-1-
Clic-clac.
Le bruit sourd d'une valise venant d'être fermée par sa propriétaire.
Posée sur son lit, la jeune fille regardait le plafond au travers de ses longs cheveux noirs par ses yeux d'un azur profond.
Son souffle paraissait lent et triste, mais elle ne semblait guère l'entendre ainsi. Ses oreilles n'entendaient qu'une seule et même musique...
Une musique dure et semblant montrer ce que ses expressions faciales démontraient, de plus que ses perles de sel qui coulaient tout le long de ses joues.
Auprès d'elle, un jeune garçon, beaucoup moins âgé qu'elle la regardait, inquiet malgré que son visage en montrât le contraire.
Il l'observait et la seule réaction qu'elle eut était de l'ignorer.
Ce garçon s'approcha, hésitant de cette fille qui semblait le fasciner, mais dans un même temps le terrifier. Sa main parcourut les cheveux de l'adolescente avec une douceur étonnante pour celle qui se retourna et se releva, tout en le fixant quelques secondes.
Des secondes longues auxquelles elle rajouta de la douceur pour le pendre lentement dans ses bras et ainsi provoquer de la part de l'enfant un changement.
Ce dernier se mit à pleurer et se blottit, la serrant fortement.
— Calmes-toi, tout va bien se passer ! Disait-elle d'une façon rassurante, ce n'est juste qu'un nouveau départ, une nouvelle vie !
— Mais Ambre, ce n'est pas juste. J'ai tous mes amis ici...
— Je le sais Joey, moi aussi... Moi aussi...
Ambre, tel était son prénom regarda le jeune Joey. Elle aussi y perdait beaucoup pour ce départ. Elle y perdait tout ce qu'elle avait bâti pendant des années.
Prenant sa valise, elle observa pour une dernière fois la pièce qui autrefois lui servait de chambre, sa chambre.
Elle sortit.
C'était à présent... Un souvenir.
* * *
Le soir tombait, calmant les tensions et le stress d'une longue journée.
Une lampe éclairait le chemin d'une randonneuse de forêt, une randonneuse dont la nuit en masquait les détails physiques.
Elle avait froid, son souffle le montrait d'une épaisse fumée blanche.
Les pas timides et calmes. Ils étaient imperceptibles par rapport aux bruits qu'elle essayait de distinguer.
C'était étrange.
La perception qu'elle obtenait de ses bruits ne ressemblait aucunement à ce qu'elle semblait connaître.
Restant calme, les bruits se rapprochaient d'elle, et cela, avec une rapidité déconcertante.
Un souffle rauque retentit.
D'un geste, elle se tourna, fixant l'endroit d'où venait approximativement le souffle qu'elle eut perçut distinctement.
Elle se sentait perdue... Elle ne voyait rien... Elle l'entendait... Essayant de continuer son chemin, sa respiration rapide et ses membres tremblotants.
La luminosité que sa lampe produisait diminua soudainement, provoquant chez la jeune randonneuse des spasmes de terreurs.
Le souffle continuait pourtant à se rapprocher.
Dangereusement...
Et pourtant, les bruits se faisaient de plus en plus calmes. En réalité, il faisait silencieux.
Scrutant autour d'elle, elle ne voyait toujours rien...
Une sensation d'écoulement la prit au dépourvue. Son regard descendit et elle put voir que du sang s'écoulait de sa jambe jusqu'à s'étendre sur les dizaines de feuilles qui se trouvèrent à ses pieds.
Une incompréhension se lut dans ses yeux, d'une couleur marron. Elle ne savait pas comment tout ceci était arrivé... Attentive à son corps ainsi qu'à sa peur suite à l'entente du souffle plus proche d'elle. Ses mains tâtèrent rapidement son jean.
Trois déchirures se firent sentir sur son pantalon, espacées de plusieurs centimètres. Ses doigts entèrent dans les trous du jean et des plaies étaient présentes.
Comme-ci quelque chose l'avait volontairement blessée.
En se relevant, une douleur se fit présente.
Une douleur se situant dans son épaule gauche, provoquée elle aussi par de profondes et saignantes griffures.
Elle paniqua, cherchant de quoi soigner efficacement ses blessures. Que cela soit une plante, où tout autre traînée de pollution, mais rien.
Soupirant... Suffocant... Souffrant... L'une de ses mains dans ses cheveux pour dégager son front, elle ne visionnait plus rien.
Sa vision était affaiblie.
Un hurlement.
C'était tout ce qu'elle pouvait encore sortir après avoir remarqué que l'une de ses jambes venait de disparaître, laissant derrière elle, une grande marre de sang d'une couleur écarlate, ainsi qu'une douleur foudroyante.
Se rendant compte du danger qui planait, elle essaya vainement de se relever... Avec beaucoup de difficulté.
Elle le sentait...
Sa dernière heure arrivait...
Une sonnerie retentit bruyamment. Laissant des vibrations dans l'une des poches arrières.
Sa main parcourut rapidement son pantalon, prenant cet objet d'un seul geste, son écran afficha un message auquel elle ne répondit pas, se sentant trop proche de sa fin. Elle observa le ciel.
Deux yeux apparurent au-dessus d'elle.
Des yeux d'un rouge perçant dont les iris n'étaient pas noirs, mais d'un bleu océan, ce qui contrastait la manière de regarder ce qui allait la détruire.
Un grognement en suivit.
La jeune femme comprit, sautant sur sa seule jambe pour réussir à s'échapper de cette chose...
Elle ressemblait de plus en plus à la proie facile d'un prédateur indestructible. Un dernier cri...
* * *
Ambre observait le paysage défilant devant ses yeux, seule la ville restait en arrière-plan, dans une nuit très sombre et presque sans éclairage.
Ses yeux bleus n'affichaient plus un seul sentiment.
Tout était perdu.
Joey la regardait, elle le sentait, mais rien... Elle ne bougeait pas.
Ses doigts fins, pâles, caressaient la seule chose qui lui rappelait sa vie passée... Un téléphone.
Un téléphone qui ne s'éclairait guère, ni ne sonnait même. Elle espérait, mais pas assez.
Son regard décrocha, se logeant rapidement dans celui de sa mère, à l'avant du véhicule, qui lui souriait pour lui redonner l'envie de commencer une autre vie.
La voiture avançait à son rythme tout comme la neige qui venait de tomber.
Une neige pas comme les autres.
Celle-ci semblait venir d'ailleurs... Elle était d'un bleu profond, aussi profond qu'un diamant que pouvait scruter Joey.
Jamais, Joey n'avait vu une telle splendeur de la nature, alors qu'Ambre ne le voyait pas de la même manière
Les étoiles disparaissaient devant ses yeux, pour y laisser une neige azur saupoudrer la route, retardant ainsi leur arrivé.
L'indifférence d'Ambre était étrange... Et combien de temps tout ceci allait durer ?
Son attention sur sa sœur restait, et illumina ses yeux dès que cette dernière prit un instant pour le regarder et lui sourire.
Une risette rassurante, qui s'arrêta subitement.
L'une des roues de la voiture venait d'exploser.
Ambre se leva précipitamment, ouvrant la portière du véhicule et vit qu'à ses pieds se trouvaient
des traces de pas.
Des pas étranges... Des pas n'ayant pas l'aspect d'appartenir à un animal ou encore à un humain.
Intriguée, elle s'avança et suivit son père inquiet. Ses yeux se dirigeant vers le cadavre qu'avait laissé la roue.
Une roue qui se montrait déchiquetée.
Qu'est-ce qui a pu fait cela ? Se demandait-elle.
Elle s'approcha et discerna des marques de griffes.
Un frisson la parcourut.
Une main sur son épaule ; son regard repartit sur son père, un homme imposant de muscle, les yeux d'un bleu océan qui allaient à la perfection avec les courts cheveux blonds qu'il possédait. Son air rassurant fit qu'Ambre alla sans encombre jusqu'au coffre, allant chercher l'unique roue de secours.
Joey, lui, regardait, calme et inquiet par la même occasion la scène depuis la vitre arrière. N'ayant jamais vu cela, il admirait le fonctionnement d'une roue de rechange, mais il fut rapidement intrigué par une silhouette se trouvant à quelques mètres de lui, ainsi que de sa famille.
La silhouette était élancée, mais tout aussi courbée, s'avançait vers celui qui la regardait.
Joey pâlit.
Son sang ne fit qu'un tour, sa respiration sembla se couper, alors que la silhouette s'aventurait près de lui. Joey put remarquer rapidement que cette silhouette possédait de longs et fins doigts pourvus d'immenses griffes.
Des griffes aussi lisses que des lames de rasoir.
Joey ferma les yeux, avant de les rouvrir quelques secondes plus tard.
La silhouette s'était volatilisée, Joey n'y croyant pas, se frotta longuement les yeux.
C'était quoi ce truc ??? Se questionna-t-il, très inquiet. Hein et c'est déjà de retour ?
Effectivement, la silhouette était au coin de sa vision et au loin de sa position de départ.
Joey se questionnait énormément, croyant en un rêve qu'il faisait éveiller.
Froid, pensa Ambre, tout en prenant la roue de secours.
Jamais, le froid n'avait pu paraître aussi pesant : la neige se déversait flocon par flocon, recouvrant ainsi le sol d'un épais manteau.
La lumière n'aidait plus, absente, la réflexion de la lumière du soleil par la lune avait disparu sous ses nombreux cumulus ; lorsque Ambre donna la roue à son père ?
Un souffle froid dans le dos...
Ambre se retourna vivement...
Et rien, sauf plus de traces étranges sous ses propres pieds à elle, les mêmes que celles qu'elle avait aperçu quelques minutes auparavant.
Énormément intriguée, elle s'abaissa et étudia de plus près ce qu'elle qualifiait de pas étranges.
Les empreintes étaient anormalement larges, longues, se terminant en pointe tout en gardant cinq orteils supplées d'un coussinet central.
Ambre soupira tout en remarquant que son père venait de terminer le changement. Elle se dirigea vers sa place près de son frère, laissant à présent son père prendre le temps de démarrer.
Ses nouvelles pensées se tournèrent vers le téléphone, au fond d'écran glauque, représentant une automutilation des lèvres.
Personne ne lui avait encore répondu à ses nombreux messages qu'elle leur avait transmis avant de les quitter. Ses doigts se dirigèrent vers sa galerie de messages, puis de lui faire écrire un texte particulier.
De : Ambre.
À : Éléanor.
Message :
Éléanor,
Voilà maintenant plus d'une heure que je suis partie pour une nouvelle vie, mais aussi, cela fait le même temps que j'attends des réponses de ta part à ce que j'ai pu te transmettre dernièrement.
Je sais que tu ne supportes pas mon départ qui te rend si triste. Et en aucun cas, je ne voulais te blesser, sache-le. Tu as été comme la sœur que je n'avais jamais eue, et tu me manques...
J'espère que tu me répondras comme tu en as toujours eu le don. Tu es tout pour moi... Et cela ne changera jamais.
Tu sais qu'en plus de ma part, que même si je devrai me faire de nouveaux amis ainsi que de nouvelles rencontres. Je ne t'oublierais jamais et tu seras la seule dans mon cœur.
Je t'aime ma sœur.
Ambre.
Le message envoyé. Ambre ferma les yeux, s'endormant.
Joey observait sa sœur se laisser aller dans les bras de Morphée, elle lui semblait paisible. Un peu trop même.
Lui était pourtant dans l'état contraire. La silhouette qu'il avait aperçue, semblait toujours lui venir d'ailleurs.
Il le sentait, s'en doutait même.
Ses mains touchèrent la vitre gelée, dont le froid en prenait le dessus. Ses yeux fixèrent le sol, ainsi que le paysage qui se recouvrait de poudreuse.
Malgré tout, cela lui réchauffait le cœur ; sauf une parcelle assombrie par tous les changements qu'il emmagasinait.
Une musique retentit.
Douce, bruyante.
Comme un appel, un appel proche qu'il perçut comme appel que sa sœur recevait.
Un seul nom affiché...
Éléanor.
* * *
Une jambe en moins.
La jeune randonneuse essayait temps bien que mal de s'en sortir.
Elle essayait de ne pas faire revenir la chose qui l'avait attaqué physiquement.
Mais pourtant, elle ne le sentait plus, ce qui ne l'empêchait pas de ramper pour s'en sortir. Appelant à l'aide dans une voix où se mélangeaient la douleur et la détresse.
Son avancée ne semblait exister.
Pourquoi, c'est si douloureux... Si horrible. Pensa-t-elle... Il faut que j'arrive à rester en vie, avant qu'il ne soit trop tard et qu'il ne revienne.
Une lumière lointaine rentra en contact avec ses yeux.
Ce qu'elle distingua était des phares... Ceux d'une voiture plus précisément.
Sa voix se fit plus grave et plus haute, pour lui permettre de lâcher tous ses sentiments. Lui permettre aussi de faire remarquer sa présence.
Mais rien n'y fait.
Elle prit fermement son téléphone et en activa sa lumière.
Un espoir...
La neige lui brouillait la vue, le froid lui s'accaparait sur ce qui restait de sa jambe – la brûlant même-, ne savant que faire d'autre, elle s'obstina à avancer.
Son cœur palpitait à la même allure que ses espoirs de survie s'atténuaient.
Était-ce la fin ?
Ses yeux regardèrent faiblement sur sa gauche.
Elle le voyait.
Sa respiration se coupa.
Elle savait qu'elle ne devait pas se montrer, ne pas prouver que sa présence était encore importante, mais c'était trop tard...
La chose la vit... Se léchant les babines d'une langue rougeâtre, mais sur laquelle s'ornait sur une quasi-totalité un tatouage violet aux reflets exquis.
Les yeux de la randonneuse se scellèrent lentement en voyant le soleil apparaître.
D'une main, elle essaya de s'en protéger, lui laissant en même temps le temps de voir la chose.
Cette chose qui laissait son tatouage brillé à la lueur du soleil nouveau.
Les griffes de la chose diminuèrent, laissant place à des doigts de forme humaine, et de couleur humaine. En fait, ils étaient humains, mais tout de même abîmés.
Subjuguée... N'en revenant pas... La jeune fille cria de peur et de douleur.
Une douleur qu'elle ressentait, mais qu'elle subissait en un même instant. Sa jambe perdue quelques heures auparavant repoussait lentement marquée de cicatrices.
Au plus sa jambe repoussait, au plus la douleur était grande, mais aussi la chose devenait humaine.
La chose perdit ses poils d'un brun sanguinaire pour laisser place à des cheveux roux. Ses yeux rouges devinrent des yeux d'un vert émeraude chatoyant et enfantin.
Le regard de ce jeune homme qui renaissait croisa celui de la jeune femme, qui lui donna des sentiments d'horreur, ce qui lui provoqua un abaissement de la tête.
— Je suis désolé, dit-il. Pardonne-moi !
— Va-t-en !! Ne t'approche pas de moi... Disait-elle entre deux cris de douleur.
— Mais... Je ne savais pas ce que je faisais... Est-ce que ça va ?... Je ne voulais pas te faire souffrir...
Aucune réponse ne se fit entendre.
Il se tourna, prenant un couteau dans sa poche. Il savait comment tout se déroulait, en particulier lorsqu'un membre repoussait.
Ses yeux laissaient place à la culpabilité, tout en approchant lentement son couteau de la poitrine de la jeune femme.
Un simple « Désolé » sortit de sa bouche, lorsque sa lame entra dans le cœur de la jeune randonneuse.
Un filet de sang se mit à couler hors de la plaie, se trouvant sur sa poitrine. Son arme ensanglantée sortit lentement.
Le jeune homme la releva et s'acharna sur la tête de la jeune femme, mettant réellement fin à ses jours.
Lorsqu'il finit... Son couteau à la main, il s'en alla...
Laissant juste un corps derrière lui.
Un corps sans vie.
* * *
Le soleil éclaira doucement le visage d'Ambre qui se releva doucement.
Sa vision se porta sur son jeune frère, endormit contre son siège auto.
Les cheveux blonds de ce dernier s'illuminaient sous les rayons écarlates de l'étoile déjà présente depuis quelque temps.
Le regard apaisé face à cette scène. Ambre resta ainsi plusieurs minutes avant de se retourner vers le sujet qui lui prenait toute son attention la veille.
Activant son écran de téléphone, Ambre remarqua qu'elle avait raté un appel. L'appel qu'elle attendait depuis longtemps, celui de la personne qu'elle souhaitait le plus. Celui de sa meilleure amie.
Ses doigts frêles appuyèrent sur la touche d'appel.
Une sonnerie se fit entendre.
Une deuxième...
Ainsi qu'une troisième et d'une quatrième.
Enfin, le répondeur...
À l'écoute de ce dernier, Ambre parut bizarre. Il ne s'agissait plus de la même ouverture de répondeur. Elle était différente, comme-ci sa meilleure amie venait de l'abandonnée, de l'oublier.
Devait-elle comprendre que la fin de leur amitié avait eu lieu, sans qu'elle n'en puisse être informée ?
Son cœur rata quelques battements.
Ses larmes coulèrent, mais un bruit sourd retentit.
Destructeur.
Une fuite aiguë sortit de sa bouche, sa tête cognant plusieurs fois de suite la vitre contre laquelle elle se tenait lors de son réveil.
La voiture tournait sur elle-même, détruisant son toit, ses vitres, son pare-chocs ainsi que ses passagers.
Le silence suivit.
Immobile.
Des minutes pesantes passèrent.
Des minutes qui se brisèrent un instant.
Cet instant dans lequel sortirent Ambre et Joey, et cela, dans un triste état... Leurs peaux étaient amochées, tout comme leurs vêtements.
Ambre déposa son frère au sol, reprenant son souffle.
Joey la regardait, essayant de marcher jusqu'à elle. N'y arrivant pas... Ses os semblaient avoir été gravement touchés, voir même fracturés.
Ambre le vit et le reprit dans ses bras.
Les larmes au bord de ses yeux, la joie et la douleur la rassuraient d'être encore en vie et d'avoir encore son frère auprès d'elle et non dans les bras de la mort comme l'étaient leurs parents.
Une mort due à la violence du véhicule suite à sa rencontre avec plusieurs plaques de verglas...
Les heures s'écoulèrent à une vitesse déconcertante avant que de simples passants ne découvrirent le massacre, les gestes qu'ils firent furent une délivrance pour ces deux jeunes orphelins au bord de la route.
En voyant le piteux état des orphelins, la jeune femme, ne dépassant la trentaine, d'un physique hors du commun avec ses cheveux bruns et ses yeux gris, posa sa main sur l'épaule d'Ambre, qui sursauta à ce simple contact.
Le regard plein d'incompréhension sur la mort de ses parents.
C'était pourtant un nouveau départ, mais je ne la voyais pas comme cela !!!, hurla-t-elle au plus profond de son être. Nous devions vivre heureux en famille, c'était ce qui était prévu...
Son frère dans ses bras, elle ne put s'empêcher d'entrer dans les bras de ses sauveteurs inconnus. Ils leur avaient sauvé la vie sans qu'ils ne puissent leur demander quoi que ce soit. La jeune femme sourit doucement, la serrant, analysant au même moment chaque dommage physique des deux plus jeunes : pour Ambre, elle constata un front rempli de sang, des coupures recouvrant la plus grande partie de son visage, alors que pour Joey elle décela des jambes dangereusement endolories.
Appelant les secours pour les jeunes enfants, elle ajouta que deux cadavres se trouvaient dans le véhicule accidenté d'où s'étaient échappés les deux enfants. Lorsqu'elle eut fini, elle remarqua avec stupeur qu'ils regardaient avec peur cette forêt. Elle s'approcha.
— Au fait, les enfants... Je sais que vous ne me connaissez pas, et que vous ne voulez pas me faire confiance... Mais je tiens à vous dire que je suis désolée de ce qu'il vous ait arrivé... Vous ne le méritiez pas... Je me présente, je suis Sarah Storm. Et je veux bien prendre le temps de savoir ce qu'il s'est passé. Si vous êtes bien sûre d'accord de vouloir me le dire ? , disait-elle dans un calme plat.
— D'accord, madame... Je m'appelle Ambre et lui, c'est Joey mon petit frère, prononça-t-elle choquée. En fait, je venais juste de me réveiller, et j'ai regardé mon frère dormir. Il était juste à côté de moi, puis j'ai vu mon père perdre le contrôle de la voiture... C'était horrible... La voiture tournait sur elle-même avant de se mettre à faire des tonneaux. Ma tête a cogné plusieurs fois la vitre et puis plus rien... Je ne sais plus ce qu'il s'est passé entre cet instant et jusqu'au moment où je me suis réveillée. Là, j'ai vu Joey en larmes, blessé dû à tout ce qu'il s'est passé. Mais pour mes parents, ils étaient déjà morts... Ils sont morts et je n'ai pas su les aider... Je suis désolée Joey...
— Ce n'est pas ta faute Ambre, annonça son jeune frère lorsqu'il voyait toutes les larmes de souffrance de sa sœur se fracasser sur le sol. Ce n'est pas ta faute...
Sarah regarda les deux orphelins.
Ils ne savaient rien de l'accident qui leur a arraché leurs parents. Ils ne savaient pas ce qu'il s'était réellement produit. Ce n'était que des suppositions.
Son attention sur le frère et la sœur, elle entendit rapidement les secours arrivés. Ambre tenait toujours son cadet dans ses bras, à vrai dire, il était tout ce qu'il lui restait dans la vie.
Les secours présents...
Ils prirent en charge les deux enfants du couple défunt. Faisant tout autant attention aux gestes qu'ils entreprirent sur le plus jeune pour ne pas aggraver son état.
Tout était dur.
Pour Joey, tout ceci, jouait sur son mental et sur son physique. Au niveau de ses jambes, un bon grand nombre de fractures fut comptabilisé. Des fractures de grandes ampleurs, de différentes tailles, mais aussi de différents espacements entre les fragments d'os.
Côté mental, Joey paraissait terrifié.
Il ressentait la même peur, qu'au moment où il avait remarqué la silhouette, la veille même de l'accident.
Cette peur lui était transmise par le regard de sa sœur, seulement à quelques mètres de lui. Il sentait qu'elle avait peur d'être loin de lui.
Le vent soufflait, soulevant les cheveux de la jeune Ambre, faisant découvrir une marque n'ayant jamais fait partie de son corps.
Une marque de teinte rose et violacée, représentant un symbole mystérieux.
Les formes du symbole étaient indescriptibles, le tout dans une des nombreuses sous-créations d'un sarcophage...
Joey le remarqua et des flashs parcoururent son esprit. Cette marque, il l'avait déjà vu, il en était sûr.
Il se souvint qu'elle se situait sur l'épaule de sa silhouette, mais dans une couleur différente. Baissant la tête d'une vitesse remarquable à la suite d'une douleur, ses yeux laissèrent des larmes sortirent ainsi qu'un simple cri de douleur, mais aussi de stupéfaction.
Une forme s'inscrivait sur sa jambe encore non plâtrée, elle aussi indescriptible, dans des tons de rouges et de noirs d'une harmonie parfaite, que même l'un des ambulanciers le remarqua.
L'homme se recula, laissant ses coéquipiers s'occuper du jeune Joey et semblant savoir quelque chose.
Joey, lui, en était perdu... Il était marqué tout comme sa sœur, et cela, d'une manière que même une personne rationnelle ne comprendrait pas.
L'ambulancier reprit son souffle, appelant deux de ses collègues policiers, ainsi qu'Ambre pour savoir ce que tout cela pouvait signifier. Son regard se dirigea vers la marque de la jeune fille, alors elle aussi en était marquée. Il comprit que les deux jeunes étaient maintenant dans un même et unique destin. Un destin sans aucun doute étrange.
—Hmm... Puis-je vous demander quelque chose les enfants ? Questionna l'ambulancier d'un ton lent.
—Je ne sais pas... Répondit Joey, le cœur lourd et battant comme un tambour.
—Avez-vous vu quelque chose ou eu une réaction étrange avant l'accident ou encore avant de vous endormir hier ? Continua l'homme, très inquiet dans ce qu'il entreprenait.
—Moi oui... J'ai aperçu un animal étrange... Il était debout comme nous, un peu courbé aussi. Il avait de grosses griffes ressemblant à des lames... Il était horrible, sa peau était comme déchirée et cachée par les arbres qui l'entouraient. Dit calmement Joey, les yeux clos comme pour se souvenir de tout ce qu'il pouvait encore avoir en mémoire.
—Un truc étrange ? Vous dîtes... Reprit Ambre. Moi par contre, j'ai entrevu des traces de pas dans la neige et cela ressemblait à un mélange entre le pied d'un humain et de la patte d'un animal... Enfin, cela semblait être une chose d'hybride... Ensuite, j'ai pu ressentir un souffle froid dans mon cou, alors je me suis retournée sous le regard de mon père, qui lui d'habitude était frileux, mais il n'eut aucune réaction.
L'expression du policier se figea avant de se transformer en une expression de terreur. Son regard roulant sur chacun des enfants.
Pourtant, il était tout aussi inquiet de ce qu'il se passait... N'en connaissant aucune des causes de cet accident.
Les regards du frère et de la sœur se croisèrent, mais ce croisement ne fut pas comme les derniers qu'ils ont pu se faire. Dans le regard de Joey ; Ambre y pouvait voir de la peur... La peur de mourir, de mourir seule, mais aussi celui de la peur de vivre toutes les souffrances. Tout cela inquiétait la jeune femme, une inquiétude pire que celle rencontré avant la mort de ses défunts parents et pourtant ces visions la chamboulèrent avec une immense intensité, alors que son jeune frère n'était encore qu'un enfant de cinq ans.
Un enfant qui n'avait pourtant jamais voyagé et se trouvait si loin de cette vie remplie d'injustice et pourtant les yeux de ce dernier l'apaisaient comme lui soufflant une part de joie avant qu'il ne baisse la tête.
Que pouvait-il bien voir dans le regard de sa sœur ?
La vision qu'il recevait des yeux de sa sœur était magnifique, remplie d'espoir, de joie ainsi que d'amour, ce qu'il n'avait plus depuis quelques heures. Ces visions allèrent de la naissance d'un enfant à l'homme gagnant une compétition. Cela lui était étrange...
Aussi étrange que la sensation du deuxième plâtre lui donnait... Il demanda les bras de sa sœur, à présent elle était la seule à pouvoir le rassurer.
Il se blottit contre elle et un long silence se fit entendre, plus aucuns sons n'arrivèrent à leurs oreilles, ne laissant les deux enfants dans leur « monde » quasi-détruit.
Avait-il seulement dû attendre que leur parent décèdent pour que frère et sœur puissent si facilement se rapprocher et vivre correctement ensemble ?
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