Elles s'installent dans sa chambre. L'intruse s'est couchée sur le lit, et je me suis tapi en-dessous. Je n'aime pas quand mon humaine introduit ses congénères chez moi. Tant que ça reste des gens de la famille, ça va, mais il ne faut pas exagérer non plus.

— Alors ? fait la clandestine. Tu devais me parler de quelque chose.

Mon humaine rit doucement, et elle se lève pour s'assoir à l'envers sur sa chaise :

— Tu vois qui c'est, Iris ?

— Celle qui a des lunettes rondes ?

— Oui.

— Et ben ?

Elle rit à nouveau. Sa nervosité revient au galop.

— Il se pourrait bien que je sois, hum, que, en fait c'est... Je...

— Elle te plaît.

— Comment tu...

— Oh, s'il te plaît, ne me prends pas pour une débile ! Tu crois que je n'ai pas vu comme tes yeux brillent chaque fois que tu interagis avec elle ? Rien que le fait de lui dire bonjour te fait sourire. Je te connais assez pour savoir qu'il y a quelque chose là-dessous.

— Je suis pas discrète... Tu crois qu'elle a pu deviner, elle aussi ?

— Honnêtement, je ne pense pas. Je te connais bien, donc je sais ce que ce regard signifie. Mais elle, vous n'avez pour ainsi dire jamais parlé ensemble. Ça me semble difficile de se douter de quoi que ce soit.

— Hmm. Tant mieux.

— Pourquoi ? Ça simplifierait les choses. Je sais que tu vas te casser la tête pour trouver un moyen de lui avouer tes sentiments. Ça va te torturer l'esprit pendant, allez, deux semaines, et après tu auras un éclair de génie et tu trouveras une idée géniale.

— Je pense pas... Je sais même pas si elle aime les filles ! Si c'est pas le cas, je vais me prendre un mur en pleine face. Si elle est hétéro, ce n'est même pas la peine de lui dire.

— Pourquoi pas ? Juste à titre informatif.

— Non ! Je ne veux pas qu'elle soit gênée, ou que ça devienne bizarre entre nous.

— Mais il n'y a rien entre vous.

— Merci de me le rappeler, ça fait plaisir.

— Vois la vérité en face, ça vaudra mieux. Bref, tu comptes t'y prendre comment ?

— Me rapprocher d'elle. Me renseigner sur son orientation sexuelle – c'est très bizarre dit comme ça.

— Je croyais que tu ne voulais pas que les choses deviennent bizarres ?

Mon humaine lève les yeux au ciel.

— Tu es pénible, parfois. Laisse tomber cette histoire. Je vais me débrouiller. Juste, par pitié, ne dis rien à personne. Je ne veux pas avoir de problème. Revenons-en à notre oral, tu veux ? Je te rappelle qu'on n'a qu'une semaine pour s'organiser.

L'autre s'en va un long moment plus tard. Mon humaine s'effondre dans son lit et ne lâche pas un mot de la soirée, pas même à table avec ses parents. La discussion avec sa congénère l'a ébranlée.

~•~

Bon, finalement, je vous mettrai trois chapitres par semaine : le lundi, le mercredi et le samedi. Bisous.