Cap ou pas Cap? - Chapitre 23
CHAPITRE 23
La main de Bastian se posa sur la mienne alors que je serrais les dents pour ne pas sourire.
- Tu ... Vous validez. Disais-je d'un ton neutre.
Alix fit son petit air satisfait tandis que Pharell engloutissait soudainement une longue lampée de sa boisson.
- Je pense que le jeu est lancé, Dit Bastian. Le prochain gage est pour vous, c'est ça ?
Je hochais la tête, sachant très bien qu'il faisait exprès de ne pas être sûr pour paraître plus candide qu'il n'y paraissait. Alix hocha aussi la tête et fit mine de réfléchir.
- Pas de limite n'est-ce pas ? Dit-elle à mon encontre et celle de Pharell. Cela veut dire que si l'un de nos gages prévoit de mettre le grappin sur un mec, il faudra jouer ?
Je me raidis. Oui, en théorie, si nous voulons gagner, il fallait se plier au gage, même celui dont elle parlait. Cela ne s'annonçait pas très bien. Il fallait changer de sujet.
- Sinon, tu comptes faire quoi pour Evan ?
Elle me regarda et serra à son tour les dents. Sa situation avec le patron était bien plus amusante que la nôtre.
- Je ne sais pas, Minauda-t-elle. Je pense le garder, ou le laisser tomber, j'hésite encore.
Je vis le regard de Pharell monter au plafond. Comment pouvait-elle dire tout cela sans retenue alors qu'il était là, et qu'ils devaient former un couple ? La garce ! Je prenais parti de Pharell, sans pouvoir m'en empêcher.
- Comment peux-tu dire cela alors que Pharell est ici ?!
Je refermais mes doigts sur mon accoudoir alors que la main de Bastian tentait de me réconforter. Elle sourit largement et lança un regard à Pharell.
- Tout ceci n'est qu'un jeu, n'est-ce pas ?
Mon ami baissa les yeux cette fois. Que voulait-elle me dire ?
- Tu entends quoi par-là ? Demanda Bastian avant que je ne puisse trouver les mots pour m'exprimer.
- Et bien... c'est un jeu, pour vous aussi.
Elle l'avait dit sans pression et mon cœur se serra dans ma poitrine. Sous-entendait-elle que mon couple avec Bastian n'était que du flan ? Je manquais de me lever pour lui jeter mon verre à la figure. Je n'avais plus 5 ans, j'étais mature, contrairement à elle, et je savais ce que « aimer » signifiait. Elle m'énervait. Bastian s'en chargea.
- Je n'ai pas pour habitude de coucher avec la première venue, et elle non plus. Donc non, excuses-moi, mais notre couple est sûrement plus sincère que le tien. Le minimum de respect étant de ne pas flirter avec n'importe qui et de ne pas décrédibiliser son couple en présence de sa moitié.
Elle gloussa et se pencha à notre encontre.
- Regardez-moi ces deux tourtereaux. Vous n'êtes pas mariés et vous sortez ensemble depuis quoi ? Une semaine ? Cesse donc de me parler ainsi alors que vous n'avez rien d'un couple !
C'en était trop. Je lançais un regard insistant à Pharell qui ne dit rien. A quoi jouait-il aussi lui !? La table frémit lorsque je me levais en vitesse et regardais Pharell avec un regard comme jamais je ne lui avais lancé. Il baissa la tête piteusement et je me disais alors qu'elle devait lui mettre la pression aussi. J'imaginais mal mon ami se laisser avoir ainsi. Bastian tenta de me retenir mais je m'esquivais de sa main et sortais du cercle de la table pour filer en direction du bar pour payer nos verres. Je soupirais profondément et saluais le barman qui venait de m'encaisser avant de sortir. L'air frais, bien que l'heure ne soit pas trop avancée ma fit du bien.
Bastian ne tarda pas à me rejoindre et ronchonna que j'aie payé son verre avant de m'enserrer dans ces bras, passant une main derrière ma nuque. Mes yeux me piquaient tout à coup. Mais je devais rester forte et ne pas craquer, à coup sûr, les choses ne faisaient que commencer...
- Pharell est passif dans cette histoire, ne t'y trompes pas. Me chuchota Bastian. Si Alix a tenté de m'avoir avec elle, elle aura sûrement essayé avec lui... et elle aura sans doute réussis.
Je hochais la tête. Lui aussi s'était rendu compte que Pharell n'était pas normal. Il semblait sûr de lui jusqu'à ce qu'il s'embrasse et à partir de là il avait semblé frappé par la réalité, prit au piège. Je serrais cet homme que j'aimais dans mes bras et soupirais à nouveau. Le jeu s'annonçait bien pire que je ne l'avais prévu. Je voulais gagner tout en sauvant mon ami.
* * *
- Abygaël ! Dans mon bureau ! Tonna M. Nivel à la porte de son bureau, si fort que je ne pus que l'entendre depuis le mien.
J'en sursautais sur ma chaise et me levais dans la foulée. La panique me prit par surprise et je me débattais intérieurement entre ne rien prendre et prendre de quoi prendre des notes pour aller dans son bureau. Boulot ou affaire personnelle ? Dossier commercial ou Alix ? Je soufflais pour me calmer et envisageais plutôt la seconde possibilité, ce qui m'agaça bien vite.
Je sortais de mon bureau et le voyais toujours su le pas de sa porte à m'attendre, la mine sévère. Je déglutis.
J'entrais dans son bureau qu'il referma après m'y avoir invité silencieusement et prenais place dans un de ces fauteuils. Je posais mes mains sur mes genoux et attendais la suite.
Il prit place dans son siège en cuir beige derrière son bureau et se pinça l'arête du nez.
- Alix vient tout me dire, par message, et elle souhaite que nous arrêtions notre relation ici...
Je restais interdite. Dans quoi m'étais-je embarqué ? Depuis quand mon rôle était-il de régler les histoires de cœur de mon patron ? Je ne savais pas quoi dire, ni quoi faire. Mais au fond j'imaginais très bien Alix s'extasier à l'idée que je sois peut-être en train de me faire engueuler par le patron en ce moment même.
Trois jours que j'avais quitté le bar en trombes, nous avions finis la soirée avec Bastian chez moi et il avait dormi sur place. Aucun détail de ce que nous avons fait ne sera cité ici mais j'avais besoin de réconfort. Trois jours de boulot durant lesquels Pharell semblait pâle, absent mentalement et moralement, enfermé dans son bureau et qu'Alix n'y prêtait pas attention. M. Nivel me tira de mes rêveries.
- Vous savez peut-être pourquoi ?
Je clignais des yeux. Comment lui dire que ce n'était qu'une garce ?
- Monsieur...
- Evan, vous le savez. Me coupa-t-il.
- Je ne vous appellerez pas ainsi au travail, c'est définitif. Concluais-je sur ce point. Monsieur... Comment puis-je vous aider ? Je ne saurais pas vous dire ce qu'il lui passe par la tête. Vous vous étiez attaché à elle ? Je veux dire, elle n'est pas...
- Oui, je sais ce que vous allez me dire, mais j'aimais bien cette gamine.
La possibilité qu'il y ait eut un tant soit peu de sentiments entre les deux m'effleura l'esprit.
- Mais hum... vous savez bien comment elle est, vous devez le savoir même mieux que moi...
- Je la connais et je sais qu'elle est tout à fait du genre à flirter avec beaucoup d'autres jeunes hommes. Mais de là à me dire cela par message alors que je la sais a à peine dix mètres me sidères. Comment ose-t-elle ? Moi ! Son patron, celui qui l'a tiré vers le haut pendant si longtemps alors qu'elle n'était rien, celui...
- Monsieur, Monsieur, Le coupais-je. Si je puis me le permettre, oubliez-la. Maintenant, faite votre chemin. Ne réagissez pas avec autant de colère dans des affaires qui mêlent à la fois la vie privée et professionnelle...
- Vous tentez de me dire que la virer ne servirait à rien ? demanda-t-il avec un sourcil levé tandis que ces points serrés devant son menton montraient sa colère.
Je hochais la tête. Il soupira.
- Abygaël, vous êtes trop gentille. Vous ne vous rendez pas compte que les gens sont prêts à tout pour arriver à leurs fins quand ils n'ont pas votre talent. Vous êtes intelligente et qualifié, bien plus qu'elle. Excusez-moi de cet aveu, mais ce sont ces cuisses qui lui fournissaient sa place ici.
Un frisson me parcourut le dos, remontant à mon échine. Je savais qu'ils avaient Ce genre de relation, mais de là à me le dire ouvertement, cela dépassait mon entendement. Je me pinçais à mon tour l'arête de mon nez. Après tout, il m'avait prévenu que ce n'était pas très poli comme aveux.
- Et donc, Reprenais-je. Elle est consciente que sa place semble en danger ? Comprenez monsieur que je n'approuve pas votre façon de faire.
- Je sais, mais pour tout avouer, je ne cherche pas à ce que vous m'acceptiez. Vous le dites déjà très bien, je suis votre supérieur, pas votre ami. (Je hochais la tête). Non, en fait, je veux que vous preniez son poste et elle le vôtre. Vos compétences couvrent à la fois votre domaine et le sien. Je juge que son travail n'est pas si efficace qu'il y a un temps. Peut-être s'est-elle relâchée.
Cette fois j'eus un mouvement de recul.
- Pardon ?
Il ne répondit pas avec des mots puisqu'il savait très bien que j'avais compris. Il se contenta de me fixer, le visage fermé.
- Non, monsieur, vous ne pouvez pas faire cela. Notre entente avec Alix n'est déjà pas excellente mais imaginez si je lui prends sa place et qu'elle se retrouve rétrogradé. Non, non, non, je ne peux pas...
- Je ne vous donne pas vraiment le choix. Et je ne joue pas sur nos situations respectives. Je parle uniquement de vos compétences et des siennes...
- Vous vous vengez car elle vous a quitté !
- Là n'est pas la question ! Nous parlons de travail Abygaël.
Je me pinçais les lèvres, il avait haussé le ton et je n'avais pas le tempérament d'Alix pour lui faire face et lui tenir tête. D'un point de vue professionnel, cette promotion me mettait en haleine, m'intéressais. J'avais toujours voulu avoir ce poste, c'est d'ailleurs pour celui-ci que j'avais postulé au début. Mais Alix était arrivée et avait choisi son poste en rapport avec ces compétences, qui au final ne se sont pas montrées très intéressantes.
- Pour le bien-être de l'entreprise, j'ai besoin de vos compétences. Il est grand temps de revoir l'organisation hiérarchique de notre structure et replacer les éléments aux bons endroits. Vous êtes un bon élément. Je parle en tant que dirigeant.
Je resserrais mes poings sur mes genoux. C'était une opportunité. Je devais cependant faire attention.
- Laissez-moi réfléchir. De toute façon, pour changer le contrat de travail d'Alix et l'adapter à ce poste, il vous faut son accord. Et il vous faut aussi quelques temps, je pense pour rédiger nos deux nouveaux contrats. Aussi j'ai un droit de réflexion...
- Je vous reconnais bien là... vous serez excellente.
Je retenais un soupir et baissais la tête. Le monde du travail était un monde implacable.
- Et pour Alix ? Demandais-je.
- Je compte lui faire comprendre qu'il n'y aura pas de retour possible et que de ce fait, elle n'aura plus les privilèges que je lui accordais jusqu'ici. Je ne la vie pas, si c'est ce que vous voulez savoir, mais je la mets plutôt en sursis. Par contre, si elle ne remplit pas vos compétences dans le poste que vous occupez maintenant, je sanctionnerais.
Je hochais la tête. Je mettais un point d'honneur à ne pas confondre vie professionnelle et impressions personnelles. Il ne pouvait pas prendre des mesures au travail pour sanctionner un fait privé. Cela me rappelait à quel point ma relation avec Bastian pouvait tout changer.
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Alors? Que va-t-il se passer ensuite?
Que pensez-vous des actions des personnages?
Tout s'accélère encore, les choses peuvent-elles être pires?
Et le jeu dans tout cela?
Dites-moi tout ;) !
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