cinq
Elle est à nouveau à l'horizontale, elle sourit au plafond. Assis sur son bureau, je l'observe en silence, attendant le moment où elle sera de nouveau angoissée. Ça ne rate pas.
— Je dois lui dire... Je crois que j'ai une chance. On a discuté un peu ensemble ce midi, on a parlé des lgbt. Et dans l'après-midi, elle est tombée dans mes bras en chouinant que deux heures de maths dans la même journée, c'était beaucoup trop. J'ai croisé les doigts pour qu'elle ne sente pas mon stupide cœur qui s'emballait. Je crois bien que j'ai une petite chance. Si elle savait dans quel état elle me met, chaque fois qu'elle s'approche de moi... Elle prendrait ses jambes à son cou si elle savait à quel point j'ai envie de passer une main dans ses cheveux, ou de poser la main sur sa nuque pour l'embrasser...
Elle se tourne de côté et se recroqueville, les genoux ramenés sous le menton.
— C'est de la démence. Je suis tarée.
Je saute sur le lit pour me blottir contre elle, dans le creux que forme son corps replié sur lui-même.
— Je dois lui dire, Catnip. Je ne sais pas encore comment, mais c'est obligatoire, je ne peux plus attendre, c'est horrible. J'ai l'impression que j'ai une chance, que c'est possible qu'elle me dise oui...
En pleine nuit, elle rallume la lampe. Elle n'a pas réussi à s'endormir, mais moi, oui. La lumière m'éblouit. Elle fouille dans ses affaires et met un CD dans le lecteur posé sur sa table de nuit. Elle met le son tout bas, sûrement pour ne pas réveiller ses parents qui dorment dans la pièce d'à côté.
Ses lèvres remuent sans qu'aucun son n'en sorte. Elle articule silencieusement les paroles, qu'elle connaît par cœur : « tell me something nice, like flowers and blue skies... ». Puis, dans un sursaut de lucidité :
— Mais la voilà mon idée !
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