Chapitre 8
L'arrivée à Port-Royal se fit en toute discrétion, de nuit, au milieu d'une vive tempête. Le gros navire fut amarré en retrait du port et Elizabeth fut débarquée à lueur de lanternes, enveloppée dans une grande cape en cuir.
Tour d'abord, elle pensa que son père ne voulait pas que toute l'île soit au courant du retour de sa fille effrontée, mais, alors qu'on l'a conduisait à l'écart de la grande maison du Gouverneur, ignorant les questions du Capitaine Moras, la jeune femme comprit...
— Mademoiselle Swann...
Elizabeth repoussa le capuchon de sa cape et regarda autour d'elle. On l'avait conduite dans une cave, il y faisait très chaud et un nez avisé pouvait sentir les effluves d'un dîner.
— Qui êtes vous ? demanda la jeune femme en regardant l'homme debout en face d'elle, plongé dans la pénombre.
Seul son grand chapeau à plumes était visible dans les ténèbres et Elizabeth commença brusquement à éprouver un mal-être grandissant. Soudain, l'homme avança d'un pas et un bruit se fit entendre, un bruit étrange, comme celui d'une canne sur du plancher. Elizabeth fronça les sourcils.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle. Un pirate ?
— Oh... Enfin Mademoiselle, je ne suis pas un pirate, voyons... roucoula l'homme. Je suis LE pirate !
Elizabeth plissa les yeux.
— Où est mon père ? demanda-t-elle alors. Pourquoi m'a-t-il fait rentrer à Port-Royal alors que...
— Votre père ? Allons... Mais le Gouverneur Swann n'est même pas au courant que vous avez quitté l'Angleterre !
Elizabeth entrouvrit la bouche, surprise et l'homme posa un doigt sur son menton et semblait réfléchir.
— À vrai dire... commença-t-il. Hm non, il ne le sait pas.
Elizabeth avala sa salive et se reprit.
— Mais alors qui êtes-vous et pourquoi m'avez-vous enlevée ? demanda-t-elle. Si vous êtes un pirate, vous devez connaître Jack Sparrow et je suis sa femme, il viendra me chercher, il vous traquera, où que vous serrez !
L'homme haussa un sourcil puis esquissa un sourire qui révéla des dents pourries.
— Mais c'est bien mon intention, Mademoiselle Swann... Oh ! Veuillez m'excuser... Madame Sparrow !
L'homme s'esclaffa grassement et Elizabeth réalisa alors qu'il y avait tout un équipage autour de ce bonhomme.
— Qui êtes vous ? redemanda alors Elizabeth. Répondez !
— Qui je suis ? Je ne suis pas certain que mon nom vous dise quelque chose, mais sachez une chose... J'attends Jack Sparrow de pied ferme car il a quelque chose qui m'appartient et que j'ai la ferme intention de récupérer. Donc qu'il vienne et je serais ravi !
Les autres pirates se remirent à rire puis le Capitaine fit quelques signes en donnant des ordres et Elizabeth fut conduite à bord d'un autre bateau, un bateau clairement pirate qui puait la charogne.
On la fit descendre dans la cale et on la jeta dans une cellule où une couverture et un oreiller à la propreté douteuse la rejoignirent quelques secondes plus tard...
~
— Ce compas est bon pour la poubelle !
Jack jeta l'objet sur son bureau et Gibbs le réceptionna avant qu'il ne tombe au sol.
— Il est cassé ? demanda-t-il.
— On dirait... Il ne pointe plus vers le nord-est mais vers le sud maintenant...
— Elizabeth est toujours en Angleterre, tu en es sûr ?
Jack regarda son second comme s'il avait proféré le pire des jurons.
— Où voudrais-tu qu'elle soit ? Elle est bouclée dans son couvent depuis des mois !
Gibbs leva les mains.
— J'ai rien dit... Mais ton compas est magique et tu t'es toujours fié à lui, ces dernières années alors...
— Tu penses qu'elle a quitté l'Angleterre ?
Gibbs haussa les épaules.
— À moins que tu aies plus envie d'autre chose que d'elle ?
Jack grommela. Dis comme ça, cette phrase sonnait horriblement perverse. Il décida de ne pas la relever et soupira en s'écroulant dans son fauteuil. Il se gratta le front puis regarda son second qui faisait tourner le compas pour jouer avec les aiguilles.
— Il t'indique quoi, toi ? marmonna la Capitaine, les doigts appuyés contre sa tempe, le coude planté dans l'accoudoir.
— Les toilettes, répondit Gibbs avec un sourire. J'ai envie de pisser depuis une plombe !
Jack grimaça puis pouffa.
— Abruti ! rigola-t-il.
Gibbs rigola à son tour puis Jack soupira profondément et se frotta le visage de ses mains.
— Elle te manque ?
— Tu n'imagines même pas à quel point...
— Et euh... Vous avez...?
Jack secoua la tête.
— Alors t'es dans la panade, Capitaine... répondit Gibbs. Tu l'as dans la peau, cette nana, tu es fou d'elle et tu ne pourras pas rester encore longtemps tout seul...
— Tu penses que je risque de devenir fou ? Je le suis déjà, Gibbs...
— Oui, ça d'accord, mais...
Jack agita alors une main et Gibbs se tut. Il soupira et reposa le compas sur le bureau. Il se leva ensuite et Jack le regarda partir sans un mot supplémentaire. Il s'enfonça ensuite dans son fauteuil et observa le compas. Et si Gibbs avait raison ? Et si le compas n'était pas cassé, mais que Elizabeth avait quitté l'Angleterre ?
— Pour quelle raison elle aurait fait ça ? J'ai promis de venir la chercher au bout d'un an, l'année n'est pas encore écoulée... Pourquoi serait-elle partie avant ?
Jack marmonna. Ils étaient en mer depuis trois semaines et dans un mois environ, ils atteindront les eaux anglaises. Ils n'allaient pas pouvoir s'approcher des côtes par les itinéraires normaux, mais heureusement, il existait des ports de pirates un peu partout sur les côtés anglaises et françaises...
~
Weatherby Swann se leva ce matin-là de très bonne humeur. Sans savoir pourquoi, cependant, parce que dehors, la pluie ravinait tout sur son passage depuis plusieurs jours.
— Monsieur, votre courrier.
Le Gouverneur hocha la tête et remercia le jeune homme qui lui avait apporté le plateau avec sa correspondance du jour. Il repoussa son petit-déjeuner et entreprit de trier les lettres.
— Non, non, non plus... Ça, on verra tout à l'heure... Ah ! Une lettre d'Angleterre !
Le père d'Elizabeth attrapa son coupe-papier et décacheta la lettre de gros papier beige. Il l'a déplia et la parcourut rapidement avant de froncer les sourcils.
— Comment ça, elle est bien partie ? demanda-t-il en relevant la tête. Ma fille... ARTHUR!!
Le dénommé Arthur arriva au petit trot et s'inclina devant le Gouverneur.
— Monsieur ?
— Cette lettre provient bien du couvent où j'ai fait placer ma fille, n'est-ce pas ?
Le jeune homme regarda la lettre.
— Oui, c'est la même adresse que toutes les autres de ces derniers mois... Pourquoi ?
— Lisez.
Le jeune homme prit la lettre et la lut dans sa tête.
— Mais ? dit-il alors. Qu'est ce que cela veut dire ? Vous avez demandé à ce qu'elle revienne ?
— Pas du tout ! Pourquoi ferais-je une telle chose sinon pour l'encourager à aller fricoter avec ces barbares de pirates ?
Le Gouverneur était en pétard. Il serra les poings puis ordonna que des courriers soient envoyés à tous les postes de Maréchaussée d'Angleterre et des Caraïbes. Ainsi que des informateurs dans les villes fortifiées des pirates.
— Monsieur, personne ne peut entrer dans la Baie des Naufragés sans montrer patte blanche... dit Arthur.
— Nous n'avons pas un pirate sous la main ?
— Pas que je saches...
— Alors trouvez en un. Payez le grassement et envoyez-le là-bas. Je veux savoir où est ma fille !
Le pauvre Arthur s'inclina puis détala. Il quitta la maison à toutes allure et se rendit au bureau de poste. Depuis peu, le télégramme avait été installé dans un coin du bureau de poste et peu de gens s'en servaient car le prix du mot était de plusieurs shillings et que la majorité des gens de l'île n'avaient pas les moyens de s'offrir ce moyen de communication ultra moderne. (1)
Une fois le télégramme envoyé à en urgence, le jeune Arthur retourna à la maison du Gouverneur et s'apprêta à passer un très mauvaise journée...
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(1) : Le télégraphe... Malgré mes recherches, je n'ai aucune idée de la date précise à laquelle se passe PdC, donc il se peut que ce moyen de communication soit totalement hors temps, mais c'est pas grave ! Vous n'allez pas m'en vouloir, si ?
PS : On m'a donc confirmé que le télégraphe a été inventé et mis en place environ 200 ans après Pirate des Caraïbes, mais peu importe ! Si vraiment vous voulez que je change je le ferais, mais sinon, ça restera un gros anachronisme ! 😋.
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Dernière modification le 9/08/2020
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