quinze
Je rôde autour de la porte qui mène Dehors, mais ils prennent soin de ne jamais me laisser sortir. De quoi ont-ils peur, que je me perde ? Impossible, mon odorat m'indiquera toujours la direction à suivre pour rentrer. Craignent-ils que je me blesse, qu'il m'arrive malheur ? Il n'y a pas plus prudent qu'un chat d'appartement découvrant l'Extérieur. Mais les humains sont les créatures les plus inquiètes que j'aie jamais rencontrées.
Mon humaine passe le plus clair de son temps Dehors. Elle s'en va le matin ses écouteurs à la main, revient pour le déjeuner, repart ensuite avec un livre. Quelques jours s'écoulent ainsi. Elle reprend peu à peu des couleurs et des sourires fleurissent à nouveau sur son visage. Le Dehors lui fait visiblement beaucoup de bien.
Ce soir, je suis roulé en boule sur son ventre. Elle me caresse tendrement. Je sens le sommeil s'inviter en elle, ses paupières semblent se faire lourdes. Son rythme respiratoire se ralentit petit à petit. Sa main cesse d'aller et venir sur mon dos : elle dort. Je ferme les yeux à mon tour, profitant de son étreinte rassurante.
Quelques heures plus tard elle se tourne brutalement sur le côté, me réveillant en sursaut et m'expulsant de son lit. Les humains sont impossibles à supporter la nuit. Ils sont incapables de rester paisibles, il faut toujours qu'ils bougent dans tous les sens et un chat comme moi ne peut pas dormir avec eux : ils sont de terribles colocataires la nuit.
Je sors de sa chambre d'un pas léger et me dirige vers la porte vitrée qui mène au Dehors. Elle est close, comme toujours ; mais à côté, en hauteur, une étroite fenêtre est ouverte. Je grimpe sur le rebord d'un saut agile et avance le museau à l'Extérieur. Un millier d'odeurs m'assaillent, tous mes sens s'éveillent alors. Je me laisse tomber au bas du mur, il y a quelque chose de brun par terre, et des trucs verts par-dessus. Ça sent bizarre, ce n'est pas désagréable. Mais la chose brune se coule entre mes coussinets, elle s'accroche dans mes poils. Je trottine le long du mur pour arriver à une dalle de pierre, enfin un sol solide.
Encore des odeurs, des bruissements de tous côtés. Et, au-dessus de ma tête, un disque de couleur claire, il paraît énorme, il brille dans le ciel. Il est splendide, je prends quelques secondes pour l'admirer avant de poursuivre mon exploration.
J'arrive alors à quelque chose qui est encore vert, mais plus large, plus haut, c'est différent. L'odeur a changé aussi. Il y a des choses dessus, des sortes de fleurs, mais pas tout à fait comme celles que mes humains mettaient sur la table de la cuisine. Elles sentent meilleur, elles respirent la vitalité. Elles ont l'air plus en forme ici qu'à l'appartement. Je hume une branche de ce tas de fleurs, la mordille, mais quelque chose qui pique me blesse le palais. Ces fleurs font mal.
Un bruit d'eau m'attire, plus loin. J'ai vaguement soif, de plus je veux voir à quoi ressemble l'eau du Dehors.
Le terrain est en pente pour mener à une toute petite rivière, translucide, elle court sur de petits cailloux blancs en chantant une joyeuse mélodie. Je n'ose pas la goûter, de peur de troubler sa clarté, son harmonie parfaite. Cette eau est la plus belle que j'aie jamais vue.
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