Cap ou pas Cap? - Chapitre 13
CHAPITRE 13
Nous nous présentions à l'adresse qu'Alix nous avait indiquée, une grande bâtisse dans un petit quartier calme, qui sentait la petite bourgeoisie de la ville. Le grand portail de métal forgé qui nous faisait face m'intimidait et à en voir la réaction de Pharell lorsqu'un homme d'une cinquantaine d'année vint nous ouvrir, lui aussi était surprit.
- Veuillez entrer, jeunes gens, la soirée se trouve dans le jardin, à l'arrière...
Le... majordome, je ne sais pas comment j'aurais pu le qualifier autrement inclina la tête respectueusement en nous indiquant de la main le petit sentier de bitume se dirigeant vers de la lumière et des sons festifs. Il semblait que cette soirée soit huppée, une espèce de caprice d'enfant de bourge. Je me sentais tout de suite mal à l'aise. Ce genre d'ambiance ne m'enchantait pas vraiment. Trop de snobisme peut-être.
Je n'avais encore rien vu. Lorsque nous arrivâmes derrière la grande bâtisse, dans le flot de la musique électro qu'il y avait et qu'un dj sur une estrade nous déversait, je me rendis vraiment compte à quel point je n'étais pas de ce milieu.
Beaucoup de jeunes gens étaient là, à s'amuser, et je n'en reconnaissais aucun. Je refermais un peu plus ma main dans celle de Pharell et il me regarda gentiment. L'incident de la veille n'était peut-être pas encore passé. J'avais cependant du mal à le cerner à ce sujet... Blague ou non, je ne savais plus où j'en étais.
Alix arriva soudainement et nous fit la bise avec entrain. Je fus vraiment surprise, voir choquée de son attitude. Inconsciemment je me préparais déjà à un revers de médaille.
- Allons déjà nous prendre quelque chose à boire ! Aby', tu bois bien un peu de champagne ? Nous dit-elle.
Je hochais la tête et la laissais nous guider jusqu'à une longue table où trônait nombre de pichets, bouteilles et saladiers de punch et autre alcools avec toute une myriade de gobelets en plastique. D'autorité, elle nous mit deux verres de champagne dans les mains et trinqua d'elle-même avec nous.
- Pour la première sortie que nous faisons tous entre collègues.
Quoi ?
- Quoi ? Laissais-je sortir de ma bouche.
- Oui !! Bastian et M.Nivel sont aussi là, à s'amuser ! J'ai invité tout le monde, tu penses bien, sinon cela serait non-équitable.
- Oui, hum, je pense ... Répondit Pharell avant de goûter au mélange pétillant.
Décidément, je le sentais mal. Tout le monde était ici ? Et la limite vie privée/vie professionnelle, elle était où ? Où jugeait-elle encore faire la différence entre les deux alors qu'elle invitait même notre supérieur hiérarchique ? Le doute s'emparait de moi et son sourire qui me semblait forcé ne m'aidait pas à plaider sa cause.
- Bref, allons danser Aby' ! Me lança Pharell.
Je hochais la tête, me délestais de ma veste et le laissais m'emmener. Au milieu de la foule, il m'était d'autant plus impossible de distinguer si je reconnaissais du monde. Il faisait chaud, tous ces corps s'agitant dans ce tumulte entretenait une chaleur humaine impressionnante, l'alcool y aidait peut-être aussi. Danser avec Pharell n'était pas quelque chose de nouveau, quand bien même il me prenait par la taille et que j'enroulais mes bras autours de son cou. Nous en avions l'habitude, surtout lorsque nous sortions et que je ne voulais pas être importunée par d'autres hommes, simuler notre couple m'évitait parfois de me retrouver à danser avec des gens qui ne m'enchantaient pas et qui pouvaient être un peu trop entreprenant.
Je ne distinguais personne en particulier, sauf une silhouette qui m'interpella du regard au dehors de la foule. Bastian. Je rougis immédiatement. Etre dans les bras de Pharell, ainsi, me mettait soudainement mal à l'aise, je faisais une bêtise.
... En fait, je merdais depuis le début !
Bastian me regardait, fixement, un léger sourire aux lèvres et ce regard qui voulait tout dire et en même temps se gardait d'être clair. Il était beau ainsi. Je me rendais soudain compte qu'il n'avait rien à voir avec le Bastian que je pensais côtoyer au travail. Pour moi, il était cet homme, adorable et timide, tranquille dans sa tête. Pas ce genre de bad boy, sapé comme un dieu et me lançant des regards presque aguicheurs. Je baissais la tête et coupais ce lien qui me mettait mal à l'aise. Saisissant l'un des mains de Pharell je lui levais le bras – il comprit mon intention – et me fit tourner sur moi-même. Je souris, j'aimais bien cela. C'était adorable.
Mais Bastian restait dans un coin de la tête. Je revoyais ces yeux verts me fixer lorsque je fermais les miens. J'avais chaud, la gorge sèche. Je ne comprenais rien, à rien. Mais je savais que je n'aimais pas Pharell, pas comme lui devait m'aimer, ou prétendait ne pas le faire.
Je croisais le regard de mon meilleur ami en revenant face à lui. Ce regard qui voulait soudain tout dire, là, au milieu de la foule, dans l'ambiance moite et chaude. Ces yeux qui brillaient et qui me dévoraient littéralement ... jusqu'à ce qu'Alix arrive avec M. Nivel.
La gêne m'envahit. Mon patron, dans des habits chics mais décontractés se tenait devant moi, ces cheveux toujours bien tirés en arrières laissaient là s'échapper une mèche sur son visage. Son patron bordel ! Je bloquais totalement.... Mais je redescendais vite dans l'ironie en me disant qu'après tout, il couchait avec Alix. Un frisson remonta tout le long de mon échine et me chatouilla la nuque.
- Bonsoir Abygaël, ... Pharell. Dit-il avec un ton gentleman.
Il aurait pu être charmant, s'il n'avait pas laissé Alix se cramponner à son bras comme c'était le cas en cet instant. Elle avait peur de tomber ? C'était quoi son problème ? S'afficher ainsi...
- Bonsoir Monsieur...
- Evan, Abygaël. Me corrigea-t-il.
Je baissais la tête en rougissant et lâchais un petit sourire. Evan Nivel, très bien... mais que pour ce soir. Pharell restait interdit, peut-être que cela le gênait aussi. Je ne pouvais pas vraiment déchiffrer son expression. Il me tenait juste la main et il m'était impossible de le lâcher. D'ailleurs, furtivement, les yeux d'Evan firent un aller-retour entre nos mains entrelacées et Bastian, qui arrivait aussi.
- Bonjour Monsieur ! Dit-il avec un ton enjoué. Oh, Aby', Pharell, Alix, encore merci de m'avoir invité !
Je le regardais intensément alors qu'il semblait jouer un rôle. M. Nivel le regardait aussi étrangement. Je m'en inquiétais presque. Avait-il vu juste dans son jeu ? L'avait-il vu me regarder plus tôt avec ce regard pénétrant et prédateur ? Notre patron sourit et hocha la tête. La rousse se détacha de son bras et se mit à rire de façon exagérée.
- N'est-ce pas une excellente idée que de nous avoir tous regroupés ici ?! Ahah !!
- Si, pour une fois que nous sortons en dehors du travail ! Cela nous permet de se voir d'une autre façon, plus personnelle...
Je me demandais soudain ce que voulais dire cette phrase, et je cherchais toujours autant à libérer ma main de celle de Pharell.
- Pharell ? Nous retournons danser ? Demandais-je. Ne sommes-nous pas là pour nous défouler et se détendre ?
Il hocha la tête, sans un mot et fit demi-tour. Je me forçais alors à sourire et à hocher la tête pour m'excuser de trouver cette conversation sans sens, juste pleine d'hypocrisie. Quelques mètres plus loin, il me fallut toutes les peines du monde pour tirer un sourire à Pharell.
- Dis... qu'est-ce qu'il y a ?
- Elle a invité le chef... et Bastian...
- Hn... Et ?
Je soupirais en me bougeant mollement sur le son qui nous arrivait du dj. Si cela le dérangeait, je ne savais pas vraiment comment réagir. Cela me dérangeait aussi...
Bastian et Alix nous rejoignirent peu de temps après. Tous deux avec de grands sourires. Je me posais une question muette.
- On peut venir avec vous ? Pharell, tu m'as l'air mal, tu veux boire un coup ? Demanda Alix.
Il me lâcha enfin la main, elle était chaude et engourdie qu'il me l'a serrée autant. Je lui lançais un regard inquiet pour sourit à Bastian alors qu'il s'éloignait avec Alix.
- Pharell ne va pas bien ? Me demanda Bastian, ce qui me fit relever les yeux vers lui.
Il sourit gentiment.
- Je t'ai vu me regarder tout à l'heure...
- Oui, Répondit-il. J'ai aussi vu Pharell te gardant pour lui tout seul... Vas-tu continuer à dire qu'il n'y a rien entre vous ?
- Je t'assure qu'il n'y a rien... C'est comme ça entre nous. Il nous arrive de faire semblant d'être un couple en soirée pour être tranquille...
Il eut un sourire triomphant.
- Oh ? Tu veux que je te laisse tranquille alors ?
- Non... Sérieux arrête de penser certaines choses, demandes-moi, je te répondrais de façon claire et nette...
- Très bien...
Il s'avança d'un pas, passa un bras dans mon dos, au niveau et la taille et m'attira contre lui avec force. Je me retrouvais tout près de lui, maintenue fermement avec un petit côté possessif. Là, il se pencha sur moi, venant approcher ces lèvres des miennes mais s'arrêtant tout juste pour que je puisse sentir son souffle chaud ricocher sur mes lèvres. Plus que quelque centimètre et nous pouvions nous embrasser. Plus que ce petit écart et je ne répondais plus de rien.
- ... Veux-tu bien arrêter de jouer avec Pharell et sortir avec moi ? Trancha-t-il d'un coup sec.
Je lui lançais un regard perdu, avec des yeux grands comme des soucoupes. En effet, sa question était claire. Je sentais mon cœur palpiter et bondir dans ma poitrine. J'en mourrais d'envie.
Sans prévenir, ma raison flancha et je crispais les mains sur les épaules de Bastian. Mes lèvres s'écrasèrent contre les siennes avec délicatesse mais impatience... le tout sous le regard de Pharell et Alix qui se trouvaient à une vingtaine de mètres... l'un dépité et l'autre amusée.
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