22. Rose Marbre
Bon anniversaire à _lueurglacante qui nous offre un petit cadeau pour aujourd'hui :)
Minho venait de passer le portail grinçant qui signait le début d'une longue allée goudronnée. Il s'engagea sur ce chemin les mains dans les poches et le regard par terre, le sol est quelque chose de tellement passionnant lorsque on voudrait éviter tout ce qu'il y a autour.
Ses pieds traînaient et cette route était interminable, certainement car il faisait durer ce trajet au maximum. Le vent murmurant à travers les feuilles rendait l'ambiance insoutenable. Et même quand il s'arrêta de marcher l'ambiance resta similaire.
Il vit son reflet impassible se refléter sur le marbre de la tombe, Minho ne souriait pas et les sapins entourant le cimetière, qui avait pourtant passé des heures à jouer avec des enfants grimpant à leur tronc, non plus.
Les roses en plastique dans sa main droite étaient abîmées par le temps, pourtant Minho les déposa quand même dans un des vases et s'en alla sans un regard de plus, il faisait ça tous les soirs depuis sept années, mais aujourd'hui c'était différent, c'était l'anniversaire de sa mort, et il était malgré ça le seul à s'être rendu sur la tombe de son ancienne et première copine.
Il ne voulait pas rentrer chez lui aujourd'hui. Car que ce soit ce vingt-deux décembre ou celui d'il y a quelques années, pratiquement rien ne changerait. Il allait s'asseoir sur un de ses fauteuils en regardant les informations à la télé, se remémorant la façon dont il avait pris cet appel, la façon dont la personne au bout du fil pleurait, la façon dont ses yeux s'étaient élargi et comment il avait serré les dents pour empêcher son cœur de crier détresse.
Minho partit donc en direction de l'endroit dans lequel il jouait plus petit et s'assit sur une des deux balançoires du parc, face aux étoiles. Les flocons commençaient à parsemer ses cheveux de blanc et les petites bouillottes qu'il y avait dans ses poches ne suffisaient plus à le protéger du froid, il ferma donc les yeux essayant de se concentrer sur autre chose que la neige qui tombait. Tellement investi dans son activité il ne vit pas défiler l'heure, maintenant il n'était éclairé que par un lampadaire. Et il ne sentit pas non plus que quelqu'un d'autre était en train de s'asseoir sur la seconde balançoire.
« -Salut ? Qu'est ce que fait un ange dehors dans un parc ? Mon cadeau de Noël est-t-il arrivé en avance ? »
Cette voix fit sortir Minho de sa torpeur et lorsque ses yeux s'ouvrèrent il tomba sur un jeune homme de son âge, les traits souriant, le bas de son visage était emmitouflé dans une écharpe rouge mais il le savait car les yeux du garçon souriaient pour lui.
« -Et ça c'était une tentative de drague ratée ? demanda Minho
-Pas vraiment, c'était surtout une façon plus originale de commencer la conversation, mais cela ne t'as même pas un peu surpris.
-Ah ? »
Bien que le blondinet en face de Minho n'ait dit ça que pour l'aborder, Minho savait qu'il attendait une réponse, il voulait savoir pourquoi il était là.
« -Je sais pas trop pourquoi je suis là, fuir très certainement.
-Fuir quoi ?
-La monotonie.
-Quelle monotonie ? »
Minho savait que cette conversation allait durer encore longtemps, parce que le blond était vivant, on ne voyait pas que son sourire dans ses yeux. On voyait aussi le fait qu'il était imaginatif, du genre à s'arrêter en pleine tirade sur le dernier roman qu'il avait lu pour te montrer un nuage en forme de seringue et finir par changer de sujet pour parler d'à quel point sa dernière prise de sang lui avait fait mal. Mais ce qui était le plus flagrant c'était sa curiosité, son envie d'apprendre et de découvrir tout et n'importe qui. Mais ça ne dérangeait pas Minho, et c'est parce que c'est beaucoup plus simple de se confier à des inconnues qu'il lui répondit :
« -La routine. Celle où je mange tous les jours une soupe devant la télé.
-Mais ce n'est jamais la même soupe.
-Pardon ?
-Tu mangeras tout le temps une soupe devant la télé mais ta soupe n'aura jamais le même goût et la TV ne te dira jamais la même chose, c'est à ce genre de détail qu'il faut s'accrocher pour ne pas sombrer dans la folie de la routine.
-Si ça ne faisait pas sept ans peut être que j'aurais compris ce que tu viens de dire, le temps efface tout même ce genre de détail.
-Si le temps efface tout pourquoi est ce qu'il n'effacerait pas ton ennuie ?
-Parce que je n'ai pas la motivation de me sauver.
-Alors je le ferai pour toi.
-Une semaine, c'est le temps que je te donne pour m'oublier.
-Une fellation. C'est ce que tu me donneras dans une semaine en voyant que je suis toujours à tes côtés. »
Minho planta son regard dans celui de son partenaire de balançoire et ne pu réprimer un léger rire en voyant la détermination dans son regard.
Il n'eut pas le temps de répondre que l'autre avait déjà le regard autre part, fouillant dans sa poche pour en sortir un carnet de croquis, des cigarettes et un briquet.
« -Tu veux savoir pourquoi je suis venu ici moi ? »
Minho acquiesça.
« -Je suis venu pour trouver l'inspiration et dessiner. Ton sourire, tu n'as pas l'air de le montrer tant que ça, ça le rend encore plus authentique. Laisse-moi le dessiner. »
Minho acquiesça une seconde fois.
« -Le seul problème c'est que le rêveur que je suis a oublié de prendre de quoi écrire. »
Tout en disant ça le blond à l'écharpe rouge commença à allumer sa cigarette, il y arriva malgré le froid. Minho fronça ses sourcils lorsque ce dernier récolta les cendres dans sa main gauche. Après environ dix minutes à laisser une chouette combler le silence, le garçon frotta les cendres sur sa feuille de papier et s'écria avec gaieté « Oui, ça marche ! »
C'est uniquement à ce moment là que Minho comprit que les traces laissées par les cendres allaient remplacer le crayon oublié, et que l'homme en face allait dessiner à partir de ça. Et plus le résultat apparaissait plus la réticence de Minho partait, la différence de matériaux apportait vraiment du charme au croquis, Minho voulait être plus proche de l'autre, il voulait lui parler.
« -Aujourd'hui ça fait sept années que mon ex est décédée. »
Le dessinateur releva le regard en invitant Minho à continuer son récit.
« -Je vais sur sa tombe pratiquement tous les jours depuis, je lui apporte des roses en plastiques à chaque fois.
-En plastique ?
-Oui, je vais la voir tous les jours, ça reviendrait à trop cher d'en prendre des réelles, à vrai dire j'ai trois roses en plastiques différentes je les inter-change donc chaque jour, la troisième je la mets pour les occasions spéciales comme aujourd'hui.
- Si j'étais elle je préférerais une personne venant une fois de temps en temps pour me raconter ce qu'elle fait, m'apporter de belles roses en souriant plutôt que quelqu'un venant faire sa tournée annuelle, es-tu sur que tu y vas pour elle et pas plutôt pour toi et ta conscience? »
Minho ne répondit jamais.
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Minho venait de passer le portail grinçant qui signait le début d'une allée goudronnée. Il s'engagea sur ce chemin le regard levé sur la cime des arbres se dessinant derrière les murs du cimetière.
Cette route était assez courte, certainement car il se dépêchait pour arriver rapidement à l'autre bout. Le vent murmurant à travers les feuilles donnait à Minho un sentiment de sécurité. Et même quand il s'arrêta de marcher l'ambiance resta similaire.
Il vit son reflet se refléter sur le marbre de la tombe, Minho souriait, comme les sapins entourant le cimetière, qui avait passé l'heure d'avant à jouer avec des enfants grimpant à leur tronc.
Les roses, des vraies, dans sa main droite était joliment fleuries, blanches comme la neige du décor, Minho les déposa dans un des vases et s'en alla après avoir raconté ce qu'il avait fait ce mois ci, il faisait ça une ou deux fois par mois.
Après ça il voulait rentrer chez lui, aujourd'hui. Car ce vingt-deux décembre il y avait Han Jisung qui l'attendait chez lui, pour manger et critiquer ce que les journalistes diraient à la télé.
Garanti sans virus.
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