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I. Chevalier servant princesse

Si la nuit nous a appris quelque chose, c'est qu'elle n'est jamais faite pour dormir.

Si les rêves qui tiennent éveillé ne l'occupent pas, ni même les idées désespérément folles du crépuscule, alors vous y trouverez forcément autre chose, toutes sortes de choses, précieuses, que la nuit garde tellement jalousement au point que les jours n'ont jamais eu le droit de les voir.

Dans la nuit noire, la lucidité se perd.
Si la nuit m'a appris quelque chose, c'est qu'elle est riche. Et qui voudrait gâcher une si belle richesse ?

Les nuits sont faites pour y vivre. À l'ombre de la nuit, mieux qu'à la lumière du jour, la confusion entre émotions et réel se montre bien plus grande qu'à l'accoutumée. Et ça n'est pas toujours une mauvaise chose.

Il se faisait tard. Elle aurait certainement dû dormir. Mais elle avait peur. Autant des bruits étranges qui la cueillaient au fond des poumons chaque fois qu'ils la frôlaient que de celui qu'elle avait appelé le Chevalier et dont il lui semblait sentir l'immonde odeur de cendres et de métal.

Elle avait fermé la porte de sa chambre pour plus de sécurité, peut-être n'aurait-elle pas dû ; cette sécurité ressemblait étrangement à un piège.

Elle s'était caché au fond de sa couette, roulée en boule, elle tenait les coins dans ses mains pour qu'on ne vienne pas l'arracher. Elle ne tiendrait pas longtemps contre quoi que ce soit, mais les émois de l'enfance -et des autres âges d'ailleurs- nous mènent à faire des choses bien étranges.
Qui n'eut jamais fait quoi que ce soit d'absolument ridicule dans un excès de panique lui jette la première pierre.

Dans sa grotte, le noir n'y était pas total ; la fenêtre de sa chambre, restée ouverte par la chaleur, envoyaient des lumières diffuses et propices aux cauchemars sur les meubles, leur donnant des allures étrangères. Elle les fixait, surveillant chaque éventuelles monstruosité pouvant y apparaître, par un petit trou qu'elle avait laissée entre sa couverture et son matelas. Elle ne prétendait pas pouvoir se protéger si jamais il le fallait, mais au moins voulait elle voir le monstre avant qu'il ne lui fasse du mal.

Alors seule puisque ayant depuis longtemps renoncé à l'aide de quiconque, son singe en peluche serré tout contre elle, elle se surprit à pleurer.
En silence, comme elle savait si bien le faire.

Les larmes n'ont point besoin de bruit, parfois même, d'attention.
D'un coup, elle n'entendait plus rien qui lui venait de sa chambre, ne voyait plus rien, ne sentait plus rien. C'était comme un tissu épais qui masquait tout ce qui n'était pas elle, et qui avait glissé avec une caresse presque tendre sur sa joue, ses yeux, puis sur sa bouche et enfin dans sa gorge, pour étouffer le monde et ses peurs, par la même occasion.
Ramenant son attention à ses larmes et ses joues chaudes plutôt que sur les monstres, le voile ne pouvait que difficilement être uniquement bon ou mauvais.

Elle ne ressentait plus que les sillons salés et bouillants qui ankylosaient ses joues, la morve qui lui coulait au nez, et le poids sur son cœur qu'elle serrait de son doudou comme un pansement, qui lui comprimait la poitrine, faisant de chaque respiration une épreuve douloureuse.

Le monde qui lui faisait si peur ne se voyait plus ; lui pourtant si cruel, paraissait comme attendrit, surprit mais attendrit, devant cette petite fille en larmes au fond de son lit.

Elle ne pensait plus qu'à la nuit, pas à ses peurs, rien qu'a la nuit. Elle lui en voulait comme on en veut à ceux qui promettent et qui oublient, comme si elle avait déjà demandé à la nuit de ne plus être terrifiante et qu'elle l'était encore. Et la colère laisse rarement l'état d'esprit d'être raisonnable.

Un moment passa, elle était dans sa tête. Le monde pouvait bien attendre qu'elle en revienne.
Elle le fit d'un coup, assez brutal.

Alors, elle enleva la couette de ses épaules, se mit debout sur son lit, regarda autour d'elle comme un monstre en quête de sang et cria. Finit la petite fille apeurée en larmes au fond de son lit, si la nuit se moquait d'elle, elle allait bientôt voir ce qui se passait quand on énervait une petite fille fatiguée.
Elle le savait bien maintenant, une bonne crise de larme rendait lucide.

D'un hurlement guttural, venant du plus profond de ses entrailles, là où la peur s'était accrochée, elle la fit se déloger d'un coup.

Elle n'avait plus peur, seulement marre. Elle en avait marre de la nuit.

Son regard tomba sur la fenêtre, toujours ouverte, et il s'y arrêta. Elle descendit de son lit d'un bond silencieux et ouvrit les rideaux d'un coup.

Derrière, quelqu'un s'y tenait.

Il n'avait pas de visage, seulement une amure ; un casque comme les chevaliers du Moyen-Age, en fer tellement usé qu'il ne brillait plus. Le bas du casque, là où se trouvait une grille pour parler, était décroché et pendait, cassé, contre sa gorge. La grille en elle-même était emmêlée dans des lierres. Les fentes pour voir ses yeux étaient d'une noirceur telle qu'on aurait dit deux trous noir, ils aspiraient la lumière, celle qu'elle avait réussit à rassembler et qui avait pris la place, pour un instant, de sa cruelle et familière peur.

Ses yeux étaient noirs comme la nuit, effrayants comme celle-ci.

Il se tenait face à elle, à quelques dizaines de centimètres, il la fixait. Le pire était son odeur, celle des cendres et du métal qu'elle avait déjà senti plus tôt. En ouvrant les rideaux, elle l'avait percutée de plein fouet. Quand le Chevalier ouvrit la bouche pour parler, une autre odeur, celle du sang, l'envahi. Mais il ne parla pas. Il lécha ses lèvres. Pire encore, il sourit.
Ses lèvres étaient craquelées, et ses dents couleur rouille. Il respirait par a-coups, comme secoué de spasmes, et elle entendait sa gorge enrouée à chaque respirations.

Elle était comme figée devant cette apparition, elle s'attendait à le voir, elle ne s'attendait pas à aller le voir. Son propre comportement l'avait surprise.

D'un coup tout espoir de tranquillité envolé, elle prit conscience d'une chose. Une unique chose. Du moins, un sentiment : elle ne voulait pas de ça. Elle ne voulait pas de ce Chevalier, ni des ombres, ni des hurlements des chiens, ni du vent qui faisait bouger ses rideaux en ombres diffuses, ni de la chaleur qui l'étouffait et rendait collant son pyjama, ni rien. Elle ne voulait plus avoir peur.

Elle voulait dormir.
Elle voulait pleurer, encore.

Elle voulait dire au Chevalier de rentrer chez lui, de la laisser dormir, de la laisser...

Alors c'est ce qu'elle fit.

Fallait-il croire que sa crise faisait son rappel ?
Elle pleura, tenta vainement de dire au Chevalier de partir, et dormit.
Là.

Comme une princesse dans ses bras, soudainement, elle s'y effondra.
Contre toutes attentes, il la rattrapa au moment où elle s'effondrait sur lui, la berça maladroitement comme si il ne savait pas dans quel sens la tenir, enjamba sa fenêtre et la remit doucement dans son lit, comme on fait avec les enfants, quand on n'est pas un monstre. Car eux préfèrent les manger.

Nul ne sait ni ne saura jamais pourquoi... Pourquoi tout ceci.
Tout ce dont on se rappelle encore aujourd'hui, c'est qu'un Chevalier recoucha une princesse à minuit, sans nul besoin d'un baiser.

Média:
- The curse, Agnes Obel.

(De façon générale; écoutez Agnes Obel
:3)

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