Cap Ou Pas Cap? - Chapitre 10
CHAPITRE 10
Arrivés sur place, l'excitation montait en flèche dans mon sang. Voir toutes ces personnes affluer en même temps que nous me promettait une soirée pleine de couleurs et d'ambiance.
Nous fîmes déposer nos vestes à la réception et aussitôt à l'entrée de la galerie, un serveur nous aborda pour nous proposer deux coupes de champagne. C'était dans le plan de Pharell ou bien... ?
La galerie était donc bondée de personnes chics et bien habillées, silencieuse ou chuchotant en regardant les toiles suspendues aux murs. Ces murs blancs d'où ressortent les toiles attirent le regard, surtout ces couleurs vives qui m'empêchent dans un premier temps de me focaliser sur une seule toile à la fois. L'excitation y a aussi son petit rôle. Je sens une main saisir la mienne, libre, et m'attirer doucement vers un pan de mur très proche. Le regard affectueux de Pharell me réchauffe le cœur et sa main entourant la mienne me fait du bien. Je rougis. Ce geste n'est pas comme d'habitude. Se tenir la main, c'est simple pour deux amis qui non pas vraiment de limites. Mais dès qu'il y a ce petit truc en plus, les sensations prennent soudainement plus d'ampleur. C'est donc ainsi à présent ? C'est une bonne chose ?
Je ne suis plus sûre.
Profiter du moment est cependant ma priorité. J'ai décidé de jouer le jeu. Cette exposition est comme un rêve. Nous aurions très bien pus y venir avec Pharell sans cette histoire de proximité. Et à la place, le jeu aurait stipulé de boire X coupes de champagne ou une autre chose ridicule. Là, nous n'étions pas dans le « ridicule ». Plutôt dans une véritable atmosphère de rencard.
Un moment plus tard, après avoir rempli mes yeux de couleurs et d'images chatoyantes, quelques coupes de champagnes aidant aussi à faire briller mes yeux de couleur noisette, Pharell finit par nous emmener un peu plus loin dans la galerie. Connaissant à peu près le caractère de sa tante qui est l'auteur de tous les tableaux exposés ici, je sais qu'il s'y cache une autre surprise pour ces visiteurs. Et en effet, derrière une grande porte déguisée pour l'occasion, se cache une immense salle, elle aussi aménagée expressément pour l'occasion en salle de bal et de partage.
Ici, le brouhaha mélangé à la musique contraste avec le reste de l'exposition où le côté solennel est de mise. La musique est rythmée et déjà je peux apercevoir des personnes tout aussi bien habillées danser avec plaisir. Pharell me sourit, il semblerait que ma joie et mon entrain pour la suite se lise très facilement sur mon visage. Il vient ensuite plaquer un baiser sur ma joue, venant s'éterniser près de mon oreille.
- Cela te convient-il ? Chuchote-t-il tout près.
- Bien sûr, tu sais ce qu'il faut faire de toute façon. Tu as tout prévu n'est-ce pas ?
Il me fait un clin d'œil pour me répondre, oui, il a tout prévu. Comme si toutes nos soirées à parler de nos relations idéales ne lui avaient pas servies ce soir. Il me guide à présent vers la foule, me faisant tourner sur moi-même pour finir ma course et me rapprocher de lui. Je rougis. Il est très près, trop près. Et en cet instant, cela me dérange. Il continu et vient passer son pouce sur la joue rouge. Il sait que cela me fait craquer. Je rougis encore plus, malgré moi. Lui sourit, son sourire dévastateur auprès des femmes.
Et là, je capitule, bien évidemment. Une soirée comme celle-ci, traitée presque comme une princesse avec Pharell qui n'est pas non désirable. Mon cœur fond et j'entrevois quelque chose qui n'avait pas encore sa place ici se frayer un chemin jusqu'à mon cœur. « Tu l'aimes ? » Me crie ma conscience. Cela dit c'est une question, je la repousse et me raisonne. Attendons la suite.
- Je vais te chercher à boire. Me dit-il ensuite, avant de caresser ma main emprisonnée dans la sienne et de filer.
Il me rend dingue et à présent que je suis seule, je le remarque, j'en prends conscience. Il est parfait. Comme dans un rêve.
Je tourne sur moi-même et sens la brise me caresser le visage, j'en ferme les yeux. J'ai chaud, sans doute à cause de mes joues en flammes. En les rouvrant, je hoquète de surprise. Bastian se tient devant moi, habillée d'un costume vintage dans les tons lin sale. Il me regarde avec un sourire et s'avance vers moi alors que je suis toujours en train de me demander ce qu'il fait ici.
- La peintre de cette galerie est une véritable artiste. Elle a sût créer de belles toiles, qui m'ont déjà plus, mais en plus elle a réussi à t'attirer ici, ce qui rend ma soirée encore plus belle.
Je baisse un peu la tête et me sens gênée, c'était une véritable invitation. Il se racle la gorge.
- Non sérieux, je suis surpris de te voir ici, mais c'est une bonne surprise. Je sais par contre que tu y es avec Pharell.
Je sens que notre conversation va tourner au vinaigre, je relève la tête et lui fait face.
- Oui, nous sommes venus ici pour voir l'exposition de sa tante. Il m'a invitée en effet.
- Tu es jolie, charmante. Décrète-t-il sans trop penser à ce que je viens de dire.
Il fourre ensuite ses mains dans ses poches.
- Merci Bastian. Mais et toi, que fais-tu ici, se pourrait-il que tu aimes la peinture ?
- J'aime cela, mais que lorsqu'il y a de la couleur, pas vraiment quand ils affichent des toiles pleine de gris et noirs, qui ne veulent rien dire...
- Que tu ne comprends pas, le coupais-je avec un sourire.
Il me cède cet argument d'un hochement de tête et sourit.
- Je dois avouer que je ne te comprends pas non plus, Abygaël. Qu'en est-il de toi et lui ?
- Il n'y a rien.
- Je t'ai vu tournoyer comme une princesse amoureuse à l'instant.
Son air sérieux était revenu.
- Ma soirée se passe plutôt bien, c'est le genre de soirée dont je rêve parfois. La soirée idéale.
Il prit ma main et en caressa la paume avec son pouce, se rapprochant un peu plus.
- Avec un prince qui t'embrasses tendrement à la fin ? Lorsqu'il te ramène chez toi ?
Je le regarde avec surprise. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Et Pharell qui met du temps à revenir... Il me gêne, je baisse à nouveau les yeux. Sa réflexion m'a ramenée les pieds sur terre avec nonchalance et brutalité.
- Pharell est prévisible. Expliquais-je. Mais cela ne me dérange pas car nous sommes amis, il sait, je pense, ce qui rendrait ma soirée agréable.
Le regard de Bastian se fait encore plus dur. Il parait insatisfait, comme lorsqu'il ne réussit pas à craquer un site ou un logiciel. Je ne le reconnais cependant pas.
- Prévisible. Mon baiser était-il prévisible l'autre matin ?
Quoi ? Ce sujet ?! J'ai chaud décidément. Je ne me sens pas bien.
- Non... mais... Bastian...
Je m'agrippe à son bras. J'ai la tête qui tourne. Peut-être la chaleur, le bruit et le champagne... je vais pour replacer une mèche de cheveux derrière mon oreille quand je remarque une sueur froide près de ma tempe.
- Je t'emmène prendre l'air. Dit-il en balayant le sujet d'un seul coup, redevenant prévenant et adorable.
Il passe ensuite une main dans mon dos pour me soutenir et serre ma main qui le tient de l'autre. Je ne tomberais jamais tant qu'il serait là. C'était sûr.
Trouver une porte de sortie dissimulée ne lui fut pas compliqué. Et l'air frais cette fois qui me fouetta le visage me fit un bien fou. Je levais la tête vers le ciel étoilé du dehors et soupirais.
- Merci...
Il me regardait intensément. Trop. Je me demandais s'il allait revenir sur le sujet.
- Que je puisse être sérieux t'étonne-t-il à ce point ?
- Non, bien sûr que non.
- Cela fait longtemps que j'espère de toi un peu plus qu'une relation de bureau...
- Bastian, stop. Le ton que tu utilises ne me plait pas. Il ... il sonne grave.
J'en ai les larmes aux yeux. Messieurs, arrêtez de me tourner en bourrique !
Il me tient toujours la main, tout en me regardant étrangement, intensément toujours, près à fondre sur moi.
Je ne suis pas prête pour tout cela. Tout s'est développé si vite que je n'ai pas vu la transition. D'amis, de collègues, les voilà qui soudain veulent beaucoup plus. Et moi, que devais-je faire ?
Je ferme les yeux et serre ma main sur la manche de sa veste. L'air frais me ramène à la raison. Pouvais-je donner à Pharell ce qu'il souhaitait tout en le gardant comme ami ? Sans le perdre. Je connaissais la réponse. Tout le monde connait la réponse. C'était impossible. Si jamais j'acceptais de franchir la barrière amis-amour, et qu'ensuite je voulais faire demi-tour, jamais rien ne serait comme avant. C'était le perdre. Cela remettait-il en question toute notre relation amicale ? Notre jeu ? Ce jeu qui partait de fait enfantin, et qui au final prenait un tournant malsain pour nous deux...
Je restais muette et me disais soudain que Pharell devait me chercher. Mes yeux ne brillaient plus par l'alcool ou par les couleurs chatoyantes. Ils brillaient de larmes. Elles furent insupportable pour Bastian à priori car il fondit sur moi, m'attirant contre lui, guidant mon visage pour qu'il vienne se poser sur son épaule.
- Qu'est-ce qu'il y a princesse ? Murmura-t-il.
Je reniflais, retenant au maximum mes larmes et pouffant piteusement de rire à ce surnom. Je n'avais rien d'une princesse. Fiona peut-être ?
Je me blottissais contre lui.
- Rien...
Il sembla soupirer et me fit relever la tête. Son visage tout près du mien, ces bras chaud autours de mes épaules. Lui aussi, au final me faisait fondre. Me donnait chaud. Je le voyais se rapprocher d'avantages, son regard passant de mes yeux rouges à mes lèvres. Je devinais son intention, son souhait, son désir.
- Ne m'embrasse pas ... s'il te plait...
Il parut surprit et je le vis hésiter avant d'écraser ces lèvres sur mon front. Je sursautais presque mais était incapable de me défaire de ces bras. Si naïve et si chétive.
Il me lâcha après quelques secondes qui me semblèrent interminables et baissa à son tour la tête, ne se gênant pas pour me montrer sa déception.
- Je vais chercher Pharell pour lui dire que je t'aie amenée ici, que tu ne te sens pas bien et qu'il devrait te ramener chez toi. Reste ici.
Je hochais la tête et il rentra au milieu du brouhaha sans un mot de plus.
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