Budapest
Le train filait sur les rails, fendant les champs alentours à grande vitesse. Droit vers l'horizon. Les yeux de Leïla tressautaient tandis qu'ils essayaient d'apprécier chaque détail de ce paysage. Ils se perdaient dans les étendues d'herbe à perte de vue, entrecoupées de rares bosquets d'arbres. Un rapace planait au loin, petite tache sombre dans l'immensité du ciel azur.
Leïla réprima un bâillement en se détournant de la fenêtre. Elle s'était levée aux aurores pour ce voyage et le manque de sommeil la rattrapait doucement. Elle se leva pour attraper sa veste qu'elle avait déposée au-dessus de son siège. Lorsqu' elle tira sur la manche pour la faire descendre, un bruit mat attira son attention vers le sol. Un petit carnet se trouvait par terre, qu'elle venait de faire tomber. La couverture cartonnée montrait qu'il avait vécu tant elle était abîmée. Un cadre bleu ciel se détachait en son milieu, sur lequel une écriture enfantine avait inscrit Carnet de voyages. Intriguée, la jeune femme se pencha pour le ramasser. Quelqu'un avait probablement dû l'oublier. Une fois assise, elle fit rapidement défiler les pages jusqu'à la dernière.
Plusieurs photos d'un groupe de jeunes avaient été collées en son milieu. L'obscurité les enveloppait et de nombreuses lumières semblaient danser derrière eux. Un sourire était collé sur les lèvres de chacun. Insouciance. Sur la page attenante, plusieurs écritures se mêlaient. Elle plissa les yeux pour les déchiffrer et reconnut différentes langues telles que l'anglais, l'italien, l'allemand ou encore certaines méconnaissables.
* * * * *
La nuit était tombée depuis un moment sur Budapest. Le ciel pourtant clair était dépourvu d'étoiles. Seules les lumières de la ville parvenaient à traverser l'obscurité. Anaïs, plongée dans ses pensées, était accoudée à la rambarde du pont. Son regard perdu au loin contemplait sans s'en rendre compte les différents monuments de la ville. En cette fin de mois de juin, la température était agréable. Une douce nostalgie s'empara de la jeune fille tandis qu'elle profitait de ses derniers instants dans cette ville. Son semestre à l'étranger s'achevait et bientôt, il lui faudrait prendre le chemin du retour.
Des cris de joie derrière elle la firent brutalement revenir à la réalité. Elle se retourna pour découvrir la cause de cet élan de joie. Un sourire affiché sur son visage, une jeune fille aux longs cheveux roses pointaient du doigt le mont Gellért. Les yeux d'Anaïs s dirigèrent vers ce qu'elle désignait. La statue de la Liberté qui surplombait la colline s'était illuminée de rose. Quelques secondes plus tard, elle se teinta de bleu, déclenchant de nouveaux cris.
Un Allemand jouait de la guitare accompagné par la voix fluide d'une Italienne. De nombreux étudiants s'étaient rassemblés sur le pont de la Liberté dans une ambiance festive. La jeune fille regarda tour à tour ses amis. Ils provenaient de toute l'Europe et leurs cultures se mélangeaient allègrement. Elle avait passé seulement six mois ici mais ils faisaient partie des meilleurs de son existence.
Elle s'empara de son appareil photo et captura l'instant présent. Avec précaution, elle sortit de son sac un petit carnet qu'elle avait ramassé à l'aéroport avant de décoller pour Budapest. Sa main caressa la couverture avec douceur et après quelques mots à ses amis pour expliquer d'où il provenait, elle le fit passer pour que chacun inscrive un petit message. Lorsque cela fut fait, elle le rangea presque religieusement, ses pensées fixées sur Nora.
Puis Anaïs décida de sortir de sa nostalgie et se mêla à ses amis.
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