Le poids des mensonges
Il reposa la lettre complètement défait. Il n'avait d'autres choix désormais que de lui révéler la vérité. Ce moment qu'il repoussait depuis cinq ans maintenant était arrivée. Et c'est avec désespoir qu'il l'envisageait.
Il se prit la tête entre ses mains en soupirant. Il aurait pu empêcher ce moment d'arriver en étant honnête dès le début. Il aurait dû. Mais la première fois ça n'avait était qu'un pieu mensonge. Il n'était sensé y avoir aucune conséquence à mentir sur son métier. Est-ce qu'il pouvait prévoir que cette jolie fille à qui il venait d'offrir un verre au bar serait plus qu'un simple flirt ? Il ne l'avait pas trouvé exceptionnellement renversante, n'avait pas eu un coup de foudre. Elle était jolie, il aimait son sourire et la manière qu'elle avait d'entortiller ses cheveux autour de son doigt quand elle parlait mais rien de plus. Il ne pensait pas qu'il tomberait éperdument amoureux.
Comment avait-il pu en arriver là ? Comment avait-il pu construire ce tissu de mensonge ? Pourquoi n'avait-il pas été honnête tout de suite ?
Il aurait dû tout lui dire quand il sentait qu'il était amoureux, mais la peur de la faire fuir lui avait cousu les lèvres. Non il fallait qu'il soit honnête : il préférait vivre dans le confort que lui offrait son mensonge que d'avouer et devoir se confronter aux conséquences de ses actes. Le premier mensonge avait peut-être été innocent mais quand il avait multiplié les ruses pour le maintenir, qu'il s'était petit à petit créé une identité de toute pièce, préparant les réponses aux questions qu'elle poserait sur l'absence de sa famille, de ses amis, ses absences. Allant même jusqu'à se mettre en scène, prétextant le sujet sensible pour qu'elle ne sente pas qu'il lui mente quand il savait déjà ce qu'il lui dirait quand elle aurait insisté encore et encore.
Il avait été stupide ! Il avait été lâche ! Il savait que la vérité finirait par se savoir. Il le savait tellement que tous les soirs il s'endormait en se promettant que le lendemain il lui avouerait tout. Mes ses lèvres restaient scellées. Il ne jouissait même pas de cette vie que lui offrait ses mensonges tant elle était guidé par sa peur, uniquement sa peur de voir tout se dévoiler au grand jour. Combien de fois il avait senti son estomac se serrer après une question ? Combien de fois son souffle s'était fait court et son cœur s'était mis à palpiter alors qu'il se pensait démasqué ?
Si seulement il avait été honnête. Désormais il se retrouvait dans une impasse.
Il devait dire la vérité. Il devait être honnête envers elle ou envers sa hiérarchie mais la situation ne pouvait plus durer. On exigeait qu'il rentre. Qu'il retourne à la vie recluse. Sa mission était terminée.
Il devait leur dire que c'était impossible parce qu'il avait une compagne et un enfant. Ou lui dire à elle qu'il devait partir parce qu'il était en réalité magicien.
Il se leva et fit les cents pas nerveusement. Il ne savait pas quoi faire. Et le moment était venu de faire un choix. Il devait partir ce soir s'il ne voulait pas que ses collègues viennent le chercher mettant en danger tout le monde et montrant la vérité à tous.
Il songea à son fils qu'il ne pouvait pas abandonner. Et en même temps on ne lui permettrait pas de rester. Il ne savait pas comment expliquer cet amas de mensonge. Que pouvait-il bien faire ?
Alors qu'il tentait de réfléchir à l'explication qu'il fournirait en tremblant, il songea que quelqu'un pourrait l'aider. Son ancien mentor avait toujours était là pour lui, il ne le jugerait pas, ne le dénoncerait pas, le conseillerait de son mieux. Il avait définitivement besoin d'aide, ne se sentant pas de prendre cette décision seule.
Il prit son téléphone, composa le numéro.
— Atherton ? répondit la voix rauque au bout du fil. Que se passe-t-il ? Tout va bien ?
— J'ai fais une énorme bêtise, confessa-t-il d'une voix chevrotante.
Et il l'écouta déballer son histoire sans le juger. Atherton se sentit, à la fin de son histoire, plus léger. Il ne s'était pas rendu compte du poids qu'il pesait sur sa poitrine depuis le début de cette aventure mais désormais qu'il s'était envolé il ne pouvait que le constater.
— Prends tes affaires tout de suite ! Prends-les et pars sans un mot. Elle ne peut pas te retrouver avec tous tes mensonges et il vaut mieux qu'elle ne sache pas la vérité. Tu ne peux plus rester. Tu le sais. Et moins de gens connaissent la vérité mieux ce secret sera gardé.
C'était lâche, terriblement lâche. Et l'idée de ne plus revoir Cyrus, de ne pas dire à Caitlin combien il l'aimait lui paraissait impossible. Pourtant il savait qu'il disait vrai. Son mentor avait toujours su le guider dans le droit chemin. Il ne s'était jamais trompé jusque là en suivant ses conseils. Alors il passa dans la chambre de son fils. Le petit garçon dormait paisiblement. Il ne se doutait pas de ce qui allait arriver. Il caressa ses cheveux châtains avec douceur, le cœur serré de chagrin, puis il prépara ses affaires.
Il chargea le coffre de la voiture avant d'aller chercher Cyrus qui pleura de ce réveil inattendu. Mais il ne pouvait pas le laisser seul dans la maison. Le voyage en voiture le calma et le berça.
— Papi ! s'écria le garçon quand il gara la voiture et reconnu où ils étaient.
Une vague d'amour se saisit de lui. Il se tourna vers l'enfant si heureux, si impatient, avec tendresse. Il le sortit avec délicatesse du véhicule, le garda dans ses bras, savourant ce contact si doux pour son cœur et embrassa sa tempe en marchant dans l'allée.
Il sonna à la porte et se cramponna à son garçon qu'il s'apprêtait à abandonner. Il ne voulait pas lui dire adieu. Il ne pouvait pas faire ça. Mais que pouvait-il faire d'autre ?
Noel ouvrit la porte avec mauvaise humeur. Mauvaise humeur qui ne s'apaisa pas à sa vue. Son beau-père ne l'avait jamais porté dans son cœur. S'il savait à quel point il avait menti à sa fille il l'en détesterait plus encore.
— Qu'est-ce que tu veux ?
— Noel je suis vraiment désolé j'ai un rendez-vous très important. Il faut que vous preniez Cyrus cet après-midi.
— Un rendez-vous de quoi ?
— Professionnel ! affirma-t-il en posant son fils à terre.
Il l'observa une dernière fois. Est-ce qu'il se souviendrait de lui ? Sans doute Noel le dépeindra horriblement. Et il ignorera toujours à quel point Atherton l'aimait, se croyant abandonné par lui. Il caressa une dernière fois ses cheveux avec un sourire triste.
— Je t'aime Cyrus ! Sois-sage d'accord ?
Le serrant contre lui il lui supplia intérieurement de se rappeler qu'il l'aimait.
Il se releva et avec un dernier signe de la main monta dans la voiture. Il lui répondit avec un petit sourire qui resterait graver en lui à jamais. Il soupira, mit sa ceinture et partit.
Fatiguée, Cyrus endormi dans ses bras, Caitlin fit tourner la clef dans la serrure. Atherton n'était toujours pas rentré donc. Elle fronça les sourcils. Il ne lui avait même pas envoyé un SMS, rien.
Elle déposa son fils dans son lit et passa dans sa chambre se préparer pour une douche. En ouvrant son armoire elle remarqua alors que les affaires d'Atherton avait disparu. Ce n'était pas normal. Elle se doucha soucieuse, prépara le dîner avec anxiété, ne put rien manger. Elle nourrit son fils et appela son compagnon. On lui informa alors que le numéro n'était plus attribué.
L'anxiété céda la place à la panique. Bon sang qu'est-ce qui se passait ? Elle ne savait même pas vers qui se tourner. Elle attendit en songeant qu'il ne pouvait y avoir qu'une erreur là-dedans. Elle rappela encore et encore. En vain. Elle se réveilla en sursaut le lendemain, toujours assise à la table à manger, par les pleurs de Cyrus. Atherton n'était toujours pas rentrée. Et alors qu'elle prépara le biberon de son fils elle ne put que s'avouer la vérité. Elle le tendit à Cyrus la gorge serrée. Elle ne comprenait pas, ça ne pouvait pas arriver. Il avait était si doux encore la veille quand ils s'étaient dit au revoir. Il avait toujours était un père si attentionné et dévoué. Il ne pouvait pas les avoir abandonné.
Elle prit son téléphone et appela son père. Elle avait besoin de quelqu'un, elle se sentait si mal.
— Papa, il m'a abandonné ! pleura-t-elle au téléphone.
Éclatant en sanglot elle n'entendit même pas sa réponse. Elle se sentait si seule, si désespérée.
Dans sa voiture elle observa la maison face à elle incrédule. Comment avait-elle pu être aveugle à ce point ? Le choc passé de se retrouver si lâchement seule elle avait tenté de comprendre. Elle avait alors découvert qu'il lui avait mentit. Il n'était pas conseiller financier. Il partait souvent oui, mais après quelques questions elle avait découvert que bien souvent il ne quittait même pas la région. A force de fouiller elle avait appris qu'il se rendait même souvent ici. Elle ne s'attendait pas à trouver une maison quand on lui avait donné l'adresse dans ce coin perdu de la campagne. Celle-ci était vraiment bien isolée d'ailleurs. Le cœur brisée elle s'imagina qu'il lui avait cachée une autre femme avec peut-être des enfants. Tout ce temps elle n'avait été qu'une maîtresse, une distraction.
Elle devrait faire demi-tour. C'était plus raisonnable. Mais il fallait qu'elle voit cette femme, voit à quoi ressemblait sa vie. Et il fallait qu'elle lui dise la vérité.
Ouvrant sa portière et la refermant discrètement elle se faufila à une fenêtre. Elle devait être sûre qu'Atherton ne serait pas là. Si elle ne l'aperçut pas, elle ne vit pas plus d'enfants ou de femmes. Par contre un groupe d'homme était là, discutant autour d'une table.
— Qu'est-ce que t'observes comme ça ? questionna une voix dans son dos.
Elle se retourna sur un homme frêle au teint pâle. Il fallait fuir.
— Je me suis trompé.
— C'est ça.
Il lui prit le bras mais elle donna un coup pour se dégager. D'un geste de la main il la fit s'envoler en l'air.
Un magicien ! Ce n'était pas possible. Il la fit voler jusqu'à l'intérieur, où les autres hommes se tenaient.
— Qu'est-ce que c'est que ça ? s'étonna l'un d'eux, un homme distingué coiffé d'un chapeau passé de mode.
— Une fouineuse qui nous observait chef !
— Elle n'est pas magicienne pourtant.
— C'est une erreur, s'écria-t-elle. Je vous jure que je ne vous veux aucun mal.
— Alors qu'est-ce que tu es venu faire ici ?
— Je cherchais quelqu'un. Il y a dû avoir une erreur.
L'homme au chapeau se pencha vers elle en souriant :
— Parle-moi de cette personne !
Atherton détestait être convoqué chez les éminents. C'était rarement pour de bonnes choses. Néanmoins il se composa un visage impassible et entra.
— Vous m'avez demandez messieurs ?
— Oui c'est à propos de votre dernière enquête.
Son cœur rata un battement.
— Un problème ?
— Une femme a disparu.
Il leva un sourcil surpris, ne voyant pas de lien.
— Son dernier geste a été d'entrée l'adresse où le sujet de l'enquête organisait ses affaires selon vous Atherton. On y a même retrouvé sa voiture.
— Vous pensez qu'il ait pu lui faire du mal ?
— Nous n'en savons rien. Nous espérions que vous sauriez nous apprendre plus. Son nom est Caitlin Collins cela vous dit-il quelque chose ?
L'effort qu'il fit pour ne pas montrer son choc était colossal. Mais il y parvint.
— Je ne pense pas, dit-il en tremblant.
On lui tendit une photo. Il connaissait ce visage si bien. Il dû se faire violence pour en détourner le regard.
— Je ne comprends pas, souffla-t-il.
— Apparemment cette femme a pausé quelques questions sur vous également.
La panique se saisit de lui à ces mots. Pourvu qu'ils n'aient pas fait une enquête plus poussée.
— Vous savez pourquoi ?
— Non, son père a repoussé toute personne souhaitant en savoir plus et bien sûr la police a refusé de nous communiquer quoi que ce soit sur le sujet arguant que ce n'était pas nos affaires.
Béni soit Noel et sa paranoïa ! Il ne pensait pas qu'il ressentirait ça un jour.
— Vous avez des théories ?
— Pas vraiment, on espérerait que vous nous apporterez des pistes. Visiblement elle a voulut fourrer son nez dans nos affaires et qui sait comment elle l'a payé.
Son cœur se serra à ses mots. Sachant qui elle avait pu rencontrer dans cette maison il ne pouvait que songer qu'elle avait dû connaître un sort terrible. S'il avait été honnête, s'il lui avait dit la vérité rien de tout cela ne serait arrivé. Comment pourrait-il se regarder dans une glace ?
— Vous avez l'air touché Atherton.
Il ignorait comment se justifier.
— Je....
— Ne culpabilisez pas ! Vous n'y êtes pour rien si cette femme a mis son nez là où elle ne devait pas.
Il hocha la tête. Il ne pouvait rien faire d'autre que de mentir encore. Même si ce nouveau mensonge ne rendez pas hommage à la mère de son enfant.
La peine comprimant sa gorge il observa une dernière fois sa photographie. Les magiciens ne feraient rien s'il ne parlerait pas, la police de son côté ne découvrirait rien et son fils comme Noel ignorerait toujours ce qui était arrivé à Caitlin. Néanmoins avouer c'était risquer des sanctions immenses, la réclusion jusqu'à la fin de sa vie peut-être. Il ne pouvait s'y résoudre. De toute façon la vérité s'était envolé avec elle, ses mensonges n'aurait plus aucun risque de sortir au grand jour désormais.
Alors il releva les yeux vers son supérieur, lui offrit un sourire masquant toute sa détresse intérieure et d'un hochement de tête prit congé. Il avait choisi encore une fois la voie du mensonge. De toute façon il ne pouvait cesser de porter son poids maintenant qu'il savait que Caitlin avait connu un sort funeste à cause de ça. Alors puisqu'il l'avait perdu autant continuer.
Prequel à Sans Titre 3
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