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23

— Mec, elle me prend trop le chou, cette meuf. Jamais elle s'arrête !

— Je t'avais prévenu ou non ?

Arthur abandonne sa feuille de cours gribouillée de formes géométriques pour se pencher sur mon portable.

— Je pensais pas qu'elle casserait les couilles aussi vite, juste parce que je lui ai pas envoyé de messages depuis hier et que je peux pas la voir ce week-end !

Depuis nos sièges hauts perchés dans un coin de l'amphithéâtre, nous essayons de faire passer le temps depuis le début de l'heure. Tout est bon pour lutter contre l'endormissement provoqué par la voix monotone de notre prof, même une embrouille.

— Cléandre, depuis le temps, t'as toujours pas compris que Kenza n'est qu'une princesse ultra exigeante ? Là, elle est juste partie s'imaginer que vous êtes de nouveau en couple et que tu dois être 100 % dispo pour sa petite personne.

— Mais j'ai jamais signé pour ça, moi !

— Ça t'apprendra à retourner voir ton ex en courant quand elle te siffle au pied.

— Comment je fais, maintenant ?

— Tu lui dis juste que c'était la première et dernière fois que tu la niquais post-rupture, car visiblement, ça t'apporte plus de problèmes qu'autre chose.

Vraiment, j'étais content de reparler à Kenza après notre super week-end ensemble, mais là elle est juste en train de fusiller tous les papillons que j'avais dans le ventre. Pour une fois qu'Arthur a raison, j'écris mot pour mot le message qu'il me dicte d'envoyer.

Bien évidemment, Kenza accueille mal la nouvelle, mais à ma grande surprise, valide le fait que nous revoir n'était pas forcément une bonne idée. C'est donc de manière plus ou moins paisible que meurt notre relation, aussi vite qu'elle avait recommencé.

Après quoi, je range mon portable dans ma poche. Arthur retourne à ses gribouillages et je tente d'écouter un peu ce que raconte notre prof.

Étonnamment, l'amphi est rempli d'étudiants plus ou moins attentifs au cours de gestion, malgré l'ennui mortel du sujet et l'heure tardive. Sans doute, car nous sommes encore en septembre, et que les futurs démissionnaires cultivent encore l'espoir de réussir leur première année de fac.

La seule chose qui nous motive, Arthur et moi, c'est de vivre une vie étudiante libre et insouciante et de profiter de notre jeunesse, avant de nous retrouver enchainés dans le monde du travail et des responsabilités d'adultes.

J'arrive à rester concentré dix minutes avant d'abandonner l'idée de comprendre quelque chose au cours. Je ressors mon téléphone pour envoyer un message à Lucyle. Elle, au moins, elle me rend pas fou avec des disputes inutiles.

Comme à chaque fois, elle me dit que je la dérange, même si elle me répond en moins d'une minute. Elle est en train de chercher un film à voir pour notre rendez-vous de samedi. Il m'était presque sorti de la tête que j'avais à présent le devoir d'emmener Caliméro au cinéma, comme décidé et garanti par Arthur.

Lucyle : T'aimerais voir quoi toi ? :B

Cléandre : peu importe mais pas un truc trop chiant

Lucyle : Moi j'aime bien les films d'horreur mais c'est toujours interdit aux moins de 16 ans lol !

Cléandre : ouais dommage

Lucyle : T'aimes bien les comédies françaises ?

Cléandre : pas fan mais y'a pire

Une fois tous les films à l'affiche passés en revue, nous optons pour un thriller.

Lucyle passe la fin de semaine dans un état d'excitation avancé à l'idée d'aller au cinéma, à croire que c'est sa première fois. J'ai aussi le droit à d'autres messages de Kenza qui a visiblement du mal à lâcher prise.

Puis arrive jeudi soir, où j'expérimente enfin ma première soirée étudiante qui n'a rien d'exceptionnel, comparée à celle qui suit le lendemain soir.

C'est donc complètement éclaté, avec un mal de crâne horrible et après un vomi matinal que je commence mon samedi. Je me prépare au ralenti, en plus de temps que nécessaire, et rejoins péniblement la gare pour sauter dans un train, direction Vichy. Je profite des deux heures de trajet pour somnoler et décuver un peu plus.

À mon arrivée à la grande place de La Poste, je suis quand même dans un état un peu plus acceptable qu'à mon départ. Et heureusement, car je retrouve Lucyle, et son sourire d'acier, pleine de bonne humeur.

Elle ne remarque même pas mon état de quasi-déchet et s'empresse de me conter sa rentrée en détail, dont elle m'a déjà dit l'essentiel par messages.

J'avoue avoir du mal à me concentrer sur tout ce qu'elle raconte, mais je retiens qu'elle n'aime pas son emploi du temps, que sa prof de maths est « trop top » et qu'elle s'est déjà trouvé une copine, ou plutôt « une fille avec qui rester grave sympa » nommée Bénédicte. Les garçons de sa classe qu'elle craignait tant ne semblent pas être trop débiles pour le moment, ce qui lui donne l'espoir de passer une année sans remarques ou gestes déplacés.

Tout va donc pour le mieux dans sa nouvelle vie de lycéenne, et j'en suis ravi, malgré la douleur qui persiste dans le côté droit de mon crâne et la fatigue.

Quand on arrive au cinéma, j'achète deux tickets. D'abord honteux, je sors ma connasse de carte électron pour payer, avant de réaliser que Lucyle n'y connait sûrement rien en carte bancaire.

Nous passons ensuite à côté du stand de sucreries et de boissons.

— Hé !

— Quoi ?

— Ton copain Arthur m'a promis que tu achèterais du pop-corn...

— Putain...

Je fais demi-tour et me dirige vers le comptoir pour prendre un pot de pop-corn sucré.

— Mais je préfère le salé... chuchote Lucyle.

— Quels genres de gouts bizarres tu as, toi ?

— C'est très bon le salé ! Encore meilleur quand c'est mélangé avec du sucré.

Je lève les yeux au ciel et demande à l'employé de rajouter du pop-corn salé dans la boite.

La salle n° 5 du cinéma n'est même pas remplie au quart. On s'installe en hauteur, un peu à l'écart.

Les pubs se lancent. Je commence déjà à somnoler, malgré les commentaires de Lucyle sur tout ce qu'il se passe à l'écran. Les pubs se terminent, puis quelques secondes plus tard, les lumières s'éteignent et le film débute.

Avachi dans mon siège, les deux bras étendus sur les accoudoirs, la fatigue prend le dessus. Mes yeux luttent pour rester ouverts, je bâille, et demeurer éveillé n'a jamais été aussi dur, jusqu'à ce que la main de Lucyle vienne toucher la mienne. En réalité, il s'agit juste de nos petits doigts, mais cela suffit à me perturber un peu et je n'ose plus bouger ma main. Ça a au moins eu le mérite de me mettre un mini coup de fouet.

Je me redresse et essaie de suivre les premières minutes du film, mais je suis plus concentrée sur le bruit du pop-corn quand Lucyle en prend une poignée et sur l'infime contact entre nos petits doigts.

Est-ce qu'elle attend que je fasse quelque chose ? Parce que je n'ai pas l'intention de faire le moindre mouvement... Ou peut-être que ça lui suffit ? Ou qu'elle ne le remarque même pas ?

J'ai à peine le temps de ruminer que la main de Lucyle se retourne et se glisse sous la mienne pour l'enlacer. Complètement surpris, je dois me contrôler pour ne pas m'éloigner et ne pas retirer ma main machinalement. Je ne m'attendais pas du tout à ça !

Moi qui recommençais à m'endormir, je suis à présent dans un état d'alerte maximal, le cœur battant trop fort, des bouffées de chaleur me montant jusque dans les oreilles, consumé par un sentiment de malaise. Sauf que je ne peux pas dégager ma main, ça serait trop cruel et blessant pour Lucyle. Aussi, mon manque de réaction pourrait être interprété comme du rejet. Et personne ne veut ça. Personne ne veut blesser Caliméro et son petit cœur tout mou.

En totale opposition avec moi-même, je resserre donc ma main sur la sienne, parce que c'est ce qu'il faut que je fasse. Et encore, ça va que nous sommes dans le noir et que personne ne peut nous voir.

Sauf qu'une fois le film terminé — et que j'ai à peine suivi — on se retrouve dans la rue. Et là, Lucyle, qui pense sans doute que ma main est acquise, ne se prive pas pour la tenir ! Encore ! Mais maintenant que j'ai validé cette étape, je ne peux plus me désister. Encore moins maintenant. Ça serait juste avouer que j'ai honte d'afficher notre proximité en public.

Alors, je prends sur moi, j'arrête de me monter le chou tout seul et d'imaginer que chaque personne croisée sur notre chemin nous regarde bizarrement.

Je n'ai plus qu'à accepter le fait que je suis désormais obligé de lui tenir la main toute la journée. Lucyle m'a tendu un piège, et je suis tombé dedans. Tout ça à cause d'Arthur et de ses encouragements de Bisounours !

À plusieurs reprises, je tente quand même de reprendre possession de ma main, en faisait semblant d'écrire un texto avec mes deux pouces. Mais dès que je range mon portable, Lucyle se récupère ce qui lui appartient. Et si je fais semblant de mettre mes mains dans les poches, elle s'accroche à mon bras. Donc quoi que je fasse, c'est mort. Elle trouve toujours le moyen de s'agripper quelque part. N'empêche que l'excitation dans sa voix trahit son trop-plein de joie quand elle parle. Le soleil brille, il fait pas trop froid, elle se balade avec le mec de ses rêves dans son Vichy tout claqué, donc j'imagine que c'est juste le meilleur jour de sa vie. Alors rien que pour ça, j'arrête de me mettre dans tous mes états, car si Lucyle est contente, c'est pas plus mal.

Le reste de l'après-midi s'écoule. J'arrive même à ne plus trop penser et à apprécier l'instant. Après notre habituel goûter composé d'un muffin et d'un jus d'orange pressé, je raccompagne Caliméro ni trop près ni trop loin de chez elle.

Même si c'était sympa, j'admets être content lorsque Lucyle relâche enfin ma main. On se regarde, incertains de savoir comment se saluer. Elle se retient de sourire, pince ses jolies lèvres, suit du regard la voiture qui passe sur la route, hésite...

— Bon, salut... dis-je pour briser ce blanc presque inconfortable.

— Oui, à bientôt ?

— Ouais, on s'écrit...

— Super. Et, euh... Est-ce qu'on sort ensemble, maintenant ?

Mais putain, mais quel enfer ! Pourquoi, Lucyle ? Pourquoi tu me mets dans une telle situation ? Juste au moment où je commençais à relativiser, à me dire que tout allait bien se passer et que la journée pourrait finir en douceur.

Là, j'étais encore moins prêt. Parce que là, je suis dans un cul-de-sac. J'ai juste envie de lui dire que c'est pas parce qu'on s'est tenu la main, qu'on sort ensemble. Y'a qu'au collège que ça se passe comme ça, putain ! Qui a décidé que tenir la main, c'était s'engager ? Personne, Lucyle ! Personne !

— Ben, euh... hmm... je...

Et voilà, maintenant, je peux voir que mon hésitation la rend triste. Elle est tellement dans son rôle de Caliméro, qu'elle n'a même plus besoin de s'exprimer, tout se voit sur son visage. Il ne lui manque plus qu'une coquille d'œuf sur la tête et c'est parfait. Et quand elle me sort sa tête de Caliméro, je ne peux pas lui lâcher un « non » sec et cruel. Donc je suis obligé de dire ce qu'elle veut entendre. Encore un piège tendu.

Mais après, si sortir avec elle signifie juste lui tenir la main et lui envoyer des cœurs d'amitié par messages, ça me va. Je sais que ça ne sera pas aussi prise de tête que d'être avec une autre. Une relation tranquille et lente à progresser, je peux faire avec. Ça sera reposant, et tout le monde sera satisfait.

— Je... ouais, ok...

— C'est vrai ?

— M'oui ?

En retour, j'ai le droit à un sourire d'acier qui me contamine, malgré l'incertitude qui me prend au ventre. On se salue d'un sourire, et je retourne à pied à la gare.

Cette journée m'aura assez chamboulé pour que je passe les deux heures de trajet retour perdu dans mes pensées. Au moins, je ne vois pas le temps passer.

Pour ne rien arranger à mon humeur non définie, je reçois un message de Kenza en arrivant à la maison. Alors pour la dégager une bonne fois pour toutes, je lui avoue avoir une copine, ce qui n'est même pas un mensonge. Kenza ne répond pas, et c'est pas plus mal.

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