CAD #5 Venger
Cette fois-ci le thème est inspiré par Arès, divinité de la guerre : il faut écrire un texte dont le perso principal est méchant
Chaque coup d'aile semblait déplacer une montagne. Et pourtant, il était si doux, si discret. On aurait dit qu'il ne poussait pas l'air, mais que la nature elle-même s'écartait sur son passage. L'oiseau fendait le ciel. Ses yeux fouillaient chaque recoin du sol en contrebas. Le vent faisait doucement bruisser les feuilles, il agitait les draps sur les cordes à linges et secouait les drapeaux. La chouette continua à tourner dans les airs. Elle savait ce qu'elle cherchait. Elle le trouverait. Elle avait tout son temps devant elle. Rien ne viendrait perturber sa traque. Sa vue était plus perçante que jamais. Elle entendait chaque mouvement qui avait lieu sous la courbe de son vol. Elle aurait pu poursuivre l'un des lièvres qui s'échappaient dans la forêt, fuyant un chasseur. Elle aurait pu attraper sans difficultés l'étourneau distrait qui s'attardait trop loin de son nid. Mais sa proie à elle était bien plus intéressante. Elle avait perdu une fois face à elle. Cela ne recommencerait plus.
La chouette se posa finalement sur le toit de l'une des tours du château. Ses plumes se hérissèrent lorsqu'elle entendit le claquement des armes des soldas qui s'agitaient à l'intérieur. Elle n'avait rien à craindre, se rassura-t-elle. Que pouvaient-ils contre un oiseau ? Elle entra par une fenêtre discrète pour aller se poser sur les poutres qui soutenaient la charpente. Le dernier étage de la tour ouest n'était utilisé que pour stocker les archives. Personne n'y allait régulièrement. Elle pu alors descendre le long escalier en colimaçon qui y menait pour atterrir dans le majestueux hall du château. Elle connaissait par cœur chaque couloir qui y menait. Elle les avait parcourus mille fois, craignant pour sa vie, en tentant de fuir ceux qui l'avaient enfermée. Ils avaient eu peur qu'elle brise ce qu'ils avaient construit. Ils avaient eu peur de son pouvoir. Elle allait leur montrer pourquoi. Sans encombre, sans trembler, sans faire de bruit, elle se faufila de couloir en couloir, d'escalier en escalier, jusque l'aile sud du bâtiment, au troisième étage, derrière la lourde porte tellement rouillée que personne ne tentait jamais de la fermer.
Il était là. Devant elle. A son bureau, il semblait mettre au point un nouveau plan de défense. Le pays était attaqué de toutes parts. Il ne pourrait jamais s'en sortir. Il était seul. C'était presque trop facile. A cette heure, il était toujours plongé dans son étude. Pour la première fois depuis qu'elle était arrivée au château, elle laissa un ululement sortir de sa gorge. Il la regarda, sans comprendre comment une chouette avait pu arriver jusque son bureau. Quelque chose dans le regard de cet homme laissait penser qu'il sentait qu'elle n'était pas ordinaire. Quelle intelligence. La seconde de surprise suffit pour que la créature entre dans le bureau. Elle portait deux clous dans son bec. Il observait l'oiseau avec un mélange de fascination et d'inquiétude. Sans qu'il ne comprenne comment, le premier clou porté par la chouette transperça sa main droite et alla se planter dans la table. Il hurla. Les oreilles sensibles de la chouette en furent blessées. Alors pour se venger, le second clou copia son jumeau. Les deux mains collées à la table, il ne savait plus que crier, pleurer et implorer.
- Pitié ! Pitié !
Ses cris auraient alerté les gardes s'il n'avait pas pris l'habitude de les chasser de l'aile tous les jours à la même heure, pour recevoir sa maîtresse ornithophobe.
L'oiseau se transforma sous ses yeux. Ses ailes se transformèrent en bras, ses courtes pates en deux longues jambes humaines. Son visage devint celui d'une femme transformée par la haine. Elle attrapa un couteau caché sous le bureau.
- Maintenant, on va s'amuser.
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