Ce texte a deux inspiration principales : un publicité pour un parfum et un opéra français. J'ai mis tout ça dans mon shaker magique, j'ai secoué, et voici ce qui est sorti :

     Enfin. Un sourire émergeait sur son visage alors que les lourdes portes ouvragées se dessinaient devant lui. Après toutes les recherches menées pour les trouver, elles apparaissaient à ses yeux. Il s'arrêta un instant pour les admirer et se délecter du bonheur qui l'envahissait à cet instant. Il fit un pas vers elles. Le bruit de ses talons rompit le silence présent dans la pièce, avant de s'éteindre, cédant de nouveau la place à l'absence la plus totale de vibrations.

     Les portes ne possédaient ni poignée ni serrure. Il n'existait qu'un moyen de les ouvrir. Alors, il ouvrit la bouche et fit résonner sa voix de ténor en suivant la partition d'une mélodie ancienne qu'il savait par cœur. Le silence revint dès la fin du morceau. Visiblement charmées par la prestation qu'il venait de donner, les portes s'ouvrirent immédiatement, dans un grincement que le silence ambiant rendait assourdissant.

     Les quelques notes que ses oreilles perçurent le poussèrent à se précipiter dans la pièce suivante. En effet, à l'intérieur, l'acoustique remarquable de la pièce portait deux voix féminines magnifiques, se réunissant dans un chant à la gloire de la nature.

     Ses yeux se portèrent sur un immense tableau qui trônait au centre de la pièce. Il tranchait avec le blanc immaculé qui recouvrait tout le reste de la pièce. Les yeux du visiteur se trouvèrent subjugués par la beauté du jardin représenté. Partout des fleurs, des arbres, des buissons plus luxuriants les uns que les autres s'offraient à sa vue, dans un camaïeu de verts où émergeaient par touches délicates les différentes couleurs des pétales. Leur parfum embaumait dans toute la pièce, mélangeant avant tout l'odeur douce du jasmin et celle tout aussi légère de la rose. Les plantes semblaient trouver l'harmonie nécessaire à leur épanouissement dans cette jungle indienne et frémissaient de bonheur chaque fois que le plus petit souffle de vent les agitaient.

     Ses cheveux bruns s'agitaient en même temps que les petites clochettes du jasmin. Lui aussi tranchait avec l'ambiance pure de la pièce, dont chaque recoin pouvait refléter l'ensemble de la lumière qui s'y posait. Son costume sombre, à l'inverse, absorbait tous les rayons de lumineux qui l'atteignaient, tandis que ses yeux ressemblaient à deux profondes mines de charbons où tout disparaissait. Sa peau seule amenait une pâle teinte de rose à l'ensemble. Parfaitement immobile au milieu de la pièce, il tentait de mémoriser la moindre sensation qui l'envahissait pour s'en souvenir une fois qu'il aurait quitté ce lieu.

     Les voix continuaient à se mêler comme s'il s'agissait d'une incantation magique. La douceur et la fraîcheur de ce chant le touchaient au plus haut point. Son cœur se serrait, surpris d'entendre pareille merveille. Et pourtant, cet air, il le connaissait parfaitement. Ses lèvres bougeaient au même rythme que celles des deux jeunes femmes qui produisaient cette mélodie enchanteresse. Il n'osait pourtant pas émettre le moindre son, de peur de gâcher ce moment. Il observait ces deux sirènes, ces deux nymphes des jardins, vêtues de longues robes, l'une couleur de l'amour, l'autre couleur de la nuit. Dans la première se reflétaient toutes les nuances des sentiments les plus purs, tandis que dans le seconde brillaient des milliers d'étoiles, prisonnières du tissu soyeux.

     Ses tympans, ses yeux, sa peau, son nez : tous ses sens s'éveillaient et s'émerveillaient à la découverte de cet étrange tableau. Son cœur s'en trouvait ému, les larmes montèrent à ses yeux. Après de si longues recherches, il touchait à son but. Aujourd'hui, elles se trouvaient devant lui, plus belles que tout ce qu'il pouvait imaginer.

     Enfin il retrouvait Lakmé et Mallika.