans tout l'univers.
— Il y est obligé ?
— Ce qui se passe dans l'esprit d'un seigneur nous est difficilement accessible... Pour notre part, ça soulage un tant soit peu les animaux de cette partie de la forêt... Long fut le séjour du seigneur Akêdia sur nos terres, massacrant un millier d'entre nous. La nuit était déjà un calvaire avant son arrivée. Environ vingt pourcents des e-motios dévoreurs finissaient par périr lors d'accrochage, durant la nuit. Avec lui, nous en étions à cinquante.

Cette nouvelle me laisse blanc comme neige. Les e-motios se dévorent entre eux. Cela ne m'étonne guère, vu que mutuellement, humain, nous nous en prenons les uns aux autres. Mais de savoir qu'un e-motio colossal, soit un si grand dévoreur ne m'était jamais venu à l'esprit. Ça tombe sous le sens, pourtant. Comment de si puissants seigneurs peuvent conserver une telle quantité d'énergie sans posséder un appétit vorace.

Et encore, l'image de la rencontre avec Akêdia ne cesse de s'intercaler dans chacune de mes réflexions, sur le sujet. Il ne s'était certainement pas donné à fond. Vu qu'il était habitué à des créatures plus faibles que lui, il doit avoir appris à jauger la quantité d'énergie nécessaire pour maintenir ses proies au sol. Mais pourquoi ne m'a-t-il pas tué ? Pourquoi n'ai-je pas perdu, ne fût-ce qu'un bras ou une jambe ? Pourquoi est-il passé sans rien prendre sur les proies qui lui étaient déjà offertes ?

— Dis-moi, Mentio... lorsque tu m'as retrouvé, as-tu vu l'e-motio s'en aller ?
— Non... Je ne t'ai vu que de dos, à mon arrivée. Et lorsque je m'approchais, j'ai remarqué l'autre bête te foncer dessus et alors...
— Mais au fait, toi ! T'étais où ?

Il se met de suite à balbutier en levant ses mains fébriles devant moi, comme un enfant pris sur le fait.

— Je suis désolé, désolé... désolé... j'ai manqué de te le dire, mais...

À cet instant, Tristitia intervient pour argumenter les explications ambiguës de Mentio :

— Ton e-motio avait ressenti l'approche du colossal, ainsi que le mien. Il a été emporté par ses recherches. C'est justement en l'observant que j'ai capté l'approche du seigneur.
— Je vois... commenté-je, ne désirant pas en rajouter, pour l'instant.

Ils sont de la même espèce. Si je ne me méfie pas, je vais me repentir de ma naïveté. Pour le moment, profitons des précieuses informations que nous accorde la gouverneure.

— Mais je voulais savoir... reprends-je, en visant la grande évoluée. Y a-t-il d'autres colossaux qui déambulent ainsi, en ce moment ?
— Seuls l'e-motio de la mort et celui de la dépression. L'e-motio de la mort a son propre terrain de prédilection. De ce fait, il est rare qu'ils se croisent. L'autre chasse dans le district de l'antre de la honte. Mais il ne loge pas à cet endroit. Il a sa demeure dans le district du trou de la mort. Il se déplace seulement quand la faim le talonne. Quant au dernier, l'e-motio de l'amour ne se donne que très rarement la peine de nous visiter. Quand elle le fait, tout n'est que paix et renouveau, chant et loisir. C'est là que la forêt naît de nouveau et que les e-motios deviennent encore plus sensibles aux bonnes émotions.
— Je suis agréablement surprise...
— Plait-il ?
— Vous m'avez l'air plutôt ouverte que ce que je pensais d'un dévoreur évolué. Je dois dire que j'avais des stéréotypes sur vous. Pour moi, vous étiez une nuisance en termes d'émotion et les plus instables. Vous étiez au top de la hiérarchie et que vous vous précipitiez pour décimer tous les êtres humains, entrant sur votre terre sainte. Je ne m'imaginais même pas que ce serait le contraire, à un certain degré et même je ne me faisais pas à l'idée de pouvoir discuter avec l'un d'entre vous, tout en plaçant un pied devant l'autre. Mieux encore, vous m'informez sans rouspéter une seule seconde... j'apprécie.
— Alpha ! La Toile est avant tout une terre comme les autres. Seulement, la folie y est fortement ancrée et tu vas vite le découvrir. Cela dépasse tout ce que tu as pu t'imaginer.

Je ne réponds rien à cela et j'enchaîne sur ce qui me paraît attendu depuis la première de mes syllabes :

— Connaissez-vous le chemin pour se rendre au district du palais de la joie ?

Soudain, elle s'arrête et me fixe. Cela sonne intéressé, mais je n'ai pas de temps à perdre en chemin.

— Nul... ne connaît le vrai chemin... ou plutôt... personne ne s'en souvient.
— Il n'y a donc rien que vous sachiez à propos de la partie la plus importante de ?... Écoutez ! Je ne suis pas venue ici, en quête de richesse. Je suis ici pour récupérer ce que j'ai perdu, cela va bien faire quinze ans. Pourriez-vous ne fût-ce que m'ouvrir la voie...
— Alpha...
— Ne fût-ce que savoir si j'ai perdu mon passé...
— Alpha...
— Je vous assure qu'il m'en importe de ne point retourner en arrière, mais j'ai besoin de savoir. Ou si vous, vous n'en savez pas grand-chose, envoyez-moi chez qui pourra me donner plus de renseignements, sur le sujet...
— Alpha ! Aucun d'entre nous ne s'en souvient.

Je me calme une minute. J'essaie d'analyser cette nouvelle information.

— Nous savons que ce district existe... nous savons que le grand territoire de tous les secrets attisent la curiosité de fervents explorateurs, mais nous... nous l'ignorons totalement.
— Comment cela est-il possible ? demandé-je doucement, en l'examinant toujours aussi intensément.
— Nous avons de vagues souvenirs... d'y avoir un jour été... jadis... lorsque les chants des seigneurs n'étaient pas si bruyants... lorsque la terre s'apaisait... Et que le ciel revêtait sa plus belle parure... celle des beaux jours... des jours de repos... Je me souviens du vent apaisant et accueillant de ces terres... de l'étendue d'herbe verte dansant au gré du vent... Je me souviens du premier chant de l'e-motio colossal...

Je l'écoute sans intervenir, notant chaque mot. Je sens que l'un d'entre eux pourrait être la clef de ma réussite. Elle lève soudain la tête vers le ciel avant de continuer ses explications :

— Autrefois, ce paysage était accordé à tous, humain ou e-motio... Mais un jour, un évènement a changé la vision des seigneurs de ce droit... Des étrangers ont pénétré nos terres en quête de richesse et ont appelé la mort et la fin de ce privilège... Nous ne savons plus comment ni pourquoi... Mais la porte menant au palais fut voilée de notre mémoire... les sentiers et les détails de ce lieu nous furent à jamais interdits... nul ne se souvient de cette terre, devenue légende... la légende devenant un mythe... Les e-motios se sont rassemblés plusieurs fois pour tenter eux-mêmes de trouver l'entrée... des centaines d'e-motios venant justement de ce district se sont mis à genoux pour quémander aux colossaux de bien vouloir rouvrir la porte, ne fut-ce qu'un instant... Ne fût-ce qu'une bride de seconde... il n'en fut jamais ainsi... ceux qui le cherchent, reviennent à leur point de départ... d'autres finissent même dans un autre district, dévorés par un dévoreur, voire dans le trou de la mort... La fosse... Aucun de ceux qui vivent aujourd'hui, ne s'en souvient...
— Ah, si ! s'écrie joyeusement Mentio. Le seigneur Lupe s'en souvient, lui... Il est le plus vieux d'entre nous...
— Il est vrai que Lupe sait bien de choses... appuie mon interlocutrice, entre autre l'histoire, la politique et la géographie de notre monde. Tu y auras maintes réponses à tes questions à ses côtés.
— Justement, nous nous y rendons et on se demandait si tu pouvais nous donner un raccourci, pour rejoindre le prochain district ?
— Je vois que vous avez déjà un plan en tête...

Je mets la main sur la bouche de mon bavard de compagnon et demande à la gouverneure de reprendre son récit :

— Il n'y a plus de moyen de se rendre au dernier district... cependant, il y a un moment de l'année où nous sommes tous appelés à y accéder...
— Un moment de l'année ?!
— Oui... en ce jour-là, toutes les races d'e-motio et tous les tvaraks sans exception entrent et s'en trouvent transformés.
— Avez-vous une petite idée de comment l'on fait pour vous appeler ?
— Je l'ignore, très chère Alpha... Tout ce que je me souviens et que beaucoup te diront...C'est qu'ils ont vu le soleil se lever... Les rayons lumineux ont traversé le ciel... chassé les ténèbres... et qu'une mélodie s'est faite entendre... un son unique... qui nous a comme qui dirait, incité à y aller... une émotion qu'aucun d'entre nous n'avait jamais ressenti auparavant.
— Vous sauriez le reproduire ?
— Hélas, très chère... Il m'est impossible de me souvenir de la moindre parcelle de ce moment si singulier... Notre mémoire nous a été comme arraché... afin de protéger les secrets de la Toile... Et il est préférable, je crois qu'il en soit ainsi.

Plus je l'observe, plus je la crois sincère. Je me presse alors de reprendre là où s'en était arrêté mon e-motio, afin de connaître son avis sur notre parcourt, ce à quoi elle me répond :

— À votre place, je ne transiterai pas par le district de la hache de la colère... C'est la jungle là-bas. Vous risqueriez de ne pas en revenir.

Je prends ces conseils comme argent comptant.

— Et qu'est-ce qui pourrait être un danger potentielle sur ces...
— Tout... répond-t-elle, en me coupant la parole. La violence, la guerre, la fureur... Ils ne connaissent que cela, là-bas.

Elle reprend sa marche, tout en désirant visiblement étayer sa position sur le sujet :

— Comme tu peux le constater, notre district fait peine à voir. Tout ce qui nous entoure n'est que putréfaction et ténèbres. Cela est dû à l'assèchement de nos réserves d'eau. Nos nappes phréatiques sont à sèche. Les précipitations ne nous arrivent plus, depuis bien des siècles. Ce que tu vois là, est alimenté par nos sentiments. Quoi de plus sec qu'un esprit dévoré par la peur, n'est-ce pas ?
— Il n'y a pas un moyen d'obtenir cette eau ? Je n'ose croire que vos voisins ne possèdent de puits, voire un lac...
— C'est judicieusement bien pensé, jeune aventurière... le fleuve Dytos traverse justement le district du souffle de la colère. Plusieurs d'entre nous sont allés quémander de l'eau auprès des deux seigneurs de ces terres, cependant... à leur arrivée, ils ont été maltraités et priés de se battre pour obtenir cette faveur. C'était un sale tour de nos voisins, car sachant parfaitement que les e-motios de ce district combattent toujours en se cachant les uns des autres et seulement à la nuit tombée.

» Ce jour-là, il leur a été demandé de se battre en plein midi avec des êtres bien plus engraissés et brutaux... qui n'ont pas attendu une seule seconde pour sauter sur nos confrères. Un seul d'entre eux a réussi à s'en sortir avant d'échouer dans mes bras, mort. J'ai tenté d'aller moi-même là-bas, voir les deux gouverneurs, mais je fus vite interpellée par mon peuple... me priant de ne pas les abandonner... de ne pas y aller... que j'allais me faire tuer...

Elle stoppe net sa marche et se tourne vers moi.

— Mes subalternes sont très braves... seulement... nous n'aurions pas fait le poids face aux deux souverains voisins et de leurs barbares...
— Avez-vous quand-même essayé ?
— Je... non... Je te l'ai dit... Je dois protéger mon peuple... si jamais j'osais...
— Pourquoi ne demandez-vous pas à vos voisins de l'est ? Ils ont de la verdure à en plier les genoux... donc, forcément de l'eau !? Pourquoi vous...
— Parce que nous avons trop peur que la même chose nous arrive à l'est...
— Nous venons de l'est et...

Brusquement, le chef du territoire lève sa main en signe de protestation.

— Je ne veux rien n'entendre de plus... Contentez-vous de rester à votre place...
— Bien... mais je vous prie...
— Suffit n'en parlez plus ! hurle-t-elle.

Nous venions de repasser du « tu » au « vous ». Tandis qu'un arbre gelé par sa voix tombe à notre droite, j'ai l'honneur de contempler le vrai visage de celle que je considérais être la plus belle des créatures, que j'ai vues dans la Toile : des dents jaunies, un regard marqué de plis en quantité indéchiffrable, des yeux rougis et fatigués, élargis de sorte à m'effrayer.

Elle est là, au-dessus de mon visage et moi, je la regarde sans vaciller, impassible. J'ai bien envie de défier son autorité pour l'aider, mais je me souviens n'avoir pas encore obtenu le chemin adéquat. J'ai tout de même peine à comprendre cette réponse que beaucoup de gens, sous leur maquillage quotidien cache au plus profond de leur être, leur indubitable vérité : celle qu'ils ont peur et ne cesseront d'avoir peur.

— Que me conseillez-vous alors, Tristitia ?

Ses traits n'ayant pas encore changé, elle pointe un chemin où les ténèbres sont moins épaisses. Et c'est là que j'entends sa voix brisée et rageuse, sonnant le glas sur son ancienne identité :

— Prenez ce chemin... Il vous conduira, tout au bout, vers ce que vous cherchez...

Je ne dis rien et après avoir distingué de la lumière sur le chemin, je ramène mon visage vers elle, espérant ne pas être envoyée vers une mort certaine.

— Merci pour cet échange, gouverneure Tristitia... dis-je, sur un ton sec, avant de m'avancer lentement vers le point indiqué.

Alors que nous marchons, j'entends la voix de l'évoluée qui nous appelle :

— Et au fait...

Je me retourne en espérant qu'il s'agit d'une information essentielle.

— Prenez garde où vous mettez les pieds... le vertige emporte les hommes vers de lointains horizons.

Je lui fais volte-face et reprends ma marche. C'est tel un couloir qui conduit droit vers le chemin dicté, dans l'énigme de l'e-motio.

— Prenez garde où vous mettez le pas... le vertige emporte les hommes vers de lointains horizons. Que crois-tu que cela puisse signifier ?

Mentio se tourne vers moi.

— Eh bien... C'est la phrase utilisée par les gardiens pour prévenir l'approche d'un sceau, d'un trou ou même d'une porte dimensionnelle...

Une porte. C'est cela. Je sais maintenant où je me dirige. Je me dépêche de quitter ces terres. Je sais ce qui nous attend, à présent. Je lève mes pupilles pour capturer une dernière fois, cette image de terre morte, d'arbres asséchés et ces senteurs qui me rappellent tant une chose : la peur existe en chacun d'entre nous, il est vrai... mais au moment où nous avons rencontré cette peur et l'avons défiée en duel, elle disparaît comme la brume du matin.

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