6 - Sherlock Holmes
Je ne dormis pas, cette nuit-là.
Watson ne vint pas à table, le lendemain. Il devait être fatigué.
Frustré, je repoussai mon petit déjeuner. J'avais espéré lire sur son visage un indice, une piste vers cette chose essentielle qui ne cessait de m'échapper.
Vers midi, légèrement inquiet, je frappai à sa porte.
Il m'ouvrit, les yeux cernés de noir, les cheveux ébouriffés. Mon cœur eut un drôle de sursaut.
Je l'attribuais à nos activités d'hier soir. Un phénomène purement physiologique, certainement.
-Vous allez bien, mon cher Watson ?
Il me jeta un regard désabusé, comme si évidemment que non, et que je devrai le savoir. Mais il se reprit aussitôt, et sourit doucement. J'aimais bien ce sourire. J'avais fini par m'apercevoir qu'il n'était destiné qu'à moi.
-Juste une mauvaise nuit, dit-il sur un ton d'excuse (comme s'il avait besoin de s'excuser de quoi que ce soit). Je vais m'habiller.
Et il me claqua presque la porte au nez.
Je me demandais si son attitude avait avoir avec la chose, cet élément qui m'échappait, et qui me faisait peur autant qu'il me fascinait.
Une dizaine de minutes plus tard, Watson sortit de sa chambre, habillé, brossé, tiré à quatre épingle, se dirigea vers la porte, et enfila son manteau.
-Vous sortez ? m'étonnai-je.
-Je serai revenu en fin d'après-midi, me répondit-il avec le sourire.
Puis, avant que j'ai eu le temps d'ajouter quoi que ce soit, il avait disparu.
À onze heures, j'avais déjà fumé quatre pipes.
À minuit du matin, j'étais collé par la fenêtre, le ventre tordu par l'angoisse.
Encore une émotion qui ne m'était pas familière. Mais à chaque fois, elle s'attachait à Watson.
Où était-il ?
Est-ce que je devais rester ici pour l'attendre, au cas où il rentrerait, ou partir le chercher ?
Je délibérai un instant, tournait en rond, puis me décidai enfin et me précipitai dans sa chambre. Il aurait détesté que je viole ainsi son intimité, mais c'était pour la bonne cause.
Je laissai mon regard scanner la pièce, analysant et classant chaque détail dans ma mémoire. Je devinai tout de suite où Watson rangeait son journal intime (bien sûr qu'il en tenait un, il était écrivain après tout) mais je n'étais pas si dépourvu de scrupules que ça. À la place, je farfouillai parmi les feuilles étalées sur son bureau.
Une carte attira mon regard. C'était la carte de son « club ».
Je sentis aussitôt quelque chose m'enflammer. Certainement, Watson n'était pas partit là-bas ! Pas juste après que nous ayons fait... Certainement, je lui avais suffi !
...
N'est-ce pas ?
Avec horreur, je me rendis compte que je n'en savais rien. Je ne lui avais pas demandé. Je ne l'avais pas regardé. J'étais trop occupé à repousser ce que je ressentais pour m'occuper de lui.
La carte s'était pliée dans mon poing serré.
C'était ma seule piste.
Je me poserai des questions existentielles plus tard. La seule chose qui importait, à cet instant, c'était de retrouver Watson. D'être sûr qu'il allait bien. Le reste, m'aperçus-je avec une certaine surprise, était totalement secondaire. Par rapport au sourire de Watson, tout était secondaire.
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