Jour 4: Joyeux Noël, Belle-maman
Voici l'os de tiphti
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- T'es vraiment sûr que c'est une bonne idée, Potter ? Je sens venir les emmerdes à plein nez.
Le brun rit doucement à la remarque de son petit ami et lui prit la main pour toute réponse. Après toutes ces années, il était revenu au 4, Privet Drive. Il avait appelé en début du mois, prévenant qu'il voulait manger avec eux au moins une fois, et qu'il aurait un invité. Et, sans se mentir, il n'était plus si sûr que ça de sa super idée. Mais il n'allait surtout pas l'avouer au blond, il ne pouvait pas faire ça. Il tenait à ne pas devoir dormir sur le canapé ce soir-là. Il prit une grande inspiration et se tourna vers Drago.
Le serpentard avait dû s'habiller en moldu, pour son plus grand malheur, mais Harry ne pouvait pas s'empêcher de remarquer à quel point la chemise vert sapin et le pantalon noir qu'il portait le rendaient encore plus beau. Lui-même avait enfilé une chemise, histoire de faire bonne impression chez les Dursleys. Parce que oui, il était revenu voir les lambeaux de sa famille, après tout. Et puis, c'était Noël, il pouvait bien faire un effort. En arrivant 12 square Grimmaud avec Drago un mois plus tôt, il avait pensé à tous ses anniversaires qu'il avait dû passer ici, et une certaine nostalgie l'avait envahi. Un mélange de souvenirs flous d'une enfance pas si heureuse, c'était tout ce qu'il lui restait. Il ne savait pas trop ce qui l'avait poussé à revenir ici pour la veillée de Noël, presque dégoûté par la vague d'émotions qui le submergeait. Drago lui adressa un sourire encourageant et avança sur l'allée parfaitement entretenue de la maison de son enfance. Harry le suivit, la fine couche de neige crissant sous ses semelles. Son cœur s'arrêta de battre alors que son doigt enfonçait la sonnette.
Ce fut Dudley qui se présenta à la porte. La surprise éclaira quelques instants le visage rond de son cousin, et Harry le prit dans ses bras pour une accolade plutôt brève, tout aussi mal-à-l'aise que son aîné de cette cordialité nouvelle.
- Bonjour Harry.
- Salut Big D. Je te présente Drago Malefoy, mon ... copain.
Le serpentard tendit une main hésitante que Dudley ne saisit pas, effrayé. Il n'avait jamais eu de bonnes expériences avec des sorciers, et il devait bien se douter qu'un garçon du nom de Drago ne pouvait pas être normal, comme lui. Il resta quelques instants interdits, devant la porte, avant que Pétunia ne l'interrompe.
- Qui est-ce, Duddy ? Ils sont déjà là ?
La tête chevaline de sa tante se dessina dans l'embrasure de la porte, mais aucun sourire ne vint illuminer son visage. Elle regardait Harry avec le même air qu'avant, mêlé à une pointe de surprise de le voir revenir de lui-même dans sa maison. Elle ne prit pas la peine de les saluer et les fit passer dans la salle à manger, où une table pour cinq était déjà dressée. Un beau sapin se tenait près de la cheminée, le tout décoré avec soin et sans aucun surplus.
- Asseyez-vous, Vernon ne devrait pas tarder.
Elle repartit dans la cuisine sans attendre de réponse, laissant derrière elle les trois garçons. Harry se laissa tomber à sa place et indiqua à Drago de s'installer à la droite de son oncle, sans même concerter son cousin. Il avait vécu assez longtemps avec eux pour connaître leurs habitudes du dîner, et ne fut pas surpris de voir Dudley s'asseoir au bout de la table. Un silence pesant régnait dans la pièce que le Gryffondor s'efforçait de briser.
- Donc, vous avez réemménagé ici au mois de juin ?
- Oui, papa n'aimait pas l'autre maison ...
- Et euh ... tu es pris dans une université pour l'année prochaine ?
- Oui. Ça fait déjà un an que je suis à celle de Leeds en économie et gestion.
- Ah et ... ça te plaît ? Demanda Harry qui n'avait aucune idée de ce que cela représentait.
- Bien évidemment que ça lui plaît ! s'exclama Vernon depuis l'entrée. Il va faire comme son papa !
Le regard que son cousin lui lança n'avait pas l'air en accord avec ces propos, mais Harry ne dit rien, il préférait garder son oncle de bonne humeur, au moins au début. Il avait fait jurer à son copain de se taire plutôt que de dire quelque chose qui pourrait offenser les Dursley, et même s'il était sûr que le blond allait tenir parole, il se méfiait. Drago était un sorcier, il ne l'oubliait pas, et il était sûr que Vernon et Pétunia l'avaient tous les deux bien en tête. Son oncle vint s'installer à table, un grand sourire presque sadique accroché aux lèvres, et se figea légèrement en remarquant la présence de Drago.
- Tu es ... ?
- Drago Malefoy, monsieur. Enchanté.
Le Serpentard lui tendit une main que lui non plus ne saisit pas, et les yeux porcins de son oncle se tournèrent vers Harry. Le rouge de son pullover remontait jusqu'à ses joues, qui s'assombrissaient de seconde en seconde.
- Tu n'avais pas précisé que c'était un garçon.
- Et alors ?
- Peut-être que nous aurions aimé savoir ?
- Qu'est-ce que ça aurait bien pu changer ?
- Je ne sais pas mais, si Dudley était revenu à la maison pour me présenter ... un homme, je n'aurais pas apprécié !
Harry se sentait bouillir. Il comprenait que les Dursley n'acceptent pas la magie, ils se battaient depuis toujours pour être plus banal que banal. Mais il avait eu une once d'espoir pour qu'ils aient cette ouverture d'esprit. Il n'avait pas précisé au téléphone, car il voulait absolument qu'ils rencontrent Drago. Quelque chose en lui en avait besoin, un Noël en famille, avec cet homme dont il était fou, quel que soit l'état de cette famille.
- Moi ça ne me gêne pas qu'Harry vienne avec un garçon. Intervint Dudley.
Le brun le remercia d'un léger signe de tête, et attrapa la main de Drago sur la nappe recouverte de motifs de Noël avant de déclarer d'une traite à son oncle :
- Oui j'aime un garçon, et alors ? Toute ma vie, vous m'avez rejeté parce que je suis un sorcier, je ne vous ai pas embêtés avec ça, alors pour une simple fois, vous ne voulez pas écouter votre fils qui se montre intelligent et qui m'accepte pour ce que je suis ? Vous ne m'aimez pas, alors pourquoi vous essayez quand même de me forger à votre image ? C'est ridicule. Viens, Drag', on s'en va.
Il recula sa chaise si brusquement qu'elle s'écrasa au sol et il la releva d'un mouvement de baguette, ignorant le hoquet de surprise qu'avait laissé échapper sa tante en arrivant dans le salon. Il tira le Serpentard jusqu'au milieu de la rue, attentif à claquer la porte en sortant, et dût s'empêcher de crier.
- Hey, bébé, c'est pas grave. Dit doucement Drago. Viens là.
Les bras puissants de son petit-ami l'encerclèrent alors qu'il sentait les larmes dévaler ses joues. Il était secoué de sanglots incontrôlables, et les mots d'encouragement du sorcier n'y changeaient rien. Il avait pris sur lui pour retrouver des rapports cordiaux avec eux. L'été précédent ne s'était pas si mal passé, ne présageant que du bon pour l'avenir. Mais il avait oublié qu'il n'était pas normal. Déjà qu'il était un sorcier, mais en plus il fréquentait un garçon, alors comment aurait-il pu être accepté ? Il enfonça sa tête dans le cou du Serpentard, essayant tant bien que mal de calmer sa respiration. Quelques flocons tombèrent dans son cou, passant derrière le col de sa chemise. On entendait un peu plus loin dans les rues voisines un groupe chanter des cantiques de Noël.
- Harry ! Drago ! Attendez !
Au grand étonnement des deux amants, Dudley arrivait en courant vers eux. Il parla précipitamment au blond, aligna plus de mots qu'il n'en avait sûrement jamais alignés de toute sa vie, mais son cousin ne l'écoutait pas, il n'y arrivait pas. Il sentit alors qu'on le poussait à nouveau vers la maison, et il commença à se débattre, mais il n'en avait pas la force. Il se laissa donc emmener à contre cœur, et se rassit à sa place sans lever les yeux. La main fine de Drago se posa sur sa cuisse pour le rassurer, et il l'entendit parler à son oncle. Intrigué, il lui fallut plusieurs minutes avant de pouvoir revenir dans la discussion, et fut étonné de voir que tout le monde avait commencé à manger, sauf lui. Il prit hâtivement une bouchée de salade et faillit s'étouffer lorsqu'il entendit Drago expliquer comment ils se connaissaient.
- On se haïssait dès la première année, mais je crois que c'était plus une rivalité qu'autre chose. Votre neveu est brillant, monsieur Dursley. Et puis cette année, il a montré qu'il était le digne fils de sa mère, vous devriez être vraiment fier de lui. Il a réellement hérité des qualités de James et Lily, je crois que vous avez déjà dû le remarquer, non ?
Il ne put pas le faire arrêter de parler avant que le mal ne soit fait, et Pétunia recracha la gorgée de vin qu'elle venait de prendre. Harry avait peut-être omis de dire à son copain combien ses parents étaient rejetés dans cette maison, et il le regrettait infiniment. À sa grande surprise, Vernon semblait prendre sur lui et enchaîna, sans réagir à ce qu'il venait d'entendre.
- Et donc, vous vivez ensemble ? Où ça ?
- Dans l'ancienne maison de mon parrain. Sirius. Qui est mort il y a 3 ans.
La voix glaciale avec laquelle avait parlé Harry eut l'effet attendu, et les petits yeux de Vernon se figèrent sur son neveu. Pétunia se leva en bégayant qu'elle avait quelque chose à finir dans la cuisine, disparaissant dans un froissement de robe. Les 4 hommes restèrent un instant silencieux autour de la table, et encore une fois ce fut Dudley qui fit l'effort de parler :
- Tu nous donneras ton adresse Harry ? Je ... suppose que vous n'avez pas de téléphone, là-bas, alors ... Si jamais on doit communiquer, c'est plus facile avec des lettres non ?
- Oui, bien sûr ! s'exclama le brun, non sans surprise.
Un nouveau silence. Drago ne semblait pas être à l'aise du tout, et se tortillait nerveusement sur sa chaise en bois. Vernon prit finalement la parole, fusillant presque le blond du regard.
- Et qu'est-ce que vous faites comme études, jeune homme ?
- J'ai fini ma scolarité à Poudlard avec des notes suffisantes pour faire ce que je veux donc ... je pense que je vais tenter ma chance pour un poste au ministère.
- Dans votre ministère des gens comme vous ?
- Oui, Oncle Vernon. Répondit Harry à la place du Serpentard qui était totalement décontenancé.
Rien ne se passait comme prévu, et Harry n'attendait qu'une chose : que le repas se finisse et qu'ils puissent rentrer à la maison, leur maison. Il ne restait plus que le dessert, et Harry espérait que son oncle ne les garde pas pour un café après, comme il en avait l'habitude de faire. Il ne tiendrait pas.
Ils étaient pourtant confortablement assis dans les fauteuils du salon des Dursleys trois bonnes heures plus tard, partageant une boîte de chocolats. Au moment où Harry évoqua l'idée de rentrer chez eux, son cousin se leva et attrapa un petit paquet sur le rebord de la cheminée, avant de le poser devant le brun. Il paraissait aussi surpris qu'Harry lui-même de son propre geste et retourna s'asseoir aussitôt. Le sorcier prit son cadeau d'une main tremblante et se mit à le déballer précautionneusement, et ne put contenir un petit cri de surprise en en découvrant le contenu.
C'était une photo des deux, qu'ils avaient faite en primaire pour une photo de classe, le bras rondelet du blond étranglant à moitié son cousin. Il se souvenait très bien de ce moment, Dudley avait réclamé la photo pour pouvoir garder un souvenir des humiliations qu'il faisait subir à son souffre-douleur préféré. Sur le cadre noir en bois était écrit « Pour Harry Potter-Dursley, le sauveur du monde ». Harry éclata de rire en lisant la légende, ému par la naïveté de Dudley. Big D avait bien changé, depuis qu'il avait rencontré ce détraqueur, et semblait avoir compris à peu près le rôle du brun dans cette guerre de sorciers deux ans plus tôt, quand il se demandait pourquoi Harry ne venait pas se mettre en sécurité avec eux. Ce cadeau n'était pas grand-chose, mais pour les deux cousins, c'était un pas de géant. Il se leva et enlaça Dudley, sous les yeux larmoyants de Pétunia, qui finit par féliciter son fils pour ce qu'il avait pu faire de formidable en continuant de pleurer.
Vint finalement le moment de partir, plein de maladresse et de gêne.
- Bon, et bien, mon garçon, au revoir.
- Au revoir, oncle Vernon, et merci de nous avoir reçus. On ne viendra plus vous embêter.
L'homme hésita quelques instants et tendit sa main potelée à son neveu, et enfin à Drago, avant de fermer la porte. Harry n'arrivait pas à croire un seul instant de la soirée qu'ils venaient de passer, et un léger baiser du Serpentard sur sa joue le ramena à la réalité.
- On y va, ou tu comptes contempler cette porte mal peinte encore longtemps, Potter ?
Harry lui sourit avant d'attraper sa main et de l'entraîner dans la rue, des larmes de joie s'échappant de ses yeux. Il sentait contre sa jambe le cadeau de son cousin, et il se sentait plus heureux que jamais. Finalement, il avait encore de la famille, même si son oncle et sa tante n'étaient pas là pour lui, Harry savait au fond de lui que Dudley le serait, tout comme il le serait pour lui. Et cette idée lui donnait des ailes. Il s'arrêta d'un coup au milieu de la rue et posa ses deux mains sur les joues pâles de Drago, avant de venir écraser ses lèvres sur les siennes. Il sentit le blond sourire à travers son baiser, et ils transplanèrent.
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