Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

X I I I


𝘩𝘪𝘤 𝘦𝘳𝘢𝘵 𝘢𝘶𝘵 𝘢𝘭𝘪𝘤𝘶𝘪 𝘤𝘰𝘭𝘰𝘳 𝘪𝘭𝘭𝘦 𝘴𝘪𝘮𝘪𝘭𝘭𝘪𝘮𝘶𝘴 𝘩𝘰𝘳𝘶𝘮
𝘦𝘵 𝘯𝘶𝘮𝘲𝘶𝘢𝘮 𝘷𝘪𝘴𝘶 𝘱𝘶𝘭𝘤𝘩𝘳𝘪𝘰𝘳 𝘪𝘭𝘭𝘢 𝘧𝘶𝘪𝘵.
𝘴𝘱𝘦𝘤𝘵𝘢𝘣𝘢𝘵 𝘵𝘦𝘳𝘳𝘢𝘮—𝘵𝘦𝘳𝘳𝘢𝘮 𝘴𝘱𝘦𝘤𝘵𝘢𝘳𝘦 𝘥𝘦𝘤𝘦𝘣𝘢𝘵;
𝘮𝘢𝘦𝘴𝘵𝘢 𝘦𝘳𝘢𝘵 𝘪𝘯 𝘷𝘶𝘭𝘵𝘶—𝘮𝘢𝘦𝘴𝘵𝘢 𝘥𝘦𝘤𝘦𝘯𝘵𝘦𝘳 𝘦𝘳𝘢𝘵

Ainsi se colora son visage, ainsi je le vis changer tour à tour ; et jamais peut-être elle ne me parut plus belle. Elle regardait la terre, et ce regard était ravissant. La tristesse était peinte sur son visage, et cette tristesse était pleine de grâces.

Ovide, Amores, II, V

Epona avait une mélodie dans la tête. Une mélodie qu'elle n'arrivait pas à enlever de ses pensées. Elle y pensait tout le temps en ce moment. Une musique faites de changements, d'envolées, de vagues. Elle sifflotait la musique en déambulant dans le marché. Elle adorait cet endroit car toutes les nationalités s'y rassemblaient. On pouvait y croiser des Égyptiens, des Babyloniens, des marchands venant de Perse. Elle voyait toujours de nouvelles choses qui lui donnait de l'inspiration par la suite pour ses dessins. Elle s'asseyait sur un toit en bord de la place du marché et dessinait les passants en contrebas. Ici un sac rempli de fruits, là un vendeur de tissus colorés. Elle adorait cet endroit car il lui rappelait tellement la vie. Bien différente de la scène de mort qu'elle avait vu à Jérusalem.

Elle posa le stylet contre sa lèvre, se mettant à réfléchir. Les humains étaient étranges. Des rires d'enfants retentirent dans le marché et Epona suivit des yeux un frère et une sœur qui se poursuivaient à travers les étals des marchands. Ils chahutaient entre les tapis et les tissus tendus par les caravanes marchandes qui s'étaient arrêtées dans la ville. Les marchands rigolaient entre eux en buvant de l'alcool. Dans un coin, deux gardes jouaient aux dés et se chamaillaient autour d'une bourse en cuir contenant de l'argent. L'atmosphère était joyeuse. Pourtant, Epona n'arrivait pas à oublier que ces rires d'enfants pouvaient être remplacés par des hurlements d'effroi en l'espace de quelques instants. La blonde rajouta du mouvement à son dessin. Il représentait la vie, il devait être mouvant. La mort était immobile, elle. On pouvait passer du mouvement à l'immobilité en un claquement de doigt. La mort était fugace, insaisissable.

La mort était devenue un objet de fascination pour Epona. A sa connaissance, Ajak était la seule à pouvoir la déjouer. Cela semblait presque contre-nature à y regarder et Epona se demandait souvent si l'Eternelle originelle pouvait mourir elle-aussi. Peut-être était-elle une créature encore plus mystique qu'elle l'imaginait. Les Eternels ne pouvaient pas mourir de manière naturelle et le concept de temps n'agissait pas sur eux. Ils étaient des entités irrémédiables et parmi les plus puissantes de l'univers. Ils avaient été choisis par Arishem pour propager la civilisation sur les planètes de l'univers. Pourtant, Epona ne se sentait ni puissante, ni irrémédiable. Elle savait que le temps n'avait pas d'emprise sur elle. Elle ne changeait pas physiquement et ne changerait jamais. Alors pourquoi avait-elle l'impression d'avoir changé ? Pourquoi avait-elle cette impression de lassitude en voyant le temps s'éterniser ? Et surtout, pourquoi avait-elle l'impression que la plaie à sa cuisse était un peu moins rouge qu'avant ?

Le coin de la bouche d'Epona eut un tic nerveux et la blonde releva lentement sa jupe en lin vert pour dévoiler légèrement sa cuisse. Le vent fit bruisser le tissu et la blonde vérifia que personne dans la rue ne levait les yeux vers elle avant de passer lentement sa main sur sa peau. La plaie de sa cuisse était toujours infectée et boursouflée mais les bords de la cicatrice semblaient s'être refermés de quelques millimètres. Cela se voyait à peine à l'œil nu mais Epona savait que quelque chose avait changé. Sa plaie la faisait toujours souffrir en marchant et elle devait toujours prendre de longues pauses pour se reposer mais elle avait réussi à s'habituer à la douleur. Elle resterait toujours impotente, mais elle marchait déjà avec plus de facilité. Epona remit correctement le tissu de sa jupe sur ses jambes nues et se remit à dessiner. Elle ne voulait pas s'autoriser trop d'espoir sur sa blessure.

Elle esquissait une poire et ajoutait les ombrages quand elle sentit une main lui caresser doucement les cheveux.

- J'étais sûr de te trouver là, dit Druig avec un sourire.

- Avoue que tu as regardé dans l'esprit des humains, répondit Epona en ne pouvant s'empêcher de l'imiter.

Le brun s'installa près d'elle et colla son épaule avec la sienne, laissant ses jambes pendre dans le vide. Il se mit à observer ce qu'elle faisait et ses fossettes se plissèrent. Le sourire de Druig était contagieux. C'était le genre de sourire qui obligeait à sourire et à rire. Un sourire qu'Epona appréciait d'autant plus car elle savait qu'il lui était presque exclusivement réservé. Un sourire de pure félicité qui lui retournait à chaque fois l'estomac et rendait ses mains moites. Par Arishem, elle adorait ce sourire.

- Un magicien n'avoue jamais ses secrets, rétorqua Druig en lui faisant un clin d'œil.

Le Télépathe avait les yeux pétillants de malice et un sourire moqueur étirait sa bouche. Epona sentit ses joues s'empourprer et baissa les yeux vers son dessin pour que le brun ne la voit pas. Elle était persuadée qu'il le faisait exprès.

- Je ne savais pas qu'après soixante ans passés ensemble, je pouvais encore te faire rougir.

Epona releva le regard, n'arrivant manifestement pas à cacher ses émotions à son compagnon. C'était étrange que parmi eux deux, il soit toujours le plus entreprenant avec elle. C'était étrange car Epona ne se comportait pas du tout comme cela avec les autres. C'était toujours la plus taquine du groupe, celle qui jouait avec les émotions et les désirs cachés des Eternels quand ils ne s'en apercevaient pas. Personne ne s'était rendu compte d'à quel point la blonde pouvait modifier les émotions et c'était mieux ainsi. C'était un petit plaisir coupable que la blonde se gardait bien de partager avec quiconque. Même Druig n'était pas au courant, et ce n'était pas une mince affaire alors qu'il voulait constamment passer du temps dans sa tête.

Epona se racla la gorge pour se donner un semblant d'aplomb et se pencha vers le brun pour effleurer ses lèvres avec les siennes. Elle sentit le brun frémir contre elle et ses mains se crisper sur le tissu autour de ses jambes.

- Tu peux me faire rougir de bien des façons...

La blonde de décala en brossant ses lèvres sur celle du brun, le taquinant légèrement. Elle haussa les sourcils avec un petit sourire moqueur et le brun se racla la gorge. Avec un sourire tendre, il attira Epona contre son torse et resserra ses bras autour de sa taille. Le dos pressé contre la poitrine de Druig, la blonde se sentit frémir de bien-être et reprit ses stylets à dessin en sentant son souffle jouer dans ses cheveux. Sa main se mit à lui masser les cheveux. La blonde le sentit inspirer le parfum de ses cheveux et sourit en le voyant jouer avec ses boucles blondes et le reflet du soleil. Epona finit de dessiner son fruit en écartant légèrement le dessin pour pouvoir l'admirer. Une poire mordorée se dessinait sur le papier. Epona entendit Druig rire doucement.

- Tu sais que la poire est mon fruit préféré ?

Epona écarquilla les yeux d'un air faussement surpris et le regarda en ouvrant la bouche d'un air choqué.

- Non ! Je n'aurais jamais deviné ! C'est vrai que de t'en voir déguster approximativement quatre par jour ne m'a jamais mis la puce à l'oreille !

- Le sarcasme ne te va pas.

- Tu as déteint sur moi, c'est ta faute.

Les deux amants se défièrent du regard une seconde avant que Druig ne coupe brutalement l'espace qui les séparait en posant ses lèvres celles de la blonde. Epona soupira en sentant Druig près d'elle et approfondit le baiser en posant sa main dans sa nuque pour l'attirer à elle. Ils basculèrent en arrière et la blonde repoussa son matériel de dessin. Le corps du brun était chaud contre le sien et elle appréciait tellement le contact qu'elle porta la main à ses cheveux. La blonde était en train de passer sa main pour enlever la chemise du brun quand ils entendirent des cris venant du marché en contrebas.

La blonde se releva brutalement, la terreur illuminant ses yeux. Cela la ramenait soixante-dix-huit ans en arrière, les cris ramenant toujours le traumatisme de Jérusalem dans son esprit. Elle se pencha vers le sol et vit une dispute entre deux soldats éclater, déclenchant une bagarre parmi la population. Le jeux de dé avait viré à la dispute et les deux soldats en venaient maintenant à sortir leurs épées pour se menacer. La situation avait tourné en quelques secondes de la joie à la violence et Epona écarquilla les yeux. Elle observa la scène en se mordant la lèvre inférieure. Elle voulait tellement user de son pouvoir pour les calmer que s'en était douloureux mais la voix d'Ajak retentit dans son esprit. Ce n'était pas leur mission. Elle se força à regarder le ciel pour s'empêcher d'intervenir et laissa une larme couler sur sa joue. Elle détestait les humains et leur prédisposition à l'autodestruction.

En contrebas, les cris continuaient entre les deux soldats et les marchands autour d'eux essayaient tant bien que mal de les calmer. Epona voyait les deux enfants se cacher derrière des étals et la petite fille se mettre à pleurer. Elle serra inconsciemment les poings pour s'empêcher de réagir et détourna le regard. A côté d'elle, Druig la regardait se battre avec ses pouvoirs, de larges cercles dorés illuminant sporadiquement la peau de la blonde. Le Télépathe attira la blonde vers lui et tenta de lui prendre la main pour la calmer. Avec un soupir, il essuya la larme qui coulait sur la joue d'Epona.

- Tu sais que je déteste te voir pleurer ? Chuchota-t-il à l'oreille de la blonde en lui caressant les cheveux doucement.

- Je sais, répondit la blonde en enfouissant sa tête dans le cou du brun.

Soudain, les éclats de voix se turent et Epona se décolla du Télépathe en observant son visage. Ses yeux bleus étaient devenus dorés, signifiant qu'ils contrôlaient les humains.

- Les humains sont si brutaux. Ils détruisent tout sur leur passage, sans jamais voir la beauté que tu crées autour d'eux. Je voudrais tellement tous les contrôler tous pour qu'ils arrêtent de se battre enfin.

La voix de Druig était désincarnée et reflétait une telle souffrance qu'Epona se décolla du brun. Les yeux dorés de Druig ne quittaient pas les humains en contrebas. Les deux soldats avaient arrêtés de se battre et les marchands reprenaient peu à peu leur activité commerciale. Les deux enfants s'étaient enfuis de sous l'étal où ils s'étaient réfugiés. La vie reprenait peu à peu son cours dans la rue du marché. Epona sentit le soulagement l'envahir. Tant que Druig serait là il pourrait arrêter les guerres.

Mais en voyant les deux hommes aux yeux dorés toujours immobiles en contrebas, Epona sut que ce n'était pas naturel. Ce ne pouvait pas être l'humanité si elle était parfaite. Elle prit doucement la main de Druig entre les siennes et sentit sa gorge se nouer.

- Libère-les.

Druig tourna ses yeux dorés vers elle et la blonde sentit une autre larme s'écraser sur sa joue.

- Libère-les s'il te plait, répéta-t-elle en retenant le sanglot qui menaçait d'exploser dans sa gorge.

- Je pourrais leur demander d'arrêter de se battre à tout jamais, Epona. Tu n'aurais plus jamais peur.

Les yeux dorés de Druig passèrent rapidement au bleu avant de redevenir doré. Epona sentait l'hésitation du brun. Une hésitation qu'elle partageait. Mais elle avait grandi depuis Jérusalem, elle avait réfléchi. Elle savait que l'humanité n'était rien sans guerre et sans violence. Tout petit déjà les enfants s'amusaient avec des bâtons ou se pourchassaient. La violence faisait partie de l'humanité. Et c'était peut-être à cause de cette violence que la beauté était engendrée. Une beauté proportionnelle à la violence causée.

- Si tu le faisais, dit doucement Epona, ils arrêteraient de créer. Car la guerre engendre la paix et la paix crée la beauté. Mais c'est la beauté qui fait naitre la jalousie et ce besoin de posséder. C'est un cercle vicieux que l'on appelle l'évolution.

- Pourquoi ne pas créer un monde où tout le monde serait heureux alors ?

La voix de Druig prenait des accents suppliants et Epona eut le cœur brisé en voyant que le brun souffrait autant qu'elle de ne pas pouvoir agir. Il avait serré sa mâchoire et les jointures de ses mains étaient blanches.

- Car la joie ne veut plus rien dire sans la colère et la tristesse, dit doucement Epona en tournant son visage vers elle. Un monde joyeux en permanence n'aurait aucune valeur. C'est parce que la joie est fugace que l'on l'apprécie à sa juste valeur.

- Pourquoi je ne pourrais pas être heureux avec toi pendant toute l'éternité ?

Epona vint se décoller des bras du brun et l'embrasser avec toute la douceur dont elle était capable. Elle détestait voir le brun dans cet état, prêt à tout pour arrêter les conflits et les tensions entre les humains. Malheureusement, Ajak leur disait tout le temps qu'ils ne pouvaient pas interférer dans les guerres. Elle aurait voulu faire cela aussi, montrer aux humains la beauté du monde pour qu'ils arrêtent de se battre. Elle savait qu'elle en avait le pouvoir. Mais depuis son retour de Jérusalem, elle n'en avait même pas le courage. Elle pouvait arrêter les guerres pendant une seconde mais tout reprendrait la seconde d'après. Car la violence était dans la nature humaine.

Elle attira Druig à elle et fixa ses yeux aux siens.

- Regarde-moi, ordonna-t-elle, rien que moi. Je serais toujours avec toi d'accord ? Quoi que tu fasses je serais toujours derrière toi. Fais-moi confiance je ne te lâcherais pas.

- Epona...

- Druig, il faut que tu laisses partir ces hommes.

- Non, pas cette fois. Je ne veux pas que tu souffres.

- Druig, laisse-les partir.

- Non, répliqua-t-il en faisant craquer sa mâchoire, je refuse de laisser encore ce monde souffrir alors que je pourrais faire quelque chose.

Epona posa ses paumes sur les joues du brun en le fixant du regard. Elle savait qu'il ne pouvait pas la voir, concentré sur l'esprit des humains mais elle savait qu'il ressentait sa présence. Elle détestait ce qu'elle allait faire.

Elle plaqua alors ses lèvres sur celles du brun durement en évoquant des souvenirs joyeux. Elle approfondit le baiser quand elle sentit le brun se débattre un peu contre elle. Elle ne pouvait pas le laisser s'échapper. Elle ne pouvait pas le laisser contrôler ces humains.

Elle évoqua dans sa tête des rires, des sourires, des danses dans les champs. Elle reprit ses baisers et le noya sous toutes les pensées positives qu'elle avait des humains. Un mariage. La naissance d'un enfant. Les clapotis de l'eau sur ses mains. Elle appuya ses paumes sur les joues du brun et se détacha de lui. Ses yeux étaient redevenus de ce bleu indéfinissable qui les caractérisaient si bien. Ses joues à elle étaient striées de cercles dorés qui disparaissaient dans son cou, ses mains posées sur les joues du brun d'une pâle lueur dorée.

- Arrête d'utiliser tes pouvoirs, Epona.

La jeune femme nia de la tête et forcit au contraire son pouvoir jusqu'à ce que le brun se relâche entièrement dans ses bras en l'enlaçant brutalement.

- Je suis désolée, mon amour. Mais tu ne me laisses pas le choix. 

Les ennuis commencent malheureusement...

a.k.a MadBloodd

[Première publication : 25 mars 2022]

[Republication : 23 juillet 2024]

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro