9 - État d'arrestation (SeungIn: Mature)
Style : Policier (TW Arme à feu), Romance, Double vie
Pairing : SeungIn
2 394 mots
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Le bruit de la vitre qui explosait faillit faire ralentir Jeongin, mais l'adrénaline ne fit que lui faire écouter son courage. Il continuait de courir, ignorant la sirène assourdissante de la sécurité du musée ainsi que les aboiements des chiens qui couraient dans les divers couloirs. Dérapant sur le parquet ciré, ébloui par les lumières éclatantes qui avaient été allumé, le jeune homme courait comme si sa vie en dépendait dans les traces du voleur cagoulé de noir devant lui.
« Police !! » hurla t-il entre deux profondes inspirations. « Arrêtez-vous !! »
C'était terrible. Tout était prévu depuis des jours entiers, le plan était absolument parfait et pourtant tout semblait filer entre leurs doigts. Jeongin sentait le poids de son arme dans l'étui qu'il portait à sa taille mais refusait d'en faire l'usage. C'était un voleur, un voleur renommé et connu mais il n'avait jamais menacé qui que ce soit hormis les riches possessions de certains exposants.
L'Astronaute, car tel était son surnom, ridiculisait la police de Séoul depuis des mois. C'était un voleur très particulier et connu. Il avait commencé rapidement par des petits coups d'éclat, volant des œuvres d'art aussi diverses et variées que des parchemins anciens, des figurines miniatures de certaines civilisations, et ce soir des bijoux. Des boucles d'oreilles pour être tout à fait exact : des pendants d'oreille de saphirs et d'améthystes somptueux, dont les pierres précieuses avaient été taillé par un lapidaire mondialement célèbre et récemment décédé. La dernière pièce de cet artisan était exposée dans le musée depuis à peine deux semaines que les rumeurs couraient bon train à propos d'un cambriolage pour les dérober.
C'était ironique, pensa une seconde Jeongin avec le souffle terriblement court et une pointe dans la poitrine. Ils avaient renforcé la sécurité, instauré des patrouilles et même prit des chiens avec eux, tout ça pour que le voleur file comme si le vent le portait à une dizaine de mètres de lui. Ses muscles le brûlaient alors qu'il vit l'Astronaute sauter par dessus un banc d'exposition pour s'approcher dangereusement d'une fenêtre.
« Arrêtez-vous !! » cria de nouveau le policier, complètement dépassé.
Jeongin sentit ses jambes fléchir lorsque la silhouette devant lui se tourna rapidement. Il se figea sur place aussitôt en voyant l'éclat du canon d'une arme à feu braqué sur lui. Le jeune homme sentit l'adrénaline pulser encore plus fort dans ses veines et bientôt un bruit blanc envahit ses oreilles. Allait-il mourir aujourd'hui ? Le voleur le regardait droit dans les yeux, caché sous sa cagoule, et la tension monta d'un cran dans le ventre de Jeongin.
Le policier ne put que voir le clin d'œil de l'Astronaute avant que celui-ci ne décale son arme de quelques centimètres pour tirer dans une vitrine derrière Jeongin, qui vola en éclat dans un fracas effroyable. Avant même que ce dernier ne sente la terreur redescendre, le voleur se jeta par la fenêtre ouverte sans hésiter et les bruits de ses pas sur les toits s'évanouirent dans l'esprit de Jeongin. Le bruit assourdissant striait son crâne et le tétanisait sur place.
« Coup de feu !! » hurla son talkie-walkie accroché à son torse « Agent Yang répondez !! Agent Yang est-ce que vous êtes touché ?? »
Le jeune homme cligna des yeux à plusieurs reprises au même moment où les deux malinois firent leurs entrées dans la salle en aboyant comme des diables. Derrière eux, les maîtres chiens étaient à bout de souffle et observaient avec effroi la vitrine en verre totalement éclatée. Jeongin y jeta un coup d'œil pour voir les débris coupants sur le sol, perdant en leur sein les diverses œuvres exposées dans celle-ci avant qu'elle n'éclate à l'impact de la balle.
« Je n'ai rien. » trouva t-il la force de répondre dans son talkie-walkie, la gorge complètement serrée et étranglée. « Il a réussit à s'enfuir Capitaine. »
« Bordel... » se mit à râler la voix à l'autre bout de la ligne. « Agent Yang, revenez de suite. Laissez la balistique prendre le relais. »
Jeongin acquiesça et fit mécaniquement demi-tour. Il sentait ses jambes encore tremblantes et la panique remonter dans sa gorge. Ce soir, il avait failli y passer et avait conscience de ne pas s'en rendre compte. Bien entendu, ils étaient formés à cette réalité. Bien entendu qu'ils le savaient : être dans la police impliquait tout les risques associés. Et mourir en faisait partie. Le jeune homme laissa les maîtres chiens reprendre possession de leurs animaux pendant qu'il quittait la pièce. Le corps en pilotage automatique, il prêtait à peine attention au brouhaha qui se trouvait désormais dans la gigantesque salle d'exposition.
Il n'avait été que le premier de la tête de file devant tous les autres. C'était lui qui était en meilleure forme physique, à part le Capitaine Kim, dans leur escouade et ses collègues l'observaient d'un air navré. Les coups de feu étaient rares lors des missions et même s'ils avaient déjà perdus certains des leurs à cause de détraqués, c'était toujours une tragédie. Jeongin ne leur prêta pas attention, ignorant les hommes et les femmes en uniforme autour de lui pour se rapprocher de son Capitaine qui semblait complètement épuisé.
« Qu'est ce qu'il s'est passé Yang ? » demanda t-il en fronçant les sourcils. « J'étais en surveillance sur les vidéos, pourquoi vous n'avez pas sorti votre arme ? »
« Il n'a jamais tiré sur qui que ce soit. » répondit Jeongin, le cœur encore battant la chamade de sa course et de la terreur qui avait afflué dans ses veines. « Je ne pensais pas... »
« Yang bon dieu, je vous demande pas de penser je vous demande d'agir et ma priorité c'est de vous ramener vivant !! » se mit à aboyer le Capitaine Kim. D'un geste de la main il fit signe aux hommes autour d'eux de s'éloigner et indiqua à Jeongin de le suivre. Le jeune homme inspira profondément avant de s'exécuter. « Jeongin, il faut vraiment que tu sois plus prudent en mission. »
« Je prends habituellement toutes les précautions nécessaires. » reprit le jeune homme, la culpabilité étreignant sa gorge.
Le Capitaine Kim soupira. C'était un homme dans la force de l'âge, en excellente forme physique et avec beaucoup de charisme. Nerveusement, il passa la main sur son visage. Jeongin s'en voulait, cet homme l'avait accueillit au travail comme dans sa vie de famille, et il lui créait beaucoup de problèmes.
« Jeongin, si jamais je n'arrive pas à te protéger un jour, ne me demande pas d'apprendre ta mort à mon fils. » continua le Capitaine Kim en se mordillant les lèvres. « C'est la prunelle de mes yeux et il t'aime. Ne lui impose pas ça. »
Suite à son engagement dans la police et son intégration dans le commissariat où il exerçait encore aujourd'hui, il avait finit par rencontrer Seungmin, le fils du Capitaine. Si ça n'avait pas été le coup de foudre immédiat, il s'était révélé que les deux jeunes hommes avaient beaucoup de chose en commun au point de tomber amoureux l'un de l'autre. C'était une double peine pour Seungmin. En plus d'un père agent de police, il était sous le charme d'un homme qui risquait sa vie tous les jours.
« Je vais faire de mon mieux à l'avenir... » répondit finalement Jeongin en baissant les yeux.
« Allez Fils, je t'impose pas de remplir un rapport ce soir. Tu feras ça demain. » rétorqua le Capitaine Kim en soupirant. « Retourne chez toi. »
Le jeune homme remercia son beau-père avant de prendre le chemin de sortie du musée. Autour de lui, les équipes balistiques et la police scientifique s'affairait dans tous les sens à la recherche du moindre indice. L'Astronaute ne laissait jamais rien derrière lui : aucune fibre, aucune empreinte, aucun cheveux. C'était frustrant pour tout le monde et l'enquête broyait la police de Séoul constamment. La population admirait ce justicier de pacotille qui volait des œuvres d'art hors de prix. Le pire ? Il ne les revendait pas. Personne ne savait ce qu'il en faisait.
Jeongin descendit de l'étage où il se trouvait, prit le temps de déposer son gilet par balle ainsi que son équipement de communication dans la camionnette de matériel avant de faire appel à un taxi pour rentrer chez lui. D'ordinaire, il serait rentré avec toute son équipe mais vu l'ordre de son Capitaine, il avait l'autorisation de rentrer rapidement chez lui et son compagnon.
Lorsqu'il arriva dans son quartier, l'agent de police paya la course avant de rentrer dans son parc d'habitation. Avec Seungmin, ils avaient investis dans un joli appartement donnant sur un rez de jardin où leur chien pouvait gambader la journée avant qu'ils ne puissent le sortir. Il était épuisé, la nervosité n'arrivait pas à descendre. Il s'était sorti indemne de cette soirée, tout du moins physiquement. Lorsqu'il entra enfin dans son appartement, il se sentait enfin en sécurité.
De la douce musique retentissait dans les murs de ce cocon. La décoration était sobre, quoi qu'avec de belles pièces rares, que ça soit Seungmin ou lui ils n'avaient pas beaucoup de temps à passer ici mais aimaient plus que tout s'y retrouver. Le policier entendit sans peine la douche fonctionner dans la salle de bain dans l'appartement, ce n'était pas étonnant vu l'heure, aussi il enleva ses chaussures afin de se mettre à l'aise, câlina le chien qui jappait en le voyant et décida de se débarrasser de son uniforme. Il mourait d'envie de prendre une douche. Sans attendre, il fila dans la chambre pour au moins enlever son lourd pantalon d'uniforme, sa chemise, son arme à feu qu'il posa avec délicatesse sur le bureau où se trouvaient une multitude de bibelots en tout genre et enfila un jogging avec un tee-shirt en attendant que la salle de bain ne se libère.
Pourtant, un sentiment étrange était tapi dans son ventre, aussi dès qu'il entendit l'eau de la douche arrêter de couler, il se décida à aller voir son compagnon. Jeongin quitta la chambre et toqua doucement à la porte de la salle de bain.
« Chéri ? Je peux entrer ? » demanda t-il d'une voix qui se voulait calme, malgré tout ce qu'il ressentait.
« Oui vas-y ! »
La voix de Seungmin était claironnante et joyeuse, aussi lorsque Jeongin ouvrit la porte, il découvrit son petit ami chantonnant et souriant dans le miroir de la salle de bain. Sa peau était encore trempée de sa douche et il ne portait sur lui qu'une serviette autour de la taille. En se tournant, le sourire de Seungmin ne le quittait pas, alors que le policier était de marbre.
« Oh, est-ce que tout va bien ? » demanda le jeune homme d'un air légèrement inquiet.
« Non !! » répondit Jeongin avec une expression dépitée. « Tu m'as tiré dessus !! Devant ton père !! »
Si un jour on avait dit à Jeongin que l'homme dont il tomberait éperdument amoureux était en réalité une véritable crapule, il ne l'aurait jamais cru. L'Astronaute n'était personne d'autre que Seungmin, le fils d'un des capitaines de police les plus respectés de tout Séoul. Bien que son père n'était pas au courant, Jeongin avait bien fini par le découvrir. Et son amour l'aveuglait assez pour avoir prit la lourde décision de devenir complice en gardant le secret de Seungmin. Pire, en essayant même de lui faciliter la vie.
A chaque fois que l'Astronaute devait intervenir quelque part, Jeongin se portait volontaire le premier. Tout le monde prenait ça comme un dévouement à la cause de toute une carrière, la réalité était simplement que le jeune homme était tétanisé de peur à l'idée de perdre Seungmin à cause de ses plans de vol. Personne ne le soupçonnait. Comment était-ce possible de douter de lui après tout ?
Seungmin l'observa avec un regard peiné avant de s'approcher de lui pour venir lui prendre les mains. Il avait l'air vraiment triste et ennuyé.
« Voyons, jamais je ne te ferais de mal ! » s'exclama t-il en faisant une moue. Il était terriblement convaincant avec ses yeux de chiens battus, Jeongin savait que c'était son point faible. « Tu as bien vu, j'ai décalé l'arme avant de tirer, jamais je ne pourrais te tirer directement dessus... »
« J'ai eu vraiment peur ce soir... » soupira le policier en serrant doucement les mains de son compagnon dans les siennes. « Tout ça pour des boucles d'oreilles, sérieusement ? »
Le voleur eu cette fois-ci un sourire amusé. Il relâcha les mains de Jeongin pour se retourner et attraper quelque chose sur la tablette de la salle de bain. Entre ses doigts, le policier vit sans peine les délicats bijoux, absolument divins de perfection. Malgré l'éclairage médiocre de la pièce, le jeune homme pouvait sans peine en apprécier les finitions et tout le travail alloué. Avant de pouvoir esquisser le moindre geste, Jeongin vit son compagnon enlever les fermoirs pour délicatement les mettre à ses oreilles.
« C'est toi qui les trouvait belles dans le catalogue de l'exposition... » murmura Seungmin alors qu'il attachait fermement une des deux boucles à l'oreille de son petit ami. Ce dernier retint son souffle en sentant le poids des saphirs et des améthystes à son lobe. « Et elles te vont à ravir. »
Leur appartement regorgeait de bibelots oui. Des bibelots hors de prix sortis des musées et des collections privées les plus chères de Corée du Sud. Jeongin trouvait que c'était de la pure folie, mais il y accompagnait Seungmin sans hésiter. En sentant le deuxième fermoir se refermer, le policier frissonna. Son petit ami le prit doucement par les bras pour l'amener devant le miroir. Jeongin ne pouvait que voir son reflet, celui d'un homme fatigué mais orné des pierres précieuses les plus délicates qu'il avait pu voir de près dans toute sa vie. Seungmin se glissa dans son dos, embrassant tendrement son cou avant de remonter avec toute la douceur du monde ses baisers le long de cette chair offerte et couverte de merveilles.
C'était une douce folie, mais Jeongin y plongeait à corps perdu. C'était impossible pour lui arrêter l'homme qui le baignait de baisers et de cadeaux plus incroyables les uns que les autres. Et tant pis pour le reste.
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