CHAPITRE 21

A une table du côté bar et un œil sur notre piste de bowling, je croquais dans un panini au nutella pour terminer notre repas et lui dans un énorme beignet. La soirée c'était super bien passé et au bout de 3 parties, je m'avouais vaincue.

- Je suis content que tu sois là, et d'autant plus de te voir sourire. Je pense que cette histoire ne doit pas être facile à gérer... Mais ce n'est que le début.

- Oui, nous nous y ferons, il faut juste que l'on fasse attention, M. Nivel a été clair là-dessus, et pour toi comme pour moi, je ne rien risquer professionnellement.

Il attrapa ma main et la caressa du pouce, comme pour me remercier. Mais c'était vrai, une amourette – car pour le moment il ne s'agissait que de cela entre nous – ne pouvait pas se permettre de mettre en péril notre carrière et notre emploi. Si Alix voulait s'y amuser, c'était son problème.

- D'ailleurs, Reprenais-je, il faut que je te parle d'un truc...

Il leva un sourcil et une ombre passa dans son regard. Rien ne me donnais envie de continuer, mais au plus vite je m'en débarrassais, au plus vite j'étais tranquille et à nouveau sereine.

- Je t'écoute...

- Et bien voilà, je suis au courant de la proposition que t'a fait Alix... bien qe je n'en sache pas assez à ce sujet, je suis curieuse, et forcément, pardonnes-moi, mais je me pose des questions...

Il y eut un silence, clairement et au vue de son expression, il ne s'y attendait pas. Il ouvrit la bouche et marqua un temps de pause avant de répondre :

- Hum... c'est elle qui t'en a parlé ? Pour nous faire du mal ? Car oui, elle m'a proposé un truc il y a un petit peu plus d'une semaine, après que tu sois allée pour la première fois dans le bureau du boss. Elle voulait te faire du mal. Je peux te montrer le mail si tu veux, je ne veux rien te...

- Non, c'est sûr, mais voilà, s'ils nous veulent du mal, toi et moi devons nous protéger...

- Je suis d'accord, Reprit-il. En fait, elle savait que j'avais des sentiments envers toi, en même temps qui ne l'a pas vu... Elle m'a donc parlé de ce qu'elle ressentait, en me proposant de sortir avec toi. Elle, de son côté s'occuperait de Pharell en lui faisant du rentre-dedans. Elle était persuadée de pouvoir vous séparer ainsi car elle se doutait qu'il avait des sentiments pour toi.

- Pardon ? Bégayais-je alors que je perdais à vue d'œil mon sang froid.

- Attends, laisse-moi finir, car si je m'arrête ici, tu vas pouvoir croire n'importes quoi et tout rattacher à ce qu'il s'est vraiment passé. J'ai refusé, bien évidemment, car cela faisait déjà longtemps que je voulais être avec toi, que Pharell m'en empêchait et que j'avais remarqué qu'au moins l'un d'entre vous deux éprouvait de l'attirance pour l'autre. Je ne savais juste pas si c'était toi car tu me repoussais, ou lui car il te protégeait... c'était lui. J'ai compris à son comportement après que l'on ait étés petit-déjeuner ensemble que c'était lui qui t'aimait... J'ai donc envoyé paître Alix, son plan ne m'intéressait pas. Je n'avais pas besoin d'elle pour t'aimer et t'avoir près de moi. J'avais juste besoin que tu me laisse une chance, que tu arrêtes de te braquer contre moi... et c'est ce que tu as fait en acceptant mon rencard. A partir de là, elle a pété un câble et m'a renvoyé un mail plein de haine. Je t'avais eu, sans elle, sans combine, sans piège et je t'aimais bien plus qu'elle ne se l'était imaginé. Elle, elle pensait que ce n'était qu'une amourette. Tssss... cette meuf pense me connaître, c'est pitoyable...

Je restais pantoise, je ne pensais pas qu'il aurait pu se passer tout cela sans que je ne sois au courant. Alix cherchait donc vraiment à me faire du mal ! Bastian n'osait plus relever le regard, il se perdait dans les embruns de sa boisson. J'attrapais sa main et lui souriait timidement. Il me semblait que cette soirée serait placée sous le signe des révélations. J'inspirais, c'était à mon tour.

- D'accord, et bien... je suis soulagée. L'idée que tu puisses être de son côté me taraudait. J'ai aussi à te parler d'une chose...

- Alix m'a dit ce midi que tu me cachais quelque chose... j'ai stressé toute l'aprem... Aby'...

Je le voyais déjà se décomposer. Lui avait-elle dit ? En tout cas, elle l'avait briefé sur notre secret avec Pharell. J'imagine que le ton sur lequel je lui ai parlé ce midi ne lui a pas plut et qu'elle aurait cherché à se venger de suite.

- Hein ? Non, non, ne t'inquiète pas... tout du moins, pas avant que je ne te dise de quoi il s'agit. Je ne sais pas comment tu le prendras donc bon...

J'inspirais à nouveau et me pinçais les lèvres en le regardant. De toute façon il était trop tard pour faire demi-tour.

- Ecoute, du coup, cela fait longtemps que nous nous connaissons avec Pharell. Il n'y a jamais rien eus entre nous, juste de l'amitié, puisque de toute façon à priori j'étais trop bête pour voir quoi que ce soit... Mais voilà depuis très longtemps, on joue à un jeu avec Pharell... hum...

Il leva un sourcil et mon dieu je ne savais plus où me mettre.

- Un jeu de chiche ou pas chiche, tu vois ? Où 'on se donne des gages, que l'on est obligé de faire. En fait non... on doit dire si l'on est capable de le faire ou non, mais ne pas en être capable désigne l'autre directement comme vainqueur, du coup, on exécute à chaque fois...

- C'est vraiment... étrange, mais ok, disons que c'est un très vieux jeu qui fait partie de votre relation.

Je souriais en le voyant aussi esquisser un maigre sourire. Qu'il le prenne ainsi m'arrangeais. J'avais vraiment peur que tout partes en vrille.

- On y joue toujours, L'informais-je. Mais cela reste toujours accessible, bien évidemment, car nous avons fixés des règles... le problème, c'est que Alix est au courant... Et qu'elle veut jouer aussi, pour nous faire du mal je pense... non, j'en suis persuadé.

Il hocha la tête, le regard un peu plus dur.

- Et avec tout ce qu'il se passe, tu joues toujours ? Avec lui je veux dire...

- Et bien, c'est dernier temps, c'est plutôt devenu une chasse à la vérité, où on se pose des questions... Je lui aie demandé ce matin-même de m'expliquer ce qu'il savait sur la proposition... par exemple. Mais le jeu dérape... j'ai peur que cela ne fasse qu'empirer avec Alix.

Il y eut un nouveau silence. Il me regardait intensément et seulement de temps à autres, il furetait vers autre chose, comme en pleine réflexion. Il hocha la tête avec un peu plus de conviction.

- Tu as raison. Si Alix sait, elle va forcément tirer parti de ce jeu pour vous faire du mal, surtout à toi. Et ça, je ne le souhaite vraiment pas. Tu n'as aucun moyen d'arrêter le jeu ? Toi.

- Disons que cela fait tellement de temps que l'on y joue que je m'y suis intéressée, et que bien sûr, je ne veux pas perdre... Tu vois ? Et à présent, ce serait perdre en lui donnant raison, à lui et surtout à elle.

Son regard s'anima soudain. La lueur du challenge s'était allumée en lui.

- Je peux jouer ? Demanda-t-il.

* * *

Je pianotais sur mon portable, histoire de dire à Pharell que Bastian était au courant et qu'il fallait qu'il me valide. Je lui proposais aussi de se voir en dehors du boulot avec lui, Alix et Bastian, car à présent que mon amour voulait jouer, il fallait redéfinir un petit point sur les règles. Nous en avions parlés. Et à présent, le but était simple ; terminer le jeu, déclarer un vainqueur. Pharell ne serait pas d'accord pour l'intégration de Bastian au jeu, mais après tout, il ne m'avait pas consulté pour accepter Alix.

La réaction de Bastian me rassurait. Il l'avait bien prit et comprenait mon envie de gagner, de ne rien lâcher. Au moins, notre couple – naissant – n'en avait pas subi les conséquences et je me disais que cela nous rendait encore plus fort. Mon cœur battait encore plus dans ma poitrine et mon ventre papillonnait à l'idée d'être soutenue ainsi, protégée.

Sa réponse ne tarda pas et mon portable vibra quelques minutes plus tard.

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De : Pharell

A : Moi

Ok, demain soir, au Plaza, avec Alix et l'autre, vers 20h.

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C'était clair et concis. Le jeu commençait maintenant.