V
𝘱𝘺𝘳𝘢𝘮𝘪𝘴 𝘢𝘮𝘱𝘭𝘪𝘴𝘴𝘪𝘮𝘢 𝘦𝘹 𝘢𝘳𝘢𝘣𝘪𝘤𝘪𝘴 𝘭𝘢𝘱𝘪𝘤𝘪𝘥𝘪𝘯𝘪𝘴 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘵𝘢𝘵. 𝘤𝘤𝘤𝘭𝘹 𝘮𝘪𝘭𝘪𝘢 𝘩𝘰𝘮𝘪𝘯𝘶𝘮 𝘢𝘯𝘯𝘪𝘴 𝘹𝘹 𝘦𝘢𝘮 𝘤𝘰𝘯𝘴𝘵𝘳𝘶𝘹𝘪𝘴𝘴𝘦 𝘱𝘳𝘰𝘥𝘶𝘯𝘵𝘶𝘳. 𝘵𝘳𝘦𝘴 𝘷𝘦𝘳𝘰 𝘧𝘢𝘤𝘵𝘢𝘦 𝘢𝘯𝘯𝘪𝘴 𝘭𝘹𝘹𝘷𝘪𝘪𝘪, 𝘮𝘦𝘯𝘴𝘪𝘣𝘶𝘴 𝘪𝘪𝘪𝘪.
La plus grande pyramide est en pierre d'Arabie. On dit que trois cent soixante mille hommes y ont travaillé pendant vingt ans, et que les trois furent terminées en soixante-dix-huit ans et quatre mois.
Pline l'Ancien, Histoire Naturelle, XXXVI, XVII
- Mets plus de jambes pour déclencher le galop, Sprite !
- Je n'y arrive pas !
Epona soupira en montant sur la barrière qui la séparait de l'enclos où paissaient quelques chevaux. Sprite était juchée sur le dos de l'un d'eux et tentait de faire avancer sa monture avec quelques mouvements de jambes. L'Illusionniste ne montait à cheval que depuis peu et Epona tentait de lui enseigner à faire bouger sa monture sans harnachement. La blonde n'avait besoin que de l'aide de son corps pour se faire comprendre des chevaux et Sprite voulait apprendre comme elle.
Sprite n'avait expérimenté que le pas et le trot pendant les promenades en ville qu'elle faisait avec Epona. Car Memphis était devenue une vraie ville à part entière. Ils avaient migré plus au nord de la Mésopotamie, découvrant alors une véritable civilisation, différente de celle qu'ils avaient fondés. Les humains s'étaient développés sans eux, devenant des empires, des royaumes, avec une organisation politique, des lois, des principes moraux.
Ajak avait été surprise que la civilisation ait gagné si vite cet endroit du monde et les humains les surprenaient tous les jours par leurs nouvelles techniques, leurs nouvelles inventions. Cela n'allait toujours pas assez vite pour Phastos mais Epona sentait que l'Eternel était plutôt fier de l'évolution des humains.
- Resserre un tout petit peu les mollets, penche-toi en arrière et accroche-toi à la crinière !
La jeune femme monta par-dessus la barrière pour s'asseoir dessus et se laissa tomber de l'autre côté. D'un pas clopinant, elle s'approcha du cheval qui était toujours au trot dans le champ et se mit à siffler un air strident. Immédiatement, le cheval redressa les oreilles et se mit à augmenter ses foulées.
- Maintenant, tu peux lui demander d'aller plus vite, cria la blonde en direction de la rousse.
En resserrant à peine ses mollets, Sprite fit courir son cheval au galop. Elle s'agrippa à la crinière et se mit à rire quand le cheval se mit décrire des parfaits cercles au galop autour de la blonde. Au milieu de la fumée déclenchée par les foulées du cheval, Epona se mit à tousser en riant. Le cheval avait la tête vers elle, comme pour chercher son assentiment et Epona siffla une nouvelle fois pour demander l'arrêt.
Le cheval revint au pas et Sprite éclata de rire en tournant son visage vers Epona.
- Je veux faire ça tous les jours ! On peut sauter maintenant ?
- On va laisser ton cheval se reposer, rigola la blonde, il commence à faire chaud et l'effort va l'épuiser.
La rousse hocha la tête et se laissa tomber sur le côté, faisant une petite caresse sur les naseaux de l'animal au passage. Elle s'approcha d'Epona d'un pas sautillant et lui prit le bras pour la trainer derrière elle.
- J'ai parié sur toi pour tout à l'heure, confia la rousse à Epona, contre Kingo, crut-elle bon d'ajouter comme si cela justifiait tout.
- Tu vas encore mettre Kingo en colère, soupira Epona, tu sais bien qu'il déteste perdre.
- Raison de plus, ricana Sprite d'un air malin.
D'un revers de main, la rousse fit apparaitre une illusion de Kingo qui se mettait à geindre et Epona éclata de rire. Les deux Eternelles rentrèrent dans le Domo et se séparèrent en arrivant dans la salle de Réveil. Epona se dirigea dans sa chambre pour attraper son matériel de dessin et sortit dans l'air chaud de la ville. Elle avait troqué sa combinaison d'Eternelle contre des vêtements en lin léger. Une jupe longue couvrait ses jambes et volait à chacun de ses pas. En arrivant vers le champ des chevaux, elle s'assit en tailleur sur le sol et se mit à dessiner. Elle faisait des rêves depuis quelques temps. Des rêves remplis de merveilles architecturales et picturales qui lui donnaient envie de les réaliser en vrai. Elle voyait des dômes, des fresques, des tours en verre. Elle voyait de larges places où se reflétaient le soleil et de grandes avenues où le vent faisait bruisser les échoppes des marchands. Elle voyait des immenses palais blancs avec des colonnes dorées.
Epona ne savait pas d'où lui venait tous ces rêves ni comment elle pouvait avoir autant d'inspiration en dormant. D'autant plus qu'avec les progrès techniques des humains, elle savait que ses rêves ne verraient pas le jour avant des milliers d'années. Mais cela ne l'empêchait pas de pouvoir les dessiner. Depuis quelques jours, elle faisait le même rêve : celui de grands bâtiments triangulaires qui se hissaient vers le ciel. Elle ne savait pas si cette vision était techniquement possible mais elle voulait voir ce que cela pourrait donner.
A quelques centaines de mètres de là, Druig et Makkari marchaient à travers la ville, profitant du soleil égyptien. Le Télépathe regardait la Coureuse rire silencieusement à une blague qu'il venait de faire. Les rayons du soleil s'accrochaient à ses cheveux et se reflétaient sur sa peau mate. Makkari lui sourit et tapota son bras pour attirer son attention.
- Je vais devoir y aller. J'ai quelque chose de prévu.
Druig haussa un sourcil en direction de la brune.
- Comme si tu avais d'autres amis que moi.
Makkari lui tira la langue et lui sourit d'un air boudeur avant de s'éclipser dans un nuage de fumée. Le Télépathe se mit à tousser en grognant contre Makkari. En tournant la tête, il aperçut une forme blanche avachie par terre près de l'enclos des chevaux. Un sourire éclaira son visage.
Epona était assise par terre, dessinant quelque chose sur du papyrus. Son corps était illuminé de ses pouvoirs dorés et lui donnait l'air irréele. Druig était toujours ébahi par les pouvoirs de la blonde. Elle n'était pas une Combattante. Ni une Penseuse. Elle n'appartenait à aucune catégorie. Et même Ajak n'arrivait pas à l'expliquer. Les pouvoirs de la blonde n'avaient rien d'utile dans leur combat contre les Déviants. Ils n'avaient rien non plus d'utile dans la technologie des humains même si elle aidait souvent Phastos dans le Domo. Ils n'avaient rien d'utile...sauf qu'ils l'étaient plus qu'Epona pouvait l'imaginer.
Druig avait bien vu comment la blonde influençait les humains. Ce n'était pas conscient comme lui le faisait en contrôlant les esprits. Ce n'était pas visuel comme pouvait le faire Sprite avec ses illusions. C'était plus invisible, plus secret, mais agissait tout aussi certainement que les poings de Gilgamesh.
Elle créait de la beauté autour d'elle. Elle rendait les gens heureux. La blonde dessinait, créait dans son carnet et les humains faisaient tout pour la satisfaire sans qu'elle ne demande rien. Elle faisait naitre autour d'elle la beauté, la fascination, l'image parfaite de la perfection pour le brun.
Actuellement assise sur le sol du désert, dessinant sur le papier à l'aide d'un stylet quelques formes triangulaires, elle était magnifique. L'une des formes évoquait au brun le Domo et il ne put s'empêcher de se pencher derrière son épaule.
- A quoi tu penses ? Demanda la blonde en continuant son dessin sans se retourner.
Druig sourit doucement. L'Eternelle n'avait même pas tourné la tête. Après des milliers d'années passées en sa compagnie, la blonde avait enfin appris à détecter sa présence sans qu'il ne dise rien. Il suffisait qu'il s'approche un peu de la blonde et celle-ci savait exactement où se trouvait le brun. Et lui savait exactement où elle se trouvait. Tout le temps, en permanence. Il ne pouvait s'en empêcher. C'était devenu comme un réflexe depuis qu'il avait entendu son appel à l'aide, ce jour-là sur la montagne. Cet appel mental qu'il avait failli rater. Un souffle tenu, porté par le vent de son esprit.
Druig, protège les humains.
Il avait immédiatement appelé Ikaris et l'avait regardé s'envoler à toute vitesse vers le plateau, impuissant à faire quoi que ce soit. Il s'était rongé les sangs en essayant de percevoir les pensées des deux Eternels mais ne ressentait rien. C'était la première fois qu'il concevait que son pouvoir avait des limites. Et cela ne lui convenait pas du tout. Il avait attendu comme les autres, des heures durant, pendant lesquels l'esprit de Sersi avait été particulièrement agité. Il avait été obligé de se tenir à l'écart de la brune, pour ne pas céder à sa panique. Cela avait été particulièrement déplaisant. Ce n'était que vers le milieu de journée que la blonde était arrivée dans les bras d'Ikaris qui la portait comme si elle ne pesait rien. Trempée et avec le sourire aux lèvres.
- A tes pouvoirs et à ce que tu peux apporter à ce monde.
La blonde releva la tête, fronçant les sourcils. Elle ne s'attendait pas à ce que le brun aborde un sujet si profond.
- Je n'apporte pas grand-chose tu sais.
Elle dépoussiéra comme elle le put sa jupe de lin blanc et se releva en s'aidant du bras que Druig lui tendait, un sourire en coin peint sur les lèvres.
- C'est faux. Mais tu n'as pas l'air de t'en rendre compte. C'est ce qui fait que tu es si extraordinaire.
La blonde rougit doucement et le brun ne résista pas à remettre une mèche de ses cheveux derrière son oreille. Il adorait faire ce geste pour plusieurs raisons. La première était qu'il mettait Epona particulièrement mal à l'aise. La seconde était qu'il adorait la sensation de sa peau sous ses doigts. Mais il ne l'avouerait jamais. La blonde le poussa de l'épaule gentiment quand elle vit le sourire narquois du brun sur elle.
- Tu n'es pas très objectif si je peux me permettre.
- Je ne peux pas l'être quand je suis avec toi et tu le sais.
La blonde piqua un fard et Druig se moqua ouvertement d'elle.
- Ben alors, qu'est-ce qui t'arrive, princesse ?
- Le soleil tape fort aujourd'hui.
Le brun salua la remarque d'Epona par un haussement de sourcil évocateur. Epona se dirigeait vers un enclos et le brun comprit que son temps avec la blonde était révolu. Car depuis que la jeune femme avait découvert les chevaux lors de cette fameuse journée, elle ne passait pratiquement son temps qu'avec eux. Elle avait ce lien avec ces animaux qu'aucun Eternel n'arrivait vraiment à comprendre, comme si la jeune femme leur parlait.
Epona ouvrit une barrière et immédiatement, deux chevaux vinrent vers elle en courant. Le brun aurait préféré ne jamais voir ces bêtes qu'il considérait comme dangereuses près de sa magnifique Epona mais Ajak disait que cela pouvait être un formidable levier de la civilisation. Epona semblait tellement fragile à côté de ces animaux que Druig se demandait comment elle faisait pour ne jamais trembler quand ils arrivaient vers elle à pleine vitesse.
Epona les flatta de longues secondes en leur murmurant des paroles aux oreilles. Les mains de la blonde diffusaient quelques cercles dorés qui s'évanouissaient sur la peau des équidés. Le Télépathe vit que quelques humains s'étaient attroupés près de l'enclos pour les observer.
Les Eternels s'étaient faits à cette attention constante de la part des humains, à cette admiration qui virait presque parfois à l'obsession. Epona ne semblait pas se rendre compte de l'adoration qu'elle suscitait parmi les paysans. Cela passait tout d'abord par son apparence physique. Blonde et petite, l'Eternelle n'avait pas le physique typique des Egyptiens et ses longues mèches qui cascadaient dans son dos attiraient inévitablement le regard.
Elle se tourna brusquement vers Druig, une lueur d'excitation dans le regard.
- Tu montes avec moi aujourd'hui ?
Le brun fit mine de réfléchir tout en s'approchant de la blonde.
- Hum... Non.
- Oh, allez ! Dis oui ! Tu es le seul à n'être jamais monté à cheval !
- Non. Ikaris ne juge sûrement pas ces animaux dignes de son magnifique postérieur et Kingo les considère comme des créatures de l'enfer depuis qu'un de tes canassons a voulu croquer sa main. Et Makkari les trouve trop lents face à sa vitesse.
La blonde roula des yeux et Druig vit qu'il avait touché dans le mille.
- Makkari va peut-être changer d'avis. Elle m'a dit que si je pouvais rester à côté d'elle pendant cinq secondes elle pouvait revoir sa position.
Druig hocha la tête en croisant les bras derrière son dos jusqu'à ce qu'il comprenne le sens des paroles de la blonde.
- Attends, tu vas faire la course avec Makkari ? Tu te rends bien compte à quel point c'est ridicule !
La blonde perdit un instant son sourire et une étincelle de détermination germa dans son regard.
- De toute manière, je ne peux pas me défiler, c'est trop tard. La course a lieu dans cinq minutes et Sprite a parié sur moi.
Le temps que le Télépathe comprenne de quoi il retournait, la blonde était déjà montée sur le dos du cheval. Elle le toisait du haut de son perchoir, un immense sourire affiché sur les lèvres.
- Bon alors tu viens ou non ?
Le brun regarda la blonde, son corps sculpté et ses jambes blêmes que sa jupe avait du mal à cacher de part et d'autre du corps de l'équidé. Sans se contrôler, il était déjà à l'arrière de la blonde. Il manqua de tomber par deux fois et se sentit obligé de serrer la taille de la jeune femme. Sa peau était chaude sous ses doigts et il sentit la blonde frissonner violemment quand il passa ses mains sur sa peau. Ils arrivèrent en vue du plateau et Druig regarda fixement les autres Eternels crier à tue-tête l'arrivée des adversaires. Ajak s'était d'autorité mise en tant qu'arbitre de leur petite olympiade et expliquait les règles à Epona. Makkari était déjà sur la ligne de départ, les accueillant par un jeté de cheveux moqueur et le brun se sentit obligé de signer dans sa direction.
- Qu'est-ce qu'il t'a pris de faire la course contre elle ?
- C'est ta fiancée qui a insisté.
- Elle va perdre.
- Je crois qu'elle s'en fiche un peu. Elle a quelque chose derrière la tête.
Le brun fronça les sourcils, repensant aux propos de la brune et n'entendit même pas le signal du départ d'Ajak. Il se retrouva brutalement projeté en arrière et s'agrippa de toutes ses forces à la blonde devant lui.
Il ne pouvait se tenir à rien sinon à la robe de la blonde et le vent le fouettait continuellement au visage, le forçant à plaquer le sien contre le dos d'Epona. Il retint un gémissement quand le cheval tourna à quatre-vingt-dix degrés vers la droite et qu'il sentit son corps basculer par la force centrifuge. Il s'agrippa plus fortement à la blonde qui s'était penchée sur l'encolure de l'animal, adoptant une position plus favorable à la vitesse.
- Ben alors, qu'est-ce qui t'arrive ? Cria-t-elle par-dessus le vent, reprenant la phrase que Druig lui avait dite précédemment.
Le brun ne répondit rien et gémit brutalement en sentant le cheval amorcer un nouveau virage. Makkari avait de l'avance sur eux et Epona se releva un peu de sa position aérodynamique pour plaquer ses mains sur les flancs du cheval. Immédiatement, l'équidé fit un bond en avant et ses foulées ses firent plus longues. Les mains de Druig se serrèrent fermement autour de la taille d'Epona et il contint un petit cri de peur. Il voyait vaguement Makkari lui faire des signes moqueurs de la main, retenant visiblement sa vitesse pour ajouter du suspens. Evidemment, la Coureuse gagna haut la main et Druig fut plus que ravi de remettre les pieds sur terre. Par-delà les remarques moqueuses de Kingo, le brun vit que la blonde n'était pas descendue de son cheval et observait le tracé de la course avec un sourire. Un carré presque parfait de quelques deux cents mètres de long se découpait dans la plaine et Druig vit dans l'esprit de la blonde la forme triangulaire qu'elle avait dessiné plus tôt dans le sable.
- Les gars, vous pensez quoi des pyramides ?
Et voici le chapitre 5 !
Je trouvais cela marrant qu'Epona construise les pyramides !
En espérant que les aventures d'Epona vous plaisent toujours autant, l'aventure ne fait que commencer !
a.k.a MadBloodd
[Première publication : 24 février 2022]
[Republication : 29 juin 2024]
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro