14. Confessions sur l'oreiller (2)
Bien le bonjour tout le monde ! Comment allez-vous ? ^^
Voici donc la dernière partie du chapitre 14 sur les confessions entre G et G :)
En média, c'est avec un plaisir non dissimulé que je vous présente un dessin de Gigi réalisé par @Mysmel0 que je remercie et à qui je dédie ce chapitre :). Il m'a inspiré la fin de la scène et j'adore les petits détails qui permettent de bien identifier notre héroïne : sa coupe au réveil, son air malicieux, son tee-shirt Cthulhu et son amour pour les crêpes !
Laissez-moi vous parlez un peu de Mysmel0, car avant d'être lectrice elle est aussi auteure sur Wattpad et moi-même je suis son histoire : Permis de vie. Si vous aimez les dystopies et les romans chorals avec plein de bons personnages fort attachants (d'autres le sont beaucoup moins mais on adore les haïr ^^) alors allez-y, foncez les yeux fermés ! Outre les personnages, le style et l'intrigue sont de très bonne facture :)
Sur ce je vous souhaite une agréable lecture :)
14. Confessions sur l'oreiller (2)
Giorno l'avait laissée s'exprimer sans interruption. Il aimait voir qu'elle se confiait à lui sans réserve, exposant ses failles et ses travers. Ce qu'il détestait en revanche, c'était d'imaginer qu'on ait pu porter la main sur elle et réveiller sa vulnérabilité. Revoir la détresse perler aux coins de ses yeux lui donnait des envies de meurtre.
Entre deux reniflements très discrets, elle avait achevé en secouant la tête :
- Au final ce ne devait pas être ma mère. J'ai dû délirer... Ce serait pas la première fois que je me prends pour une héroïne de roman. Tu dois penser que je suis un peu tarée d'avoir sauté au cou d'une inconnue... Conclut-elle finalement dans un sourire miteux et forcé.
Pour réponse, Giorno lui saisit le menton avec douceur et dans une pure bienveillance, il l'embrassa sur le front.
À la lumière de cette histoire, il comprenait mieux la propension de sa belle à agir étrangement. Son impulsivité et son tempérament rêveur, parfois déviant, se justifiaient au regard de ses mécanismes de défense. Il avait envie de la serrer contre lui, de lui dire qu'il était maintenant là pour la protéger de tout, y compris d'elle-même. Mais en toute raison il se retint. Il savait déjà que Gigi avait horreur d'être prise en pitié. Tout comme elle refusait qu'il la considère comme « une petite chose fragile », pour citer ses propres mots.
Alors il se contenta de lui répondre en prenant bien soin de ne pas heurter sa fierté :
-Non Gigi. Je ne pense pas que tu sois tarée. La réalité n'est jamais qu'une fiction exacerbée et nous sommes tous, en quelque sorte, les héros de nos propres vies. Si te réfugier dans des schémas de fiction te rassure et te permet d'affronter tes problèmes, je ne vois pas où est le mal. Quant à cette femme qui t'a rejeté, n'y pense plus. Souviens-toi de celle qui a pris soin de toi quand tu étais petite. Chéri chaque souvenir que tu as d'elle. Je suis sûr qu'elle garde un œil sur toi depuis le ciel.
Plus que l'apaisement de ses mots, ce qui la faisait rougir de bonheur, c'était qu'elle se sentait comprise et acceptée pour ce qu'elle était. Avec ses tares et ses excentricités. Et à ce jour, il n'y avait guère eu que Gwen et son père qui en avaient été capable.
- Tu sais, c'est très gentil ce que tu dis. Et quant au paradis, ça reste une belle image, mais je n'y crois pas, répondit-elle d'une petite voix.
- C'est dommage. C'est un endroit magnifique et très réconfortant.
L'espièglerie commença à renaître sur le visage de Gigi.
- Pff... à t'entendre, on croirait que tu y es déjà allé.
- Précisément. Cette nuit, dans mes songes, j'ai parcouru l'enfer et le paradis.
Son ton si sérieux, presque mystique, rappela en fanfare l'insatiable curiosité de sa belle.
- Raconte-moi !
Le changement de sujet avait opéré en elle un brusque regain de bonne humeur et comme une bipolaire qui joue à pile ou face, elle arborait désormais un grand sourire. Impatiente d'entendre son récit, elle s'installa confortablement sur le ventre, appuyée sur ses coudes, tenant son visage curieux et enjoué entre ses mains.
Devant un tel enthousiasme, le beau vénitien ne se fit pas prier pour raconter.
Très vite, Gigi avait été happée par la manière dont il lui avait résumé les trois phases de son cauchemar. Sa voix était vibrante, terrible à certains moments. Son ton et les mots qu'il employait rendaient ses visions vivantes, presque palpables. Alors qu'avec éloquence, ses paroles la faisaient voyager au cœur des motifs ancestraux qui illustraient ses peurs inconscientes, elle se mit à profondément admirer ses talents d'orateur. Et quand il eut fini, elle récapitula avec la mine concentrée d'une inspectrice de conscience.
- Si je résume bien, tu as donc rêvé de ton père, et du lapin qu'il t'a forcé à tuer. Puis c'est la descente aux enfers. Là tu dois combattre tes démons dans le lac gelé. Puis tu rencontres un ange qui te fait accéder au paradis. Et enfin, dans le jardin d'Éden, tu vois une renarde qui te rappelle la louve de Rome... Et ensuite ? Ça se finit comme ça ? A quel moment je suis censée mourir ?
Soucieux de ne pas l'effrayer outre mesure, Giorno avait éludé bon nombre d'épisodes. Principalement les plus personnels, comme le sauvetage avorté de Carmine et la libération de ses proches sur le flanc de la montagne. Par ailleurs, il se garda bien de lui dire que c'était elle, la fameuse renarde du paradis. Tout comme il ne dit mot concernant la peinture qui la représentait enceinte de lui. Et en répondant à sa dernière question, il demeura tout aussi évasif :
- Juste après. Le jardin prend feu. Tu es là. Tu es nue dans mes bras et les flammes nous consument.
- Alors toi aussi tu meurs ?
- Moi, je retourne en enfer. Avait-il conclu.
Gigi n'était pas une personne particulièrement empathique, mais elle avait été soufflée par le récit de Giorno. Il lui apparaissait soudain plus torturé et plus complexe qu'elle ne l'aurait cru et mille questions lui étaient apparues, comme autant de pistes qui auraient pu élucider le déroulé apocalyptique de son rêve. Pourtant, une fois qu'il lui avait révélé la place qu'elle avait eue dans ce songe, elle avait simplement tout oublié, ses conjectures se perdant dans une analogie du motif des amants maudits. Puis, voyant qu'il la sondait du regard, probablement dans l'attente d'une réaction ou d'une réponse de sa part, elle lui dit avec honnêteté :
- Je suppose que ça explique ton réveil difficile. Je ne m'attendais pas à ça. C'est beaucoup plus complexe que ce à quoi je m'attendais. Je ne sais pas si je vais réussir à analyser tout ça.
- Et ça me va très bien bella mia. Ne te sens surtout pas obligée de jouer les disciples de Freud avec moi.
- Ah oui pardon. J'oubliais, surtout pas de tentatives de psychanalyse hein...
Elle essaya vraiment (pendant quelques secondes) de le laisser tranquille. Mais c'était plus fort qu'elle et les questions la démangeaient plus affreusement qu'une piqûre d'ortie. Elle voulait le comprendre, le forcer à se dévoiler encore plus et percer le mystère qu'il représentait pour elle. Et comme Gigi n'avait jamais appris à se retenir, dans quelque domaine que ce soit, elle était aussitôt revenue à la charge :
- Tu sais, en sachant maintenant ce que ton père t'a forcé à faire, je crois déjà mieux cerner ton besoin de contrôle et de domination. Tout ça vient de là n'est-ce pas ?
- La manière dont il m'a éduqué n'est pourtant pas une excuse. Il est mort quand j'étais encore très jeune. J'aurais dû passer outre.
Avec soulagement, elle constata que Giorno ne semblait pas si rétif à lui faire quelques confidences supplémentaires. Alors armée de son inégalable curiosité, elle exploita le filon.
- Que lui est-il arrivé ? Tu avais quel âge ?
- Un assassinat. Avec ses agissements, ça lui pendait au nez. J'avais huit ans.
Son ton était placide, mais les révélations étaient loin d'être anodines et Gigi s'en voulu presque de l'obliger à remuer un aussi lourd passé.
- Je suis désolée...
- Ne le soit surtout pas. C'est peut-être horrible à dire, mais dès l'instant où il est mort, ma mère et moi avons pu revivre. Je ne l'ai jamais pleuré, jamais regretté. Et je lui ai succédé en me faisant la promesse de ne pas devenir comme lui...
- Il était donc si monstrueux ?
- Pire que ce que tu peux imaginer Gigi. Dire que c'était un sale type serait encore trop réducteur. Je ne l'ai connu que cruel, misogyne, sadique et mégalomane... Je pense que mon père était un malade, obsédé par la puissance et fasciné par l'essence du mal. Plusieurs fois je l'ai vu s'adonner au satanisme, pratiquer d'étranges rituels, des messes noires, des orgies. Je pense que dans sa folie, il pensait que tout ça lui assurait le pouvoir. Et ce qui me terrifie, c'est de me dire que son sang coule dans mes veines. Et que ce mal, cette soif de domination, peut-être que je les porte en moi comme une maladie héréditaire.
Elle ne s'était pas attendue à ce que l'enfance de Giorno soit encore plus gratinée que la sienne. Et dire qu'elle avait osé se plaindre comme une petite malheureuse de l'absence de sa mère... En comparaison, elle n'osait imaginer les traumatismes et les ravages qu'avait pu engendrer l'éducation d'une figure paternelle aussi profondément dérangée. Même si ce n'était pas son fort, en repensant aux mots si justes et si bienveillants que le vénitien avait eut quand elle s'était confié à lui, Gigi éprouva soudain le besoin de le consoler à son tour.
- Je vais te dire ce que j'en pense. Le bien et le mal ne sont pas des essences. Ce sont des concepts somme toute relatifs selon les cultures et les croyances. Si les deux existent, c'est à travers notre conception de la justice et l'expression de notre conscience. Je doute que le mal puisse être une entité qui se transmettrait par le sang. Tu es maître de tes choix et de tes actes Giorno. Et si tu as décidé de ne pas ressembler à ton père, alors tu n'es pas comme lui.
- Puisses-tu avoir raison bella mia, fit-il d'un ton qui trahissait plus l'espérance que l'assertion.
- J'en suis persuadée !
Elle avait presque bondi sur le lit pour appuyer ses paroles, puis en levant le doigt comme l'aurait fait une maîtresse d'école, elle poursuivit :
- Regarde ! Ton père vénérait le Diable, alors que toi, tu sembles clairement tourné vers Dieu. Et même si tu es un peu macho, clairement dominateur et peut-être même un peu sadique sur les bords...
- Tu es sûre que tu essayes de me rassurer là ? l'interrompit le beau vénitien, amusé par sa maladresse et son honnêteté.
- Attends laisse-moi finir. Tout ce que je veux dire c'est que, comme tout le monde, tu as tes travers. Mais contrairement à ton père, tu ne sembles pas pousser le pire de toi à son paroxysme. Je suis sûre que tu n'es ni cruel, ni misogyne, ni mégalomane, encore moins sataniste et certainement pas fou !
Son ton péremptoire et son ardeur à essayer de le convaincre ne manquèrent pas de faire sourire Giorno. À sa manière, toute brusque et maladroite, elle était en train d'essayer de le rassurer.
- Merci Gigi.
- Merci de quoi ?
- D'être toi, d'exister.
Sans lui laisser l'opportunité de répliquer, il l'allongea sous lui pour aller cueillir ses lèvres et l'embrasser amoureusement.
Leur épanchement mutuel avait eu sur lui l'effet de longs préliminaires. Plus il apprenait à la connaître et plus il la désirait. Son ivresse pour Gigi n'avait pas d'égale, meilleure que le vin, elle allumait en lui un immense et crépitant feu de joie. Ses mains parcouraient son corps, glissaient sur les territoires déjà conquis de ses hanches, de son ventre... Quand soudain, au beau milieu de ce baiser torride, un gargouillis retentissant s'échappa de la belle. Et Giorno comprit qu'en cet instant, c'était de nourriture que sa panse désirait le plus ardemment être rempli.
- Dis-moi Gigi, qu'est-ce que tu as l'habitude de manger au petit déjeuner ? lui demanda-t-il en se forçant à calmer ses ardeurs.
Ses délicieuses petites lèvres purpurines se retroussèrent et elle répondit sans hésiter :
- Hum, tu aurais de quoi faire des crêpes par hasard ?
À ces mots, des bribes de son rêve à elle lui revinrent en mémoire...
Dans une vieille bicoque bretonne toute en pierres grises, elle attendait au bout d'une gigantesque table. Toute petite au milieu de la pièce, perchée sur une haute chaise, elle brandissait couteau et fourchette, s'amusant à les faire résonner contre le bois dur avec l'impatience d'une enfant capricieuse et affamée. À l'autre bout, devant l'âtre d'une cheminée, se tenait son père Billy aux côtés d'une femme brune qui s'affairait aux fourneaux. Comme hypnotisée, Gigi observait une des crêpes tournoyer dans les airs au ralenti, si bien qu'elle remarqua à peine le tendre baiser que son père avait déposé dans le cou de la cuisinière.
La crêpe ne retrouva jamais le chemin de la poêle ardente et elle s'échoua mollement sur le sol couleur rouille de la chaumière.
- Papa ! Cette crêpe-là était pour toi. Ça t'en fait une en moins !
Lui répondant d'un mince sourire, Billy s'était occupé de la nourriture gâtée, ramassant la fine galette pour la jeter dans le feu. En proie à une triste sensation de déjà vue, Gigi observa avec attention son père remuer les braises de l'âtre où s'était consumé la malheureuse crêpe. Puis soudain, la cuisinière avait déposé une assiette fumante et débordante sur la table, juste sous son nez.
- Ne t'inquiète pas Gigi, j'en ai fait pour un régiment. Il y en aura bien assez pour nous trois. Allez sers-toi ma chérie.
Et alors que Gigi se fendait d'un énorme sourire, elle reconnue l'odeur si alléchante et si caractéristique des crêpes ancestrales. Celles que seule sa meilleure amie savait délayer à la perfection. Et en levant le nez pour mieux observer la cuisinière, elle reconnut bel et bien le visage familier de Gwen.
En se souvenant de tout ça, la jeune française se demanda ce qu'avait bien pu essayer de lui souffler son inconscient :
Qu'au-delà d'être comme une sœur, Gwen était pour elle comme une mère ? Que ses crêpes étaient indiscutablement les meilleures de Bretagne ? Qu'elle avait crevé la dalle toute la nuit et qu'encore ce matin, la faim la tenaillait ? Ce fut finalement sur cette dernière question de moindre importance qu'elle délaissa l'introspection. Et alors que son Vénitien la menait à la cuisine, elle se demanda si ses crêpes avaient une chance de rivaliser avec celles de sa meilleure amie ?
Et contre toute attente, la réponse fut oui !
Voilà, voila ^^ Désormais nos deux protagonistes en savent un peu plus l'un sur l'autre.
J'ai essayé de faire une sorte de transition à la fin du chapitre car la semaine prochaine, je vous réserve un petit focus sur Gwen et ce qu'il s'est passé avec Carmine. J'espère que vous apprécierez car je suis pas sûre de mon coup ^^' (Il s'agira d'un chapitre en deux parties).
Sur ce, encore merci et prenez bien soin de vous <3
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