Chapitre 14
Elizabeth était au bord de la crise de nerfs. Ou de la dépression. Au choix. Elle était sur cette fichue île depuis un mois et elle allait devenir folle.
Barbossa était revenu le lendemain de la visite de Simons, et il n'avait pas bien apprécié que son invitée fasse des emplettes sans demander l'autorisation, mais il avait plus important à traiter avec elle que quelques livres et coupons de tissu, même chers.
En effet, persuadé qu'elle avait bel et bien eut un enfant, il avait fait des recherches et pensait avoir trouvé ce qu'il cherchait. Elizabeth n'avait cependant pas cessé de lui répéter qu'elle n'avait jamais été enceinte, qu'elle était prête à se faire examiner par un médecin pour qu'il le confirme, mais Barbossa était têtu et n'en démordait pas. Il avait même prit la liberté de ramener l'enfant ici.
— Vous avez fait QUOI ?!
Le cri d'Elizabeth résonna dans toute la maison.
— Ce n'est pas mon enfant ! hurla-t-elle en tapant du pied. Je n'ai PAS EU D'ENFANT avec Jack ! Je vais devoir vous le dire combien de fois ?!
Mais Barbossa était sourd à ses cris et avec son petit sourire en coin, il ne donnait qu'une envie à Elizabeth, lui mettre un coup sur le nez.
Plongeant ses mains dans ses cheveux, la jeune femme était au bord des larmes. Elle n'avait plus aucune solution pour faire comprendre à ce pirate buté qu'elle n'avait jamais été enceinte et qu'elle n'en avait pas l'intention.
Agacée, elle quitta la pièce et alla s'enfermer dans sa chambre.
— L'enfant sera là demain, je compte sur vous pour l'accueillir ! s'exclama Barbossa à son intention.
— Qu'il aille au diable ! Et vous avec ! rétorqua Elizabeth.
Un silence pesant s'ensuivit et Barbossa serra les mâchoires. Son poing se crispa sur sa canne et il regarda les matelots qui s'affairaient autour de lui comme si de rien n'était. Finalement, il se leva et disparut à son tour dans son bureau, persuadé qu'avec le temps, son hôte finirait par se calmer.
~
À Londres, cependant, et après avoir remonté la Tamise à bord d'un petit bateau de pêche, Jack, Gibbs et Anamaria avaient repéré le couvent où Elizabeth avait été envoyée. Malheureusement, après avoir soudoyé un livreur de légumes et obtenu des réponses, tous avaient réalisé qu'ils avaient bien des semaines de retard sur Barbossa...
— Comment va-t-il ?
Gibbs regarda Jack, assis tout seul au comptoir d'une taverne. Sans ses atours de Capitaine pirate, il donnait l'air d'un honnête citoyen anglais que la vie avait malmené.
— Il est furieux et il répète à qui veut l'entendre qu'il va tuer Barbossa, répondit le Second du Pearl. Et je suis d'accord avec lui, Anamaria, ajouta-t-il comme la jeune femme ouvrait la bouche. Barbossa est allé trop loin, il est persuadé qu'Elizabeth et Jack ont eut un enfant et qu'il est quelque part ici, à Londres, bien caché dans la famille du Gouverneur.
— Quoi ? Mais comment tu sais ça ? demanda Anamaria, surprise.
— J'ai interrogé quelques personnes et elles m'ont dit que Barbossa avait été vu à plusieurs reprises à Londres ces dernières semaines et qu'il posait beaucoup de questions et payait cher.
— Et... Il a trouvé l'enfant ?
Gibbs regarda Anamaria de travers.
— Il n'y a pas d'enfant... dit-il.
— Je sais ça, mais connaissant Barbossa, il serait capable de prendre n'importe quel enfant de... de deux mois environ, pour l'amener à Elizabeth et la forcer à s'en occuper !
Gibbs haussa les sourcils et regarda Jack qui sirotait son Rhum en solitaire.
— Il faut qu'on arrive à trouver Elizabeth avant que Barbossa ne mette son plan à exécution, dit-il. S'il vole un enfant et le donne à Elizabeth, on ne pourra plus la ramener sur le Pearl, on devra la laisser à terre.
— Pourquoi ?
— Un bateau pirate n'est pas un endroit pour une femme et son enfant !
— Mais ce n'est pas son enfant !
Gibbs serra les mâchoires et Anamaria baissa le nez.
— Ce n'est pas son enfant, mais elle s'en occupera, acheva-t-elle doucement. Comme n'importe quelle femme qui voit un nourrisson en détresse...
Anamaria grimaça.
— Si Elizabeth est avec Barbossa comme on le croit, dit-elle. Et que celui-ci a été vu en ville plusieurs fois depuis un mois, alors ca veut dire qu'il soit crécher dans les environs. Peut-être en ville, mais j'en doute.
Gibbs regarda la jeune femme réfléchir à voix haute.
— Pourquoi, pas en ville ? demanda-t-il.
— C'est trop évident. Elizabeth connaît Londres, elle est née ici, elle pourrait trouver un moyen de s'enfuir et ensuite aller se cacher dans sa famille ou chez des amis.
Gibbs pinça la bouche.
— Il y a des îles autour de l'Angleterre, dit-il alors en quittant sa chaise. Si on peut localiser l'île où habite Barbossa, alors on aura trouvé Elizabeth.
Il s'approcha d'un meuble à disposition des clients de la taverne et chercha dans les placard, une carte des environs.
— Là, dit-il. Regardons un peu ça...
Il revint et étala la carte brune sur la table. Il posa une cacahuète sur Londres puis Anamaria et lui détaillèrent toutes les îles qu'il pouvait y avoir autour de cette grand terre en forme de lapin...
~
Prostrée dans sa chambre, Elizabeth était furieuse. Pourquoi Barbossa ne comprenait-il pas ? Elle n'avait jamais été enceinte, elle n'en avait pas envie pour le moment, qu'est-ce qu'il ne pigeait pas dans l'histoire ?
— Il est hors de question que je m'occupe de cet enfant.
— Madame...
— Quoi ? Ce bébé n'est pas à moi, il l'a sans doute volé, il est hors de question que je m'en occupe, vous entendez ?!
La femme de chambre baissa le nez. Elle opina et soudain, par la porte ouverte de la chambre, on entendit des discussions agitées.
— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Elizabeth.
— Je ne sais pas, nous n'attendons personne... Je vais voir. C'est peut-être...
La femme de chambre n'ajouta rien quand Elizabeth lui darda un regard noir, et tourna les talons. Elle sortit sur la coursive et jeta un œil par-dessus la balustrade.
— C'est le Capitaine qui s'en va, dit-elle comme Elizabeth la rejoignait.
— Et où va-t-il ?
La femme de chambre haussa les épaules. Elizabeth soupira puis descendit l'escalier et héla un mousse.
— Où va-t-il ? demanda-t-elle.
— Chercher l'enfant.
Elizabeth serra les mâchoires. Elle posa ses mains sur ses hanches, et se détourna.
— Seigneur, dit-elle. Quelle pauvre mère va être victime de ses méfaits ?
Le mousse regarda la jeune femme sans comprendre.
— Mais Madame, ce...
— Non ! répliqua Elizabeth en faisant volte-face. Je n'ai pas d'enfant ! Qui, au bon Dieu, dois-je tabasser pour que ça rentre ?!
Le mousse ouvrit de grands yeux et recula prudemment de quelques pas. La femme de chambre restée en haut lui fit alors signe de filer et il ne demanda pas son reste. Elizabeth soupira d'agacement et alla s'enfermer dans la Bibliothèque en hurlant qu'on ne la dérange sous aucun prétexte.
~
Quand Barbossa arriva en ville après une petite heure de bateau, il retourna aussitôt à l'orphelinat où il était sûr d'avoir déniché l'enfant de Jack et Elizabeth.
Alors certes, la jeune femme hurlait qu'elle n'avait pas été enceinte, mais il connaissait la capacité exemplaire que les bourgeois ont pour mentir. Pis encore, Elizabeth était une bourgeoise doublée d'une femme pirate en devenir qui semblait plus aimer la vie au grand air plutôt que ses petits souliers vernis...
— Il est là ?
— Où voulez-vous qu'il soit ?
Barbossa grimaça. Effectivement, il était stupide demander si un bébé de deux mois était là où il l'avait laissé la veille...
— Pourquoi faites-vous cela ? demanda alors la femme qui lui avait ouvert la porte.
— Parce que je hais Jack Sparrow, parce que je veux le Pearl, et parce que je ferais tout ce qu'il faut pour qu'il soit brisé !
Barbossa serra les longs poings et la femme rentra le menton. Depuis des jours, cet homme la payait pour qu'elle fasse croire, à demi-mots, que le bébé qu'on lui avait apporté quelque semaines en arrière, dont la mère avait trouvé la mort après la naissance, était l'enfant du Seigneur Pirate des Caraïbes... et d'une bourgeoise qui se rêvait devenir pirate.
Malgré le fait que toute cette entreprise ne soit qu'un mensonge éhonté et qu'elle n'aimait pas du tout ça, Jerrelyn avait besoin de cet argent pour faire vivre les quinze enfants qui séjournaient avec elle... En effet, la ville avait cessé de payer pour une institution qui ne donnait aucun produit utile à la société londonienne, la femme devait donc se débrouiller pour nourrir ses petits comme elle le pouvait, et l'argent d'un pirate, même sale, était le bienvenu...
— Elle refusera de s'en occuper, vous le savez, n'est-ce pas ?
— Oui, je le sais, mais elle est une femme et les femmes s'occupent des bébés. Non ?
— En théorie oui. Votre... hôte me semble avoir un sacré caractère, elle ne se laissera pas avoir au piège des sentiments.
Barbossa grimaça. Son plan était parfait. Pendant que Jack cherchait sa dulcinée partout, lui il la faisait craquer lentement mais sûrement... Et elle allait craquer, il en était certain. Dès qu'elle entendrait ce nourrisson pleurer de faim, elle s'en occupera. Il en avait la certitude.
— Rassemblez ses affaires, je le ramène à sa mère...
Jerrelyn pinça la bouche. Elle savait que cette entreprise allait foirer, mais elle espérait que ni la jeune femme ni l'enfant ne seraient égratignés au passage...
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Dernière modification le 12/08/2020
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