Ahina #5
La pièce était ridiculement petite. La lumière n'y entrait que par une minuscule fenêtre. L'isolation était si mauvaise que le vent et les fumées de cigarettes réussissaient également à s'immiscer à l'intérieur. Tout comme la musique et les cris de la foule, sortie pour profiter de ce jour de fête.
Terh n'avait aucune envie de sortir et de se mêler à eux. Il ne s'était jamais senti à l'aise au milieu de grandes assemblées. Il avait aimé les regarder, depuis le château dans lequel il avait servi depuis son plus jeune âge, mais jamais l'envie de les rejoindre de l'avait pris.
- Il faudra être rapide. Les gardes patrouillent toutes les demi-heures. On s'installera dans la forêt pendant la journée, près d'une brèche dans la clôture des jardins. Ensuite, ce sera Terh qui nous guidera.
Le jeune homme opina en grognant légèrement. Il tourna à peine la tête pour regarder son chef qui donnait les dernières instructions.
- Nous auront vingt hommes sur place. J'ai réussi à retrouver des recrues pour remplacer ceux qui nous ont quitté. C'est Tim, le gars de la boutique de poteries, et Wexy, le poissonnier. Je leur ai donné notre plan.
- Mart, est-ce que tu es sûr que ce soit une bonne idée ? On ferait peut-être mieux d'attendre le prochain conseil.
- Ecoute Terh, si tu ne veux pas participer, tu te barres. On peut faire sans toi. Il faut que tu saches où va ta loyauté. Moi j'aime pas les gars pas loyaux.
La menace était à peine voilée. Les deux personnes qui avaient quitté le clan n'avait jamais été retrouvées, et peut-être qu'être numéro deux du groupe aidait à se faire une idée de ce qu'il leur était arrivé. Terh retourna dans son coin de la pièce. Il savait que Mart n'hésiterait pas à tuer son propre bras droit pour l'exemple, même s'il avait besoin de lui pour son plan.
Terh était le seul à connaître par cœur les couloirs du palais. Il y avait joué des heures en étant enfant. Il pouvait encore visualiser les escaliers qui conduisait de sa chambre de domestique aux couloirs des demoiselles. Il revoyait la lumière qui s'échappait des vitraux, comme si elle sortait d'un kaléidoscope. Elle frappait deux portes voisines auxquelles il était le seul à pouvoir toquer n'importe quand.
Terh repoussa les rideaux, serrant dans sa poche une petite boule de tissu. Un porte-clefs en forme de libellule que ses amies lui avaient donné. Il serra les dents, doutant encore de quelle loyauté suivre. Par la fenêtre, il apercevait le château dans lequel il avait grandi et servi. Dans lequel sa meilleure amie vivait encore. Il s'apprêtait à la trahir. Il se répétait pour la millième fois que ce n'était qu'une question de survie. Ce soir, il allait enlever les membres du conseil. Ce soir il enlèverait la Reine. Il serra la libellule qu'elle lui avait donnée.
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