
⑱ Une visite de courtoisie
Le véritable traître ?
Mais qu'est-ce qu'il a raconte ?
Alors... Il le connaît depuis le début ?
... De quel côté es-tu au juste, Ôma-kun ?
– ... Tu étais avec quelqu'un, Ôma-kun ?
Shûichi se raidit à l'entente de la voix du traître. Une voix féminine. Il n'était pas encore sûr de la reconnaître – peut-être ne le voulait-il pas – mais... elle lui était familière, sans aucun doute.
– Non, personne.
Il fronça un peu les sourcils dans l'obscurité du placard.
C'était Kokichi qui avait répondu, et pourtant... Sa voix, son timbre, tout semblait appartenir à une autre personne.
– ... Tu as reçu les documents que Kii-Bo t'a transmis ?
– Oui.
À ce niveau-là, ce n'était plus une réponse, c'était un blizzard.
– Ça va, pas la peine de faire cette tête ! Tu pourrais être plus aimable...
– Et tu pourrais arrêter de respirer. On n'a pas toujours ce qu'on veut dans la vie.
Shûichi était trop nerveux pour bouger. Il lui semblait que les battements de son cœur allaient le trahir d'une minute à l'autre. Il mourait d'envie de coller son œil contre la serrure du placard... Mais ce n'était pas le visage du traître – de la traîtresse – qu'il voulait voir. Plutôt celui de Kokichi.
Il avait l'impression que celui-ci était devenu une personne totalement différente. Une personne que Shûichi n'avait jamais vue. Peut-être l'avait-il aperçue furtivement, à travers un regard ou un sourire un peu trop grand, mais jamais de cette façon.
Ce Kokichi-là lui échappait et ça ne lui plaisait pas.
– J'ai compris que tu ne m'aimais pas, c'est bon... C'est dommage, je t'aime bien, moi ! Et je suis bien contente d'avoir le privilège de te voir comme tu es vraiment...
Un ricanement désagréable traversa la pièce.
– Le vrai Kokichi Ôma ! Enfin, vrai ou faux, ça n'a pas vraiment d'importance... Tout le monde te déteste de toute façon !
Shûichi faillit s'étrangler. Il n'avait qu'une envie, ouvrir grand la porte et coller une bonne droite à cette personne, qui qu'elle soit. Tout son corps hurlait qu'elle racontait n'importe quoi, que c'était faux, que lui...
Que lui ne détestait pas Kokichi.
Heureusement, ce dernier se décida à répliquer.
– Moi au moins, je ne suis pas un gentil toutou qui rapporte chaque matin le journal à son mai-maître. Toi, Ikusaba-chan, Keeboy... Vous n'êtes rien de plus que de pauvres clébards.
– Parce que toi, tu n'obéis à rien ni à personne, peut-être ?
Silence.
Que Shûichi trouva inquiétant.
– Enfin, tout bien réfléchi, c'est peut-être pour ça que tu n'as toujours pas éliminé tes cibles alors que je me suis parfaitement occupée des miennes, reprit la traîtresse en gloussant.
Shûichi sentit un frisson remonter le long de sa colonne vertébrale. Des cibles ? Qu'est-ce qu'elle entendait par là ?
– "Parfaitement" ? Pour Akamatsu-chan, je veux bien, mais pour Amami-chan, c'était raté ! Reviens te vanter quand tu sauras viser juste !
... Alors c'était elle qui avait tué Kaede.
Et Kokichi le savait ? Il le savait et il ne lui avait rien dit. Rien qu'à cette pensée, Shûichi se sentait envahi par une colère indescriptible, et il ne savait même plus contre qui elle était dirigée.
– C'est ça, moque-toi de moi... En attendant, tu n'as rien fait.
Un bruissement de papier se fit entendre.
– Tu sais lire, au moins ?
Pas de réponse.
– À moins que... que tu ne veuilles pas le tuer ?
Elle éclata d'un rire qui n'avait rien de joyeux. Il était plus menaçant qu'autre chose, à vrai dire.
– Le graaaand Kokichi aurait-il donc enfin des sentiments ?
– ...
– Je ne te comprends pas... Tu as pourtant bien éliminé les autres, alors qu'est-ce qui t'empêche de le faire avec celui-là ?
Nouveau bruit de papier.
– Pourtant, il est bien indiqué qu'il faut "l'éliminer dès que possible"... Alors pourquoi est-ce que tu tardes tellement ? Tu commences à t'attacher à lui ? Ce serait la meilleure !
Shûichi voulait qu'elle se taise. Qu'elle sorte de la pièce, et qu'elle laisse Kokichi tranquille. Son bavardage était insupportable.
– De toute ce ramassis de morveux, c'est lui qui t'a tapé dans l'œil ? Oh, non, vraiment... Je pensais pourtant qu'il serait le plus facile à éliminer pour toi...
– ...
– Et surtout, ne va pas me dire qu'il est trop fort, ou trop perspicace, ou trop intelligent où je ne sais quoi... Il a peut-être un bon esprit de déduction, certes, mais franchement...
Shûichi fronça les sourcils, tout en commençant à avoir des sueurs froides.
Cette description ressemblait étrangement à...
– C'est simplement toi qui retarde l'échéance, Ôma-kun... Shûichi Saihara ne ferait pas de mal à une mouche !
Il s'était figé. Pétrifié. Statufié. Ou tout autre adjectif qui pourrait qualifier un état d'immobilité dû à un choc trop difficile à encaisser pour le cerveau.
Cerveau qui n'arrivait pas à faire le lien entre tout ce qui se passait. Ou qui plutôt, n'arrivait pas à y croire.
Il était classé comme étant nuisible.
Il était donc une cible à éliminer.
Et ce travail devait être achevé par Kokichi.
Heureusement, au bout de quelques instants de choc, ses cellules grises eurent quand même un semblant de raisonnement logique.
En effet, si Kokichi devait le tuer...
"Pourquoi il ne l'a pas fait avant ?"
Mukuro l'avait littéralement jeté sur son pas de porte... Il aurait tout à fait pu l'éliminer à ce moment-là ! Et pourtant...
Il ne l'avait pas fait. Pourquoi ?
– J'espère que tu n'oublies pas ce qui arrive aux traîtres, dans notre organisation, Ôma. Enfin, peut-être que tu préfères que l'on te considère comme un enfant... Et dans ce cas-là, je pourrais te punir de la même manière que lorsqu'on était gamins.
Le punir ? Shûichi n'aimait pas vraiment l'idée.
– Tu te rappelles du hangar numéro deux ? Tu sais, celui où on n'avait pas le droit d'entrer...
– La feeerme, marmonna Kokichi. Tu m'énerves...
– Et la vieille presse hydraulique à l'intérieur, tu t'en souviens ?
– La ferme, j'ai dis...
– J'espère que tu te rappelles des règles du jeu, aussi ! Le puni s'allongeait sous la presse et l'autre devait l'arrêter juste à temps pour qu'elle ne l'écrase pas...
– C'est pas drôle.
– Oh si, ça l'était ! Encore plus quand c'était Kohaku-chan qui devait appuyer sur le bouton !
– LA FERME, SHIROGANE !!
Le nom avait été dit à voix haute. Enfin.
Et Shûichi n'avait pas autant de mal qu'il le pensait à y croire.
Tsumugi Shirogane.
Tsumugi Shirogane était la traîtresse. Celle qui avait organisé l'attaque des encapuchonnés.
Probablement celle qui avait fait disparaître tous ces visages sur les photos de classe de Kokichi.
Celle qui avait agressé Rantarô...
Et assassiné Kaede.
Il n'avait jamais été particulièrement proche d'elle, mais la connaissait depuis l'enfance. Elle était si effacée qu'il ne l'avait même pas soupçonnée... Tu parles d'un bon camouflage.
Mais plus que le choc d'apprendre qui elle était vraiment... C'était la colère qui prônait chez Shûichi.
Une colère noire, provoquée par les paroles qu'elle avait lancées à Kokichi comme de pernicieux poignards.
– J'ai compris, je m'en vais... Mais tu n'as pas intérêt à oublier que ton rôle ne tient pas qu'à toi, Ôma-kun.
On pouvait entendre dans sa voix qu'elle souriait, mais son ton était sec.
– Il me semble que tu as besoin de petites piqûres de rappel de temps en temps.
Et, sur ces paroles, Tsumugi prit la porte, qui se referma dans un claquement sonore.
Et à ce même moment, Shûichi bondit hors du placard.
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Bonsouaaaar ! Oh bon sang, qu'est-ce que ça m'avait manqué d'écrire ici ! Presque cinq mois, vous vous rendez compte ? Cette fic a fêté son premier anniversaire entre-temps !
Évidemment, je vous dois une petite explication...
Comment vous dire qu'il y a eu pas mal de changements dans ma vie ces derniers mois, et que j'ai eu quelques difficultés à m'adapter... J'ai eu beaucoup de travail et j'étais très souvent en ascenseur émotionnel et en stress, donc c'était vraiment difficile pour moi de garder la motivation et de continuer à écrire...
Mais maintenant, je me suis à peu près habituée, ce qui explique mon retour parmi vous ! Je ne vous ai pas oublié(e)s, vous voyez...
J'espère que malgré cette longue absence, cette fic vous plaira toujours autant et que vous ne m'en voulez pas trop ;)
Je pense que même si ma motivation est fluctuante, ce chapitre marque mon retour pour de bon mes cocos !
Prenez soin de vous, j'espère que vous aurez apprécié cette lecture ❤️
Chichime~
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