Épilogue
Nathan – Saint exorciste
Chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem
Je me penchai sur le cercueil ouvert où reposait le corps de Père Luc. La police nous l'avait rendu dès que l'affaire avait été classée afin que nous puissions lui offrir des funérailles.
Padre était serein, vêtu de son costume de maître Jedi qui lui donnait des airs d'Obi-Wan Kenobi. Je posais sur son torse la réplique du sabre laser de Luke Skywalker dédicacé par l'acteur.
— Je prendrai soin de ta collection, padre, promis-je. Et je ferai tout pour que tu continues d'être fier de moi.
La fin de ma phrase s'étrangla dans ma gorge. Je me la raclais pour l'éclaircir et retenir mes larmes.
— Que la Force soit avec toi.
Je reculais afin que le cercueil puisse être fermé. Lorsque Yannick et cinq autres Chevaliers le prirent, la musique emblématique de Star Wars monta dans la basilique et fit trembler mon cœur. Je suivis la procession solennelle où je fus rejoint par Michaël, Donna, et Dylan, puis par les membres les plus éminents de notre Ordre et de l'Église.
Comme l'avait dit Adid, toutes les traces des événements survenus à Halloween avaient disparu. Si les pertes humaines restaient une réalité, la ville et la voiture de mon compagnon ne gardaient pas la moindre séquelle, comme si tout ce que nous avions vécu n'avait été qu'une illusion. Mes amis m'avaient expliqué tout ce qu'il s'était passé après ma perte de conscience, comment Bael avait été vaincu grâce à Belzébuth, Aprilia et Cerbère. Au final, il avait fallu l'aide de tout le monde pour se sortir de cette histoire.
Ma main glissa dans celle de Michaël quand nous sortîmes de la basilique. Aprilia attendait pour monter avec nous dans la voiture de Dylan, dont l'habitacle sentait la rose, et qui suivit le corbillard vers la dernière demeure de Père Luc. Là-bas, je crus suffoquer lorsque les fossoyeurs mirent la bière en terre et le fait de savoir que padre était heureux auprès de notre Seigneur n'y changea rien, car même si son âme survivait, moi j'étais privé de sa présence bienveillante.
Nous restâmes devant la tombe de Père Luc bien après que le cimetière se fut vidé. Même si j'avais été ému par tous les hommages qui lui avaient été rendu, je fus heureux de me retrouver en tête-à-tête avec lui. Michaël, Donna, Dylan et Aprilia m'attendaient un peu plus loin devant une autre stèle tandis que je me recueillais ; je vis du coin de l'œil le lieutenant Kanaté les rejoindre.
— Je suis désolé, padre, de ne jamais avoir eu le courage de te dire que je t'aimais. J'espère que malgré mon silence, tu as su deviner mes sentiments, et j'espère que ma stupide rancœur ne t'a pas trop blessé. J'ai été idiot de me taire au lieu de venir te parler. Si je l'avais fait, tu serais encore en vie.
Je m'accroupis sous le poids de l'émotion qui me submergeait.
— Je sais que Maman prendra soin de toi et de David alors, s'il te plaît, veille sur eux pour moi. Dans ton éternité ne m'oublie pas, parce que moi je me souviendrai toujours de celui qui m'a sauvé la vie une deuxième fois.
J'essuyai d'un geste tremblant la larme qui m'échappa avant de me redresser en me signant. Après une dernière pensée pour Père Luc, je rejoignis mes amis devant une tombe que nous avions couverte de roses blanches.
— Karina et Julien Lejeune, lut Kanaté. Vous leur avez offert une sépulture ?
— Ils n'avaient plus de famille, lui rappelai-je. Ils ont été victimes de Bael autant que les autres. Peut-être même plus, car tous les plans du démon reposaient sur la force de l'amour que Karina éprouvait pour son frère.
Michaël posa sa tête contre mon épaule et noua ses doigts aux miens en un geste réconfortant. À côté de nous, Donna croisa les bras comme pour se réchauffer avant que Dylan, qui avait accepté d'être initié aux exorcismes, ne glissât ses bras autour de sa taille.
— J'ai du mal à croire que tout soit fini, confia Donna.
— Rien ne sera terminé tant que les démons existeront, lui dit Aprilia.
— Elle a raison, appuyai-je cette dernière. C'est loin d'être fini.
Les runes sur mon bracelet s'illuminèrent. Dans l'air froid de ce début novembre, leur chaleur monta vers le ciel bleu en colonnes de vapeur comme une offense à Dieu. Ou la promesse que l'Enfer non plus n'en avait pas terminé avec nous.
*
*
THE END
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