14. PLUS RAYONNANT QUE LES DÉCORATIONS
Aujourd'hui c'est aataye qui vous présente son OS ! Bonne lecture ;
Alors que tout le monde profite de Noël, et de la joie que la fête apporte, Minho, lui, distribue des soupes.
***
Minho souffle. De la buée flotte dans l'atmosphère, née de la chaleur de sa respiration. Sur son bonnet repose un cache-oreille ridicule, au motif de Noël, qui camoufle sa peau rougie. Il a putain de froid. Ce sont les mots qu'il répète pour lui-même depuis le début de la soirée. Les semelles lisses de son costume acheté à quelques yens dans un magasin bazar menacent de le faire tomber à chacun de ses pas sur le verglas, et il les maudit.
— Quelle soirée de merde.
Il murmure une fois de plus, parce qu'il est tout seul et qu'il ne gâche la journée de personne, alors il peut se le permettre. Il peut se plaindre et être aigri à sa guise, même si c'est Noël et qu'il est censé sentir la magie affluer en lui.
—Bonjour.
Minho relève la tête, une femme se tient devant lui. Elle lui sourit poliment, et le jeune adulte lui rend son expression, mettant en valeur son nez rougi par la température négative.
— Je pourrais avoir un repas s'il vous plaît ?
— Bien-sûr.
La colère et la frustration ont disparu du ton du brun. Avec un sourire courtois, légèrement restreint, mais pas moins sincère, il verse dans une boîte en plastique de la soupe presque bouillante, et l'accompagne d'un gobelet de vin chaud.
— Tenez.
La femme, de l'âge de la mère de Minho, attrape des mains du garçon les deux contenants. Une fois de plus, elle lui sourit, mais c'est moins mécanique, plus chaleureux, plus humain. Son expression porte un remerciement assez fort pour que ses paupières s'étirent et que ses pommettes remontent.
— Merci, c'est gentil à vous de travailler en pleine soirée de Noël, surtout pour aider des gens comme moi.
Elle a presque l'air désolée, comme si elle était la raison pour laquelle Minho est dehors, comme si ce dernier souffrait plus qu'elle. Et celui-ci sourit pour la rassurer, car s'il est là, c'est par choix. Et même si instinctivement, il se plaint à chaque moment de solitude, il ne reste pas moins heureux de ce qu'il fait, d'être dans la capacité d'aider ceux qui en ont besoin.
— Y a pas de problème, on a tous besoin d'un peu d'aide de temps en temps.
— Quand même, vous pourriez fêter Noël avec vos proches. Je suis désolée que vous ayez à travailler alors que vous pourriez faire autre chose. Honnêtement, je suis désolée de gâcher votre journée.
La femme baisse la tête. Son visage rougi par le froid et ridé par le temps est caché derrière ses cheveux frisés. Elle ne voit probablement pas le haussement d'épaule de Minho, ni son expression détachée, toutefois, elle réalise tout de même à son ton un certain désintérêt par rapport à sa propre situation.
— Vous gâchez pas ma journée. Au contraire, elle aurait été gâchée si je m'étais gelé le cul tout ça pour aider personne. Donc au final merci, vous donnez du sens à ma présence. Je suis là pour ça après tout.
La voix de Minho est trop morne pour la tendresse de ses mots. Il feint l'apathie. Ses traits n'esquissent qu'un sourire aimable, alors que son âme recèle tellement plus qu'une simple politesse de surface. Mais il ne sait pas faire, Minho. Il semblerait presque que parfois, il a honte d'être un cœur pur, bien que ce ne soit pas réellement le cas non plus. Elle est complexe, sa personnalité. Dur à cerner. Un parfait mélange entre l'indifférence et un trop plein de sensibilité. Prêt à aider tout le monde, avec des mains qui se tendent rapidement, mais des traits qui ont du mal à exprimer.
Trop et pas assez à la fois. Minho fait avec ce qu'il a.
— Vraiment, merci. Que Dieu vous récompense.
C'est la dernière réplique de la femme. Elle se courbe légèrement devant lui, symbole une fois de plus de sa gratitude. Puis, dans un dernier sourire, elle se retourne et s'en va, laissant à nouveau Minho seul sur la grande place. Une fois seul, il s'appuie sur son stand, qui n'est en réalité que plusieurs petites tables placées en face de la mairie et souffle : Putain, ça caille.
Pendant de longues minutes, il regarde les gens passer. La plupart sont accompagnées, chantent et dansent avec des voix qui crient la joie. Minho voit défiler des bandes d'amis, souvent un peu éméchés, des familles qui veulent voir les décorations magiques et des couples qui profitent d'un moment romantique. Quelle belle ambiance. Toutefois, dans ce décor féerique, le brun se plaint.
Fait froid, fait froid, fait froid.
Il souffle sur ses mains en chantonnant d'une voix sans âme. Il bouge ses jambes, tape des pieds, tentant vainement de se réchauffer. Il n'est que minuit, et il a prévu de rester jusqu'à trois heures. Il pourrait choisir de rentrer chez lui plus tôt, il le sait. Toutefois, il a une détermination d'acier, et cette décision qu'il a prise quelques semaines plus tôt, il ne compte pas la modifier à cause de quelques flocons de neige.
— Hé toi, tu donnes de la nourriture gratuitement ?
Minho sursaute légèrement, bien que ce soit presque imperceptible lorsqu'un jeune adulte apparaît devant lui. C'est un blondinet au grand sourire, qui a l'air plus jeune que lui, mais pas de beaucoup. Avec une expression d'enfant, mais des traits qui trahissent un certain âge, au moins dans la vingtaine.
— Ouais. Je distribue du bouillon de poulet et du vin chaud.
— Sérieux ! Trop cool ! J'ai besoin d'un truc chaud avant de mourir à cause d'un organe gelé.
Le blond rigole. Minho le fixe avec des yeux perplexes. Il est si stupide, son rire. Il laisse échapper de la buée en grande quantité. Ses mains sont fourrées dans sa doudoune si grande qu'elle gratte le sol, et son nez est si rouge qu'il lui donne l'allure d'un clown.
Soudainement, le brun se dit qu'il n'est en réalité pas le plus à plaindre.
— Ok.
C'est tout ce que répond Minho avant d'attraper une fois de plus une boîte en plastique afin de la remplir de bouillon. Ça ne lui prend que quelques secondes, durant lesquelles le blond ne parle pas. Toutefois, bien qu'il ne converse pas, il n'en est pas moins silencieux. Il souffle fort, sifflote, se balance sur ses pieds, et prononce quelques petites onomatopées. Le premier mot qui vient au brun en regardant l'autre est : gamin.
— Tiens.
— Merci !
Le blondinet attrape le bouillon avec une expression qui exhibe toutes ses dents. Une certaine naïveté se dégage de sa fine silhouette, qui contraste avec ses grosses joues.
— Vous auriez des baguettes aussi ?
— Ouais j'en ai, mais t'es pas obligé de manger dans le froid, tu peux emmener la boîte avec toi.
— Je sais ! Mais je préfère rester ici. La soupe sera froide sinon.
Il rit, comme si c'était une évidence. Minho a envie de lui dire que c'est stupide. Manger quelque chose de chaud sous la neige ne le réchauffera pas plus que quelque chose de tiède dans la chaleur d'un foyer. Toutefois, il ne le fait pas. Il se contente de tendre au blondinet ce qu'il a demandé, sans plus de discussion.
Le silence retombe. Leurs mains se frôlent lorsque les baguettes s'échangent, mais ce sont des inconnus, alors il n'y a ni gêne ni romance.
— Et sinon... t'es qui ?
Minho, qui soufflait sur ses doigts rougis par le temps, relève la tête vers le brun. Ce dernier parle avec une voix claire malgré sa bouche pleine. Il a stocké toute la nourriture dans ses joues, et visiblement cela lui permet de communiquer avec facilité. Toutefois, si Minho comprend les termes prononcés, il n'en saisit pas le sens.
— Euh... Un mec ?
Le blond laisse échapper un rire sonore, qui résonne sur toute la place.
— Non mais je sais ça ! Je voulais dire, genre... tu t'appelles comment, pourquoi t'es là, t'as quel âge. Ce genre de trucs là.
— Bah fallait le dire comme ça alors. Et puis, avant de me poser toutes ces questions, présente-toi d'abord, c'est la moindre des choses. Toi, t'es qui ?
Pour la énième fois, le blondinet, encore sans nom, rit. Et c'est toujours aussi stupide, mais étonnamment, ça devient plus familier. Et cette sonorité naïve, simplette, qui porte en elle une joie si simple, qui semble presque instinctive chez l'autre, qui semble être son essence même, finit par faire sourire Minho. Qui glousse, entre la moquerie et une douce allégresse communicative.
— Je vois que monsieur fait dans la politesse.
Un certain entrain déborde de son intonation, avant qu'il ne reprenne une bouchée de son repas pour la stocker dans ses joues.
— Moi c'est Jisung, j'ai vingt-deux ans et je suis étudiant. Toi ?
Le blondinet, sur lequel Minho met maintenant un nom, pointe son interlocuteur de sa tête. Mais rapidement, il détourne le regard pour se remettre à manger bruyamment le repas qui vient de lui être donné.
— Je m'appelle Minho, j'ai vingt-quatre ans.
— Et alors, tu fais quoi dans la vie ?
Le brun se retient de lui dire qu'il est très intrusif. Toutefois, il ne lui faut que quelques instants de réflexion pour que finalement il se dise, et alors ? Ce Jisung n'est qu'un inconnu, une rencontre d'un jour qui s'ennuie, et veut discuter en mangeant une soupe offerte par charité.
— Pas grand-chose, j'ai arrêté mes études l'année dernière, et maintenant j'essaye de pas trop être inutile à la société.
Jisung rit. Encore. Minho fronce les sourcils, il ne sait pas s'il doit partager son amusement ou se sentir offensé.
— C'est pour ça que tu fais de la charité ? Pour pas trop te sentir mal dans ta peau ?
Ces mots prennent Minho aux tripes. Parce que c'est insultant de sous-entendre qu'aider les autres n'est pour lui qu'une façon de s'aider lui-même. Mais l'expression guillerette de Jisung donne l'impression qu'à ses yeux, ça n'a jamais été une critique. Juste une question innocente, sans jugement. Il a un sourire un peu enfantin, qui recèle une certaine curiosité pure. Et Minho ne peut pas se sentir insulté, pourtant ses poings se serrent.
— J'sais pas. Vois ça comme tu veux.
Le brun hausse les épaules. Il affiche ce même air désintéressé. Comme si ses ongles ne s'enfonçaient pas dans sa chair froide et sensible à tout toucher.
— Bref, dans tous les cas c'est super cool ce que tu fais ! Des potes à qui t'as donné plus tôt dans la soirée m'ont parlé de toi, t'as refait leur Noël !
Hein ?
Les yeux de Minho s'écarquillent légèrement. Il ne sait pas quoi répondre. Il ne sait pas quoi penser, de ce garçon qui l'insulte et le complimente. Qui a un grand sourire et qui ne semble avoir aucun venin sur sa langue. Qu'est-ce qu'il peut bien vouloir ?
— Je vois... Tant mieux.
— Bah dis-donc, souris plus fort aussi !
Jisung gonfle les joues, boudeur. Pourtant, c'est Minho qui devrait se sentir vexé, alors pourquoi c'est lui qui semble contrarié.
— Sérieux, t'es toujours aussi froid quand tu parles ? T'as aidé des gens, tu devrais être content.
Le blondinet ronchonne, et Minho se contente d'afficher une grimace moqueuse. Sans sourire. Il hausse les sourcils, retrousse son nez et déforme ses lèvres. Il ne comprend pas ce que cherche ce garçon.
— En vrai, je trouve ça cool que t'aides à Noël. Surtout que tu fais deux pierres deux coups !
— Comment ça ?
— Bah, tu t'aides toi-même, vu que du coup bah tu te sens utile, et en même temps tu rends heureux ! C'est pas génial ?
Il rit. Et les muscles de Minho se décontractent, comme s'il abandonnait une bataille qu'il ne menait contre personne. Il est stupide, ce garçon. Il a une vision des choses si naïve, si simple... Il ne faut pas des heures de conversation avec lui pour le réaliser. Minho se sent bête pour avoir été offensé, car cet idiot ne pense pas plus loin que ses mots.
— On t'a déjà dit que tu parles comme un gamin ?
— Mmmh, je crois pas, mais je peux comprendre pourquoi tu dis ça.
— Vraiment... ? Désolé, mais j'ai des doutes.
Minho plisse les yeux d'un air sceptique. Alors que Jisung relève la tête, et arbore un grand sourire. Le genre solaire, qui ferait pousser des fleurs dans la neige.
— C'est parce que t'as pas encore tout vu.
Puis soudainement, Jisung s'assoit sur la table du stand de Minho, et montre bien qu'il ne compte pas partir de sitôt. Et il se remet à parler. Il raconte sa vie, ses maigres économies d'étudiant en théâtre. Il décrit sa bande d'amis, sa famille, ses passions. Il parle même de son dessin-animé préféré, qui est un cartoon pour enfant. Et Minho l'écoute, se moque de lui, rit de ses âneries. Le temps passe vite avec la lumière qu'est ce garçon, Minho a l'impression d'être déjà arrivé au jour.
— Et toi ? Tu faisais quoi comme étude avant d'arrêter ?
— J'étais en architecture. J'ai fait quatre ans dedans.
— Et bah ! Pourquoi t'as arrêté alors ? Ça t'intéressait plus ?
Minho hausse les épaules.
— Ouais. J'ai pas envie d'en faire un métier, alors j'ai tout arrêté.
— Comme ça, du genre au lendemain ?
Le Brun se contente d'acquiescer de la tête.
— Et bin ! T'as pas peur comme mec.
Jisung lui assène une petite tape sur l'épaule, et le brun lui répond par un regard noir. Mais étonnamment, ce n'est pas intimidant, car Jisung sait que ce n'est qu'une façade, et qu'il n'est pas réellement énervé. Les deux se sont appris rapidement.
— Et du coup, t'as des projets maintenant ?
— Pas vraiment.
— Mmmh, honnêtement, moi je te vois bien travailler dans... un resto !
Jisung a fait une longue pause dans sa phrase, durant laquelle il a contracté tous les traits de son visage en fixant Minho. Comme si l'idée allait s'écrire entre les plis de sa peau. Et visiblement, c'est ce qui arrivé, car c'est avec une grande confiance qu'il a exclamé ses derniers mots.
— Tu dis juste ça parce que tu me vois servir de la soupe...
Minho grimace, et dévisage le blond. Il trouve ça ridicule que ce dernier parle comme s'ils se connaissaient alors qu'ils ne se parlent que depuis une heure.
— Non vraiment ! Je te vois trop bien travailler dans un resto, en tant que chef genre. Je suis sûr tu seras le type à donner de la nourriture aux chats qui traînent devant l'arrière porte, et tu offriras des repas à ceux qui ont pas les moyens et tout. Tu te feras disputer par ton patron, mais tu seras pas impressionné. Genre je t'imagine trop comme ça !
— Ah ouais... T'as tous les détails dis-donc.
Le brun laisse échapper un petit gloussement, entre la raillerie et l'amusement.
— Non mais je te jure, t'as trop une vibe pour ça. Tu devrais essayer. En plus, il est trop bon ce bouillon de poulet. Je peux en ravoir d'ailleurs ?
— Ah ouais... T'as juste dit tout ça pour en ravoir en fait. Au passage, c'est non.
— Hé ! C'est n'importe quoi ! Je le pensais vraiment !
Jisung regarde son aîné avec des yeux de chien battu. Et si Minho savait exprimer ce qu'il ressent, son visage exprimerait une certaine pitié, mélangée à un peu de tendresse pour ce gamin sortit de nulle part, qui éclaire cette nuit plus que les décorations de Noël.
— Bon allez, tu fais trop pitié. Donne ta boîte.
— Merci hyung ! Je t'ai déjà dit qu'en fait, ta vocation, c'est d'être roi. Non mieux, un Dieu !
Minho l'accable d'un regard empli de faux mépris.
— Non je rigolais ! Si te plaît hyung !
Jisung fait cette fois-ci mine de pleurer, jusqu'à ce que Minho lui tende finalement une deuxième portion de bouillon.
— Merci !
— C'est vraiment parce que tu me fais de la peine.
Sans rétorquer, Jisung sourit. Comme depuis le début. Seulement, maintenant, il fixe Minho. Avec ses dents pas alignées, qui renforce son allure d'écureuil. Et peut-être que, le brun sent son organe de vie frapper un peu plus fort et ses joues rougir. Mais c'est juste le froid. C'est juste le froid qui contraste avec la chaleur de ce garçon.
— D'ailleurs, je te l'ai pas dit depuis tout à l'heure, mais ton nez est tellement rouge que tu ressembles plus au père Noël, mais à l'un de ses reines.
Tous les traits de Minho s'affairent. Il efface toutes ses pensées précédentes, il a juste envie de virer ce garçon à coups de balais.
— Tiens, j'ai un truc pour toi.
Le blond fouille dans ses poches, avant de ressortir une chaufferette. Sans hésitation, il se penche vers son aîné, et la pose sur son nez.
— Joyeux Noël. C'est mon cadeau pour toi.
Elle est si douce, l'expression du blondinet, alors qu'il maintient sur le visage du brun la chaufferette. Finalement, ce dernier, qui était resté dans une légère transe, attrape finalement l'objet. Leurs doigts gelés se frôlent, et ils se sourient. Jisung retire sa main quand elle n'a plus rien à faire là. Il a les joues rouges. Le nez aussi. Il aurait dû garder son cadeau pour lui.
— Bon... J-je vais bientôt devoir y aller mais c'était sympa.
Soudainement, Jisung parle à un débit impressionnant. S'il était déjà rapide, maintenant, c'est inintelligible.
— C'était cool de te parler en tout cas.
— Ouais, pareil.
Minho fronce les sourcils, parce qu'il ne sait pas comment réagir au départ si brusque du blondinet. Ce dernier saute de la table, et le sol semble lui brûler les pieds tant il peine à rester en place. Il avale la fin du bouillon en uniquement quelques gorgées, et repose la boîte ainsi que le gobelet dans lequel il a bu de l'eau.
— Bon bah, à la prochaine si tu veux.
Sur ses mots, il s'enfuit d'un pas rapide. Le rouge aux joues et le cœur en feu. Et Minho le regarde, ses bras retombent le long de son corps alors que ses doigts serrent la chaufferette. Soudainement, sa solitude est lourde. Il l'était pendant des heures pourtant, mais c'était moins douloureux. Ça ne pesait pas autant sur sa poitrine.
Il est seul.
Jisung est parti, et il n'a aucun moyen de le contacter.
Il le réalise maintenant, et subitement, chaque instant devient un regret. Il aurait dû répondre plus souvent, intervenir, parler plus, partager plus. Il n'aurait pas dû se contenter d'écouter. Il s'en veut de s'être montré trop froid au début. Si seulement il s'était ouvert à lui rapidement, alors peut-être ainsi, il aurait laissé une meilleure impression...
Il soupire. Machinalement, il attrape son téléphone, et il souffle lorsqu'il voit deux heures du matin. Il n'a plus qu'une heure à tenir, avant de ranger son stand et aller dormir. Avec lourdeur, il laisse son corps tomber sur la chaine en métal froid. Il fourre ses mains dans son costume pas assez chaud, et lève les yeux vers le ciel en soufflant. La buée dans le ciel noir est jolie à voir.
Et, c'est dans cette position qu'il passe le temps. Il se lève, quelques fois, pour servir les rares personnes qui ont besoin de nourriture. Sinon, il est seul. Seul... Ce mot se répète encore et encore. Pourtant, il n'est pas de ceux qui n'apprécient pas leur propre compagnie. Au contraire. Mais après avoir eu la compagnie du soleil, l'éclat de la lune semble soudain bien fade. Et il s'en veut pour penser ça. Après tout, elle a son charme également, alors comment en quelques instants à l'échelle de sa vie peut-il soudain prétendre préférer l'autre ?
— Putain... ça caille...
Il ne sait même pas s'il pense ses mots. Il amène ses mains chaudes sur ses joues et laisse échapper une énième respiration grise. Vivement qu'il fasse jour. Il veut retrouver le soleil. Il veut retrouver la chaleur. Quitte à ce qu'elle soit artificielle.
C'est ce qu'il se dit en rangeant son stand. Il pense au confort de ses draps, et à son radiateur. Il pense au café chaud qu'il pourra boire, couvert par la tendresse de sa couette. Bientôt. Il met la marmite de soupe dans le coffre de sa voiture, remet les tables dans la mairie, et attrape les deux gobelets sales qu'il doit mettre dans la poubelle. Il saisit d'abord celui qui était le sien, avant celui de Jisung.
Et, alors qu'il s'approche de la poubelle, il remarque soudainement quelque chose. Une écriture qu'il n'avait pas pu voir auparavant à cause de la faible luminosité offerte par la nuit. Ses yeux s'écarquillent, ses doigts tremblent alors qu'il approche le gobelet à son visage, le collant presque à sa rétine.
Salut Rodolphe ! Merci pour cette soirée, t'es le meilleur cadeau que j'ai eu. Et si tu veux qu'on se reparle un jour, hésite pas à envoyer un message. C'était mon meilleur Noël, alors je crois que je mens pas si je te dis que tu portais bien ton costume. Joyeuses fêtes !
En dessous de ce message, écrit en tout petit, se trouve le numéro de téléphone du blondinet. Et Minho sourit. Une expression un peu narquoise étire ses lèvres. Il entend la voix de Jisung en lisant son message, et il visualise son sourire stupide.
Le brun serre entre ses doigts la chaufferette, et c'est sans réfléchir que sa voix s'élève.
— J'ai chaud...
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