Finalement, c'est ce dernier qui brise la glace, au plus grand étonnement de tous car connu pour sa discrétion et son calme, en déclarant :

- Mais je t'en prie, assieds-toi, Anaïa !

Je souris à son invitation que j'acceptai timidement. Puis je m'approchai d'eux sous leurs regards attentifs, comme le jour où ils m'avaient invitée à se joindre à eux en TP de physique, alors que ma partenaire était malade. J'avais accepté timidement et chaleureusement, et c'est avec bienveillance qu'ils m'avaient observée les rejoindre.
L'évocation de ce souvenir me fit chaud au cœur et je ne pus m'empêcher d'agrandir mon sourire.

- Tu en mets, du temps. S'amuse Rafaëlus en me voyant plantée là, face à l'ancienne place d'Aena qui se trouvait pile entre les deux amis.

Je ris à mon tour gaiement en m'excusant de mon étourdissement avant de tâter de la main le tronc d'arbre concerné semblait lutter intérieurement contre deux fortes idéologies : l'une, l'orgueil, l'autre, la raison. Aussi, il trépignait sur place et tapait du pied incessamment tandis que seul Rafaëlus riait de la situation.

Finalement, et comme le miracle qui nous rassemblait tous ainsi,  il accepta du bout des lèvres en déclarant :

- Très bien ! Mais c'est la première et dernière fois ! Me menace-t-il presque en me pointant du doigt.

Je suis tellement heureuse et euphorique par cet inattendu et incroyable revirement que je me fiche complètement de sa remarque et m'installe joyeusement sur ses genoux.

Le sourire ne quitte pas mes lèvres tandis que Rafaëlus s'amuse :

- Décidément ! Il n'y a que toi qui n'a pas peur de lui !

Je ris à mon tour en ajoutant :

- Je crois que tu es dans mon cas aussi !

On rit de plus belle tandis que Ianus rumine, de " mauvaise humeur ".
Moi je me repose maintenant sur son buste, déposant ma tête tout contre son cou.
Je ferme les yeux et dépose mes mains croisées sur mon ventre, apaisée au plus haut point.
J'aurais pu lui prendre les siennes pour augmenter mon bonheur mais.. Je n'allai pas jusque-là, me contentant de ce que j'avais qui était déjà énorme !
Mais finalement.. C'est lui qui vint le faire, sans crier et gare et tout naturellement, tandis que je profitais du soleil qui nous éblouissait, lui, moi et Rafaëlus.
J'entrouvre mes paupières pour me rendre réellement compte du geste de mon ami. . Et suis surprise de l'entendre murmurer, le plus naturellement possible :

- Je ne sais pas ce qu'on fait tous ici. .
- Moi non plus ! Ajouta Rafaëlus en s'étirant longuement ; il semblait avoir siégé plus longtemps que nous ici.
- Mais ce qui est sûr.. Ajouta Ianus d'une voix calme et douce.

Je rouvris complètement mes yeux pour les lever vers ce brun aux jolis cheveux noirs bouclés, aux yeux bleus-verts que j'avais un jour vainement essayé de comprendre en regardant fixement sans que cela ne le  derangeât, ce brun qui avait pris une bonne quinzaine de centimètres alors qu'il avait été plus petit que moi durant trois petites années, ce garçon qui se fichait bien de m'avoir dépassée en taille alors que tout le monde s'en vantait. . Celui avec qui j'aimais débattre..quitte à un peu se froisser mutuellement..et ce jusque nos derniers mois au collège, nos derniers jours passés ensemble..  Ce garçon que j'aime et que j'admire déclara :

- C'est que je me sens bien.. là..

Je souris. Et des larmes roulèrent sur mes joues, moi qui étais à demi allongée sur lui.

- Je suis d'accord ! Ajouta Rafaëlus de sa voix particulière mais agréable.
- Moi aussi.. Murmuré-je en souriant encore plus grandement, maintenant tremblante d'émotions.

Je le sentis resserrer son étreinte autour de mes mains, tandis que Rafaëlus glissait sa main dans mes cheveux.