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Jour 19: Sweet little flower

Voici l'os de beatrixbihuglaz

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Il ne neigeait même pas. Dans les livres d'école, la saison de l'hiver était représentée par un grand sapin vert orné de décorations rouges, jaunes et bleues, dont les branches étaient ourlées de neige fraîche. À son pied s'étendait un tapis de paquets brillants que chaque enfant devait ouvrir le matin de Noël – chaque enfant qui n'était pas Harry Potter.

Harry n'avait jamais eu de cadeaux, et n'en aurait jamais. C'était l'oncle Vernon qui lui avait expliqué – les petits garçons de son espèce de recevaient pas de cadeaux. Les petits garçons de son espèce faisaient ce qu'on leur disait de faire et se taisaient. Harry avait assimilé cela ; ça ne lui plaisait pas, mais il avait appris à taire ce sentiment d'injustice, qui gonflait dans son ventre à chaque fois qu'il voyait son cousin Dudley se faire couvrir de boîtes enveloppées de papier coloré, bruyant et déchirable. Cette année encore, Dudley recevrait une montagne de jouets, et Harry resterait dans son placard comme la chose anormale qu'il était. Au moins avait-il neigé, l'an passé. Harry ne voyait pas comment ce Noël-ci pourrait être plus agréable que le précédent ; il n'aimait pas ce brouillard givré qu'il parvenait à peine à voir dans la faible lumière de la lune croissante.

Quel gâchis, vraiment ! Dans deux semaines, lorsque Dudley se serait lassé de ses nouveaux jouets, il les laisserait tomber et en réclamerait d'autres en serrant très fort ses petits poings charnus. Ils seraient alors alors relégués au rang de simple ramasse-poussière, dans un coin de la chambre de Dudley ou de celle qu'il commençait à utiliser comme débarras. S'il en avait eu le droit, Harry serait monté dans cette chambre pour s'occuper comme il le voulait, et rendre à tous ces jouets cassés un peu de dignité : la télévision éventrée de Dudley, le petit char qu'il avait eu l'an dernier, remplacé par un modèle plus récent qu'il avait acquis à son septième anniversaire, les quelques livres que la tante Pétunia avait osé lui offrir.

Harry avait depuis longtemps appris à ne pas être jaloux de son cousin. Il était habitué. Malgré tout, une petite partie de lui ne cessait stupidement d'espérer que quelqu'un, un jour – n'importe qui – soit là pour lui offrir un cadeau, un vrai. Pas une de ces choses que les Dursley finissaient par lui donner par nécessité – les vieilles affaires de Dudley, du ruban adhésif pour réparer ses lunettes, quelques crayons à la mine cassée. Il souhaitait avoir lui aussi droit au Réveillon, avec une famille pour lui offrir des cadeaux et à qui il en offrirait en retour ; un bon repas chaud et entier ; une table qu'il aurait dressée avec une place rien que pour lui. Malheureusement, il était coincé avec les Dursley jusqu'à ce qu'il ait atteint ses dix-huit ans – une éternité. Et puis de toute façon il n'avait pas de famille, alors à quoi bon ?

- Harry !

C'était la voix aiguë et claquante de la tante Pétunia qui l'appelait pour mettre la table. À contrecœur, Harry se détourna du brouillard qui s'étendait paresseusement derrière la fenêtre et se dirigea vers la cuisine, soufflant toute sa mauvaise humeur par le nez ; il préférait mille fois s'ennuyer à la fenêtre que de mettre la table pour un repas auquel il ne participerait pas. L'oncle Vernon lui jeta un regard noir par-dessus son journal lorsqu'il passa devant lui – il devait l'avoir entendu soupirer, bien qu'il n'ait en général besoin d'aucun prétexte pour décocher ce genre d'œillade à Harry.

Dans la cuisine immaculée, la tante Pétunia était penchée sur une bûche de Noël, les lèvres serrées, pour tenter d'éliminer les imperfections indécelables dans le glaçage brun. Son tablier vert jurait affreusement avec sa robe de soirée rosâtre et ses cheveux entortillés sur eux-mêmes.

- Tante Pétunia... ? appela calmement Harry.

Harry avait compris depuis longtemps que son air innocent était son meilleur atout ; il s'était sorti de situations embarrassantes plusieurs fois en gardant une expression calme et légèrement étonnée. Il réservait la colère pour les occasions importantes. La tante Pétunia finit par le remarquer et claqua sa langue contre son palais pour exprimer sa désapprobation. Les adultes faisaient souvent cela ; il fallait dire qu'avec sa tignasse emmêlée, ses lunettes toujours fissurées et ses vêtements trop grands, il avait souvent l'air d'un clou dans un sac à patates.

- Te voilà ! grinça la tante Pétunia. J'ai sorti les couverts et les assiettes – dépêche-toi de mettre la table. Ils vont bientôt arriver et tu dois encore prendre ton repas !

Harry marmonna un « oui » machinal entre ses dents, mais la tante Pétunia ne faisait plus attention à lui et dardait maintenant ses yeux de fouineuse sur la bûche parfaite.

- Va te peigner ! aboya l'oncle Vernon lorsque Harry repassa devant lui, les bras chargés de couverts en argent et de porcelaine fine.

Il faillit tout laisser tomber en sursautant et s'empressa de disposer la vaisselle flamboyante sur la table, comme la tante Pétunia le lui avait appris. Il y avait sept assiettes, mais aucune derrière laquelle il se tiendrait. Soudain, Harry entendit les escaliers trembler, et décida de se hâter : Dudley arrivait et, avec lui, ses remarques blessantes, ses croche-pieds et sa stupidité envahissante. Il finissait de redresser les derniers couverts lorsque son cousin entra dans le salon, l'air furibond.

- Papa ! hurla-t-il, et Harry courut se réfugier dans la cuisine, pressentant une des colères dévastatrices de son cousin pourri gâté. Je veux mes cadeaux maintenant !

Harry eut le temps de voir l'oncle Vernon prendre une couleur violacée plutôt discrète – il maîtrisait toujours sa colère lorsque son fils le contrariait, mais il ne prenait pas autant de précautions avec Harry (il semblait le contrarier très souvent, bien qu'il ne sache pas toujours pourquoi. Il supposait que l'once Vernon n'avait pas de patience à accorder à un gamin de son espèce). De retour dans la cuisine, Harry tenta de ne pas prendre trop de plaisir à entendre son oncle tenter de se faire comprendre de son abruti de fils – apparemment, Dudley cherchait à connaître les raisons pour lesquelles on le faisait attendre jusqu'au matin alors que le père Noël n'existait pas et que tous les cadeaux étaient déjà dans la maison. Savoir que l'oncle Vernon et Dudley se tapaient mutuellement sur les nerfs suffisait à le rendre heureux, tant que ça ne retombait pas sur lui.

- Tu as fini ? cingla la tante Pétunia derrière lui.

Harry se retourna vers sa tante, maintenant débarrassée de son hideux tablier.

- Oui. Je peux avoir mon dîner, maintenant ?

La tante Pétunia renifla dédaigneusement – il ne fallait pas exiger quoi que ce soit chez les Dursley quand on s'appelait Harry Potter, mais il avait trop faim pour s'en soucier. Il n'avait mangé que des restes, à midi.

- Prends la petite assiette dans le réfrigérateur, lâcha-t-elle du bout des lèvres. Ensuite, tu files dans ton placard – je ne veux pas t'entendre de la soirée.

La tante Pétunia regarda Harry avec une expression hargneuse sur le visage, tout en haut de son coup de girafe.

- Tu sais ce qui t'attends si tu oses ne serait-ce que respirer un peu trop fort, n'est-ce pas, Harry ? Deux semaines de placard. Mon père et les parents de Vernon ne connaissent pas ton existence, et personne ne veut que cela change, tu as compris ?

Harry essaya de ne pas avoir l'air trop inquiété en acquiesçant – la tante Pétunia prenait rarement cette voix effrayante. La peur, c'était le travail de Dudley et ses amis. Il alla prendre son repas dans le réfrigérateur, qui semblait consister en une bouillie de rôti et de légumes de la veille. Dans le salon, les cris de Dudley se trouvaient recouverts par ceux de son père – il devait être passé du violet au rouge, maintenant. Harry laissa sa tante vérifier l'état de sa tenue, son repas dans les mains, et revint dans le salon pour la dernière fois de la soirée afin de rejoindre son placard sous l'escalier. L'oncle Vernon était bel et bien rouge brique, et Dudley arborait une expression à mi-chemin entre le nourrisson en pleine crise de larme et la bouilloire sur le point de siffler. L'oncle Vernon finit par partir dans la cuisine et, alors que Harry atteignait à peine la porte de son placard, les évènements s'enchaînèrent les uns après les autres :

Dudley, qui avait au final opté pour la bouilloire sur le point de siffler, se tourna vers la table que Harry avait si précautionneusement dressée, et balaya simplement d'un revers du bras toute la vaisselle rutilante. Au même moment, la sonnette de la porte d'entrée se mit à retentir furieusement ; et Dudley finit par hurler que tout était de la faute de Harry, qu'il avait gâché Noël et qu'il devait disparaître de sa vue.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, l'oncle Vernon avait surgit à côté de Harry pour lui arracher son assiette des mains et le pousser violemment dans son placard sans écouter ses protestations colériques – c'était une occasion importante.

- Ferme-la et que je n'entende plus bouger ! hurla l'oncle Vernon à travers la petite grille de la porte qu'il venait de fermer à clé.

- Je n'ai rien fait ! hurla Harry à son tour. Je n'étais même pas dans le – oncle Vernon !

Trop tard : il avait fermé la grille, et Harry se retrouvait dans le noir. Seul le petit interstice entre la porte et le sol lui prodiguait de la lumière ; mais Harry n'était pas assez bête pour allumer son ampoule. S'il le faisait et que les invités le remarquaient, il était bon pour non pas deux, mais trois semaines de placard – sans compter celle qu'il écoperait pour avoir cassé la vaisselle. Dudley s'arrangeait toujours pour le faire punir.

Dans le couloir de l'entrée, des voix se mélangeaient les unes aux autres ; Harry vit des ombres bouger sur le rai de lumière entre sa porte et le sol. L'oncle Vernon devait les retenir dans le couloir, le temps que la tante Pétunia répare les dégâts de son fils. Harry attendit en silence, tendu comme un arc. Il redoutait autant qu'il espérait que l'un des invités remarque sa présence.

Et dire que son grand-père se tenait juste derrière cette porte.

Au fil des ans, Harry avait réussi à glaner quelques informations sur sa famille – sa vraie famille – : sa mère était la sœur de la tante Pétunia ; son père était un bon-à-rien au chômage. Ils étaient morts dans un accident de voiture. Le père de la tante Pétunia et de la mère de Harry, Gregory Evans, était leur dernier parent vivant : il était donc le seul grand-père qu'il se connaissait. Harry n'était pas sûr que son propre père ait encore des parents lorsqu'il était mort ; ils se seraient souciés de lui, sinon. Ils ne l'auraient pas laissé ici, avec les Dursley. Ou alors ils ne connaissaient pas son existence, comme son grand-père maternel. Harry avait posé la question à la tante Pétunia, une fois :

- Il ne sait pas que tu es en vie car il est trop vieux pour supporter l'existence d'un petit monstre comme toi dans la famille. Et ne pose pas de question !

Ne pose pas de question.

C'était la seule règle chez les Dursley que Harry n'arrivait pas à assimiler. Il voulait savoir, et plus encore, il savait qu'il avait le droit de savoir. Il s'agissait de ses parents, tout de même. Ils ne valaient peut-être pas grand-chose – en tout cas c'était ce que disaient les Dursley –, mais Harry avait sept ans et il ne savait même pas quel âge ils avaient lors de leur mort. Il était à peu près certain que ce n'était pas normal.

Les invités finirent par converger vers le salon, emportant avec eux leurs discussions et leur présence ; Harry avait entendu le timbre fort du père de l'oncle Vernon, senti le parfum capiteux de sa mère, et voyait l'ombre du chien de la tante Marge renifler près de sa porte. Harry fronça les sourcils ; cet imbécile de Molaire allait finir par le faire repérer, et Harry serait encore puni pour quelque chose qu'il n'avait pas provoqué. Une fois, on l'avait affamé pendant deux jours car ses cheveux, coupés grossièrement, avaient retrouvé toute leur longueur pendant la nuit – phénomène qu'il ne s'expliquait pas.

Molaire grogna légèrement, mais finit par s'en aller quand la tante Marge l'appela (elle aussi devait faire semblant que Harry était mort, il trouvait cela un peu insultant). Un peu plus détendu, Harry alla s'asseoir à l'aveugle sur son lit poussiéreux et inconfortable. Il s'était endormi sur le sofa quand il avait quatre ans, et depuis, il ne cessait de comparer son matelas défoncé à la douceur moelleuse du canapé du salon. Il fixa un point invisible dans son placard, et pensa qu'il passerait sans doute l'un des pires Noël de sa vie : il entendait les membres de sa famille rire et discuter, à quelques mètres de lui, et il ne tarderait pas à sentir les effluves alléchants d'une nourriture qu'il avait aidé à préparer. Ce soir, il resterait le ventre vide, et il n'aurait pas plus de cadeaux que l'année dernière.

Harry finit par trouver le temps long, tout seul dans son placard. Il essaya de s'imaginer une autre vie, où il ne serait pas enfermé ici, mais un fort sentiment d'amertume le dissuada de continuer. Il tenta de s'inventer d'autres histoires, mais il n'avait jamais eu beaucoup d'imagination. Il voulut dormir, mais l'odeur délicieuse de la nourriture et les rires grossiers de la tante Marge l'en empêchèrent. Et puis au bout d'un moment, on parla de lui.

Ce fut Mr Evans qui prononça son nom. Cela arriva tout à fait aléatoirement ; les adultes parlaient affaires et politique (Dudley devait être en train de regarder la télévision, la fourchette suspendue entre son assiette et sa bouche entrouverte), et, profitant d'un vide dans la conversation, Mr Evans éleva sa voix éraillée de vieillard :

- Quel âge aurait eu le petit Harry, déjà ? Huit ans ?

Harry sentit un électrochoc dans sa poitrine qui le poussa à se relever. Avait-il vraiment... ?

- Qui est Harry ? dit la grosse voix du père de l'oncle Vernon.

Il colla son oreille contre la porte de son placard – il avait le souffle court, les mains moites, la tête bourdonnante.

- Tu sais bien, papa, s'esclaffa la tante Marge, c'est le petit avorton de la sœur de Pétunia !

- Vous avez une sœur, Pétunia ?

C'était la voix de la mère de l'oncle Vernon. Harry ne l'avait jamais vue, mais il pensait qu'elle devait avoir la même carrure que ses enfants.

- J'avais une sœur, Mrs Dursley, répondit la tante Pétunia après un petit temps, sa voix comme crispée d'embarras. Elle est morte en même temps que son mari et son fils, dans un accident de voiture.

- Oh ! toutes mes condoléances ! reprit Mrs Dursley.

- Ce n'était pas une grande perte, maman, Lily et James n'étaient que des sans-emplois extravertis, sans une once de bon sens dans les veines.

Harry aurait voulu frapper l'oncle Vernon. Comment pouvait-il dire que leur mort n'était pas une grande perte ? Comment pouvait-il dire cela tout en sachant que leur enfant était enfermé dans un placard rempli d'araignées, le ventre vide et interdit de Noël ? Une vague de haine submergea le petit corps trop maigre de Harry – il ne sut pas comment il se contint.

- Ne dites pas cela, Vernon, s'il vous plaît, fit la voix de Mr Evans. Lily était un rayon de soleil.

- Lily n'apportait que des problèmes dans la famille ! s'exclama la tante Pétunia.

Harry entendit un raclement de chaise et vit presque sa tante quitter la table, furibonde, pour aller chercher la suite du repas.

Alors que les adultes reprenaient tant bien que mal leurs conversations ennuyeuses, Harry se mit à faire les cents pas dans son placard – il n'y avait pas assez de place, mais il avait besoin de marcher.

Lily et James Potter. C'était les prénoms de ses parents.

Il ne savait pas à quoi il s'était attendu : c'était une information si importante, si essentielle. Et pourtant, Harry ne ressentait rien de particulier ; il connaissait les prénoms de ses parents, très bien, mais ils étaient toujours morts – et lui était toujours enfermé dans cet horrible placard. Savoir qu'ils se nommaient Lily et James Potter ne servirait à rien, en fin de compte.

Et par-dessus tout, il mourait de faim.

Harry finit par s'endormir, épuisé, affamé et n'ayant plus rien d'autre à espionner – la discussion avait définitivement viré sur des sujets de grandes personnes. Il y avait bien eu ces dix minutes, à l'heure de la dinde, où Dudley piqua une de ses crises monumentales qui ravissaient les oreilles de Harry ; mais en-dehors de celles-ci, plus rien d'intéressant n'avait été dit. Alors il s'était étendu sur son matelas, le regard fixé sur les marches obscures au-dessus de sa tête, et s'était assoupi.

Ce fut la faim qui le réveilla, une bête colérique qui lui griffait l'estomac et lui retournait les viscères. Couché sur le côté pour tenter d'apaiser les retournements de ses organes, il écouta avec attention : il n'y avait plus un bruit dans la maison, si on omettait les ronflements sonores de l'oncle Vernon, qui retentissaient à travers les murs de la maison comme un ronronnement de moteur. Pas de bruit de vaisselle, ni de discussion discrète, et Molaire semblait ne plus être dans la maison. Une légère lueur orangée filtrait par l'interstice de sa porte – ce devait être le feu électrique, qui restait toujours allumé en hiver, même lorsque tout le monde était couché. Harry estima qu'il devait être assez tard pour que Mr Evans, Mr Dursley et Mrs Dursley soient couchés dans les chambres d'amis, et la tante Marge repartie chez elle pour s'occuper de ses innombrables chiens.

Cela voulait dire qu'il était le seul être encore conscient du 4, Privet Drive.

Harry se releva, ignorant les protestations de son estomac, pour coller son oreille contre la porte ; il voulait être sûr d'être seul. Doucement, il tourna la poignée – il avait si faim que ses mains tremblaient – et ouvrit la porte de quelques centimètres, sans un bruit. Une petite partie de lui s'étonna que son placard ne soit pas fermé à clé – il croyait se souvenir que l'oncle Vernon avait tourné le verrou pour empêcher cette situation – mais il n'y prêta pas grande attention. Tout ce qu'il voulait, c'était reprendre le maigre repas qu'il aurait dû manger la veille au soir, et peut-être chaparder une tranche ou deux de cette bûche qui avait l'air si appétissante...

Son ventre grogna très bruyamment, et Harry s'empêcha de penser à de la nourriture avant d'en avoir dans la bouche. Il ne voulait surtout pas se faire repérer.

Harry remonta lentement le couloir, perché sur ses orteils comme un chat de gouttière, et entra dans le salon avec l'impression que son cœur allait exploser d'angoisse. Il ne savait pas pourquoi, mais il avait soudain le furieux besoin de respirer de tout ses poumons. Harry balaya le salon du regard, au cas où, et crut se décomposer de terreur lorsqu'il remarqua la silhouette renfermée sur elle-même, tout près du feu.

Harry s'obligea à ne pas bouger d'un pouce, le temps de prendre une décision ; qui que ce soit, la silhouette près du feu ne l'avait pas encore remarqué. Peut-être pouvait-il prendre le risque d'aller récupérer un morceau de brioche dans le placard de la cuisine ? Doucement, Harry fit un pas en avant, les yeux fixés sur la silhouette voûtée, et se prit le pied dans une chaise en la faisant racler sur le sol.

- Vernon ? fit la voix de la tante Pétunia.

Elle se retourna vers lui.

- Oh, Harry, c'est toi. (La déception pointait dans sa voix.) Viens ici.

Oh non, pensa celui-ci en s'administrant des claques mentales.

Harry se dirigea à contrecœur vers la silhouette de sa tante, effrayé de ce qui allait lui arriver. Il était tard, et elle devait être fatiguée : peut-être le renverrait-elle dans son placard sans autre forme de procès ?

La première chose qu'il remarqua en arrivant près du feu furent les larmes sur les joues de la tante Pétunia. Assise sur une chaise, elle tenait dans une main un verre de vin et dans une autre une page d'un gros livre rempli d'images. En jetant un coup d'œil hardi, Harry se rendit compte qu'il s'agissait d'un album photo.

La tante Pétunia sécha ses larmes et but la moitié de son verre, comme pour se cacher de son neveu. Harry n'avait jamais vu d'expression aussi triste, aussi amère, sur son visage chevalin.

- J'imagine que tu as entendu la petite conversation que nous avons eue, tout à l'heure, dit-elle avec une voix étranglée.

Son haleine puait l'alcool – elle devait être saoule, sinon Harry aurait déjà été puni. Il hocha la tête, lentement, incertain de l'attitude qu'il devait adopter. S'il allait dans son sens, peut-être qu'il arriverait à voler l'assiette de cookies innocemment posée sur le rebord de la cheminée... ?

La tante Pétunia tourna une autre page de l'album photo, le regard plongé à l'intérieur avec une sorte de tristesse qui étonna Harry. Cette femme était méchante. Elle n'était pas censée pleurer, ou ressentir d'autres émotions que la colère ou le dégoût. À la lueur dansante du feu électrique, Harry crut percevoir la silhouette d'une petite fille rousse sur une des photographies. Elle se tenait à côté d'un garçon aux cheveux noirs.

Il avait soudain l'envie d'arracher le livre des mains de sa tante.

- Lily était un véritable problème pour notre famille, reprit la tante Pétunia, qui ne semblait pas se rendre compte qu'elle parlait au garçon anormal qui vivait sous son toit. Ses amis n'étaient pas des gens fréquentables. Tout ce qu'elle faisait et tout ce qu'elle disait n'avait aucun sens. Papa et maman n'ont jamais su la voir comme moi je la voyais ; elle n'était qu'un fille anormale et dangereuse.

Elle releva la tête pour plonger ses yeux dans ceux de Harry. Quelque chose sembla se refléter dans son regard, l'instant d'une seule seconde.

- Mais c'était ma sœur.

La tante Pétunia éclata en sanglots, son verre penchant dangereusement vers le sol, et Harry essaya de ressentir un peu de compassion pour la sœur de sa mère, un peu de sympathie, mais seul un sentiment de colère lui vint. Il ne savait même pas pourquoi.

- Tu crois qu'elle pourrait me pardonner la façon dont je te traite ? Lily a toujours été trop gentille avec moi. Tu penses qu'elle pourrait me pardonner la façon dont je l'ai traitée elle ?

Harry détourna le regard pour ne pas avoir à supporter la vue des yeux débordants de larmes de sa tante. Les cadeaux avaient été déposés sous le sapin, qui brillait de toutes ses guirlandes. La table avait été débarrassée, mais un jouet pour chien traînait sous une des chaises. Les cadres sur le manteau de la cheminée montraient tous le visage souriant de son cousin.

- Je ne sais pas, dit Harry d'un seul coup, sans même réfléchir à ce qu'il disait. Je ne l'ai pas connue.

Il se sentait vraiment contrarié, et le sanglot que laissa échapper la tante Pétunia rajouta à sa colère. Harry ne parvenait pas à comprendre toutes les émotions qui le traversaient.

- Je suis désolée, Harry, tellement désolée...

- Eh bien moi pas, reprit-il en regardant sa tante droit dans les yeux, les poings serrés. Je ne l'ai pas connue et je ne la connaîtrai jamais. Elle est morte, et mon père aussi.

Harry ne cilla pas lorsque sa tante lui rendit son regard, le menton tremblant sous le coup de l'émotion. Poussé par la colère, il alla prendre l'assiette de cookies sur le rebord de la cheminée et se détourna pour rejoindre son placard. Son cœur battait furieusement contre ses côtes, et ses yeux piquaient. Il avait une grosse boule dans la gorge.

Il avait presque atteint le couloir plongé dans l'obscurité lorsque la voix de sa tante s'éleva :

- Ils sont morts le soir de Halloween. Ils avaient vingt-et-un ans tous les deux. Lily aimait la tarte à la mélasse.

Harry ferma les yeux et pinça les lèvres, très fort.

- Ses yeux étaient comme les tiens.

Il jeta un regard en arrière, vers sa tante, recroquevillée sur elle-même comme une fleur fanée. Par la fenêtre, il vit quelques flocons blancs. Il neigeait enfin.

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Mot de l'autrice: RECOPIEZ LETTRE PAR LETTRE CET ENORME LIEN, C'EST DROLE:

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