Chapitre 18
— Perdu ? Comment ça, mort ?
— Non, on cherche une femme à qui on aurait volé son bébé, dit Elizabeth.
— Volé ? Nan, je sais pas, désolé.
Elizabeth secoua la tête. Gibbs s'approcha d'elle en regardant autour d'elle.
— Je sais, dit la jeune femme. On est suivis.
— Oui, répondit Gibbs. Faut qu'on se trouve un abri et fissa sinon les gars de Barbossa vont nous tomber dessus.
Elizabeth regarda autour d'elle puis soudain, haussa un sourcil.
— Un couvent, c'est une bonne planque, non ? dit-elle avec un sourire en coin.
Gibbs lui fit miroir et ils piquèrent un sprint pas trop rapide pour ne pas alerter les gens et ceux qui les suivaient, droit vers l'énorme bâtiment de pierres grises qui se dressait devant eux.
.
— Vous pouvez rester pour la journée, mais ce soir, vous devrez repartir.
— Bien, Sœur-Mère, dit Elizabeth. Merci de nous cacher...
— Maintenant que je sais que ce n'est pas votre père qui vous a fait sortir de mon couvent, je peux bien faire cela... Et cet enfant, à qui est-il ?
Elizabeth s'assit sur un tabouret des cuisines du couvent et soupira. Une servante vint lui prendre le bébé qui pleurnichait.
— Il a faim, dit-elle. Je vais trouver une nourrice.
— Merci, répondit Elizabeth. Et pour vous répondre, Sœur-Mère, je l'ignore... Barbossa s'est convaincu lui-même que la rumeur était vraie, que mon père m'avait envoyée ici pour cacher une grossesse déclarée après mon séjour avec Jack sur le Pearl, mais c'est faux...
— Oui, bien sûr, si vous aviez été enceinte, je l'aurais su, quand même... répondit la religieuse. Il y a un orphelinat au bout de la rue, tenu par des sœurs de la charité, ajouta-t-elle. Elles en savent sûrement plus.
— Nous sommes poursuivis par les hommes de Barbossa, Sœur-Mère, dit alors Gibbs. Nous n'allons pas pouvoir sortir avant quelques heures, ils ont du perdre notre trace, mais ils sont rusés...
La religieuse regarda le Second du Pearl et pinça la bouche.
— Allez me chercher Randolf, dit-elle alors à la cuisinière.
— Randolf ? Mais...
— Tout de suite.
La cuisinière obéit et disparut par une porte.
— Qui est Randolf ? demanda Elizabeth.
— C'est celui qui dirige les bas-fonds de Londres, Mademoiselle Swann, répondit la Sœur-Mère. Je l'ai élevé depuis qu'il a quatre ans, il me doit tout et quand je lui demande quelque chose, il le fait.
— Vous voulez faire quoi, au juste ? demanda Gibbs. Parce que si c'est ce que je pense, votre serment va en prendre un coup, vous savez...
La sœur le regarda en haussant un sourcil.
— Je suis une sœur, oui, Monsieur Gibbs, mais dans les bas-fonds de Londres, si vous n'avez pas quelques relations en dehors, vous ne survivrez pas longtemps, répondit-elle. Randolf est comme mon fils et il règne dans les rues de la ville. Je vais lui expliquer votre situation et ce soir au coucher du soleil, il aura retrouvé la mère de l'enfant.
Sceptique, Elizabeth jeta un regard à Gibbs.
— On n'a rien à perdre, dit alors la jeune femme. Il n'est pas question que je ramène cet enfant sur le Black Pearl, il n'est pas à moi et Jack n'en veut pas. Et je ne veux pas non plus le laisser dans un orphelinat, c'est injuste pour sa mère qui doit être complètement effondrée.
— Oui, bien sûr, répondit la sœur. Je comprends, ne vous en faites pas, Mademoiselle Swann. En attendant de retrouver la mère de ce bébé, vous pouvez rester ici, vous ne craignez rien. On va vous donner à manger et à boire, vous êtes chez vous.
Elizabeth hocha la tête et soupira en se hissant sur un tabouret. Gibbs demanda alors s'il y avait quelque chose à boire ici et une servante lui répondit qu'il trouverait du Rhum dans le cellier.
~
La tête appuyée sur ses bras, Elizabeth était à moitié somnolente. Cela faisait plusieurs heures maintenant que la Sœur-Mère avait envoyé chercher ce Randolf et il n'était toujours pas là. On leur avait servit un peu du gruau qui restait du petit-déjeuner et du thé, mais l'attente était toujours la même, ventre vide ou plein.
— Quelle heure est-il, Gibbs ? demanda la jeune femme en étouffant un bâillement.
— Le soleil est sur le point de se coucher, répondit le concerné, assis par terre, occupé à éplucher des patates. Eh, la cuisinière, tu sais quoi sur ce Randolf ?
La femme qui l'aidait à préparer les patates, haussa les épaules.
— Pas plus que vous, répondit-elle. C'est le protégé de la Sœur-Mère, elle l'a élevé, il a toujours vécu ici, dans les cuisines, mais c'était avant que j'arrive... Il est partit quand il est devenu clair qu'un couvent n'était pas la place d'un garçon.
Gibbs hocha la tête et jeta une patate dans une grande gamelle remplie d'eau froide. La porte des cuisines donnant sur l'extérieur s'ouvrit soudain et l'homme se retourna. Un autre homme apparut, enveloppé dans une grande mante noire à capuche.
— Randolf ! s'exclama alors une servante.
Sans plus de manières, elle alla l'enlacer et Elizabeth et Gibbs se jetèrent un regard sans comprendre.
— Pourquoi la Soeur-Mère m'a fait demander ? demanda alors le nouveau venu en repoussant son capuchon.
— Pour eux, répondit la servante. Ils ont trouvé un bébé et ils pensent qu'il a été enlevé... Est-ce que tu sais si une femme cherche son nouveau-né partout ?
— Il y en a pas mal qui cherchent des bébés, ici, dit Randolf en regardant Gibbs et Elizabeth. Vous l'avez trouvé, où, ce môme ?
Elizabeth raconta alors sa mésaventure, sans cependant dire qu'elle était alliée avec les pirates et encore moins avec Jack Sparrow. Quand elle expliqua que l'homme qui l'avait séquestrée était persuadée qu'elle avait eut un enfant et qu'il en avait donc volé un pour le lui donner, Randolf trouva l'histoire plutôt bancale.
— On ne séquestre pas une femme sur une simple rumeur de couloir, dit-il, à la fois amusé et surpris. Vous êtes quelqu'un de spécial, ou quoi ?
— Je suis la fille du Gouverneur Swann, de Port-Royal, répondit la jeune femme. On m'a envoyée me reposer dans le couvent de la Sœur-Mère après mon divorce et pendant que j'étais ici, une étrange rumeur a couru sur moi et mon ravisseur s'est arrangé pour me faire sortir d'ici...
— Je vois... Bon, je vais devoir faire des recherches, mais vous attendez pas à avoir une réponse ce soir, Londres c'est très grand.
— Malheureusement, dit Gibbs en se levant. Nous quittons Londres demain, Monsieur... Si vous n'êtes pas de retour au plus tard à minuit avec des nouvelles, nous allons devoir abandonner ce bébé dans le premier orphelinat venu.
Randolf grimaça. Elizabeth l'observa à la dérobée. Il était grand, carré, et sa cape noire tombait jusqu'au sol. Il semblait transporter plusieurs mousquets à sa ceinture et au moins deux poignards. Il en avait très certainement plus, et la jeune femme se surpris à penser qu'il avait la carrure d'un Capitaine Pirate. Elle réalisa alors qu'il était le patron de la plèbe de Londres et que son allure imposante devait en faire frémir plus d'un...
— Faites de votre mieux, Monsieur, dit-elle alors. Cela m'ennuierait vraiment de devoir abandonner ce bébé dans un orphelinat alors que sa mère le cherche peut être partout.
Randolf regarda la jeune femme puis inclina la tête. Il remonta son capuchon et s'en alla comme il était venu. Le silence s'installa alors dans les cuisines et bientôt, Gibbs retourna à ses patates. Agacée de s'ennuyer, Elizabeth demanda à son tour s'il y avait quelque chose à faire et on lui lança un tablier en lui montrant une empilement hasardeux de vaisselle sale...
.
Dernière modification le 13/08/2020
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro