9 - John Watson
L'instant d'avant, je me perdais dans son regard, et dans la sensation de sa main sur ma joue. Un tel acte d'affection, de sa part, était assez rare pour que je le savoure jusqu'au bout.
Et l'instant d'après, j'étais dans ses bras. Soulevé comme un fétu de paille.
Par pur réflexe, je m'accrochai à lui. Il sourit.
Je rougis tellement que mes joues me brûlèrent.
-Holmes, balbutiai-je alors qu'il poussait la porte de sa chambre, qu'est-ce que vous faites ?
-Mon très cher Watson, j'ai enfin l'occasion de vous rendre la pareille pour toutes les fois où vous m'avez materné pour des blessures dix fois moins graves. Je ne vais pas laisser passer ma chance.
-Mais... balbutiai-je alors qu'il me posait sur le lit. Mais...
Il se pencha au-dessus de moi et déposa un baiser sur mon front. C'était si sincère et si tendre que j'en eus les larmes aux yeux.
-Oh, Watson... murmura-t-il en les essuyant du bout du pouce.
-Que vous est-il arrivé, Holmes ? Demandai-je faiblement. Hier, vous ne me regardiez pas. Et voilà que...
-Bien sûr que je vous regardais. Je vous ai toujours regardé, vous et votre damné sourire. Simplement je n'étais pas...
Il hésita un instant, visiblement frustré de ne pas trouver ses mots.
-Je n'étais pas prêt à accepter que je puisse... Qu'il soit possible pour moi de... de ressentir... Et puis d'être... Éventuellement...
-Aimé ? Finis-je, bouleversé.
Il hocha la tête.
Un éclat sombre piqua soudain son regard.
-Watson... Je suis désolé. Je sais que je n'ai pas le droit de vous le demander, une fois encore, mais si vous acceptiez de me pardonner...
-Vous pardonner quoi ?
-Ma cruauté. Mon aveuglement. Mon inhumanité.
Des larmes montèrent à mes yeux, une fois de plus. Je posais mes mains de chaque côté de son visage.
-Mais vous n'êtes rien de tout ça. Vous êtes le meilleur homme et le plus sage que je n'ai jamais rencontré.
-C'est faux. Ce n'est qu'un racontar pour vos lecteurs du Strand.
-Il n'y a rien de plus vrai, Holmes. Vous êtes quelqu'un de bien. Et je... Je...
Ses yeux se replongèrent dans les miens, brûlant d'espoir.
-Vous ?
J'eus un petit rire. C'était comme un jeu idiot, à celui qui arriverait à le dire le premier. Tout le monde savait qui allait perdre...
-Je vous aime. Je suis désespérément, follement, profondément amoureux de vous, Sherlock Holmes. Depuis des années et des années.
Il se laissa soudain tomber sur moi et enfouis sa tête dans le creux de mon épaule. Il inspira longuement, comme pour s'imprégner de quelque chose.
Nous restâmes un long moment immobile, mes bras refermés autour de son corps, que je serrais contre moi comme si ma vie ne dépendait.
-Moriarty est vaincu, murmura-t-il soudain, si bas que je ne fus pas sûr d'avoir bien entendu. Une deuxième fois.
-Qu'est-ce que vous dites ?
-Qu'il y a quelque chose que j'aimerais bien faire, à présent. Si vous vous sentez physiquement apte, bien entendu...
-Je me sens physiquement apte pour tout ce que vous voudriez faire de moi ! Répondis-je avec empressement en me redressant.
Il me prit gentiment par les épaules et me rallongea.
-Laissez-moi mener la danse cette fois-ci, mon cher Watson. Vous ne cessez de prendre soin de moi. Il serait temps que je vous rende la pareille.
Et il m'embrassa.
Être embrassé par Holmes est décidément une des choses que je ne saurais jamais écrire. Les écrivains ne sont que des hommes, après tout, ils ne peuvent mettre en mot le divin.
Ce qui se passa après n'est pas plus facile à raconter. La manière dont il me déshabilla, tout doucement, pour éviter de toucher mes bleus. Le chiffon imbibé d'eau qu'il utilisa pour laver le sang séché – heureusement pas le mien pour la grande majorité. Le moment où il laissa tomber le chiffon pour utiliser un outil moins orthodoxe. Comme des lèvres.
Je gémis à en perdre la voix, tendis que je sentais les va-et-vient de sa langue sur mon torse, qui grimpait, puis descendait, à chaque fois un peu plus bas, à chaque fois un peu plus près de ...
-Holmes... Balbutiai-je. Sherlock !
L'instant d'après, ses lèvres brûlantes happaient les miennes.
Et l'instant d'encore après, elles étaient retournées en bas, sur ma verge dressée qui pulsait de désir et d'expectation.
-Je crois que nous devrions attendre que vous alliez mieux pour aller plus loin dit-il avec amusement en enroulant ses doigts, ses longs doigts pâles, autour de mon membre tremblant.
C'était de la triche. Il savait à quel point j'adorais – que dis-je, je vénérais – ses mains.
-Sherlock... Eus-je le temps de balbutier avant de me laisser emporter par le plaisir.
Son corps se pressa contre le mien. Je sentis sa verge dure entre mes cuisses. Je refermais mes jambes autour de sa taille et me frottais contre lui.
Il eut un petit cri de surprise, et il ne fallut pas longtemps pour que sa résistance, apparemment déjà bien éprouvé, faiblisse et disparaisse.
Il s'effondra sur moi. Je le serrais contre mon cœur de toutes mes forces.
-Je ne partirai pas, murmura-t-il gentiment en caressant mon visage.
Je ne dis rien, sceptique. Il sourit tristement et posa un baiser sur mon front.
-J'ai bien dû me rendre à l'évidence, dit-il d'un ton qui lui ressemblait déja un peu plus. John, je vous aime.
Je crois que j'ai souri à m'en décrocher la mâchoire.
-Jamais autant que moi, ai-je murmuré.
Et puis je me suis endormi. Contre lui.
Heureux.
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