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Chapitre 9

En media, "Nightcall" - Kavinski






J'ai jeté tous mes Xanax quand Tom est revenu dans ma vie et cette nuit, rien ne peut m'aider à trouver le sommeil. Je me retourne dans mon lit, mais je ne peux pas dormir. C'est trop. Les paroles de ma mère résonnent dans ma tête, je me remémore chaque mot, chaque détail de son histoire. Je voudrais m'assoupir et me réveiller demain matin, effrayée par mon cauchemar. Mais ce n'est pas un mauvais rêve et la seule chose qui m'effraiera, c'est le tournant qu'a pris ma vie. J'espère encore que demain, mes parents m'appelleront, enchantés de leur bonne blague. Mais ils ne le feront pas, et je vais devoir vivre avec cette nouvelle vérité.

Thomas s'est endormi en m'étreignant, comme si sa tendresse pouvait atténuer ma peine, mais c'est encore trop tôt. Je me suis dégagée dès que son souffle s'est ralenti et depuis, je fixe le plafond, me tourne vers la droite, vers la gauche, compte les mafieux comme des moutons. Un mafioso, deux mafiosi, trois mafiosi... à dix, j'ajoute un capo.

2h04

Il faut que j'aille voir ma grand-mère. Je veux sa version à elle aussi. Elle ne va pas en revenir. J'espère que ça ne va pas trop l'atteindre... peut-être qu'il vaut mieux que je ne lui dise rien. Ressasser ce genre de souvenirs, ce n'est jamais bon pour les personnes âgées.

2h17

Ou à Papi Pierrot ?

2h29

Nonna. Mamie Prune est ma nonna, en fait. Je ne savais pas que j'avais une nonna, c'est dingue le nombre de trucs que je gagne et que je perds aujourd'hui. Comment on dit « Prune » en italien ?

2h58

C'est une bête ou une tâche sur mon plafond ? Si j'allume, ça va réveiller Tom ?

3h01

Bon, ben non, ça ne l'a pas réveillé. Sommeil de plomb.

3h25

J'ai mal au ventre.

3h37

Purée, mais c'est dingue comme rien n'atteint les hommes. Comment il fait pour dormir aussi profondément ?

3h44

Il faut que j'en parle à Charlotte. Non, à Caro. Ou à toutes les deux. Capucine va pleurer c'est sûr. Non, juste à Caro pour commencer, les jumelles ensuite, si j'en ai le courage.

3h46

J'ai soif. Et évidemment, ma bouteille est vide. Y à rien qui va dans cette putain de journée.

3h54

J'ai envie de vomir, non ? Ou c'est la contrariété ? J'ai quand même mal au bide.

4h11

Ça fait longtemps qu'on n'a pas mangé de lasagnes, je vais demander à Tom d'en préparer. Comment je peux si mal cuisiner alors que j'ai des origines italiennes ? Putain, je suis une bâtarde, la fille d'un terroriste.

4h19

J'ai faim en fait, mais je ne crois pas que je pourrais avaler quoique ce soit, j'ai l'estomac noué. Et c'est sûr, j'ai encore bu trop de café.

4h32

J'ai trop mal au ventre.





La boule dans ma gorge grossit et devient intolérable. Je me lève brusquement et me précipite dans la salle de bains où je vomis toute cette bile. Je reste longtemps penchée au-dessus de la cuvette à cracher mes angoisses, mon malheur, mon incompréhension. Pourtant, je ne me sens pas mieux ensuite. Mes cheveux sont collés sur mes joues blanches et moites. Des sueurs froides coulent dans mon dos, ma gorge et mes mâchoires sont douloureuses d'avoir été contractées par les spasmes vomitifs. Je reste un moment assise sur le carrelage froid de la salle de bains, puis, au prix d'un gros effort, me traîne jusque dans la douche, me brosse les dents et repasse dans la chambre pour attraper un débardeur propre et des sous-vêtements. Tom dort toujours. Malgré l'abandon du sommeil, ses traits restent tendus, crispés.

Je ferme doucement la porte et m'installe sur le canapé où j'allume mon vieil ordinateur portable pour glaner des infos sur la mafia calabraise, la 'Ndrangheta, et sur le village où a eu lieu le drame. Je n'ai même pas le nom de mon père juste son prénom. Salvatore. Quand on pense que dans le sud de l'Italie, c'est a priori le prénom d'un homme sur trois, ça ne va pas me simplifier la tâche.

Un homme dangereux... assassiné Giuseppina... Refaire notre vie ailleurs pour le fuir.

Si je remonte à lui, il prendra connaissance de mon existence. Tous les efforts de mes parents seront anéantis.

— J'aurais dû me douter que tu n'allais pas dormir, murmure Tom en s'installant à côté de moi. Mon amour, tu es toute pâle. Et glacée.

Je lui souris, et ferme mon ordinateur.

— J'ai été un peu malade, mais ça va mieux.

— Mince, pourquoi tu ne m'as pas réveillé ?

Je hausse les épaules.

— Tu es trop beau quand tu dors. Et puis, j'ai l'habitude de me débrouiller seule.

Il pose un instant son visage dans mon cou, comme pour se faire pardonner, avant de me proposer :

— Tu veux une tisane, une soupe ?

— Une tisane, je veux bien. Merci.

Il se lève, et me recouvre avec le plaid rangé dans le coffre près du canapé, avant de gagner la cuisine où il me prépare une infusion. C'est tellement bon d'avoir quelqu'un qui prend soin de moi. Je ne peux pas imaginer comment j'aurais pu garder la tête hors de l'eau si j'avais appris tout cela il y a deux ou trois ans.

Je me sens mieux à mesure que j'avale de petites gorgées de la boisson chaude et sucrée, mais pas au point de l'accompagner d'un biscuit.

— Tu dois manger, insiste mon amoureux, inquiet.

Il sait que quand il est parti il y a neuf ans, j'ai perdu dix kilos en quelques semaines.

— Je vais manger. Laisse-moi du temps.

— Pardon babe, je suis désolé, je suis lourd. Mais j'aimerais tant faire quelque chose pour toi, pouvoir t'aider.

— Tu n'as pas idée d'à quel point tu m'aides, juste par ta présence.

— Je sais ! s'écrie Tom en posant ma tasse vide sur la table basse. Couche-toi sur le ventre, je vais te faire un massage, tu vas voir, ça va te détendre et tu pourras dormir.

Je souris et me laisse faire de bonne grâce, Tom a des mains en or. Je retire mon haut et m'allonge sur le canapé pendant qu'il va chercher de l'huile de massage dans la chambre, puis il s'installe sur moi, ses jambes de part et d'autre des miennes. Il chauffe l'huile de coco en frottant ses mains, puis les pose à plat sur mon dos, avant de les promener avec maîtrise, variant l'intensité des pressions. Avec ses pouces, il insiste sur les zones de tension, sur mes trapèzes complètement noués. La sensation est tellement agréable, que je parviens enfin à me détendre. Mais au lieu de m'endormir, d'assoupir mon corps, c'est mon désir qui se réveille. Faire l'amour n'était-elle une merveilleuse soupape, et le sexe le meilleur chemin vers l'oubli de soi ?

Je me retourne et me redresse jusqu'à attraper le cou de mon amoureux et poser mes lèvres sur les siennes. Il me rend mes baisers, mais se dégage doucement quand je deviens plus entreprenante.

— Lou, c'est un vrai massage que je te proposais, juste pour te relaxer, sans idée derrière la tête, ça n'incluait rien d'autre. Je veux dire, ne te sens pas obligée de...

Je souris d'un air provocant, bombant ma poitrine nue. Son regard dévie un instant, il déglutit mais il remonte vite ses yeux vers les miens.

— Je ne me sens obligée à rien, répliqué-je. J'ai envie de toi, là, maintenant. Et j'ai idée que c'est une activité parfaite pour me relaxer, comme tu dis, et me changer les idées.

— Ah bah dans ce cas, ça change tout ! répond-il en fondant sur moi, sans se faire prier davantage.

Nous nous débarrassons à la hâte de nos sous-vêtements, et Tom m'assoit à califourchon sur ses genoux. La main dans mes cheveux, il les tire vers l'arrière, me cambre et découvre ma gorge qu'il embrasse et griffe de sa barbe naissante, m'arrachant des gémissements qui intensifient encore son étreinte.  Lorsque je mordille le lobe de son oreille, un éclair passe dans ses yeux marine assombris par le désir. Nous nous jaugeons quelques secondes, déjà à bout de souffle, puis il me bascule brusquement sur le canapé et me surplombe. Lentement, il se penche vers moi et sa bouche se promène sur mon visage, effleurant délicatement ma mâchoire, la ligne de mon cou, ma poitrine jusqu'à mon ventre, puis il remonte et referme ses dents à la naissance de ma nuque. Un cri m'échappe, de douleur mêlé de plaisir, quand à nouveau, il plonge ses yeux dans les miens. Son regard brûle d'une telle intensité qu'il pourrait suffire à me donner un orgasme, mais cela ne fait que commencer. Sans briser notre contact visuel intense, Tom entrelace nos doigts avant de ramener mes deux mains au-dessus de ma tête, me laissant prisonnière de son assaut, car cette nuit, c'est de cela qu'il s'agit.

Plus jeunes et depuis que nous nous sommes remis en couple, nous avons fait l'amour tendrement, passionnément, langoureusement, fiévreusement, mais c'est la première fois que nous couchons ensemble avec fureur. L'adverbe « ensemble » est même de trop, nous ne sommes que deux êtres qui utilisons ce soir le sexe comme défouloir. Pas de partage, pas de gestes tendres. J'évacue ma colère, le profond sentiment d'injustice qui m'habite, ma douleur. La rage m'accompagne, je me bats contre mes propres démons et lui aussi si j'en crois l'intensité des coups de reins qu'il m'assène à un rythme implacable, sans douceur. A cet instant, il n'y a rien d'autre entre nous qu'un besoin impérieux de nous soulager de nos blessures, d'exorciser notre angoisse. Je le laisse me malmener, parce que ce soir, c'est aussi de ça dont j'ai besoin.  Sans alchimie, le plaisir est mécanique, presque automatique. Heureusement, l'engrenage est bien rodé, nos corps mutuels n'ont aucun secret l'un pour l'autre et nous nous envolons à tour de rôle vers la jouissance, mais sans émotion. Mes doigts se crispent, tout mon corps se cambre et je me laisse emporter par l'orgasme. D'un dernier coup de rein, Tom me rejoint dans une longue plainte rauque. Un plaisir brut, presque bestial, égoïste, et pourtant tellement libérateur. Je me sens mieux. Vidée, apaisée, et fatiguée. Mon amour pose son front trempé contre le mien, sa bouche sur mes lèvres, et se laisse tomber à mes côtés. Je me pousse pour qu'il puisse se coucher sur le dos sur l'étroit canapé, puis je me rallonge sur lui. Nous revenons l'un vers l'autre comme on reprend ses esprits. Je soupire de bien-être tandis qu'il caresse mon dos du bout des doigts, dans un mouvement à nouveau plein de tendresse. Je parsème son visage de baisers, et pose ensuite ma tête au creux de son épaule. C'est ainsi que je m'endors enfin, contre le torse de mon amoureux, définitivement le meilleur endroit au monde. Je me réveille à peine quand il me prend dans ses bras pour m'emmener jusqu'à notre lit.

Quand j'ouvre les yeux un peu plus tard, il est onze heures. Je me jette hors du lit, enfile une robe de chambre sur mon corps nu et déboule en catastrophe dans la cuisine où je trouve Thomas, tranquillement en train de cuisiner.

— Pourquoi tu ne m'as pas réveillée ? Mon réveil n'a pas sonné, il est onze heures et personne n'a ouvert !

— Bonjour, sweet heart, chantonne-t-il en réponse en déposant un baiser sur mes lèvres. Alors, dans l'ordre, j'ai moi-même désactivé ton réveil quand je t'ai couchée à six heures, puis je suis sorti ce matin afin de mettre une affiche à la vitrine de la librairie, pour prévenir qu'elle serait exceptionnellement fermée aujourd'hui...

— Toute la journée ? Mais je peux y aller cet après-midi.

— Non. C'est jeudi, on s'en fout. J'ai écrit que tu étais malade. Je termine mon histoire : en rentrant, je suis passé à la boulangerie, j'ai acheté du pain, des croissants au beurre, et j'ai préparé des œufs brouillés, alors tu vas me faire le plaisir d'aller te recoucher déjà, que je t'apporte ton café au lit comme chaque matin, puis de manger. Il m'a fallu six mois pour te remplumer un peu, pas question que tu perdes encore des kilos à la chaîne. Ensuite, tu pourras, au choix, te rendormir, bouquiner, faire l'amour avec moi, traîner devant la télé... ce qui te fait plaisir !

J'éclate de rire devant son programme parfait.

— Et si je me mettais sur le canapé avec un plaid, ça compte comme mon lit ? Et on pourrait manger là directement.

— Va pour le canapé.

Tom m'apporte mon mug de café noir, puis revient avec un plateau chargé qu'il pose sur la table basse, avant de prendre place à mes côtés avec une tasse de thé. Je bois déjà mon café, puis je prends un croissant que je picore en l'observant.

— C'est dur pour toi aussi, mon amour.

Ce n'est pas une question, c'est une affirmation.

Il hésite, pose sa tasse sur le plateau.

— Je... j'ai beaucoup de peine pour toi. Ce qui t'arrive est complètement irréaliste et je trouve incroyable que tu sois si forte, alors que...

— Non, je parle de toi. Je vois que tu vis mal cette situation, et pas uniquement par rapport à moi. Ça te plonge dans des souvenirs douloureux ?

Son regard se voile tandis qu'il se penche pour récupérer sa tasse et boire une gorgée de earl grey.

— Ça va, dit-il sobrement.

— Parle-moi, Tom.

Thomas a perdu son père il y a sept ans, sa mère est décédée quatre ans plus tard. Ils lui ont légué une belle fortune, qui lui a permis de m'aider à réaliser mon rêve, ouvrir une librairie. Mais cet argent est bien la seule chose qu'ils lui ont laissé. En dehors de cette somme considérable, il n'a jamais rien reçu d'autre de leur part qu'une affection distante et modérée. Pas de douceur, de souvenirs tendres, de moments de complicité avec eux. Tom est très proche de ses sœurs cadettes, mais ils n'ont jamais connu le vrai sens du mot famille.

— Quand je vois la relation que tu as avec ton père, souffle–t-il, d'une voix mal assurée. Combien il t'aime et te protège, tous les sacrifices qu'il a fait pour toi et ta maman, alors que finalement, vous n'avez même pas de lien de sang, je... je me dis que malgré tout, tu as beaucoup de chance. Et que j'aurais aimé qu'on m'aime ainsi.

Il enfouit son visage dans mon cou, et je le sens très ému. C'est rare. Contrairement à moi, Thomas est toujours d'humeur égale. Il a un caractère souple, facile et l'indifférence de ses parents semble lui avoir appris à prendre du recul sur toutes les situations, il utilise généralement l'humour pour laisser à l'écart la tristesse et la mélancolie. Mais pas ce matin, pas après une nuit agitée, trop courte, et tant d'événements aussi surprenants que bouleversants. Je  nous débarrasse à nouveau de nos tasses, et serre comme je peux contre moi mon amour aujourd'hui vulnérable.

— Moi, je t'aime ainsi. De toutes mes forces, de toute mon âme. Et je suis prête à tout pour toi.

— Mais tu n'es pas ma maman.

Nous restons longtemps ainsi, mal installés, l'un contre l'autre. Son souffle, son odeur m'apaisent. Je suis là pour le réconforter et en même temps, je sens ma jauge d'énergie remonter au fur et à mesure, comme si je me ressourçais auprès de lui.

L'homme que j'aime finit par se reculer, et tente un sourire.

— Et voilà, je pleurniche et les œufs sont froids.

— Tom, pourquoi tu ne m'as rien dit ? Je dois pouvoir être là pour toi, comme tu es présent pour moi. Si ça n'avait pas été si... bizarre cette nuit quand on a fait l'amour, je ne m'en serais même pas rendue compte.

— Ah, toi aussi tu as senti que c'était étrange ?

— Euh oui, c'est le moins que l'on puisse dire... Mais ce n'était pas désagréable, bien au contraire. Je n'étais pas vraiment dans mon état normal, et j'ai constaté que toi non plus.

— Bref. Ce n'est pas le moment d'avoir des états d'âme. C'est toi la priorité.

— Non, Tom. La priorité c'est nous.

Il hausse les épaules, sans répondre.

— Tu sais, je reprends, je crois que tu ferais un papa merveilleux.

Il me dévisage, les yeux plissés.

— Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demande-t-il, soupçonneux.

— Rien ! m'empressé-je d'ajouter avant qu'il ne s'imagine une quelconque annonce. Mais simplement, je me dis que ce serait vraiment égoïste de ma part d'avoir un homme avec tant d'amour à donner, et de le garder uniquement pour moi.

— Cela signifie que l'idée est en train de faire son chemin dans ta tête ?

— Ça se pourrait bien... Et pour l'achat de l'appartement, je crois que c'est aussi une excellente idée. On peut commencer à chercher.

— Lou, soupire-t-il. Arrête, tu es sous le coup de l'émotion. On n'est pas pressés, ne prends pas de décisions précipitées que tu regretteras quand tu auras un peu digéré tout ce qui t'arrive.

— Je vais faire ma vie avec toi, Tom. Je n'ai aucun doute, alors ça ne sert à rien d'attendre. Pour cette histoire de bébé, oui, j'ai besoin d'encore un peu de temps, mais c'est quelque chose que je commence à envisager, pour dans deux ou trois ans peut-être. J'ai déjà envie de profiter de toi, et de notre vie à deux, ensuite on verra. Mais je pense sincèrement que ça pourrait être une bonne idée. Et en ce qui concerne le fait d'emménager ensemble, d'acheter quelque chose, je crois même que j'ai hâte.

— Tu ne seras pas triste de quitter ton petit nid ?

— Si. Ça va être un déchirement. Mais dans trois mois comme dans dix ans, et pour toi, je suis plus que prête à faire mes cartons.

Son sourire est bien plus fort que n'importe quel mot. Il caresse doucement mes cheveux, ses yeux marine plongés dans les miens.

'Love you so much, babe. D'un amour inconditionnel.


Nous passons la première partie de la journée blottis sous la couette, à lire et à dormir pour récupérer de notre nuit agitée, puis en fin d'après-midi, je m'habille enfin et nous quittons mon appartement, main dans la main, pour une séance de cinéma, suivie d'un resto en tête à tête. C'est le moment que choisit Tom pour revenir sur le sujet. Nous l'avons volontairement évité toute la journée, le temps de prendre un peu de recul sur les événements, mais je sais que mon amoureux ne m'aurait pas laissé passer une seconde nuit sans s'assurer que j'allais bien.

Assis face à face au fond de la salle de notre restaurant de sushis préféré, il me serre un verre de saké dans le petit bol de faïence décoré, nous trinquons, puis il prend ma main, exerçant une légère pression du pouce sur ma paume.  

— Lou, comment tu vis tout ça ?

J'esquisse de ma main libre un geste évasif, destiné à le rassurer.

— Ça va... finalement, ça ne change rien pour moi. Je vais faire attention, maintenant que je suis au courant pour la thalassémie. Et pour le reste, mon père demeure mon père, mon frère reste mon frère.

— Tu ne vas... rien faire du tout ? demande-t-il avec précaution. Tu penses pouvoir continuer à vivre sans connaître ton père biologique ?

— Que veux-tu que je fasse ? Je n'ai rien qui me relie à lui, je ne peux pas le retrouver, ce qui est aussi bien. Il est dangereux, c'est un mafieux, un violeur, un assassin. Je ne veux pas de lui dans ma vie.

Le regard sérieux de Tom accroche le mien. Je sais ce qu'il pense. Il est déjà dans ta vie. Mais il le garde pour lui, il n'a sans doute pas envie de réitérer la dispute de la veille. Il biaise néanmoins.

— Tu devrais en parler, Lou. Je sais que ce n'est pas à moi de te dire quoi faire, que tu détestes qu'on te dicte ton comportement, mais tu veux toujours être forte et... j'ai peur que tu craques. Parles-en, à un psy, ou au moins à Caro. Tu as besoin de te confier.

— Je t'ai, toi.

— Moi, ça ne compte pas, sourit-il. Nous deux, on ne fait qu'un.

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