Donna – Étudiante en pleine réflexion
Je n'étais pas passée à côté de ma soirée, je l'avais littéralement survolée. Mon esprit avait flotté un peu partout mais certainement pas là où se trouvait mon corps. Tout ce que je venais d'apprendre sur les démons et les chevaliers tournait en boucle dans ma tête sans que je ne parvienne à me rassurer malgré l'allégresse ambiante. Mes amis s'étaient apprivoisés et s'étaient échangés leur numéro pour certains. Dylan avait même prévu de donner un coup de main à Michaël pour finir de le déménager le lendemain.
J'avais aussi rencontré Clara, la copine de Michaël depuis presque un an, et le seul mot que je trouvais pour la décrire était : chiante. Elle était sans cesse sur le dos de son petit ami jusqu'à l'étouffer. Son caractère particulier eut au moins le bénéfice de me replonger un peu dans le monde normal, et je compris pourquoi Michaël se prenait autant la tête avec elle. Ce fut d'ailleurs après l'une de leurs prises de bec que tout le monde trouva le moment opportun pour s'esquiver.
Les veinards.
Dylan s'approcha de moi quand tout le monde fut parti.
— Tu veux que je te raccompagne chez toi ? proposa-t-il.
Et là, je regrettais d'avoir dit à Michaël que je l'aiderai à ranger et que je lui servirai d'excuse pour échapper à la mauvaise humeur de sa petite amie. Je me forçai donc à articuler un « non, merci » tandis que mon cœur réclamait à grand cri un « oui ! » spontané.
— Michaël a déjà proposé de me ramener, expliquai-je, la mort dans l'âme. Comme ça je l'aide à ranger.
— OK... Je comprends.
Dylan parut vraiment déçu. C'était bon signe, non ? Et si je l'invitais à boire un verre ?
Non, je ne devais pas m'emballer. Et ce n'était pas le moment de penser à ce genre de choses alors que Nathan était à moitié conscient sur son canapé et à la merci de ces enfoirées d'ombres mouvantes.
Dylan m'observait. Je refoulai une violente envie de l'embrasser.
Pourquoi tout arrivait-il en même temps ? Pourquoi avait-il fallu que je prenne en photo le seul type bizarre de la ville, que ça incite un fantôme à me transmettre un message que Dylan avait trouvé et m'avait envoyé, que j'avais eu peur, qu'il était venu me chercher et que j'avais passé la nuit dans ses bras pour me rendre compte le lendemain que ce mec m'avait toujours fait craquer ? Pourquoi, mais pourquoi diable ma nuit avec Dylan n'était-elle pas arrivée d'une autre manière et à un autre moment ?
Aurait-elle seulement existé si je n'avais pas pris Nathan en photo ?
Mon questionnement dura à peine quelques secondes. Dylan finit par me sourire et par me souhaiter bonne nuit. Lorsqu'il me tourna le dos, mon cœur se compressa tellement que le seul moyen de le soulager fut de rattraper ce garçon pour qui il voulait tant battre.
Dylan se retourna, et je fus incapable de lui dire tout ce que sa présence éveillait en moi.
— Sois prudent.
Il me sourit. Je sentis mes larmes monter. Je voulais qu'il reste. Je voulais tellement qu'il reste.
— Toujours, m'assura sa voix basse.
Je fermai les yeux quand il m'embrassa sur la joue. J'eus l'impression qu'il prit avec lui tout l'oxygène de la pièce quand il la quitta.
— Putain mais lâche-moi ! entendis-je soudain.
Michaël se prenait encore la tête avec Clara dans la cuisine. Qu'est-ce qu'elle avait, cette fois ?
— Sérieux, Mike, elle peut pas prendre le bus comme tout le monde ? Pourquoi c'est à toi de la ramener ? Y'avait tous ses potes !
Ah... J'étais le problème.
— Tu me saoules, répliqua Michaël. Je la ramène.
Je le vis débouler dans le salon comme un ouragan.
— On s'arrache, me dit-il.
Il attrapa mon manteau et me le lança. Je me retins de lui demander s'il ne valait pas mieux ranger avant et m'engouffrai par la porte quand il l'ouvrit. Dans la rue, il marcha tellement vite jusqu'à sa voiture que je trottinais pour tenir le rythme. Une fois assise à côté de lui dans l'habitacle, je lui indiquais ma destination. La surprise coupa l'herbe sous le pied à son énervement. Tant mieux. Au moins, il conduirait doucement !
— Pourquoi tu vas chez Nathan ? Y'a un truc entre vous ou quoi ?
Sa deuxième question était un peu agressive.
— Non, répondis-je, catégorique. Il est juste malade, je veux m'assurer qu'il n'a besoin de rien. Pourquoi, t'es jaloux ?
— De lui ? Non.
Il me fit sourire.
— Tu sais que ta réponse prête vachement à confusion ? On dirait que c'est de moi que tu es jaloux parce que je vais chez Nathan et pas toi.
— Tu sais très bien ce que je voulais dire, se rattrapa-t-il. Merde, vous me faites toutes chier ce soir !
En temps normal j'aurais laissé couler, mais là j'avais eu la peur de ma vie la veille et le stress engendré par tout ce qui m'était arrivé et que je ne comprenais pas explosa d'un coup :
— Oh ! Tu vas calmer ta joie ? C'est pas parce que ta meuf te casse les couilles que tu dois te venger sur moi, répliquai-je sur un ton agressif.
— Parle-moi autrement, me prévint-il à mi-chemin entre le conseil amical et la menace. T'as qu'à arrêter de me taper des réflexions à la con si t'as pas envie de t'en prendre plein la gueule en retour.
— C'était de l'humour ! éructai-je. Pas besoin de monter sur tes grands chevaux dès qu'on dit quelque chose !
— Putain mais t'es...
— Je suis pas d'humeur alors ferme-la ! le coupai-je net. T'es aussi saoulant que ta gonzesse, lâchai-je en me tournant vers la fenêtre avec l'intention de l'ignorer durant tout le trajet.
Ce qui sembla le calmer. Il ne décocha plus un mot jusqu'à ce qu'il se gare au pied de l'immeuble de Nathan.
Le silence avait fait retomber la pression entre nous. Michaël coupa le moteur et enleva sa ceinture.
— Tu vas où ? demandai-je sèchement.
— Le saluer, répondit-il sur le même ton. Pourquoi, j'ai aussi besoin de ta permission ?
Je contrôlai de justesse mon envie de lui voler dans les plumes. Nathan n'avait pas besoin de me voir débarquer énervée. Je respirai donc un bon coup en maudissant Clara de me l'avoir autant mis en pétard et moi de ne pas avoir réussi à éteindre la mèche, bien au contraire.
Michaël sortit de la voiture sans m'attendre. J'en étais encore à me demander quelle excuse j'allais lui donner pour expliquer l'état de Nathan qu'il pénétrait déjà dans le hall.
Comme l'ascenseur était au rez-de-chaussée, nous n'eûmes pas à attendre et nous nous retrouvâmes devant sa porte avant que j'aie pu trouver une idée plausible.
Je n'avais plus le choix.
Avant d'entrer, je prévins Michaël :
— Nathan n'est pas tout à fait malade, confiai-je.
— Qu'est-ce qu'il a ?
— Tu verras. Par contre je te préviens, je ne répondrai à aucune question le concernant. Absolument aucune.
Il voulut parler mais je le coupai en ouvrant la porte. Une atmosphère malsaine me hérissa le poil. Une seconde plus tard, la sensation disparut. À l'intérieur, je vis la silhouette de Tit disparaître sous le canapé.
La voie était libre.
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