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IV. Les bourgeons ne crient pas.

27 avril.

Les grelots de mai étaient en avance: on pouvait voir les toutes petites clochettes blanches valser au vent.
Dans la terre du jardin près d'une porte d'entrée, cinq fleurs bien sagement alignées pointaient le bout de leurs nez.

La lumière de la lune les faisait éclatantes, les minuscules fleurs aveuglaient avec une application déroutante. Elles s'enflammaient dans les rayons de la nuit, pas gênées pour un sou de leur taille ridicule, mais avec justement une puissance qu'accentuait le noir ambiant, qui ne tenait certainement pas leurs insignifiantes cloches blanches.

Elles étaient douces, il les faisait glisser dans sa main, elles lui laissaient des chatouilles. Il ne sentait même pas leur poids, il pouvait refermer la main dessus sans se rendre compte qu'il les tenait encore.

L'Amourette était belle, mais elle fanerait bientôt: il voulait les offrir, il tombait amoureux très vite, le nombre n'était certainement pas un problème.

Il les replanta dans des pots en argile, un pour chaque brin. Il aimait vraiment travailler la nuit: entendre les hiboux venant d'endroits regorgeants d'illusions et de rêves, où les oiseaux s'en faisaient les gardiens en attendant de les voir se confronter au réel. Il aimait sentir le froid, mais pas comme on sent les frissons des peaux nues, il aimait le parfum du froid, celui des champs, de la ville, des gens, de la vie. Il aimait l'odeur de liberté qu'il s'appliquait à capturer le plus possible à chaque respiration.

Il aimait les soyeux rayons de lune, qui illuminaient avec une extrême douceur la terre du jardin et les toits des alentours. Il aimait le tendre ivoire qui scintillait sur les brins d'herbes, il aimait lever les yeux pour s'aveugler à la rencontre la lune et de ses millions de danseuses d'astres aux feux blancs.

Il aimait le printemps des nuits et la tendresse des pétales d'étoiles.

Les fleurs étaient replentées en terre humide dans leurs cocons d'argile, cinq petits pots aux senteurs d'autres mondes étaient posées en ligne face à lui.
Une petite légion de douceur.

Il prit dans sa main l'un des petits pots et l'approcha de ses yeux. Les deux merveilles de Dame Nature se regardèrent un instant: la fleur s'enhivrant dans l'infini couleur des iris et les iris contemplant les exaltants parfums de la fleur.
Chacun grisé par les charmes de l'autre.

C'est alors que le jardinier des nuits la remarqua. La petite racine qui dépassait à côté de la fleur, pas bien cachée sous la terre.

Et c'est alors que l'homme douta.

À partir du moment où il la vit, si on rembobinait sur le fil de ses pensées, on pouvait observer qu'une seule d'entre elles s'était imposé dans son esprit.

Ce qu'il voulu faire, en finalité, c'était la faire disparaître.
Simplement.
Mais du reste, pour ce qui était du moyen de le faire, son inconscient alla trop vite.

En bon jardiner il remit de la terre, la camoufla sous l'or brun. Mais comme une jumelle ayant crevé la surface de ses pensées au même moment, une autre vision s'imposa à lui pendant qu'il s'occupait du lys des vallées.

Il se vit, il vit ses mains, ses mains qui prenaient le terreau en réalité, il les vit prendre le sécateur.
Il le vit s'approcher de la racine, simple brindille sortant de terre, et il vit, à la place de ses mains qui tassaient un peu la terre pour la faire tenir dans le pot, il vit le sécateur trancher la racine d'un coup, dans un grand bruit sec de quelque chose qui se referme brutalement, avec la culpabilité sur les mains et la mort qui s'en allait déjà aux champs d'Asphodèle.

Il ferma les yeux: depuis quand de telles idées de violence lui venaient ?

Mais une fois commencé, il ne pu s'arrêter: l'envie de faire mal avait déjà fait son chemin, et elle était trop bien lancée.

Il rouvrit les yeux: une demi seconde, comme un redémarrage à deux temps, il ne vit que ses mains, ses mains qui entouraient le pot de muguet, ses mains protégeant la petite fleur, ses mains offrant celle ci à un dieu quelconque, ses mains en prière, ses mains en sacrifice.

Et il vit ses mains lâcher la fleur, et le pot se briser. Il vit les morceaux coupants d'argile rentrer pour certains dans la terre et peut-être, sûrement, couper d'autres racines. Il vit les clochettes blanches virer au sombre, il vit le nacre tourner au rubis, et le sang sombre presque noir s'écouler en vagues continues de la petite racine.
Il vit la si minuscule fleur rougir, puis il la vit fumer, comme de la lave dans les cloches, puis sécher, se craqueler, devenir couleur rouille, or mate, puis brun, et enfin s'effriter et s'envoler dans un brouillard d'âme étouffant, dans le vent de la nuit.

Il rouvrit les yeux: la fleur était toujours là, toujours blanche, toujours minuscule, et la racine cachée sous terre.

Il lâcha le pot.

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