2 - Encrage (Jeongchan)
Style : Drague, UA Non Idoles
Pairing : Jeongchan
1 814 mots
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La devanture n'avait rien d'engageante : malgré les vitres propres, les divers dessins de tatouage et de divers projet achevés parcouraient la vitrine pour illustrer les travaux des artistes du salon. N'importe quelle personne se voulant politiquement correcte n'aurait pas osé pousser la porte de la boutique ne serait-ce que par curiosité. Pourtant, Chan était bien devant et complètement fasciné.
Il avait toujours été très adepte de la beauté d'un corps humain à l'état brut : raison pour laquelle il pratiquait du sport régulièrement pour s'entretenir. Au delà de ça, il n'avait jamais été particulièrement attiré par les transformations physiques. Il s'était toujours contenté d'une boucle d'oreille à un de ses propres lobes et n'avait fait qu'observer les tatouages. Ayant grandi en Australie une partie de son enfance, il avait connu de nombreux voisins avec des œuvres d'encre noire traditionnelles, tranchant sur la peau dans des motifs tribaux. Mais jamais il n'avait songé sauter le pas.
Jusqu'à ce jour.
Devant la boutique portant le nom « Waiting », Chan observait les divers projets qui avait attiré son œil encore novice. Les arabesques d'aquarelle, les animaux et fleurs peints sur la peau comme s'il s'agissaient de simples ébauches en peinture à l'eau, il était simplement fasciné. Pour lui, le tatouage avait toujours été un art plutôt masculin, aux encres sombres et aux motifs codifiés. Mais voir ces incroyables œuvres aux couleurs pastels le déstabilisait. Son regard était très attiré par le dessin d'un renard courant le long d'un dos d'une femme, que ça soit l'éclat dans l'œil de l'animal ou le trait de l'aquarelle en elle même, Chan était subjugué. Il ne savait pas que c'était possible de tatouer avec autant de délicatesse qu'avec un pinceau.
Avant même de pouvoir hésiter, le jeune homme poussa la porte de la boutique. Aussitôt, un carillon retentit pour annoncer son entrée et une bande son de relaxation apaisa les battements erratiques de son cœur. L'excitation coulait à flot dans ses veines, c'était la première fois qu'il entrait dans un salon de tatouage et n'avait absolument aucune idée de comment les choses se déroulaient. Son regard balaya la pièce : il y avait quelques divans de couleur crème, des vitrines où étaient exposés des dessins et des gravures. Sur les murs, de nombreuses photographies étaient accrochées pour dévoiler le talent des artistes exerçant sur place. Chan sentait son regard toujours attiré par ceux en aquarelle et se demanda l'espace d'un instant à qui pouvait bien correspondre ces dessins si particuliers et légers.
Le jeune homme faillit sursauter jusqu'au plafond en entendant une porte s'ouvrir dans le local d'où surgit un des tatoueurs du salon, à n'en pas douter. Chan resta d'ailleurs muet de stupeur devant ce garçon : probablement plus jeune que lui, des bras nus légèrement musclés couverts de couleurs si douces et délicates qu'il était certain de voir des aquarelles bouger toutes seules, des cheveux d'un rose ancien d'où des oreilles bardées d'anneaux en argent dépassaient... Sans parler du visage, anguleux et sévère, dont les yeux perçants détaillèrent Chan des pieds à la tête avant qu'un sourire ne se dessine sur les lèvres du tatoueur. Le jeune homme se rendit également compte que le visage de l'artiste était percé : le septum qui dépassait de son nez était pourtant discret.
« Je risque de te faire payer si tu es juste venu pour me regarder. » lança le tatoueur sans cesser de sourire, faisant rougir Chan outre mesure en se rendant compte d'à quel point il était impoli.
« Oh mon dieu, je suis désolé. » répondit-il aussitôt en voyant le jeune homme devant lui s'installer derrière le comptoir. « Ce n'était pas volontaire, j-je... »
Chan n'était pas spécialement vieux, il allait fêter bientôt ses vingt-cinq ans, mais il n'avait jamais vu de personne autant tatouée de si près. Aucun ami dans son entourage ne l'avait fait et hormis les photos sur lesquelles il était tombé, il n'avait jamais pu observer un grain de peau couvert d'encre de ses propres yeux. Pourtant le garçon devant lui était plus jeune, c'était obligé. Sur ses bras, il pouvait y voir des animaux mythiques du folklore coréen comme le grand Tigre Blanc ou la Tortue Noire, dans des traits de pinceaux pourtant légers et presque poétiques. C'était fascinant.
« C'est ta première fois ? » demanda alors le tatoueur en tournant le bras pour permettre à son client d'observer le reste du tatouage. « Je fais ce style aquarelle depuis déjà trois ans : c'est mon mentor qui m'a fait ceux que tu vois sur mes bras. »
« C'est vraiment incroyable. On dirait vraiment de la peinture. » répondit Chan, subjugué. « Je n'ai jamais été vraiment fan des tatouage parce que pour moi c'est vraiment de grosses pièces sombres et très voyantes... »
Le petit rire que laissa paraître le tatoueur en disait terriblement long sur Chan : en une seconde le jeune homme comprit qu'il n'y connaissait rien du tout au monde du tatouage et encore moins sur l'étendu de ses possibilités. Rougissant d'embarras, il glissa une main maladroite dans ses cheveux bouclés pour enrouler quelques mèches autour de ses doigts. Il n'y avait que ça qui le réconfortait lorsqu'il stressait.
« Tu es juste venu observer ou tu aimerais te faire tatouer quelque chose ? » enchaîna le tatoueur d'un air mutin. « J'ai un créneau de libre donc si jamais tu as envie de sauter le pas je peux te faire un flash ou bien... »
Chan était perdu, il se sentait ridicule à débarquer dans un salon sans rien savoir. Mais devant son air dépité, le jeune homme en face de lui eu pitié et prit le temps de sortir un énorme catalogue se trouvant sous le comptoir d'accueil pour l'ouvrir et le présenter au curieux. Le jeune homme osa s'approcher, observant les dessins déjà préparés et prêts à être tatoués sur une peau offerte. Si chaque dessin semblait différent du précédent, Chan n'avait aucun mal à reconnaître le style du tatoueur devant lui. Des traces de peinture à l'eau, des couleurs allant du vert amande au bleu turquoise, des palettes de nuances d'une tendresse qui rappelait au jeune homme toute son enfance. Amusé, il en oubliait presque sa gêne du début en désignant du doigt la silhouette d'un loup dessinée par des crocus d'un joli parme et des jonquilles aussi éclatantes que le soleil.
« J'aime bien celui-ci. » lança t-il sans hésiter, son regard naviguant sur la main du tatoueur où il pouvait détailler ses ongles peints de noir. Ses doigts étaient terriblement long et effilés, Chan se sentait étrangement attiré par l'artiste : tout n'était que contradiction chez lui. Ses couleurs étaient soient les plus pastels possibles, soient les plus sombres.
« Ah, c'est un des derniers que j'ai dessiné. »
Surpris d'entendre la voix du tatoueur si proche de lui, Chan releva la tête pour constater qu'en effet, le jeune homme s'était penché pour s'approcher de lui. Ils n'étaient qu'à quelques centimètres d'écart mais ce n'était pas difficile de pouvoir détailler avec précision. Le tatoueur l'observait avec un sourire en coin, clairement amusé de le voir si innocent de tout son univers.
« Je m'appelle Jeongin. » finit par lancer le jeune homme en penchant la tête sur le côté. « Dis moi ton nom. »
« Chan. » répondit-il sans pouvoir retenir un mot, désarçonné et étonné de voir l'artiste si sûr de lui.
« Très bien Channie. » rétorqua alors Jeongin en s'appuyant sur un de ses coudes. Il avait un large sourire sur le visage. « Je te force en rien, mais promet moi que je te ferais ton premier tatouage. Ta peau est absolument parfaite pour ça. »
Chan avait toujours trouvé que sa peau était bien trop blanche. Lorsqu'il s'exposait au soleil, son teint pouvait facilement virer à la couleur miel, mais son travail le laissait régulièrement veiller jusqu'au milieu de la nuit et lui faisait ainsi éviter les grands pics de soleil du milieu de journée. Décontenancé, il se sentit rougir en voyant le jeune homme si proche de lui, avec cet air amusé et son grand sourire. Chan crut qu'il allait perdre pied en voyant Jeongin hausser les sourcils d'un air entendu. Ce n'était plus vraiment un jeu : le garçon le draguait complètement. La question était pourquoi lui ?! Et pourquoi un tatoueur aussi attirant que l'était l'homme devant lui pouvait s'intéresser à sa personne ?
« V-vraiment ? » demanda t-il, décontenancé par un tel aplomb venant de la part d'un garçon probablement plus jeune que lui. Chan sentait ses joues s'enflammer et son cœur rater un battement : les gens qui le draguait étaient rares, d'autant plus lorsqu'ils se connaissaient à peine.
« Oui, je suis sérieux. Prends le temps de réfléchir. » répondit Jeongin avant de se redresser et d'attraper une de ses cartes de visite pour la faire glisser sur le comptoir. « En attendant, prends mon numéro. Et si jamais l'envie te dit de boire un café avec moi un jour te dit, appelle moi. Ça sera quand même moins définitif qu'un tatouage. »
Pris au dépourvu, Chan attrapa la carte et se mit à rire à l'entente du jeune homme. Il était soulagé de ne pas se voir forcer la main pour quoi que ce soit. Jeongin continuait de l'observer, les mains dans les poches et l'air plutôt détaché. Les dessins entre eux étaient magnifiques : ils étaient les plus doux que le jeune homme avait pu observer de ses propres yeux depuis bien longtemps.
« Je te trouve mignon. » déclara sans préambule le tatoueur en plongeant son regard dans le sien. « Donc si tu acceptes, ça me ferait plaisir. »
« Sérieusement ? » s'étonna Chan, l'air perdu. Il avait toujours été persuadé que les tatoueurs étaient des artistes très renfermés sur eux-même et qu'avec cette passion en commun, ils s'ouvraient peu aux autres. « E-enfin, merci... »
« On aura l'occasion de reparler de tout ça autour d'un café, d'accord Channie ? » lança Jeongin en souriant face à son air embarrassé. « Et encore plus si tu acceptes de me laisser tatouer ta peau. »
En quittant le salon de tatouage, le jeune homme peinait croire ce qu'il venait de vivre. Il était rentré par curiosité, et il en était sorti avec le numéro d'un garçon qu'il trouvait terriblement mignon ainsi que l'envie irrépressible de graver sa peau avec les couleurs les plus délicates qu'il lui avait été donné de voir.
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