Anodine
Mathilde tentait avec ses collègues de se faire discrète. Il ne fallait pas qu'on puisse soupçonner quoi que ce soit mais ce corps si grand la perturbait. Ses pas lui semblaient immenses. Pourtant elle avait proposé à ses supérieurs de rester sous leur forme naturelle, il existait des nains dans le monde extérieur, changer leurs vêtements, couper un peu les barbes de ces messieurs et c'était fini. On lui avait rétorqué qu'il fallait le plus possible passer pour monsieur et madame tout le monde. Ne pas attirer l'attention, ne pas faire de vague, n'être qu'une personne banale parmi d'autres.
Ils se séparèrent à un carrefour et en bonne naine elle entra dans le premier bar et demanda une bière. Là-bas elle lut le journal en tentant de déchiffrer l'allemand, elle prit en note sur un petit carnet ce qui lui semblait important. Puis elle observa la télévision et les nouvelles en écoutant des discussions. Elle sociabilisa autour de bières avant de ressortir.
Elle fit un tour dans le centre commercial le plus proche, observant les boutiques, cherchant les nouveautés. Puis elle se rendit à la librairie. Achetant les meilleures ventes. Ensuite elle se rendit au supermarché. Elle examina les rayons, acheta de quoi se nourrir et rentra dans l'appartement qu'elle occuperait pendant les jours qui venaient.
C'était si étrange dehors. Elle avait beau avoir l'habitude, le contraste la saisissait à chaque fois. Pourtant on ne pouvait pas dire que leurs deux sociétés étaient si opposées mais tout de l'architecture, aux coutumes, à son corps, au rapport sociaux lui criaient qu'elle n'était pas chez elle.
Elle se fit à manger cette nourriture si différente, ce n'était pas mauvais au contraire. Il y a beaucoup de choses qu'elle aimait de cette vie là. A commencer par la bière qui était franchement bonne.
Elle adopta donc une routine, mena une vie anodine, où elle écumait les différents commerces, écoutaient les nouvelles, se renseignait sur ce qui se passait dans le monde et trainait beaucoup au bar. Le soir venue elle pensait à ses petits et son mari resté à la maison qui lui manquait quand même.
Puis au bout d'une semaine elle reprit le chemin de la maison. Elle passa la barrière et les petites maisons typiques de chez elle la cueillirent. Elle reprit une apparence anodine pour chez elle, la sienne, la vraie et se rendit au bureau des gardiens. On l'attendait avec un bon buffet de champignons et de bières. Elle montra ses trouvailles, parla de la situation dans le monde extérieur et après son rapport prit un vaisseau direction la maison.
Elle ouvrit la porte enjouée. Le bébé était là à gazouiller sur les genoux de son père. Elle les étreignit tous les deux avec bonheur. Les plus grands étaient visiblement encore à l'école. Alors elle bavarda avec son mari, son bébé dans les bras en les attendant.
— Maman ! s'exclamèrent-ils à son retour en sautant dans ses bras.
Elle les serra fort contre elle, respirant leur odeur, s'imprégnant de leur contact.
— Je vous ai ramené des cadeaux, annonça-t-elle.
Sa famille les yeux brillants d'excitation reçut les livres, films et jeux-vidéos qu'elle leur avait mit de côté.
— Et ce soir on mange de la bonne nourriture de l'extérieur ? interrogea son époux en lorgnant les aliments qu'elle avait ramené.
— Oh non ce soir je veux quelque chose de normal, de banal, d'ici. Quelque chose que n'importe quelle famille de Tins pourrait manger.
Elle soupira en songeant à quel point elle aimer tout ce qui était anodin, que ce soit ici ou là-bas.
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