18 - Du Sucre sur tes Lèvres (Minsung)
Style : UA Non idole, Romance, Amour
Pairing : Minsung
2 472 mots
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« Et pour le rapport mensuel monsieur Lee, nous avons eu d'excellentes ventes sur la gamme de produits respiratoires, avec la pollution les soucis ne pouvaient que devenir de pire en pire et de toute façon... »
La chaleur étouffait les sens de Minho. Son regard était rivé sur le compte-rendu de son assistant, qui était concentré sur les chiffres et sur les informations fournies par les divers partenaires de l'entreprise pharmaceutique dans laquelle Minho occupait un poste depuis bientôt dix ans. Il devait se concentrer, mais il était 20h passées, il était fatigué et n'avait qu'une seule envie : retourner chez lui, savourer un plat délicieux, fondre dans un bain frais et dormir dans des draps propres. Il ne pouvait pas souvent se le permettre, mais c'était la vie qu'il avait décidé de mener. Hélas.
« Par contre, nous sommes en recul sur les vaccins, notre concurrent direct a une communication beaucoup plus agressive que la notre et nous sommes en recul de 8 % par rapport au mois précédent, mais... »
« Merci pour vos informations Kim. » le coupa Minho en se levant de son bureau, ignorant le regard désapprobateur de son adjoint. « Pouvez-vous m'envoyer la présentation par mail ? Je vais m'en occuper en rentrant chez moi. »
Il n'en pouvait plus. Son costume était trop serré, il se sentait fatigué. La journée avait été longue. Minho attrapa sa besace de travail pour y ranger ses effets personnels : son étui à lunettes, quelques dossiers ainsi que son téléphone professionnel avant de la fermer. Son assistant était toujours là, d'un air désapprobateur mais il n'en avait que faire.
Ses trente ans étaient passés depuis plusieurs années. Si au début il avait commencé dans un poste de bureau suite à son diplôme, sa ténacité, son sérieux et son côté carriériste avait eu raison de tout le reste. Il avait gravit les échelons, travaillant sans compter, sans se plaindre, pour atteindre les plus hautes sphères du pouvoir. Il n'était qu'à deux grades du dirigeant de l'entreprise pharmaceutique et il comptait bien, d'ici les prochaines années, réussir à détrôner son responsable pour gravir une marche de plus. Mais pour ça, il avait tout sacrifié. Famille, couple, temps libre. Il était arrivé à un point de rupture où même ses parents désespéraient de le voir marié un jour. Minho n'avait jamais prit le temps de se consacrer à qui que ce soit. Les femmes qui étaient entrées dans sa vie en étaient partie tout aussi vite en se sentant délaissée, et les rares relations qu'il avait eu avec des hommes s'étaient soldées par des échecs retentissants.
Si au début, ça le touchait, la solitude s'était révélée être une compagne douce amère. Il s'était fait à l'idée de ne jamais rencontrer qui que ce soit, et ça lui convenait.
Minho congédia son assistant et quitta son bureau sans plus de cérémonie. L'open-space était déjà vide à cette heure-ci. Il salua d'un coup de tête un des agents d'entretien, occupé à vider les corbeilles des bureaux, avant d'emprunter l'ascenseur pour rejoindre le parking sous-terrain. Il habitait à une demi-heure de route, dans une villa qu'il avait fait construire sur un terrain qu'il avait acheté des millions de won sans sourciller à la dépense. Une maison moderne, bien entretenue par du personnel compétent. Il avait un jardinier, un employé de maison pour le ménage, et avait eu pendant longtemps un cuisinier qui venait s'occuper de ses repas le soir. Mais depuis plusieurs mois il l'avait congédié. Sa maison était désespérément vide. Il se refusait même à prendre des animaux de compagnie, quant bien même il en avait envie, pour éviter de faire endurer la même solitude qu'il ressentait à des bêtes qui n'avaient rien demandé.
Sur la route, il sentait la tension pulser dans son œil droit. La nuit dernière n'avait pas été bonne : il s'était senti terriblement isolé et malheureux au fond de son lit des heures durant. Ce n'était pas sain pour lui, mais il n'avait pas eu le choix.
En arrivant à sa demeure de longues minutes plus tard, Minho sentit son cœur fondre en remontant l'allée menant à son parvis de maison. Car à travers les baies vitrées donnant sur l'extérieur, il voyait très clairement de la lumière se projeter sur la terrasse de la cuisine. A peine s'était-il garé pour sortir de sa voiture qu'il entendait de la musique pop et une douce voix chanter par dessus.
La solitude s'en allait sans se tourner lorsqu'il appuya sur le bipper de sa voiture en même temps qu'il poussait la porte de sa maison. Les grands murs blancs, l'entrée gigantesque et décorée avec soin et pourtant si vide, il n'y avait qu'une paire de baskets sale qui était balancée à la va-vite près du meuble à chaussures. Minho posa sa besace et enleva ses chaussures également, les rangea et prit le temps de desserrer sa cravate avant de déambuler dans l'entrée pour arriver au niveau de l'arche donnant sur la cuisine, d'où s'échappait la musique qui raisonnait contre les murs.
Au milieu de l'odeur de gâteau au chocolat et du chant guilleret, Minho observait le jeune homme entrain de se dandiner entre les comptoirs de la cuisine. Au milieu des plans de travail de marbre blanc, de la hotte dernier cri et de l'îlot central dont rêvait n'importe quelle ménagère, un garçon aux cheveux courts, habillé d'un simple tee-shirt et d'un jean, chantait à gorge déployé sur le dernier morceau à la mode. Dans l'évier, Minho ne rata pas la quantité astronomique de bols et d'ustensiles de cuisine qui s'y trouvaient. Sur un des nombreux comptoirs, un gâteau encore fumant et un peu brûlé reposait sagement et il était certain de sentir une odeur de japchae assez étrange dans l'air. Amusé par la vision, le trentenaire resta un instant à observer cette silhouette, chaleureuse et réconfortante, avant que le jeune homme ne finisse par sentir sa présence et ne se tourne vers lui. Les joues rondes et l'air étonné, un éclair de crainte passa au fond de ses yeux avant de voir le soulagement. Aussitôt, il se rua pour éteindre son téléphone qui diffusait de la musique et s'approcha de Minho, l'air aussi contrarié qu'heureux.
« Tu m'as fais peur !! » s'exclama t-il avant de tendre les bras et de faire une moue adorable. « ça fait longtemps que tu es là ? »
« Quelques minutes tout au plus. » répondit Minho, prenant le jeune homme dans ses bras par instinct. Aussitôt, l'odeur du réconfort envahit ses poumons et il se sentait enfin chez lui. « Et toi Jisung ? Comment se sont passés les cours aujourd'hui ? »
« J'ai séché pour venir plus tôt ! » rétorqua le dénommé Jisung en venant déposer un baiser sur les lèvres de l'homme d'affaire. « Je ne pouvais pas laisser mon grand seigneur une soirée de plus sans moi, je voulais te faire une surprise. »
Minho avait rencontré Jisung par pur hasard. Lors d'une des rares soirées où un de ses rares amis avait daigné le sortir de chez lui pour lui faire voir le monde qui l'entourait. Dans une des boites les plus célèbres de la ville, il l'avait vu. Ce jeune homme, d'un peu plus de vingt ans, encore étudiant et diablement sexy entrain de danser comme si sa vie en dépendait sur la piste de danse. Minho avait longtemps hésité, il n'avait pas loin du double de l'âge de ce garçon, c'était de la folie. De toute façon, qu'est ce qu'il y gagnait au mieux ? Une soirée au bras du plus bel homme qu'il avait vu de sa vie et quoi de plus ?
Jisung avait finit par l'aborder lui même, probablement encouragé par ses propres amis. Il lui avait confié d'avoir rarement vu un vieux aussi canon que lui, et ils avaient finis par s'embrasser comme si leur vie en dépendait dans un recoin de la boite avant d'échanger leurs numéros.
Depuis, et bien, c'était étrange et plaisant à la fois.
Minho y trouvait son compte. La majorité du temps, il rentrait dans une maison vivante, où Jisung expérimentait et développait ses maigres compétences en cuisine. Il s'occupait également de lui faire couler des bains, de le masser, de l'embrasser et de coucher avec lui. Jisung papillonnait tout autour de lui, souriant et aimant comme il pouvait l'être, et en échange, Minho lui offrait le monde. D'un chèque il avait réglé la dette que Jisung avait contracté pour payer ses études. Il couvrait littéralement le jeune homme de cadeaux : téléphone dernier cri, meilleur ordinateur, instrument de musique hors de prix, consoles de jeux, bijoux, vêtements, chaussures... Rien n'était trop beau pour Jisung. Le pire dans tout ça ? Le jeune homme ne demandait jamais rien. Il ne faisait que recevoir ce que Minho lui donnait, et il engloutissait tout, lui souriait et lui assurait que tout allait bien.
Peut-être était-ce une relation fausse et mensongère, mais Minho s'y sentait bien. Jisung ne le menaçait pas de partir parce qu'il était trop absent. L'homme d'affaire avait conscience de l'image qu'il projetait était affreuse : il entretenait un garçon avec lequel il avait plus de quinze ans d'écart en échange de compagnie, d'affection et de sexe. Mais ça ne faisait de mal à personne. Et Jisung semblait heureux lui aussi de cet arrangement.
« Je t'ai déjà dis de ne pas sécher les cours. » répondit Minho en claquant un second baiser sur les lèvres de son cadet. « Il faut que tu travailles dur, tu le sais ça ? »
« Je préfère travailler autre chose tu vois ? » rétorqua le jeune homme en tirant la langue à son aîné d'un air taquin. Jisung se mit à rire avant de l'embrasser de nouveau, plus tendrement cette fois-ci.
C'était quelque chose dont Minho avait foncièrement besoin. La veille, Jisung était allé faire la fête avec ses amis de l'université pour l'anniversaire d'un de ses amis. Et malgré son discours, Minho s'était sentit mal toute la soirée. Il avait assuré à son cadet que tout allait bien, qu'il devait profiter de la vie, qu'il n'était là que pour lui offrir ce dont il avait besoin. Mais c'était un mensonge éhonté, et Minho avait été pétri d'angoisse jusqu'au petit matin, imaginant Jisung aux prises avec un garçon de son âge, plus compréhensif, plus en harmonie avec lui.
Rien qu'à l'idée, les mains de Minho se crispèrent sur les hanches de son cadet. Il était jaloux, possessif, et Jisung était un joyau dont il ne voulait pas se séparer. Quitte à le couvrir de cadeaux jusqu'à la fin de sa vie, il s'en sentait capable. En approfondissant le baiser, il sentit le jeune homme couler dans son étreinte, savourer sa langue et ses soupirs. C'était une drogue et il voulait s'en injecter une plus grande dose à chaque fois que le soleil se levait.
Ils finirent par se séparer et se regarder droit dans les yeux. Minho aurait offert le monde à Jisung, et il l'aurait fait sans compter. Le jeune homme dans ses bras avant les joues rouges et le souffle court, son regard pétillait de malice et l'aîné fondait encore et toujours pour lui.
« Quand sont tes prochaines vacances ? » demanda t-il brusquement, sans réfléchir.
« Mes vacances ? Ça ne devrait pas tarder, d'ici trois ou quatre semaines je pense. » répondit Jisung en esquissant un sourire. « Tu voudrais m'emmener quelque part ? »
Minho répondit que par un soupir avant d'embrasser de nouveau son cadet. C'était trop et peu à la fois, il voulait s'enivrer de lui jusqu'à en perdre connaissance. Là seulement, il pouvait se sentir en vie.
Mais Jisung rompit le baiser et l'ainé compris pourquoi : l'odeur doucereuse de japchae avait laissé place à une odeur de brulé et le jeune homme fila entre ses doigts en se mettant à jurer. Minho l'observa faire, un sourire amusé sur le coin des lèvres, pendant que son cadet éteignait la plaque à induction et enlevait son fait-tout en geignant de frustration. Au lieu de râler, l'ainé se mit à rire et il s'approcha de Jisung, qui avait l'air terriblement peiné.
« J'ai raté ta surprise... C'est ta faute, tu m'as déconcentré. » râla t-il en refusant de se tourner vers Minho. Pourtant, ce dernier le prit de nouveau dans ses bras, l'enserrant tendrement et en déposant un baiser sur sa tempe sans hésiter.
« Ce n'est rien, on va commander à manger. Que dis-tu d'un bon bain avec moi ? »
Après avoir passé commande sur une application de livraison à domicile, ils allèrent ensemble dans la salle de bain. Ils s'embrassèrent autant qu'ils se lavèrent, et Minho sentit de nouveau son cœur battre dans sa poitrine lorsque son cadet était blottit tout contre lui, à bout de souffle à cause des baisers et la gorge couverte de marques. Ils dégustèrent leurs plats de sushis et le gâteau au chocolat brûlé devant une émission musicale, enrobés de peignoirs hors de prix et entrelacés étroitement sur le canapé immense.
En se glissant entre ses draps ce soir là, Minho se sentait apaisé. Jisung était là, il était chaud contre son corps et contre sa poitrine. Son cadet jouait d'un air absent sur son téléphone, lui lisait un livre qu'il avait commencé des mois auparavant. C'était domestique, c'était bon, c'était tout ce que Minho recherchait.
« La France. » lança d'un coup Jisung, en relevant la tête pour regarder son aîné droit dans les yeux. Perplexe, Minho fronça à peine les sourcils.
« Quoi la France ? » demanda t-il.
« Je veux aller en France pour nos vacances. » répondit le cadet d'un air décidé.
« Et pourquoi ce pays en particulier ? » enchaîna Minho, plutôt curieux. Il était persuadé que Jisung aurait demandé le Japon ou les États-Unis, c'était un adorateur des jeux vidéos et de la culture pop en général.
Jisung ferma son téléphone et attrapa le livre que Minho tenait dans ses mains pour les balancer dans un coin du lit sans faire attention. Bientôt, il s'installa au creux des bras de son aîné, caressant son visage du bout des doigts. Ses joues étaient rouges et il semblait mal assuré, mais l'homme d'affaires se sentit fondre de nouveau :
« C'est le pays de l'amour. Et c'est juste parfait pour nous. » murmura Jisung avait de venir l'embrasser de nouveau.
Cette nuit-là, ils firent l'amour si tendrement que Minho se sentait fragile, et ça ne lui était pas arrivé depuis des années. Son cadet enroulé tout autour de lui, le jeune homme s'endormit par un corps éreinté de plaisir et un sourire satisfait aux lèvres. Minho voulait lui offrir le monde et bien plus encore. Et il espérait sincèrement que ce n'était que le début.
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