Cauchemar.

Tremblements incontrôlés.

Dans la tête de cet homme qui dort, une scène.

Il la connait cette scène.

Il l'a assez ressassée pour ça.

Elle lui revient à chaque fois qu'il ferme les yeux.

Chaque geste.

Chaque parole.

Lui reviennent en boucle.

Il se tourne et se retourne dans son lit cherchant à s'extraire de ce tableau cauchemardesque qui se déroule dans son esprit impuissant.

Il se revoit. Assis sur le canapé. Le bruit de la sonnette de la porte d'entrée qui résonne. Il ouvre la porte de son appartement. Et il est là.

Cet homme qui se tient devant la porte in ne s'attendait pas a le voir là.

Il a vieilli, il a changé.

Il n'est plus exactement le même que sur les photos qui datent d'il y a 25 ans, déjà. Mais pourtant il le reconnait.

C'est son père.

L'homme le regarde. Fixement.

Il se décide enfin à prendre la parole. Enfin. « Je peux entrer ? ».

Il se voit s'écarter pour le laisser passer. Sous le choc.

Une fois arrivé dans le salon l'homme prend la parole pour la deuxième fois, « je suis venu te parler des raisons qui m'ont poussé à partir en laissant ta mère »

C'est à ce moment-là qu'il a relevé la tête, l'a regardé longuement, durement. « C'est à elle que tu aurais dû les expliquer. Et c'est dommage tu ne pourras plus. Elle est morte. A cause de toi. Tu n'es qu'un connard qui l'a abandonnée alors qu'elle était enceinte ! tu l'as laissé seule ! toute seule ! Et tu oses essayer de venir t'expliquer » il tremble de douleur. Il se jette sur celui qui n'a été son père que pour une nuit. L'homme le repousse le jette à terre.

A cette scène se mêle alors celle de sa mère qui pleure, sa mère après son deuxième abandon, sa mère pendue a une poutre de la cuisine, sa mère dans son cercueil, l'enterrement.

Après ce n'est plus très nette toutes les scènes se mêlent par flash avec sa mère, son père, successivement, sur fond sonore. C'est l'apocalypse dans sa tête.

Les phrases blessantes et durs se succèdent à une vitesse impressionnante.

« Ta mère était fragile »

« Je ne l'ai jamais aimé »

« Tu n'es qu'une erreur »

« Ta vie n'a aucune importance dans la mienne »

« Je n'ai jamais voulu de toi »

Les mots s'enchainent comme des coups plus violents les uns que les autres.

« Pourquoi tu pleures tu croyais que j'allais t'annoncer quoi ? Que je regrettais ? »

« C'est toi qui l'as tué »

« Tu as ruiné sa vie »

« Tu n'es qu'une infame petite contrariété sur mon chemin »

L'homme qui l'a conçu, son géniteur qui l'achevé violement alors qu'il est déjà a terre, recroquevillé sur le carrelage froid, lui jette un dernier regard de mépris et part.

Il hurle.

Dans son rêve.

Dans la réalité.

Il a mal.

Tellement mal.

Au cœur.

A la tête.

Partout.

Il ne comprend pas.

Il ne comprend plus.

Pourquoi cet homme est venu là.

Quel était son but à pat lui faire encore un peu plus mal ?

Il est réveillé maintenant.

Il se lève de son lit encore tremblant.

Portant les images de la nuit comme un boulet de prisonnier.

Et il essaie de vivre.

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