Aux gens qui me connaissent : dissociation drastique de la réalité à partir de ce chapitre !

Pas de meme aujourd'hui X) à la place, une photo que j'aime beaucoup et qui illustre un moment de ma vie que j'ai tout autant aimé... Des bisous à vous mes zamis

~•~

Je trottine à sa rencontre dans l'entrée. Elle a été absente un long moment, je me suis inquiété. Elle passe la main dans mes poils et se dirige ensuite vers sa chambre ; mais sa mère l'apostrophe :

— C'était bien ?

— Super.

Sa réponse sonne affreusement creux. Elle bat en retraite dans sa chambre et je lui emboîte le pas. Que s'est-il passé en dehors de cet appartement ? Que lui est-il arrivé, pourquoi est-elle si vide, tout à coup ?

Elle met un CD dans le lecteur, s'étend sur son lit, et ses yeux se mettent à couler.

Je l'ai déjà vue pleurer, à de nombreuses reprises, pour diverses raisons. Parfois c'était lié à son agitation intérieure, parfois parce qu'elle s'était cognée fort dans un coin de meuble. Quand elle était plus petite, elle pleurait beaucoup plus souvent, mais ce n'était pas la même chose : de grosses larmes roulaient sur ses joues, elle hurlait de toute la force de sa gorge ; il y avait dans ces pleurs une forme de grossièreté et d'exagération qui me donnait juste envie de m'en aller pour ne plus l'entendre crier.

Cependant aujourd'hui c'est tout l'inverse. Son chagrin est sincère, ses larmes d'une triste beauté et ses sanglots étouffés dans son oreiller témoignent d'une douleur poignante. Je grimpe sur le matelas et hume son visage mouillé, qu'elle soulève de la taie d'oreiller pour la frotter doucement dans ma fourrure. Je donne à mon tour un coup de tête amical dans son menton, et pose une patte hésitante sur son épaule. Voyant qu'elle ne réagit pas, je me hisse complètement sur son dos et me roule en boule entre ses omoplates en tentant de l'apaiser avec force ronronnements.

Elle reste immobile quelques secondes durant avant de me déloger d'une torsion du dos, avec un bref gémissement. Elle bascule sur le côté, ramène ses genoux à son menton et ses larmes coulent de plus belle. Sa bouche se tord en en rictus de douleur qu'elle tente en vain de retenir, et ses sanglots, en se faisant irrésistiblement plus forts, alertent par leur mélodie hachée ses parents restés dans le salon.

Son père pousse alors la porte de sa chambre. Elle ne l'a pas entendu arriver, toute à sa tristesse infinie.

— Oh, ma chérie...

Il s'assied sur le lit et la prend contre lui. Je lis dans les yeux de mon humaine qu'elle ne veut pas de sa compassion, qu'elle voudrait juste être seule. Elle ne le repousse pas pourtant. Elle n'en a pas la force. Elle a peur des tremblements dans sa voix, de la peine qu'elle ferait à son père en rejetant son aide.

Alors, s'efforçant d'étouffer son chagrin, elle se laisse bercer en silence, gardant les lèvres scellées, le secret de la cause de sa tristesse caché derrière cette muraille impénétrable, qu'elle n'abaissera pour rien au monde.