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Une nouvelle semaine s'était écoulée depuis le dernier cambriolage, et Lucas l'avait toujours sacrément en travers de la gorge. Il avait même failli agresser une pauvre mère qui transportait une affreuse chaise rose fraichement achetée pour son nouveau né, croyant qu'il s'agissait du - ô combien fameux - cambrioleur.
Heureusement, Taeyong avait été là pour le retenir, lui rappelant qu'en tant que représentants de l'ordre, ils devaient agir avec diplomatie et calme. Ce dont le pauvre chinois commençait sérieusement à manquer. Déjà que toutes ces histoires lui pompaient l'air en temps normal, il avait fallu que le petit con volant tout et n'importe quoi devienne une vedette.
Tous les habitants du quartiers en parlaient, et bien que - dieu merci -, la plupart soient du côté des policiers, une petite partie non négligeable s'amusait de leur incompétence et leur incapacité à retrouver ce fauteur de troubles. Non, vraiment, lorsque Lucas avait entendu ce petit groupe de lycéens se foutre de sa gueule, il avait été fortement tenté de les étrangler et de leur refiler l'affaire, puisqu'elle semblait tant les faire rire.
Vous noterez qu'entre ces envies d'agression et de strangulation, calme n'était effectivement pas le meilleur mot pour décrire le jeune policier.
Et naturellement, la pauvre femme n'avait rien à voir avec ces histoires de cambriolages, sa chaise étant simplement ressortie d'Ikea. Oui oui, déjà assemblée.
Ces petits faits, ajoutés à l'amoncellement précédent, avaient refilé au jeune homme une sacré migraine. Il avait passé la nuit à se retourner dans tous les sens, avec l'affreuse impression qu'un marteau piqueur s'amusait à taper à répétition sur un point précis de son crâne. Et quand enfin il avait réussi à s'endormir, il avait fallu que son chat trouve judicieux de lui sauter de tout son poids sur les parties intimes, lui rendant le réveil encore plus désagréable qu'il ne l'était déjà. S'il ne l'avait pas regardé juste après avec ses grands yeux tout mignons et innocents, le chinois se serait fait un plaisir de le jeter par la fenêtre. À la place, il a passé le reste de sa nuit à le câliner en l'insultant, priant pour qu'il reste quelque chose de sa future descendance.
C'est donc complètement claqué qu'il était retourné au poste le lendemain, avec un mal de tête affligeant et une douleur persistante entre les jambes. Réellement, le démon qui lui servait de chat n'y était pas allé de main morte.
Assis au siège de garde, des cernes de quarante deux kilomètres sous les yeux, le jeune homme bailla pour peut-être la centième fois depuis le début de la matinée. Le pire dans tout ça était sûrement qu'il se coltinait le poste le plus chiant, à entendre des vieux croûtons se plaindre de leur voisin de palier et de ses fêtes incessantes, ou encore de l'odeur d'égout qui se faisait sentir au rez de chaussé de leur immeuble. Il était policier, merde, pas plombier. Ces gens là étaient juste casse-couilles. Et oui, peut-être que son humeur massacrante déteignait un peu sur ses jugements, c'est un fait.
La seule chose qui avait égayé sa journée, c'était une petite fille d'à peine dix ans, si ce n'est bien moins, venue déposer une petite pièce trouvée par terre, disant qu'il faudra la remettre au "pauvre monsieur qui l'avait perdue". Lucas avait littéralement fondu devant tant d'innocence et de mignonnerie, passant d'envies de meurtre intempestives à tout gaga. Il avait tenté de lui faire garder cette somme ridicule, lui expliquant qu'il ne pourrait pas retrouver le monsieur et que cela lui ferait un peu d'argent de poche, mais la petite avait formellement refusé en prétextant que cet argent n'était pas à elle, et que sa maman lui avait toujours dit de ne pas prendre les choses qui n'étaient pas à elle.
Voilà pourquoi le jeune homme se retrouvait actuellement avec une petite pièce ronde dans la poche, se disant qu'il la donnerait à un sdf lorsqu'il en aurait l'occasion. Ce n'était pas grand chose, mais c'était déjà ça. Il était bien conscient que de toute manière, les inégalités ne se régleraient pas comme ça.
L'heure avait fini par tourner, et le Soleil commençait maintenant à s'évanouir derrière l'horizon, éclairant le paysage d'une douce lueur orangée. Le chinois avait enfin quitté son poste, et il savourait désormais sans grand intérêt un café sans goût tout juste pondu par la vieille machine du commissariat. Il faudrait qu'ils pensent à la changer, tiens, si l'occasion se présentait. Chaque policier commençait à en avoir marre de cette eau parfumée de manière peu subtile.
La porte du local s'ouvrit alors, sortant Lucas de ses pensées, et Chittaphon apparut, un petit sourire taquin aux lèvres.
— Ben alors, commença-t-il d'un air amusé. T'as enfin appris à défroncer tes sourcils ?
— Hein ?
— Tes sourcils. Ça va faire bien deux semaines que je les ai pas vu normaux, t'avais toujours l'air d'un chihuahua énervé.
Lucas roula des yeux à la provocation du thaïlandais, trop épuisé pour le faire taire, et se contenta donc de rétorquer :
— Je préfère toujours ressembler à un chihuahua plutôt qu'à un attardé.
— Tu savais que les chihuahuas sont les chiens avec le QI le plus faible ?
— Va chier Chittaphon, sérieusement, je suis pas d'humeur.
Le concerné pouffa légèrement, semblant amusé par l'état de légume de son ami habituellement si vif. Enfin, "ami" était un bien grand mot finalement. Il devrait le soutenir plutôt que l'enfoncer, tss... Lucas retenait.
Son collègue prit alors à nouveau la parole, son petit rictus terriblement agaçant refusant de quitter ses lèvres.
— Bon, au lieu de me regarder comme si t'étais au bout de ta vie, ramène tes fesses plutôt. Y a quelqu'un pour toi.
— Qui ? demanda le chinois, soudainement curieux.
— Ton prince charmant. Il t'attend à l'accueil.
Chittaphon lui lança un petit clin d'œil, et rajouta malicieusement :
— Taeyong et moi on se charge de la fermeture, profite en pour te changer un peu les idées, et par pitié, avance une bonne fois pour toute dans cette relation horriblement frustrante.
— Gnagnagna, c'est ma vie, pas la tienne, rétorqua gaminement le chinois en délaissant rapidement son café sans goût.
Il se redressa et rejoignit son collègue au niveau de la porte, lui adressant tout de même un petit sourire reconnaissant.
— Merci les gars, c'est sympa.
— Pas de quoi. On voudrait éviter de te retrouver en asile psychiatrique parce que t'as trop fait marcher tes neurones.
Un « hin hin » ironique made in Lucas s'échappa de ses lèvres, et il quitta la pièce, trop épuisé pour tenter de débattre avec le thaïlandais d'une quelconque manière. Il se rendit bien vite dans le hall d'accueil du commissariat, et sourit peut être un peu niaisement à la vue de Jungwoo l'attendant le nez plongé dans un vieux magazine.
Celui-ci releva le regard vers le nouveau venu, et un splendide sourire vint égayer son visage.
Jungwoo se réjouissait d'avance de cette soirée avec son policier préféré.
_________
Jungwoo se vantait souvent d'être quelqu'un de confiant, qui savait ce qu'il voulait. Il faisait mille discours à Doyoung, éternel indécis de nature, pour lui dire combien lui il savait faire des choix, combien c'était important et combien ça aidait à progresser dans la vie. Et pourtant, là où Lucas pouvait se pavaner en affirmant qu'il savait quels étaient ses buts et qu'il faisait tout pour y parvenir, ceux de Jungwoo étaient en réalité plus flous. Il avait beau nier, démentir et mentir avec véhémence, ça ne changeait rien à la réalité.
Prenons par exemple sa relation avec Lucas, justement. Il ne faisait qu'affirmer qu'il parlait avec le policier uniquement pour rire, parce que c'était amusant de le voir tourner en bourrique, et que le rendre fou était un divertissement meilleur que nombre d'autres. Mais à côté de ça, le chinois apparaissait dans ses rêves, il trépignait d'impatience avant chaque rendez-vous, et les battements de son cœur accéléraient toujours à l'idée de le voir. Il aurait pu remettre ça sur la faute de l'adrénaline qui le prenait aux tripes avec son petit jeu dangereux, si seulement ça n'avait pas déjà été le cas avant même qu'il ne commence à voler.
Face à ça, on ne pouvait donc pas dire que Jungwoo soit de ces gens qui savent précisément ce qu'ils veulent.
Et face à Lucas actuellement, il ne faisait pas le fier non plus en disant à tout va qu'il ne lui plaisait pas. Le policier était tout particulièrement beau, aujourd'hui. Malgré sa nuit de sommeil écourtée et sa matinée rallongée de minutes des plus ennuyeuses, il abordait un visage vif et sans cernes, les yeux clairs et la peau très légèrement rosée, juste assez pour lui donner bonne mine. Il en était le premier étonné. Les miracles de la caféine, pensait-il. Ou alors, peut-être qu'il s'était assoupi sans s'en rendre compte et que Chittaphon en avait profité pour jouer les maquilleuses sur son faciès. Il se rabroua. Peu probable. Si ça avait été le cas, il ne se serait pas réveillé avec un anticerne parfait, mais plutôt avec une fausse moustache et une bite dessinée sur le front. Le thaïlandais avait le chic pour faire des petits gribouillis un peu partout.
Non, la vérité était plutôt celle-là, même si aucun des deux n'aurait la présence d'esprit de l'admettre : Jungwoo lui plaisait, et la seule idée de le voir lui avait retiré toute forme de fatigue, de la même manière que Jungwoo avait passé une bonne heure dans sa salle de bain avant de partir le retrouver au commissariat.
Ils avaient finalement marché un peu plus loin, et s'étaient posés à côté d'un petit cours d'eau. Bon, il n'avait pas la grandeur de la rivière Han ni la couleur presque transparente de la mer sur les publicités de croisières aux Seychelles, penchant plutôt sur une teinte brunâtre qui rappelait les égouts, mais ils devraient se contenter de ça. La banlieue n'offrait pas toujours les meilleurs endroits, et ils étaient déjà bien chanceux d'avoir un peu d'eau avec les chaleurs estivales qui s'installaient.
Jungwoo ne se souvenait plus exactement de comment leur discussion avait commencé. Il se rappelait avoir entendu le policier se plaindre de leur machine à café miteuse, et s'être fait la réflexion qu'il pourrait en voler une pour lui donner. Comme ça, le comble du comble : Lucas aurait eu un objet venant du voleur même qu'il traquait jours et nuits, au sein même du commissariat. Ça aurait été marrant. Et puis, il s'était raisonné, songeant qu'il se cramerait direct s'il faisait ça et qu'il n'avait pas encore envie de passer quelques mois en taule – ou d'écouter l'intégrale de Nyan Cat, au choix.
Après, il se rappelait avoir partagé ses mésaventures d'eau chaude, racontant comment son colocataire s'était retrouvé à toquer chez tous les voisins uniquement vêtu d'une petite serviette et du shampooing plein les cheveux, parce que ce qui sortait de leur douche était si froid qu'ils en étaient venus à se demander si l'eau n'allait pas geler dans les canalisations. Peut-être avaient-ils aussi discuté des prochaines élections et de la musique underground, de la couleur du ciel et du fiasco total qu'était la soirée d'anniversaire de Taeyong, de la différence entre les spaghettis et les linguines, et des souvenirs d'enfance que l'on raconte en riant. Jungwoo avait perdu le fil.
Ce qu'il savait en revanche, c'est que là, la tournure de la discussion commençait sérieusement à lui déplaire.
— Elle va venir de Thaïlande dans une semaine, pour voir Chittaphon. Si tu savais comme j'ai hâte ! Je n'ai eu l'occasion de la voir que deux fois, mais...
Il n'écoutait plus. Il avait bien compris que pour Lucas, la sœur de son collègue était la femme parfaite, qu'elle était belle, brillante, souriante, drôle et généreuse et très ouverte d'esprit. Ça lui faisait une belle jambe. Qu'il était agaçant, le chinois, quand il s'extasiait en boucle sur quelque chose. Il devenait soudainement inarrêtable, balançant un flot de paroles continu avec son beau sourire enthousiaste qui venait illuminer ses prunelles. Ça le rendait ravissant. Mais Jungwoo détestait qu'il soit ravissant si c'était pour une autre personne que lui.
— Hey, dis, tu m'écoutes ?
— Non, t'es ennuyeux.
Lucas eut l'air un peu confus, et Jungwoo rajouta avant que cette confusion n'ait le temps de se transformer en contrariété :
— Je m'en fiche de cette fille. Je viens te voir pour que tu me partages tes aventures palpitantes de policier, pas des vieux ragots d'adolescent en pleine puberté.
S'il avait voulu le dire sur le ton de la plaisanterie pour ne pas plomber l'ambiance, sa voix légèrement cassante le trahit. Un drôle de silence s'installa alors. Lucas le jaugeait un sourcil haussé, plus dubitatif que blessé, et lui se taisait, hésitant à regretter ses paroles. Finalement, un petit rictus prit place sur les lèvres du policier, qui commença d'un ton taquin :
— Mais dis donc, tu serais pas un peu jaloux ?
Jungwoo leva les yeux au ciel.
— Jaloux de quoi ?
— Oh, je sais pas, de la sœur de Chittaphon par exemple.
— Et pourquoi je la jalouserais ?
— Peut-être parce que je l'aime bien.
Le châtain claqua sa langue contre son palais, faisant mine d'être agacé.
— Il faut vraiment que tu arrêtes de prendre tes rêves pour une réalité.
Lucas ne répondit rien, mais ne chercha pas à cacher le sourire mutin qui s'était installé sur son visage. C'était plutôt rare de réussir à déstabiliser Jungwoo, alors il se délectait des très légères rougeurs qui se devinaient sur ses joues et de son air un peu boudeur. Il mentait, ça se voyait à 18km à la ronde. Et l'idée d'un Jungwoo jaloux lui plaisait bien.
Ils ne reparlèrent pas de sujet qui fâche, et au bout d'un moment, le voleur proposa de se lever et de marcher un peu le long du cours d'eau. La nuit commençait à s'installer, faisant souffler une légère brise pas désagréable, en définitive. La chaleur dans la ville était lourde, et c'est avec plaisir qu'ils accueillaient ces instants de frais.
Ils déambulèrent quelques minutes en silence, à profiter de la douceur de la nuit, et à savourer le calme qui suivait l'agitation bruyante de la journée. S'il y avait bien un avantage à leur petite banlieue qui ne payait pas de mine, c'était que dès que le Soleil disparaissait derrière l'horizon, chacun rentrait chez soi et laissait place à un silence bienvenu. Les jeunes qui voulaient faire la fête fuyaient vers le centre-ville, et sauf si on avait pas de chance et un voisin un peu trop fêtard, on pouvait profiter d'une tranquillité apaisante.
Là, à marcher l'un à côté de l'autre, ils en faisaient l'expérience. Ils passèrent devant un petit parc, et Jungwoo raconta à Lucas qu'il y allait souvent pour jouer avec ses parents, quand il était gamin. Un peu plus tard, le cours d'eau disparaissait sous la route, englouti par un canal, et Jungwoo lui indiqua alors une ruelle tranquille dans laquelle il connaissait un petit supermarché ouvert 24h/24, suggérant d'aller y acheter de quoi grignoter. Lucas accepta.
Ils s'engagèrent dans la petit rue, et alors qu'ils marchaient pour rejoindre l'enseigne clignotante qu'ils percevaient un peu plus loin, le chinois se surpris à avoir envie de prendre la main de Jungwoo dans la sienne. Ce n'était pas juste une petite idée qui lui passait par la tête comme ça, c'était bien plus fort, trop fort, au point qu'il en ressente des démangeaisons jusqu'au bout des doigts. Les battements de son cœur s'accélérèrent aussi, et il du se faire violence pour faire comme si de rien était.
Sûrement que si Jungwoo s'était retourné, il aurait vu les légères rougeurs qui avaient pris place sur le visage du chinois. À la place, il rentra simplement dans la petite supérette, et salua le vendeur d'un signe de tête poli. Lucas s'engagea à sa suite, se laissant diriger vers le rayon des nouilles instantanés.
Le petit magasin n'était pas bien grand. Tout son intérieur était éclairé d'une lumière jaune trop forte qui les éblouissait en comparaison avec les petits néons qui faisaient la devanture, et les quelques rayons étaient assez bas pour qu'on puisse regarder par dessus sans problème - du moins, pour quelqu'un de la taille du policier.
Il haussa un sourcil circonspect en voyant son ami se saisir d'un pot de ramens au bœuf, et ne put s'empêcher de lui demander :
— Tu vas prendre des nouilles à cette heure-ci ? Réellement ?
— Pourquoi pas ? J'ai pas mangé ce soir.
Jungwoo haussa les épaules pour terminer sa phrase, avant d'aller glisser le pot qu'il avait choisi dans le petit micro-onde qui trônait dans un coin de la pièce. Le plus grand l'observa régler la chaleur, sans parvenir à se défaire de cette drôle de sensation qui l'avait pris au cœur lorsqu'il s'était rendu compte qu'il brûlait d'envie de lui tenir la main. Il faut dire que l'oublier comme ça n'était pas une tâche aisée, encore moins quand Jungwoo était si beau dans son sweat gris un peu trop grand qui lui tombait sur les hanches.
Finalement, pour penser à autre chose et peut-être parce qu'il lui avait donné envie aussi, il se saisit à son tour d'un paquet de ramens, sans même regarder de quel parfum il s'agissait, et vint le poser à côté de celui de Jungwoo qui lui adressa un petit rictus que le policier ne préféra pas relever. Il fit deux pas pour arriver au rayon frais, et en sortit deux boissons, qu'il alla payer rapidement en même temps qu'un petit "ding" sonore se faisait entendre du côté du micro-onde.
Deux minutes plus tard, les deux hommes étaient de retour dans la fraîcheur de la nuit, une boite de nouilles fumant dans une main et une boisson fraîche leur gelant les doigts dans l'autre. Ils allèrent se poser sur un petit muret en face de la devanture du magasin, et Jungwoo lâcha en posant ses nouilles bouillantes pour ouvrir son soda :
— Merci pour la boisson, t'étais pas obligé.
— C'est quand même mieux d'avoir quelque chose à boire quand on mange.
— Hm.
Le châtain enfila la bonne moitié de sa bouteille d'une traite, avant de rajouter :
— Tant qu'à faire, t'aurais pu prendre de l'alcool quand même.
Lucas leva les yeux au ciel.
— Je travaille demain.
— Quoi, t'as peur d'avoir la gueule de bois ?
— Un peu, ouais.
— Tu sais, c'est pas un verre qui va te rendre saoul, hein, rétorqua Jungwoo avec un petit sourire amusé que, s'il ne l'avait pas trouvé magnifique, le chinois lui aurait bien fait manger.
Il préféra ne rien répondre, et détacha ses baguettes de fortune pour les plonger dans ses nouilles brûlantes et les remuer un peu. La sauce noire et la forte odeur d'épice qui s'en dégageait lui faisait un peu peur : peut-être aurait-il dû regarder le goût au lieu de prendre le premier paquet venu. Il risquait de se ridiculiser si le piquant était trop fort.
Jungwoo, lui, ne semblait pas avoir ce problème, plongeant une grosse bouchée de son plat dans sa bouche sans même lui laisser vraiment le temps de refroidir. Il fit une grimace à mi-chemin entre la douleur et le plaisir du bon goût qui venait chatouiller ses papilles, et reprit une part de son plat juste après.
S'il n'était pas insensible à la chaleur, alors il était masochiste. C'était la seule explication plausible que trouvait Lucas.
Étant déjà à la moitié de son bol alors que le policier lui n'avait pas encore entamé le sien, le voleur lui adressa un signe de tête accompagné d'un haussement de sourcil circonspect :
— Tu manges pas ?
— C'est trop chaud, j'attends que ça refroidisse.
— Petite nature.
Lucas ne releva pas. À la place, il jaugea ses nouilles fumantes d'un regard un peu méfiant, craignant le niveau de piquant qui allait envahir son palais lorsqu'il daignerait enfin les porter à sa bouche. Il connaissait assez Jungwoo pour le savoir taquin, et l'idée de devenir tout rouge et de fumer par les oreilles comme dans les dessins animés cartoon en avalant son plat lui plaisait moyennement.
Étrangement, il avait toujours envie d'avoir un minimum de charisme devant le plus jeune.
Charisme qui s'envola bien loin lorsqu'il se décida finalement à goûter ses nouilles. Ses angoisses avaient lieu d'être : il devait avoir dégoté – par le hasard ou par le résultat d'un vieux karma – sans aucun doute la boite la plus épicée de toute la gamme. Sa langue se mit à le brûler, ses joues à chauffer, et il n'eut pas le temps d'avaler que déjà ses yeux s'humidifiaient.
Il déglutit le plus silencieusement possible en espérant que l'obscurité de la nuit cacherait son mal-être à Jungwoo, mais cette action le fit plus ressembler à un vieux balais qu'on aurait laissé traîner trop longtemps dans un coin qu'à autre chose, et ça n'échappa pas du tout au regard vif du voleur.
Il éclata de rire face à cette vision tandis que Lucas commençait maintenant à s'étouffer plus franchement et cherchait frénétiquement sa boisson d'une main pour faire passer le piquant, puis n'hésita pas une seconde pour se foutre de sa gueule ouvertement.
Le chinois lui envoya un fuck en mourant, brûlant de l'intérieur face au dosage abusé de piment dans son plat, mais également face à ces sensations incontrôlables qui le prenaient au cœur lorsqu'il entendit le rire de Jungwoo.
Et lorsqu'il se fit la réflexion qu'il pourrait bien avaler une autre bouchée de ce plat démoniaque si cela suffisait à faire sourire le châtain à nouveau, Lucas sut qu'il avait perdu.
Il était fichu. Entre ça et les drôles de sentiments qui l'avaient accompagné toute la soirée, il ne pouvait que cesser de se voiler la face.
Jungwoo lui plaisait bien trop pour qu'il continue de faire comme si de rien était, et la prochaine fois qu'il le verrait, il lui déclarerai sa flamme.
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— Eh, Chittaphon, pour ta gouverne, sache que les chihuahuas ne sont pas les chiens avec le QI le plus faible.
— Hein ?
— J'ai regardé sur internet.
— Mais qu'est ce que tu racontes ?
Le thaïlandais jaugea son collègue d'un air dubitatif, se demandant pour quelle obscure raison celui-ci avait décidé de lui faire un cours canin alors qu'ils étaient en train de taper des rapports – barbants, certes, mais au moins ils avaient quelque chose à faire – en plein service. Le sourcil haussé du policier aux cheveux bordeaux et aux piercings détonants en face de lui lui fit comprendre qu'il n'était pas le seul à se poser cette question.
— Avant-hier tu m'avais traité de chihuahua, et tu m'avais dit que c'étaient les chiens les plus cons ! Sauf que c'est même pas vrai ! C'est les lévriers afghans qui sont considérés comme les plus stupides.
Ah. Ceci expliquait cela.
— C'est... Cool, je suppose ? tenta un Chittaphon blasé devant la mémoire excessivement sélective de son ami.
— Non, c'est pas cool. répliqua celui-ci. T'es censé t'excuser, maintenant.
Alors là, il pouvait toujours courir. Chittaphon n'était certes pas d'humeur à lancer des piques de lui-même, la soudaine charge de travail donnée par leur supérieur lui ayant plombé le moral, mais il n'allait tout de même pas donner raison au chinois sur un truc aussi bête.
Pour toute réponse, il lui tira donc la langue, ce qui suffit à faire partir Lucas au quart de tour et à faire résonner la voix épuisée de Taeyong qui s'interposa avant même de laisser le débat entre les deux zouaves commencer :
— Les gars, c'est pas que je vous aime pas, mais on a du travail là. Pour une fois. Alors si vous pouviez la boucler histoire qu'on termine ces rapports tout pétés rapidement, ça m'arrangerait.
— Tout pétés ?
Chittaphon poussa un soupir à s'en fendre l'âme.
— C'est un euphémisme, je suis sûr que le patron nous les a donné uniquement pour nous occuper et qu'on arrête de se tourner les pouces.
— Un quoi ? intervint Lucas.
— Un euphémisme. Tu sais, le truc qu'on apprend au collège, basique quoi.
— Gneugneugneu, je le savais.
Le thaïlandais voulu répliquer une nouvelle fois et lui demander de lui expliquer, puisqu'il savait apparemment si bien ce que c'était, mais le regard lourd de sens que lui lança Taeyong l'en dissuada.
Il reconcentra son attention sur les feuilles pleines d'écritures qui trônaient en face de lui dans un énième soupir, et la petite pièce du commissariat de banlieue se retrouva plongée dans un silence inhabituel.
L'ambiance n'était pas excellente, aujourd'hui. Taeyong n'avait pas pu fumer sa clope parce que sa copine lui avait balancé toutes ses cigarettes et qu'il n'avait pas eu le temps d'en racheter, et il était donc arrivé au bureau d'une humeur massacrante qu'il n'avait même pas cherché à cacher. Lucas avait presque cru qu'il allait démissionner quand il lui avait dit qu'il n'avait pas pris son paquet de cigarettes aujourd'hui non plus et qu'il ne pouvait donc pas lui en filer une. Quant à Chittaphon, ça restait un mystère dans l'esprit du chinois. Le thaïlandais qui était habituellement toujours détendu et souriant était arrivé lui aussi plus morne, et l'annonce soudain de ce travail ridicule et inutile avait fini d'avoir raison de son côté bavard.
Résultat : ça avait beau faire seulement deux heures que Lucas était ici, il avait déjà envie de partir le plus vite possible. Avec ses deux collègues aussi vifs qu'un escargot au sommet de l'Everest, l'ambiance de son lieu de travail était si pesante qu'il aurait tout donné pour choper un jour de congé et échapper à ce silence inconfortable. Malheureusement, un travail est un travail, et il avait des responsabilités à tenir, encore plus s'il voulait obtenir enfin cette promotion qui lui faisait de l'œil.
C'est donc finalement seulement vers vingt heures du soir qu'il ferma enfin le rapport à rallonge demandé par son supérieur, s'étirant pour dénouer les muscles de ses épaules qui commençaient à se faire douloureux. Taeyong avait terminé une trentaine de minutes plus tôt et en avait profité pour aller s'acheter un paquet de cigarettes au tabac le plus proche, et Chittaphon n'avait pour une fois fait aucune remarque sur l'odeur désagréable qui s'était élevée dans la pièce quand le coréen avait commencé à fumer, trop concentré sur son niveau de Candy Crush qu'il tentait vainement d'accomplir depuis une heure.
Lucas était le dernier à finir, mais au moins, c'était fait. Et puis Taeyong semblait maintenant bien plus détendu, et le petit cri de joie qui échappa au thaïlandais qui venait de réussir à assembler cinq bonbons entre eux témoignait aussi de l'amélioration de son humeur. L'atmosphère n'était plus aussi étouffante.
Et le chinois comptait bien en profiter pour partager ses plans et ses inquiétudes avec ses deux amis. Il s'était levé ce matin avec une idée bien précise en tête, et s'il avait cru devoir renoncer à se confier à ses collègues vu l'ambiance qui régnait dans l'après-midi, maintenant il se sentait d'en parler.
— Dites, les gars...
Chittaphon releva la tête de son jeu, et Taeyong haussa les sourcils en le regardant pour lui faire signe qu'il l'écoutait.
— J'ai un truc à vous annoncer.
— T'es enceinte ?
— Chittaphon, gronda le chinois face à son collègue qui ne fit que pouffer bêtement, visiblement fier de sa remarque.
Ce dernier leva les mains en l'air en signe d'innocence, son téléphone en équilibre précaire sur ses genoux, et rétorqua :
— À la fois dis pas ça avec un air aussi sérieux, comment tu veux que je m'imagine autre chose ?
— Je suis un homme, Chittaphon.
— Oh tu sais, la science a ses secrets, on sait jamais.
Le chinois le regarda avec un air dépité, se demandant quand est ce qu'il arrêterait de dire des bêtises pour l'embêter et qu'il le laisserait parler, tandis que la voix de Taeyong s'élevait à son intention :
— Ignore le, il est con. Qu'est ce qu'il y a ?
Un « eh oh j'te permets pas » sortit de la bouche du thaïlandais, mais Lucas préféra l'ignorer comme lui avait dit le fumeur et se contenta de répliquer :
— J'y ai beaucoup réfléchis, et je crois qu'il est temps que je passe à un cap supérieur dans ma relation avec Jungwoo.
Un silence soudain accueillit ces paroles. Ses deux collègues le regardaient sans rien dire, complètement figés, et Lucas commença à se demander s'il n'avait pas prononcé sans le vouloir une formule magique qui arrêtait le temps. Puis, finalement, ce fut la voix du thaïlandais qui s'éleva dans le commissariat :
— Ah ben enfin, c'est pas trop tôt ! Taeyong, sort le champagne !
— J'y vais de ce pas.
Lucas regarda d'un air dubitatif Taeyong ouvrir le mini-frigo du commissariat pour attraper une bouteille de champomy – sans alcool, on ne se bourre pas la gueule au travail – qui traînait là depuis des mois, et leur lança, mécontent de ne pas être pris au sérieux :
— Les gars, arrêtez vos conneries. Y a rien de si extraordinaire.
— Tu déconnes ? rétorqua Chittaphon tout enthousiaste. Depuis le temps que vous vous tournez autour comme des cons, c'est un évènement national ! Même réussir à choper le voleur est moins impressionnant !
La simple mention de ce fameux voleur fit se tendre Lucas, et le thaïlandais leva les yeux au ciel en le remarquant.
— C'est bon, décoince-toi.
Taeyong les rejoignit avec trois verres de jus de pomme pétillant, et le chinois saisit le sien en l'observant d'un air méfiant. Il avisa la bouteille laissée à côté du frigo dont il ne se souvenait même plus de comment elle était arrivée là, et demanda prudemment :
— C'est encore comestible au moins ce truc ?
Taeyong haussa les épaules.
— Aucune idée.
Sur ces belles paroles, il bu d'une traite son propre verre, vraisemblablement peu inquiet. Lucas vérifia qu'il ne mourrait pas en se tenant le ventre et en gémissant de douleur avant d'oser goûter une mini gorgée de la boisson, tandis que Chittaphon s'enthousiasmait :
— Allez, revenons à nos Jungwoo ! Dis nous tout !
— Y a rien à dire... rétorqua le chinois. J'ai juste envie de le pécho, voilà tout.
— Alors pourquoi tu nous en parles ?
— Ben, je me disais que comme vous avez tous les deux déjà eu une copine, vous auriez peut-être des conseils...
Taeyong lâcha un ricanement moyennement rassurant à ces mots, et le regard qu'il échangea avec le thaïlandais finit d'inquiéter Lucas. Pourquoi ils avaient l'air supra fourbes, d'un coup ? Pourquoi leurs sourires ressemblaient soudainement étrangement à ceux des psychopathes avant qu'ils ne commettent un meurtre ?
Lucas déglutit difficilement, tandis que le coréen répliquait sans lâcher son camarade des yeux :
— Oh oui, on en a des conseils. On va t'aider, tu vas voir que ton Jungwoo va te tomber dans les bras comme dans les films.
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Lucas avait vraiment les pires amis qu'il soit.
Il lui était déjà arrivé de remettre toute sa vie sociale en question, mais cette fois-ci il songeait sérieusement à passer à l'action et à s'inscrire sur un tinder amical pour faire des rencontres et changer de groupe d'amis.
Sérieusement, des amis, c'est censé se soutenir et s'aider non ? Chittaphon et Taeyong n'avaient été d'aucune forme d'aide. Au contraire, ils n'avaient fait que foutre un peu plus le boxon dans l'esprit du chinois qui avait déjà du mal à imaginer comment approcher Jungwoo.
Chittaphon, par exemple, avait commencé par lui suggérer très sérieusement de passer chez le coiffeur et de se faire une teinture rose avant toute chose, parce que soit disant : « Jungwoo aimait les fraises pas totalement mûres, et que du coup ça le ferait craquer direct. » Taeyong, lui, avait été plus radical encore et lui avait conseillé de se raser les sourcils, pour avoir l'air moins con et échapper à sa fâcheuse manie de les hausser excessivement haut. Autant vous dire que quand ils lui avaient proposé de l'emmener faire les boutiques le lendemain pour lui trouver sa tenue de rencard, Lucas avait refusé immédiatement.
Les deux zouaves qui lui servaient d'amis n'avaient vraisemblablement aucune intention de l'aider réellement dans son problème de cœur.
Il retenait.
En attendant, au vu des absurdités que lui avaient lancé ses collègues, il devait donc se débrouiller seul. Et honnêtement, les sorties romantiques, ce n'était pas vraiment sa spécialité.
Déjà, il avait fallu réfléchir au mode opératoire idéal pour lui permettre de déclarer sa flamme. Devait-il organiser un truc de ouf afin de faire de cette journée une journée mémorable, ou rester dans le classique pour ne pas gêner Jungwoo ? Devait-il lui faire un cadeau symbolique pour témoigner de son amour, ou simplement venir les mains vides comme d'habitude ? Devait-il lui dire qu'il l'aimait dès le début de leur présumée discussion ou attendre un peu que la soirée soit avancée ? Il y avait tellement de manières différentes de s'y prendre que le chinois n'avait pas su où se donner la tête. Et autant vous dire que internet n'était pas d'une grande aide non plus, chaque chose qu'il proposait étant excessivement niais.
Après plusieurs heures de débat interne avec lui même, Lucas s'était donc finalement décidé : pas d'artifices, pas de superflu, juste lui et Jungwoo comme ils avaient l'habitude de l'être. Il irait faire une visite surprise à son appartement avec quelques fleurs juste histoire de marquer le coup, et lui avouerai ses sentiments dans la soirée en espérant que son colocataire soit absent ou comprenne de lui même qu'ils avaient envie d'être seuls. Au pire du pire, Lucas n'aurait qu'à emmener le châtain dans un petit café s'ils n'arrivaient vraiment pas à avoir de l'intimité.
Ensuite, il avait fallu choisir la tenue. Pour une raison évidente de dignité, Lucas ne vous dira pas combien de temps il avait passé devant son armoire à enfiler et à renfiler d'autres vêtements, pour finalement opter pour son classique tee-shirt blanc, jean bleu et veste en cuir. Il ne vous dira pas non plus le montant de sa facture d'eau due au temps abusif qu'il avait passé sous la douche à se savonner et re savonner pour être sûr de ne laisser aucune trace de mauvaise odeur. Il avait d'ailleurs sûrement même un peu abusé, s'il en croyait les picotements désagréables qui lui parcouraient la peau là où il avait le plus frotté.
Et pour finir, il ne vous dira sûrement pas depuis combien de temps il était là, debout comme un con devant la porte de l'appartement de Jungwoo à ne pas oser sonner, son bouquet de fleurs – qu'il avait également choisi en prenant une bonne partie de sa journée – pendant ridiculement dans ses mains.
Il faut dire qu'il avait le cœur qui battait si vite dans sa poitrine et qu'il stressait tellement qu'il n'était pas bien loin de se transformer en flaque. Lui qui se croyait confiant et courageux dans les relations amoureuses, il en prenait un sacré coup. Il n'avait pas du tout anticipé toute cette vague de sensations moyennement agréables qui venaient de le frapper depuis qu'il était arrivé au domicile du plus jeune.
La simple idée de se prendre un râteau de Jungwoo le faisait blêmir.
Parce que oui, il fallait bien faire la différence entre se prendre un râteau, et se prendre un râteau de Jungwoo. L'un comme l'autre était désagréable, mais le deuxième était bien pire : le jeune coréen se foutrait assurément de sa gueule jusqu'à la fin des temps, et il ne se passerait plus un jour sans qu'il ne lui rappelle en riant qu'il ne partageait pas ses sentiments.
Le chinois était à deux doigts de fuir et de renoncer.
Il l'aurait d'ailleurs sûrement fait, si une voix ne venait pas de surgir de derrière lui, manquant de lui faire faire une attaque cardiaque :
— Oh, tu viens voir Jungwoo ?
Il se retourna dans un giga sursaut vers le nouveau venu, qu'il reconnut rapidement comme étant le colocataire de son ami. Celui-ci rit doucement en voyant son état, et lança :
— Excuse-moi, je ne voulais pas te faire peur.
— Je n'ai pas eu peur.
Doyoung ne répondit rien, se contentant de lever les yeux au ciel. Il n'avait pas vu le chinois énormément de fois, mais suffisamment pour savoir que celui-ci avait une image à préserver en toutes circonstances. À la place, il loucha sur le bouquet qu'il tenait dans les mains, et un petit sourire mutin apparut sur ses lèvres :
— Je vois que je risque de déranger.
Lucas ne redit rien à son ton taquin, tout tendu. Il osa simplement demander d'une voix incertaine :
— Disons que j'aimerais lui parler en seul à seul... Tu pourrais nous laisser le temps ?
— Oh, oui, t'en fais pas.
Sur ces mots, le colocataire décala légèrement le policier pour accéder à la porte et rentra ses clés dans la serrure en rajoutant :
— Par contre, tu risques de devoir attendre, Jungwoo bosse à la bibliothèque jusqu'à tard ce soir.
Entendre cette phrase détendit d'un coup le corps de Lucas, qui s'autorisa à respirer peut-être bien pour la première fois de la journée. Il avait encore un peu de temps avant de confronter le châtain.
Il regarda Doyoung ouvrir l'appartement, et lui demanda d'un ton bien plus serein :
— Il arrivera dans combien de temps ?
— Une heure ou deux tout au plus. Tu veux l'attendre à l'intérieur ?
— Je veux bien.
Doyoung ne réalisa pas son énorme bourde lorsque le chinois le remercia et rentra à l'intérieur de l'appartement en retirant ses chaussures. Il ne la réalisa pas non plus lorsqu'il le suivit jusqu'au salon, et qu'il commença à balayer le décor peu familier pour lui des yeux, n'étant venu dans cet appartement que très rarement, et toujours avant le début des vols qui frappaient le quartier.
Non, quand il réalisa sa bêtise, il était déjà trop tard.
Lucas avait déjà les yeux rivés sur la tonne de babioles étrangement familières qui trônaient sur la table basse, et sur l'hideuse chaise rose pétant calée dans un coin de la pièce.
Et au vu de son expression, le chinois venait de comprendre.
______oOo______
Et voilà la suite ! :D
Ça faisait... Longtemps, trèèèèèès longtemps :'(
Je n'ai pas vraiment d'excuse hormis le manque d'inspiration, et je suis désolée pour cette attente juste abusive, en espérant que cette suite vous plaira tout de même !
Je me suis dis que je n'allais pas laisser cette histoire non terminée, encore moins vu sa taille ! J'ai donc tout écrit, et je posterai la troisième et la dernière partie la semaine prochaine ;)
Hésitez pas à donner votre avis, merci de me lire et à bientôt du coup ! ♡
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