V I I
Ὑπῆρχε δὲ καὶ ὁ κρεμαστὸς καλούμενος κῆπος παρὰ τὴν ἀκρόπολιν, οὐ Σεμιράμιδος, ἀλλά τινος ὕστερον Σύρου βασιλέως κατασκευάσαντος χάριν γυναικὸς παλλακῆς· ταύτην γάρ φασιν οὖσαν τὸ γένος Περσίδα καὶ τοὺς ἐν τοῖς ὄρεσι λειμῶνας ἐπιζητοῦσαν ἀξιῶσαι τὸν βασιλέα μιμήσασθαι διὰ τῆς τοῦ φυτουργείου φιλοτεχνίας τὴν τῆς Περσίδος χώρας ἰδιότητα.
Il y avait dans la citadelle le jardin suspendu, ouvrage, non pas de Sémiramis, mais d'un roi syrien postérieur à celle-ci, il l'avait fait construire pour plaire à une concubine. On raconte que cette femme, originaire de la Perse, regrettant les prés de ses montagnes, avait engagé le roi à lui rappeler par des plantations artificielles la Perse, son pays natal.
Diodore de Sicile, Histoire Universelle, II, X
Epona adorait les jardins. Elle les aimait d'autant plus que l'eau coulait maintenant dans les canaux qu'elle avait fait installer. Les jardins suspendus de Babylone avaient été créés à la demande du roi pour sa future épouse mais Epona savait que c'était surtout pour faire plaisir à Ajak. Le roi Nabuchodonosor II était fou de l'Eternelle depuis qu'ils étaient arrivés sur le site de Babylone pour fonder la cité. Le roi était tombé sous son charme quand la Guérisseuse l'avait guéri étant enfant et ne pouvait donc plus se passer d'elle. Ils avaient même enterré le Domo dans les jardins, Ajak trouvant l'endroit parfait pour continuer leur quête des Déviants dans le monde.
Epona avait du mal à voir sa vie sans le vaisseau, mais l'Eternelle originelle semblait croire que leur vaisseau était bien trop voyant pour les humains qui commençaient à se poser des questions.
La blonde n'était pas mécontente du choix d'Ajak de s'implanter ici. L'Euphrate coulait juste devant la cité, offrant un brouillard bienvenu les jours de pluie, combattant la chaleur étouffante de la région. La région était plutôt plate mais le commerce était prospère et elle voyait tous les jours des marchands venant de pays étrangers chanter les louanges de son travail à Babylone. Epona avait créé les murailles de la grande cité pour protéger les humains des Déviants. Enfin, elle l'avait conçu et Sersi l'avait construit grâce à son pouvoir. Les deux jeunes femmes avaient fait de même pour les jardins et Epona était vraiment contente du résultat. Elle avait conçu avec Phastos une vis capable de faire remonter l'eau vers le haut, permettant à la vie végétale de prospérer, même en hauteur.
La jeune femme était assise dans l'herbe de la première terrasse des jardins, profitant de l'ombre d'un palmier. La chaleur de l'été était tellement étouffante qu'elle devait s'abriter si elle ne voulait pas finir cramée par le soleil brûlant de Babylone. Gilgamesh avait voulu faire le malin une année en sortant en pleine après-midi et il avait récolté d'énormes plaques rouges sur le corps qui avaient fait rire les Eternels pendant des semaines. Epona ne voulait pas ressembler à cela et s'attirer les remarques des autres.
Depuis la soirée qu'ils avaient tous passé en Egypte, Epona ne savait pas que penser de Druig. Le Télépathe et elle passaient de plus en plus de temps dans l'espace mental de la blonde et leurs discussions se faisaient naturellement. A tel point que les deux passaient presque plus de temps à se parler par la pensée qu'avec leur bouche. C'était peut-être étrange pour les autres Eternels qui trouvaient cette méthode de dialogue plus qu'intrusive mais la blonde y trouvait un certain réconfort. Elle appréciait le contact mental du brun et le trouvait même apaisant. C'était presque comme une extension de soi-même. Avec Druig, les frontières du possible étaient étendues. Comme se rendre compte de l'immensité d'un pouvoir et de l'impossibilité d'atteindre des limites. Avec le contact mental de Druig, Epona sortait de son propre corps clopinant et pouvait se mouvoir comme elle le voulait dans ses pensées. Elle pouvait imaginer un palais si elle le voulait et il serait construit immédiatement, rien que par le pouvoir de ses pensées. L'imagination était une dimension tellement malléable que les limites du réel étaient repoussées. Druig regardait la blonde s'amuser et courir dans son espace mental avec un sourire en coin.
Le Télépathe était peut-être le plus puissant d'eux tous et Epona semblait la seule à s'en rendre compte. Ses pouvoirs à elle étaient piètres en comparaison. Epona n'arrivait qu'à peine à se déplacer sans gémir et provoquer des émotions apaisantes étaient la seule chose qu'elle arrivait à faire réellement. Druig de son côté arrivait à manipuler qui il voulait en un claquement de doigts. Sa seule limite était peut-être la distance.
La blonde avait entendu toute la matinée le Télépathe se plaindre de ne pas réussir à contrôler les humains à l'autre bout du pays. La distance l'empêchait de rentrer dans un esprit en particulier alors que le contrôle des masses était plus facile selon ses dires. Le pouvoir mental de Druig agissait comme s'il voulait démêler une pelote de laine : prise dans son ensemble, la pelote était facile à prendre en main mais il fallait plus d'effort pour trouver le bon fil à l'intérieur.
Epona joua un instant avec la mine de son stylet, dessinant sur le côté de son support en papier quelques idées qui lui venaient en tête. Ses pouvoirs n'étaient rien en comparaison de ceux de Druig et elle n'arriverait jamais à contrôler quelqu'un comme lui pouvait le faire. Mais Epona réfléchissait depuis des millénaires. Elle savait que son pouvoir pouvait être exploré. A l'inverse de Druig, elle arrivait plus facilement à tirer le fil de la pelote de laine. C'était créer une pelote qui était plus compliqué, comme si le fait de rassembler ses pouvoirs pour en faire quelque chose de plus grand était hors d'atteinte. Parfois, Epona ressentait ses pouvoirs lui tirailler le bout des doigts et elle avait enfin l'impression d'être puissante. Mais la sensation ne durait jamais et Epona se sentait immédiatement fatiguée. C'était comme de toucher du doigt une habilité passée mais maintenant inaccessible.
Epona finit de tracer les dernières lignes de son dessin quand elle entendit le pas lourd de Phastos derrière elle. L'Eternel s'écroula près d'elle et se mit à marmonner dans sa barbe.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé encore ? Demanda la blonde en souriant.
L'Eternel se mit à jouer avec ses pouvoirs doucement, formant devant les yeux de la blonde une machine avec un cadre en bois portant une sorte de presse qui appuyait sur un établi en bois. La blonde se mit à regarder l'invention sous toutes les coutures, inclinant la machine et observant les proportions avec attention.
- Sympa. Imprimerie cela ferait un super nom.
- Un super nom si Ajak voulait bien me laisser la développer ! S'écria Phastos en levant les bras au ciel.
- Elle fait attention aux humains, c'est peut-être un peu trop tôt pour eux tu ne penses pas ?
- C'est toujours trop tôt pour eux !
La blonde se tourna vers son coéquipier éternel et plongea son regard dans le sien. Le brun semblait bouillir de l'intérieur et évitait le regard d'Epona. La blonde eut un petit sourire en coin et poussa l'Inventeur de l'épaule.
- Non... Phastos... Tu t'ennuies ?
L'Inventeur la regarda et se renfrogna en peu en se couchant dans l'herbe près d'elle. La blonde le rejoignit, posant son dessin à côté d'elle.
- Cela fait des siècles que je m'ennuie, dit doucement Phastos en soupirant.
La blonde soupira elle aussi et croisa les bras sur son ventre.
- Je m'ennuie aussi.
Phastos se redressa sur les coudes et regarda la blonde toujours couchée dans l'herbe.
- Tu plaisantes ? Tu es toujours en train de nommer les inventions que je fais ! Et tu classes les choses en permanence.
La blonde ferma les yeux un instant en vidant ses poumons et répondit doucement.
- Cela fait longtemps que j'ai classé toutes les plantes que je connais. Les animaux aussi. Je suis même allée dans l'océan pour combler mon classement d'invertébrés. Cela m'a pris seulement dix ans pour comptabiliser tous les animaux des mers. Je garde les abysses pour plus tard, quand je m'ennuierais particulièrement profondément, Epona marqua une pause et tourna la tête vers l'Eternel, honnêtement cela fait longtemps que je ne suis plus surprise par rien. Tes inventions sont les seules choses qui me divertissent encore.
Phastos eut l'air surpris pendant quelques secondes et se rallongea près de la blonde en fermant les yeux à son tour.
- Tu as tes chevaux...
- Tu m'as déjà aidé à créer des inventions qui pourraient aider les humains en s'aidant des chevaux. Les chars, la charrue, la selle, les rênes, les étriers. Et nous ne pouvons pas les utiliser.
Les deux Eternels soupirèrent de dépit de concert, détestant l'un comme l'autre la situation dans laquelle ils étaient.
- Tu dessines aussi.
La blonde leva les yeux au ciel, regrettant déjà ce qu'elle allait dire.
- Je pense tous les jours à des tours de centaines de mètres de hauteurs, parées de verres qui refléteraient le soleil. J'imagine des villes entières comme cela. Mais Ajak dit...
- Que c'est trop tôt, je sais.
Les deux Eternels soupirèrent encore à l'unisson et la blonde posa son dessin sur le ventre de Phastos. Celui-ci le prit et regarda l'esquisse, analysant les proportions de la haute tour que venait de créer Epona.
- Une tour qui se perdrait dans les nuages ? Sur 90 m de côté ? Tu voudrais en faire une tour carrée toute droite ?
- Ou ronde je ne sais pas encore.
- Hum... Tu sais qu'avec les briques de terre cuite qu'ils font, ta tour ne pourra jamais avoir cette forme.
- Peut-être qu'on pourrait demander à Druig de leur enseigner d'autres techniques...
- Tu sais bien que Druig ne voudra jamais, répondit Phastos d'un air dépité, sauf peut-être...
Le regard de l'Inventeur venait de s'éclairer et il observait maintenant la blonde avec un petit sourire en coin. Epona se releva de sa position allongée et pencha la tête sur le côté.
- Je n'aime pas quand tu fais cet air-là, Phastos.
- Peut-être que...
- Non.
- Mais tu ne savais même pas ce que j'allais te demander !
- Je n'ai pas besoin de le savoir pour savoir que c'est une mauvaise idée !
Epona soupira bruyamment et hocha la tête pour signifier son désaccord. Phastos et la blonde se toisèrent du regard et le brun fit une moue suppliante.
- Peut-être que tu pourrais demander à Druig de le faire pour toi...
- Je ne vais pas faire ça, dit Epona en se rallongeant pour prendre le soleil.
- Allez Epona ! Tu sais très bien que Druig ferait tout pour te faire plaisir ! Il serait capable de demander aux humains de peindre les murailles en bleu si tu le souhaitais.
Epona haussa les sourcils et détourna le regard.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Oh vraiment ? Ne va pas me faire croire que tu n'es pas au courant.
Une grimace déforma le visage de la blonde et un soupir s'échappa de ses lèvres.
- Je ne vois pas de quoi tu parles. Je suis son amie.
- Oui, bien sûr, répondit Phastos avec un sourire en coin, son amie qu'il aimerait voir sans vêtement de préférence.
- Phastos ! Epona claqua l'épaule de l'Inventeur du dos de sa main et le brun rigola doucement en voyant l'air gêné de la blonde.
Les deux Eternels finirent par s'allonger sur le dos en fermant les yeux. Phastos reprit après plusieurs minutes le dessin d'Epona et observa les dimensions de la tour. Il se racla la gorge et la blonde ouvrit un œil.
- Je sais à quoi tu penses.
L'Inventeur rigola un instant en posant le dessin près de lui. Epona et lui étaient comme les deux faces d'une même pièce. Ils se connaissaient tellement que c'était presque comme s'ils avaient été conçus pour travailler ensemble.
- Tu vas encore me dire qu'en calculant les proportions, il faudrait que la base soit plus large que le sommet, reprit la blonde en fixant le ciel, je sais aussi que les progrès techniques de cette époque ne sont pas très efficaces.
Phastos se tourna vers la blonde et observa le soleil jouer dans ses cheveux blonds. Epona était surement la femme la plus belle qu'il ait rencontré mais c'était surtout pour son intelligence et son esprit qu'il l'admirait. Du coin de l'œil, il observa la cuisse de la blonde, légèrement tordue par sa blessure. Malgré cela, la blonde gardait toujours son optimisme et souriait en permanence, comme si aucune mauvaise nouvelle ne pouvait l'atteindre.
- Tu voudrais refaire une ziggourat, ce n'est pas très original de ta part si je peux me permettre, répondit gentiment l'Inventeur. Et tu l'aurais nommé comment ta tour ?
- Etemenanki, la maison-fondement du ciel et de la terre.
La blonde se redressa en instant et Phastos lut la déception sur ses traits. Il sentait que la blonde aurait voulu faire des merveilles. Associée à Phastos pour les calculs et à Sersi pour les matériaux, ils auraient pu faire de formidables architectes. L'Eternel se recoucha dans l'herbe et sentit Epona faire de même à ses côtés.
- Dommage que ton fiancé ne veuille pas contrôler les humains.
Avant qu'Epona puisse répliquer, une voix haut perché leur arriva aux oreilles.
- Qui est le fiancé de qui ?
Phastos grogna de frustration et se retrouva devant le visage mutin de Sprite et celui interloqué de Sersi qui les regardaient de leur hauteur.
- Vous me donnez le vertige à me regarder comme cela, grogna l'Eternel, venez vous allonger avec nous.
Sersi et Sprite ne se firent pas prier, la plus jeune des Eternels posant sans douceur sa tête sur le ventre de Phastos, qui râla pour la forme. Les quatre Eternels passèrent quelques minutes à se reposer, avant que la voix de la Guérisseuse ne résonne dans les jardins.
- Enfin, je vous cherchais. Phastos tu pourrais regarder...
- Chut Ajak, viens nous rejoindre, dit doucement Epona.
Phastos se rendit compte que la blonde utilisait ses pouvoirs quand il vit Ajak s'allonger dans l'herbe. Une légère brume dorée enveloppait le groupe d'Eternels, les noyant dans un nuage de bien-être créé par Epona. Le groupe de Penseurs furent rejoints peu après par Ikaris qui se posa dans l'herbe en fronçant les sourcils.
- Mais qu'est-ce que vous faites ?
Sersi posa son doigt sur ses lèvres pour toute réponse et demanda au Combattant de s'allonger près d'elle. Epona sentit le brun s'étendre près d'eux avec un sourire. Quelques dizaines de minutes plus tard, Thena, Gilgamesh et Kingo arrivèrent en chahutant et se firent rabrouer par Ajak qui leur demanda de s'approcher en silence. Une heure plus tard, ce fut par un coup de vent qu'Epona se rendit compte de l'arrivée de Makkari.
Les dix Eternels étaient silencieux, profitant des derniers rayons du soleil qui frappaient doucement leur visage. Epona sentait que la moitié des membres de l'équipe s'était endormie, bercé par la chaleur et par ses pouvoirs.
- Non mais je rêve ! Vous avez passé l'après-midi là alors que je devais réparer un puit avec les humains ? Vous êtes sérieux ?
La blonde se redressa un peu et fixa Druig qui les regardait avec un sourire moqueur plaqué sur le visage. Elle lui fit signe de rester silencieux en montrant Sersi et Sprite, endormies l'une contre l'autre et le brun acquiesça sans poser de trouble, rendu muet par les pouvoirs de la blonde.
Druig s'allongea près d'Epona et l'admira quelques secondes avant de fermer les yeux. Elle irradiait de pouvoir, ses pommettes entourées de cercles dorés qui traversaient sa peau.
Un sourire de bonheur illumina le visage du brun quand il sentit le petit doigt de la blonde toucher le sien.
Petite scène de bonheur entre nos Eternels.
J'adore le duo Phastos et Epona et leurs inventions ;)
a.k.a MadBloodd
[Première publication : 4 mars 2022]
[Republication : 3 juillet 2024]
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