Cap ou pas Cap? - Chapitre 20
CHAPITRE 20
Le midi-même, alors que je sortais enfin de mon bureau pour aller déjeuner, Alix m'aborda avec une neutralité assez désarmante. Moi qui m'attendais à ce qu'elle me jette des éclairs et feule comme une chatte en colère. Il n'en fut rien.
Elle se posa à côté de moi tandis que je m'asseyais à la table de la salle de pause et sortais mon téléphone pour commander un plateau repas. Alix ne dit rien pour commencer, triturant des ongles vernis et les faisant clapoter sur la table avec de petits fracas agaçant. Puis elle ouvrit les hostilités.
- Tu as dit quoi au boss ?
- Rien, Lui répondais-je sans attendre. C'est lui qui m'a demandé de venir dans son bureau, il était... curieux et m'a demandé de lui raconter ma soirée. Je pense qu'il voulait s'assurer de certaines choses...
- Tu lui as tout rapporté ? Je ne te pensais pas aussi gamine sérieux !
- Oh !
Ma voix était montée en pression d'un seul coup, il était hors de question qu'elle me fasse le coup de la maturité. Je n'avais fait que raconter mon côté, son cul et sa chatte cette nuit-là ne m'intéressaient pas.
- Je n'ai rien dis te concernant, puisque je ne sais pas ce qu'il s'est exactement passé ! Ne m'accuse pas. Je lui ai dit que je t'avais vu chez Pharell, point barre. Ensuite, c'est lui qui juge ce qu'il veut. Il n'est pas obligé de prendre en compte mon jugement.
Elle se redressa et soupira. Quoi ? Tu viens de te rendre compte que tu avais fait une connerie ?
- Ecoute-moi bien, Dit-elle d'un air menaçant. Pharell est à moi à présent et le patron aussi. Ce que je fais avec l'un ou l'autre ne te concerne pas.
- Tu as raison. Cela ne me concerne pas, mais penses-tu vraiment que tu pourras rester dans cette situation et obtenir tout ce que tu souhaites pendant encore longtemps ? Tu t'es foutue dans la merde !
Elle eut un geste vif et me saisit le menton d'une main, ces ongles venant s'enfoncer un petit dans ma mâchoire.
- Je ne te permets pas ! Maintenant tu fermes ta gueule, car je sais pour ton petit jeu avec Pharell, et Bastian sera lui aussi bientôt au courant si tu ne te tiens pas à carreaux. Imagine ce qu'il dirait s'il savait que tu n'as pas la gentille fille mature comme il le pense. Que tu joues avec Pharell à des jeux qui peuvent déraper très facilement... Vu ce qu'il m'a dit la dernière fois à ton sujet, il m'a l'air très sérieux, et cette histoire de jeu et de triangle amoureux ne devrait pas vraiment lui plaire.
Je me figeais un instant en regardant – éberluée – cette garce en face de moi, la bouche en cœur, rose provocateur, et ces traits d'eye-liner qui entourent ces yeux et les rendent plus noirs. Un peu plus et je l'aurais comparé à la méchante reine dans blanche neige. Une robe noir et une bonne coloration tout aussi noire et elle se fondait dans le personnage à merveille. Dans la vie, il y a toujours quelqu'un qui vous paraît être le mal incarné, ici, pour moi, c'était Alix.
Je déglutis et me dégageais de sa poigne avant de caresser ma mâchoire. Elle y avait été fort. Peut-être même avait-elle réussit à m'intimider. Je la regardais avant de me lever à mon tour et de faire quelque pas pour me mettre en retrait. Ce qu'elle ne savait pas ; c'est que je comptais lui dire moi-même, elle n'aurait pas à s'en inquiéter. Ce que je ne savais pas en revanche, c'était ce qu'ils s'étaient dit et cela me dérangeait. J'étais curieuse et cela me concernait car je soupçonnais que c'était contre moi.
- Je ne sais pas ce que tu lui as proposé, car oui, je sais que tu lui a proposé un truc... Notre petit jeu avec Pharell ne concerne pas uniquement des gestes ou des enfantillages. Il est bien plus intéressant que cela.
Je lui servais un petit sourire en coin pour lui montrer qu'elle ne me faisait pas peur et que sa menace ne me faisait rien. Car c'était vrai. J'allais prendre les devants et tout dire à Bastian. J'espérais seulement que sa petite manigance me permettrait de le faire avant elle, que je puisse lui couper l'herbe sous le pied.
Elle eut un tic, comme si ce que je venais de lui dire la dérangeait. Peut-être n'avait-elle pas prévu que Pharell m'en parlerait ? Mais cela faisait partie du jeu.
Je quittais la pièce, au final je décidais de manger à l'extérieur. Bastian arriva justement à ce moment-là et il m'offrit un sourire radieux, auquel je répondis la même chose. Ces doigts effleurèrent les siens dans un geste se voulant discret.
- Je vais manger dehors, à plus tard, L'informais-je avec un autre sourire.
Il hocha la tête, comme pour recevoir l'information sans trop s'y attarder, comme une personne avec qui on entretient une relation purement professionnelle en fait.
L'air frais de ce midi me remit les idées en place. Mine de rien, il s'était passé beaucoup de chose en très peu de temps. Cependant, je ne savais plus vraiment où j'en étais. Du point de vue de Pharell, je notais qu'il cherchait peut-être à se rapprocher de moi, malgré ce qu'il avait fait. Regrettait-il d'être avec Alix ? De m'avoir traité de la sorte ? Je ne pensais pas, car sinon, il ne serait pas toujours en couple avec elle. Mais ils l'étaient, tout du moins, de ce que j'en avais compris. Et elle « jouait » à notre jeu, qu'il lui avait révélé. Cela ne s'était encore jamais su auprès de ces conquêtes. Qu'avait-elle de spéciale pour avoir eu cette révélation ? Une révélation sur laquelle il ne m'avait pas demandé mon avis.
Je frissonnais. Notre jeu devenait dangereux et plus si secret que cela. Peut-être était-il temps d'y mettre un terme.
Du point de vue de Bastian. Mon cœur battait fort dans ma poitrine rien que d'y penser. Et cette proposition ? Je n'en savais pas assez à mon goût. J'étais curieuse. Je voulais aussi me rassurer, sans doute, m'assurer qu'il n'avait rien à voir avec Alix. L'idée qu'il ait put copiner avec elle contre moi me rendait anxieuse, m'effrayais. En était-il seulement capable ?
Et cette peau de vache rousse, mon envie de lui emmurer le visage est belle et bien présente. Elle se joue de moi et souhaite très clairement me faire du mal.
Je piochais dans mon plateau repas avec rage, ne remarquant pas la serveuse qui levait un sourcil en me regardant faire. Manger seule me faisait du bien et me permettait de remettre tout cela en place. Cela me laissait aussi du temps de me préparer à avouer à Bastian que nous jouions à un jeu avec Pharell. Au final, plus rien n'était secret...
Comme convenu plus tôt dans la journée, Bastian se pointa en bas de chez moi aux alentours de 19h30. Avec son sourire et ces cheveux un peu plus en bataille qu'à l'ordinaire, il portait un pantalon décontracté et un sweet-shirt à manche courte et à capuche dont le tour de bras moulait avec évidence ces muscles. Je rougis en le voyant et resserrais autours de mon cou mon foulard beige qui contrastait avec ma veste longue et large noir.
- J'ai changé d'avis, Dit-il avec gaieté.
- Au sujet de ?
- On va au bowling ce soir, cela te permettra de te défouler, je pense...
Je bondissais intérieurement de joie, il n'aurait pas pu mieux changer le programme ! Et je devais avouer que maintenant qu'il me le suggérait, me défouler était plutôt pas mal.
Il me prit la main et m'attira contre lui, je me sentais tout à coup coupable de ne pas m'être rapproché de lui plus tôt, sans doute cette habitude de distance au travail. Je rougissais un peu plus et me hissais sur la pointe des pieds pour venir l'embrasser. Le bras qui me barra le dos ensuite me maintint contre lui avec délice. J'avais chaud.
Le bowling ne se trouvait pas si loin de mon appartement et bien que je n'y sois encore jamais allée, je reconnus très vite l'enseigne lumineuse et colorée. Nous entrâmes et une boule se forma alors dans mon estomac.
Je devais lui dire...
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