Chapitre 31
Nathan – Saint exorciste
Chevalier de l'Ordre de Saint-Jean de Jérusalem
L'obscurité totale qui nous entourait fit paniquer les passagers de la rame dans laquelle nous nous trouvions et j'entendis un enfant pleurer. Je ne me déplaçais jamais en métro mais quelque chose me disait que des lumières de secours auraient dû prendre le relais. Ukobach voulait m'aveugler. Seulement il n'avait pas prévu le flux bleuté qui me liait à Michaël ni mon pouvoir divin que j'activais pour donner un peu de lumière à tout le monde.
— Reculez tous à l'arrière de la rame, ordonnai-je.
Donna et Dylan répétèrent mon ordre pour que la dizaine de passagers se regroupe, puis ils se placèrent devant eux comme un ultime rempart entre ce qui allait arriver et ces innocents. Le calme ambiant n'était perturbé que par les pleurs d'une petite fille qui, malgré les bras de sa mère, ne parvenait pas à se calmer. Je lâchai Michaël pour m'avancer vers elle et tendis le bras afin de poser ma main droite sur son visage poupon. La petite s'apaisa aussitôt.
— Il va falloir que tu sois très courageuse, jeune fille. Ce qui va se passer maintenant va te faire très peur mais personne ne te fera du mal. C'est promis.
— Qu'est-ce qui va se passer ? demanda sa mère paniquée. Et c'est quoi cette lumière bleue sur votre main ?
La rame de métro trembla soudain, puis des pas se firent entendre sur le toit.
— À partir de maintenant, ne faites plus un bruit, intimai-je.
Je repris ma position à l'autre bout du wagon afin d'attirer le démon loin des passagers. Michaël recula pour rejoindre Donna et Dylan sans troubler le silence absolu qui s'était installé. J'activai mes pouvoirs et attendis en tournant doucement sur moi-même. Le nombre de vitres ne me rassurait pas, la première attaque pourrait venir de n'importe où.
La douleur de mes blessures irradiait tout mon torse, même respirer était laborieux. Je n'étais pas en état d'affronter un démon aussi puissant, il me faudrait donc être rapide pour l'éliminer au risque de le voir prendre le dessus sur moi. Je devais aussi garder en tête que mon contrôle du pouvoir infernal était fragile, je devais faire attention.
Nouveau bruit. Je bandai mes muscles ; le démon était là, quelque part.
Une vitre se brisa sur ma droite. Je reculai pour éviter le possédé qui se jeta sur moi. Je l'attrapai en plein vol par la nuque et libérai mon pouvoir divin qui lui brûla la peau à l'en faire hurler de souffrance. Sans lui laisser le temps de se débattre, je lui fracassai la tête sur le sol du wagon jusqu'à ce qu'une flaque purpurine le tache. Mais mon ennemi était opiniâtre. Sa main passa sous la manche de mon manteau pour me lacérer l'avant-bras au point de me faire lâcher prise. Sans ça, il aurait fini par sectionner mon artère ulnaire et je n'avais pas besoin de perdre davantage de sang. Le démon en profita pour se volatiliser.
Je me remis en garde, le souffle rapide et le cœur affolé. Je guettais avec une attention accrue chaque vitre du métro sans me méfier du sol que le bras du démon traversa. Il m'agrippa la cheville avant de tirer sur ma jambe pour la faire passer à travers le plancher. Je luttais de toutes mes forces car ma chair ne résisterait pas au métal tranchant. Je dus redoubler de concentration pour doser mes pouvoirs dans mes veines. Quand ce fut fait, je lévitai pour m'arracher à la prise d'Ukobach.
À nouveau sur mes deux pieds, je n'eus pas le temps d'attendre l'attaque suivante qui fut foudroyante. En me protégeant d'un tourbillon de feu je me rendis vulnérable aux coups et aux ongles du possédé qui frappa, encore et encore, mes bras, mon ventre et mes jambes. Je parais la plupart des coups, pourtant certains m'atteignaient. L'adrénaline dans mon organisme transforma ma rage en haine et l'odeur de mon propre sang me fit perdre la tête. Le diable au corps, je frappai le démon à la poitrine, enfonçant mon poing nimbé d'énergie divine dans la cavité vide de son cœur. Là, mon pouvoir explosa et réduisit Ukobach à l'état de cendres fumantes et nauséabondes.
Seulement, ma colère avait ouvert un passage à Belzébuth qui s'y engouffra.
Je tombais à quatre pattes sous le poids de sa présence dans ma tête. Son combat contre mon esprit vrillait mon crâne de douleur tout en éteignant la lumière bleutée de ma main droite. Le bracelet en argent, dont les runes brillaient d'un vif éclat dans le noir, vibrait tellement à mon poignet que je peinais à garder l'équilibre.
Le long râle de souffrance qui passa mes lèvres alerta mes amis.
**
Donna – Étudiante tétanisée
La panique me submergea quand Nathan, à quatre pattes, se mit à fumer. Chacune de ses rapides respirations devint rauque et une lueur rougeoyante colorait ses yeux et sa bouche ouverte.
— Pourquoi Belzébuth se manifeste aussi facilement ? demanda Dylan, livide.
— Je sais pas, répondis-je d'une voix blanche. En plus Nathan saigne.
Mon dernier mot fut noyé dans ma bouche par les larmes. Les nombreuses blessures de mon exorciste laissaient échapper d'inquiétants filets de sang.
Un grognement démoniaque nous fit soudain sursauter. Nathan était en train de perdre le combat ! À côté de moi, je vis Michaël s'avancer. Mon exorciste le vit aussi et le défia d'un regard inhumain et malsain d'approcher. S'il hésita une fraction de seconde, ce ne fut pas mon cas. Sans vraiment me rendre compte du danger que je courais, je m'agenouillai devant Nathan qui se redressa, l'air menaçant. Pourtant, quand je le pris dans mes bras, il ne me fit aucun mal, preuve qu'il avait encore le dessus sur le démon.
— Tu es plus fort que lui, Nathan. Tu l'as toujours été.
Mon exorciste se prit la tête entre les mains et j'imaginais sans mal le combat qu'il menait contre Belzébuth. Après quelques secondes, je le vis tendre le bras par-dessus mon épaule pour attraper la main de Michaël. Le flux guérisseur qui les relia chassa les ténèbres chez Nathan et sembla aussi repousser Belzébuth car tous les signe de la présence du démon disparurent du visage de mon ami.
À présent plus calme, Nathan attira Michaël à lui dès que je me fus relevée. Je m'aperçus à ce moment que mon manteau était couvert de sang poisseux.
— Ça va ? demanda Dylan.
— Ouais, répondit Nathan en se redressant avec l'aide de Michaël.
Tandis qu'il disait ça, une deuxième silhouette enfantine apparut derrière lui et me glaça le sang. Les passagers eurent un mouvement de recul que je perçus sans mal.
— Derrière ! criai-je en désignant le dos de Nathan.
Ce dernier n'attendit pas de voir le danger pour pousser Michaël vers nous et activer son pouvoir. Mais l'autre démon lui sauta dessus et le mit à terre avec une facilité trahissant le pitoyable état de santé de mon exorciste qui malgré toute sa hargne ne parvenait pas à reprendre le dessus. La peur de le voir mourir me tordit les entrailles. J'aperçus du coin de l'œil Michaël avancer avec l'intention d'aider Nathan mais je le retins de justesse.
— Tu vas te faire tuer, me justifiai-je.
— J'en ai rien à battre ! tonna mon ami en dégageant son bras d'un geste brusque.
À ce moment-là, un nouveau bruit de vitre brisée nous fit sursauter tous les deux.
**
Aprilia – Chienne de l'Enfer
Accroupie sous forme humain, une main posée au sol pour me stabiliser, je fixais le démon qui avait arrêté de s'acharner sur Nathan. Quand il releva son visage putride, un grognement menaçant roula dans ma gorge. Le possédé pencha un peu la tête, détaillant aussi bien mes yeux rouges que ma peau noire d'ébène.
— Traî... tresse, persifla-t-il.
Quand il fut sur le point de hurler sa démence, j'attrapai ses mâchoires pour les écarter avant de cracher un geyser de feu dans sa bouche. Un seul souffle me suffit pour réduire en cendres la moitié de son corps déjà mort que je jetai ensuite loin des humains.
Deux démons mineurs ? Aucun doute, notre ennemi avait voulu affaiblir Nathan pour le rendre vulnérable et inoffensif. Si je n'avais pas été là, ses sbires auraient même réussi à le tuer. Heureusement que j'avais suivi Donna et les autres jusqu'ici.
La lumière revint à ce moment dans l'engin et dans le tunnel, signe qu'il ne nous restait qu'un seul démon à éliminer.
Bael.
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