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Les jours passèrent ; Joey essayait toujours de trouver sa place dans cette nouvelle équipe, dont il connaissait enfin la totalité de ces membres.
Tous étaient des visuels non-transformés, ayant pour la majorité la particularité de ne plus avoir de famille excepté peut-être un frère ou une sœur, ce que Joey ne croyait plus avoir depuis sa séparation avec Ambre.
Sa sœur était une humée et il ne savait pas où elle en était ; était-elle déjà transformée ? Ou morte ? Il n'en savait rien. Il n'avait pas eu de nouvelle, pas d'appel.
Rien.
Pas même des nouvelles de ses parents adoptifs qui devaient tout de même se douter que leurs deux enfants venaient de disparaître, mais aucune recherche n'avait commencé selon les dires des seuls pouvant encore aller en ville.
Et pourtant, ce n'était pas cela qui ennuyait le jeune garçon, c'était le fait qu'il n'avait plus aucune famille, exactement comme dix ans auparavant sauf une indéniable nouvelle issue de secours ; l'équipe.
Alors que l'ambiance qui régnait dans la pièce contrastait avec l'extérieur de la bâtisse, ce qui gagnait le cœur de l'adolescent restait indéfinissable, sachant parfaitement qu'il n'en dirait rien à personne, bien que Matteo restait tout de même à sa disposition. Il savait que la différence de clan au sein d'une même famille était inexplicable et encore insensée pour lui.
C'était donc détruit par ce qu'il ressentait que Joey sortit de la pièce, il devait, -absolument-, le savoir ou bien même la voir.
Malgré les avertissements des autres habitants, le jeune homme partit bien que rattraper avec vitesse par les deux alphas du groupe qui le plaquèrent au sol.
—Mais lâchez-moi ! Je dois voir ma sœur !
—Joey ! Tu n'es pas prêt ! Et si elle était transformée, ton destin sera donc réduit à être tué de ces mains !
—Et alors?! Je préfère encore mourir des mains de ma sœur que de la savoir morte !
—Arrêtes ! Tu es totalement inconscient... Si jamais elle te tue, Sean et moi aurions rater notre mission !
—Vous l'avez déjà ratée ! Vous ne l'avez pas sauvée !
Les deux hommes continuèrent à le maintenir au sol, provoquant de plus grandes vagues de colère de la part de ce dernier. Ils savaient parfaitement qu'ils n'avaient pas réussi, mais de toute évidence, ils avaient dû faire un choix : celui de sauver leur camarade de clan et de faire du destin d'Ambre quelque chose de sombre et sans avenir, ce que Joey ne semblait pas encore comprendre, le mettant encore plus en rogne, ce qui fit que Sean l'assomma, ne pouvant plus entre cet excès de rage.
* * *
Une lueur apparut, s'en suivit par une douleur atroce.
Une jeune femme hurlait, se tenant fermement le visage déjà balafré sous ses cheveux roux.
Une liqueur rose s'écoula de ce dernier, s'écrasant sur le sol, se propageant sur plusieurs mètres avant de disparaître alors que des lettres apparaissaient sur les murs de ce qui semblait être une église, au vu de l'homme habillé d'une étoffe blanche en face d'elle.
Ce dernier, malgré les cris de douleur de la jeune femme, continuait pourtant ce qu'il faisait, éclaboussant le visage de cette dernière tout en récitant dans un même laps de temps une prière latine.
Alors que la prière s'accentuait, des sensations étranges prirent l'homme d'église ; sa respiration se faisait plus difficile, retardant ses nombreuses prières face à la créature qu'il savait démoniaque.
Les yeux noisette du prêtre croisèrent les prunelles émeraudes et vides de la rousse dont les hurlements se permirent d'augmenter tandis que le ton des paroles se faisait plus bas, mais plus intense.
Une nouvelle sensation de brûlure parcourut la jeune femme, elle, qui semblait souffrir depuis tellement de temps, que cela soit physiquement que mentalement.
Toutes les prières perpétuèrent alors que les tourments prenaient en otage les deux parties.
Pourtant, c'était la haine qui régnait entre l'homme d'église lâchant des proses sacrées d'une voix rauque et colérique et une jeune victime qui semblait n'avoir rien demandé ; faisant ressembler cette torture à un éventuel exorcisme démoniaque.
Cependant, les réactions n'étaient pas adéquates, la jeune femme souffrait, mais rien ne sortait, aucune voix, aucune présence de démon. La seule chose qui apparaissait était la liqueur rose sur la totalité du visage pâle de la victime dont l'état physique ne lui permettait pas de se débattre ; ses mains étant enchaînées et plaquées sur son visage abîmé, ses chevilles ligotées contre le mur. Ses cris ne l'aidèrent pas plus, amplifiant la colère noire du prêtre.
Une chaleur enivra s'empara de ce dernier, le laissant suffoquer à nouveau, tout en le faisant tombé, genoux au sol, déprimé de ne pas trouver de solutions ; il avait, -lamentablement-, échoué. Il savait qu'une nouvelle chance lui ouvrirait les portes dés que son état se serait amélioré, mais dans quel laps de temps ?
Il était au courant que les prières agissaient sur la jeune femme, avant de lui cracher dessus, ce qu'aucun prête n'osait faire habituellement.
—Relâchez-moi... Je vous en supplie.
—Ne comptez pas sur moi pour vous rendre la liberté ! Je dois par la volonté de Dieu, de retirer de ton emprise la jeune femme que tu détiens !
—Je n'ai rien fait !
—Vous faites porter à cette fille la marque de Satan ! Vous devez payer de vos pêchés !
À nouveau, l'homme de Dieu se resservit de l'eau bénite pour asperger le visage de l'hôte du diable.
Ne pouvant esquiver le jet ; l'eau entra en contact avec sa peau devenue écarlate au même moment, laissant échapper une fumée des nouvelles plaies qui se cicatrisèrent instantanément, faisant à nouveau retrouver à cet homme, des yeux noirs. Il ne semblait pas vouloir entendre la voix de cette « créature » du diable.
Pourtant, elle savait qu'elle n'était pas comme les autres, mais sans savoir pourquoi ni comment l'homme l'attaquait après l'apparition étrange d'un tatouage dont elle ne connaissait pas elle-même l'existence.
L'énergie des deux individus se trouvait au plus bas. Les yeux de la jeune femme commençaient même à se fermer, bien qu'elle essayait désespérément de rester éveillée. Ses yeux verts scrutaient l'homme, le suppliant encore faiblement de la laisser sortir avant de baisser son regard sur sa propre gourmette dorée. Son nom y était indiqué : Flora E. Midnight.
Malheureusement, elle n'avait plus l'impression de l'être ; son existence étant entre les mains démoniaques de l'homme censé être consacré à la foi et la paix.
Son cœur se serra à cette pensée : Jamais elle ne retrouverait sa vie d'avant, son passé joyeux ; son fils de deux ans, ainsi que son époux. En une nuit, elle avait perdu ses hommes, sans savoir pourquoi.
—S'il-vous-plaît ; j'ai un mari et un fils de deux ans !
—Peux-tu te taire vile créature ?! Tu ne devrais non plus n'avoir d'identité !
—Mon nom est Flora E. Midnight-Young, mon époux est Maxime Julien Young et mon fils se prénomme James Mathieu Young. Je suis barmaid, mon mari est pompier volontaire. Je vous en sup...
La fatigue l'empêcha de terminer sa phrase, son corps tomba quant à lui lourdement sur le sol froid.
Un rire sortit de la bouche de l'homme d'Église avant qu'il n'aille enfermer le corps temporairement inerte dans les anciens cachots du culte. Ne le lui laissant rien pour se nourrir ou même s'hydrater.
Sûre de la mise en « prison » de la jeune femme, l'homme de foi retourna à l'endroit où le message était apparu ; attentivement, il étudia chaque caractère d'un regard inquiet ne comprenant pas la langue de ces typographies.
Que voulaient-elles dire ?
Il n'en savait rien ! Cela lui était tellement étranger. Lui qui voulait éradiquer le démon qu'elle était.
Pour lui, ce message lui donnerait l'indice pour les textes sacrés à venir. Suite à cette analyse, il alla se mettre à genoux face à l'autel du Christ, priant pour se faire pardonner de ses nombreux pêchers.
—Pardonnez-moi de mes pêchers Seigneur, mais je me dois d'anéantir ce démon qui détient cette jeune femme en otage alors qu'elle possède une famille. Je vous pris de me pardonner Seigneur. Merci de répondre à mon pardon Seigneur.
D'un geste lent, il se releva, fit son signe de croix avant de partir vers ses quartiers. Il haïssait tellement ce qu'il se devait de faire, mais cela était important ; c'était paradoxal.
Allumant les lumières ; l'homme d'Église s'installa rapidement tout en prenant plusieurs livres sacrés ainsi que de vieux grimoires afin de trouver les réponses à ses questions.
Des questions beaucoup trop nombreuses pouvant le mener à la haine et à la colère. Rien que d'y penser son cœur rata un battement, suivit d'un second avant de se reprendre.
* * *
Le réveil fut difficile pour Flora, ses mains et ses jambes étaient restées attacher ensemble ayant laisser le temps aux hématomes d'apparaître sur sa peau pâle.
De nouvelles larmes envahirent son visage.
Combien de temps cette torture allait encore durée ? Elle n'en pouvait plus.
Ses larmes redoublèrent alors que les souvenirs de ce « massacre » revenaient alors qu'une faible lueur s'échappa de son front ; cherchant une marque à qui envoyer son appel au secours, qui pour elle semblait sans espoir ; sans issue, la menant vers une mort certaine.
La marque s'estompa de sa lueur, redevenant un simple « tatouage », ce qui n'empêchait pas la jeune femme de chercher un moyen de se dégager, de bouger ses mains de toutes ses forces, sans que rien ne marche.
Tout était perdu, alors qu'un faible espoir était apparu en elle.
Tout n'était donc qu'illusion.
Une illusion à laquelle elle s'accrochait encore, mais qui restait veine, qu'importe ce qu'elle faisait.
* * *
Sean et le reste du groupe discutaient d'un sujet important : Ambre. Tous connaissaient à présent l'histoire de cette fratrie séparée entre les deux camps. Bien que la présence de Matteo n'empêchait rien. Il n'intervenait pas.
Il savait parfaitement ce que son nouveau protégé vivait, s'étant lié par la marque à ce dernier. Il savait ce qu'avait vécu Joey dix ans auparavant ; depuis que sa sœur avait repris le rôle de leur mère, qu'il l'aimait comme cette dernière.
Sean porta son attention à Matteo, comprenant son geste, mais aussi son attitude ; même si lui-même ne connaissait pas la totalité des détails que Joey avait partagé avec son frère. Matteo réagissait avec calme, attendant l'intégration de son protégé. C'était ce qu'il y avait de plus important surtout lorsque l'on était nouveau au sein d'un groupe de semblables.
Pourtant, personne ne savait quand Joey allait revenir à lui et s'expliquer ou encore raconter son véritable parcours, ce qui semblait impensable par la majorité du clan.
Sean fit grincer sa chaise d'un geste froid pour lui permettre de se lever et de se diriger vers la chambre du poulain de son aîné. Si son frère ne le boostait pas, ce serait lui qui le ferait bouger. Qui l'aiderait à oublier la difficulté de cette nouvelle vie, cette fois sans la présence d'Ambre à ses côtés.
Matteo le voyait faire, mais ne bougea point, restant auprès du groupe. Lui aussi voulait que Joey avance, mais seul, sans intervention, mais il ne pouvait pas ne pas laisser faire son frère. Peut-être que le déclic verbal serait d'une importance capitale?
Les premiers éclats de voix de Sean se firent entendre, ils étaient d'une violence que des sanglots du nouvel arrivant s'ajoutèrent, avant que des paroles de haine de ce dernier n'interrompent radicalement les éclats du plus âgé deux deux.
Matteo entendait encore, puis Joey s'arrêta quelques instants avant de crier des appels à l'aide ; comme si la présence et la sécurité que donnait le clan s'étaient volatilisées. Joey donnait donc l'impression d'être prisonnier.
La réaction de Matteo se fit vive. Il entra dans la chambre de l'adolescent avant de se figer. Sean était fixe, ne semblant plus maîtriser la situation. Aucun des adultes ne comprenait. Les yeux de Joey étaient sombres ayant perdu l'éclat de vie qui les animait encore à son arrivée.
—Sean ! Mais qu'est-ce que tu lui as fait ?
—Je n'ai absolument rien à voir avec son état. Ça m'a même étonné qu'il se soit mit dans cette sorte de transe !
—Attends ! Quoi ?? Il s'est mis en transe ? Il n'a pas brisé sa marque, et il a déjà des périodes de transe ?
—Oui ! Sa marque s'est illuminée à l'instant où j'ai essayé de le toucher ! Il n'a pas bronché de douleur comme ceux qui l'ont brisé !
Les deux hommes se fixèrent longuement tout en lançant de temps à autre des coups d'œil à l'encontre de Joey qui se calma au bout de quelques minutes avec les yeux rivés sur le vide.
Il était étrange pour un simple marqué aux yeux des deux « chefs ». Tellement étrange... Et cela les inquiétait ? Quel genre de transe était-ce ? Bien évidemment aucune réponse à leurs questions.
L'adolescent s'était endormi une nouvelle fois.
* * *
Levés vers le ciel, les yeux bleus d'Ambre scrutaient le ciel d'un air maladif. La jeune femme se sentait changée, elle était totalement différente.
Son regard était malade, sombre, vide tout comme le reste de son être. Son frère était mort comme le devait l'être les créatures lorsque le soleil s'était levé. Elle le savait.
Enfin, elle le sentait.
Elle les avait entendus hurler aux premières lueurs du jours, et pourtant elle gardait au fond d'elle un sentiment d'insécurité.
Elle ne savait pas quand ils allaient revenir, et surtout si elle allait y rester à la prochaine rencontre.
Ses membres inférieurs étaient douloureux et ses mouvements intensifiaient cette sensation.
Comment s'en sortirait-elle au final ?
Son téléphone était hors service et de l'infection commençait à prendre place sur les blessures qui couvraient son corps depuis la poursuite.
La peur de mourir avait augmenté l'adrénaline et sa retombée montrait qu'elle avait vécu un étrange événement. Elle se devait de rester forte, de penser à sa vengeance. Elle devait donc trouver de quoi se soigner au plus vite, tout en sachant que personne n'irait la croire lorsqu'elle expliquerait toute sa mésaventure, comme dis ans auparavant lorsque personne n'avait cru son frère. Même elle ne l'avait pas cru, mais il était trop tard pour le regretter.
Elle continua sa route.
Une route longue et sinueuse qui lui faisait face, deux jours qu'elle essayait de s'en sortir. Mais rien, avant qu'elle ne se retrouve sur une route et face à un véhicule dont les deux occupants sortirent.
Elle se figea.
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