9. Une sacoche dans un centre commercial
Étant donnée mon amnésie, trouver un apprenti de ma (supposée positivement) maîtresse s'avérait être loin d'être une promenade de santé. En effet, je les aurais tous connus apparemment.
Or, je me retrouvais dans une situation où je ne me souviens de quasiment rien à l'instar qu'eux me connaissaient.
Ce simple constat me rendait nerveuse. J'avais l'impression de vivre un de ces malaises où une veille tante parle de toi, mais que tu n'as pas de souvenir.
... Est ce que j'ai vraiment vécu ce moment ou ce souvenir est un faux?
D'un coup, mon esprit se mit à tergiverser. Je posais mes mains contre mes tempes en grognant.
Je sentais déjà la migraine commencer, merde!
- Merde, Kelly, tu veux bien arrêter de penser, ne serait-ce 5 minutes?
Jeb venait de me donner une téloche derrière le crâne. Je glapis, en protégeant vainement cette zone. Je relevais le regard pour saisir le sien. J'y ai lu un agacement. Malgré moi, je l'ai pris personnellement.
Après tout, peut-être que ce n'était pas vis-à-vis de moi.
...
D'accord, d'accord! Je n'y croyais pas!
Je secouais la tête, chassant mes pensées avant de regarder mon environnement. On se trouvait dans une centre d'achats, là où nous pouvions peut-être trouver un des disciples. Un de confiance, selon Jeb.
《Il y a une possibilité qu'un des disciples de ton ancienne maitresse soit responsable de la situation.》
Malgré moi, j'essayais de faire un lien avec un guerrier et ce centre commercial.
Autant chercher une sacoche dans un centre commercial. Et ce n'était pas ça qui manquait.
- Tu es certain qu'on va le trouver ici? Et s'il me reconnaissait?
- Je ne t'ai pas reconnu, donc je ne crois pas que ça va être un problème. On dirait qu'il y a un sort qui trompe tout ce qui te rattache à ton passé.
Je détournais la tête pour observer mon reflet dans le miroir. Mon image était à la fois différente et pareille, comme si j'avais changé de coupe de cheveux.
- Je crois que c'est ici, m'annonça Jeb.
Je m'arrêtais pour découvrir un magasin de jeux qui m'était familier. La Boîte au Trésor était un lieu où se vendaient des jeux vidéos modernes et anciens, de l'usagé à neuf.
Et le propriétaire était une connaissance: c'était mon voisin de palier de mon immeuble.
- Je connais un gars qui y travaille...
Je suivais Jeb qui entrait dans le magasin, prédisant la suite dans ma tête.
- Mais, tu ne me l'as pas dit... débuta Jeb, avant d'être interrompu.
- Kelly! Tu te décides enfin de me vendre ta vieille Nintendo 64 édition limitée ?
- Même pas dans tes rêves, lui répondis-je en me tournant vers Nico.
Ce dernier, un grand rouquin foncé s'approcha de moi avant de stopper net en voyant mon compagnon. Perplexe, je les regardais avant d'écarquiller les yeux. Mon regard alterna entre les deux, mon cerveau essayant de nier ce qui se passait.
Le tout en moins d'une seconde. Nico reprit son sourire charmant en se tournant poliment vers moi.
- Tu nous présente?
Un éclair de douleur me traversa le crâne. Je posais mes mains sur ma tête, cachant mes yeux.
- Jeb, dis moi pas que c'est lui le dernier disciple...
Un silence me répondit, me faisant gémir de dépit. Je n'osais pas regarder les deux garçons, de peur d'avoir encore plus mal à la tête.
- Nicolaï, peut-on parler ailleurs? Demanda mon compagnon de route avec détachement.
Quelqu'un me prit le coude pour me conduire ailleurs dans la boutique. Les sons se sont atténués grandement lorsqu'une porte fut fermée.
Avec précaution, j'osais regarder Nicolaï, reconnaissant ses traits par rapport à la peinture trouver dans le palais d'Aifé. Quant à Jeb, il se mit à part en s'accotant sur un mur. Il avait les bras croisés et il nous observait.
On dirait que j'étais seule sur ce coup.
Gênée, je poussais un soupir avant de déclarer:
- Nico... que sais-tu de moi...?
Nicolaï me fixait un instant avant de regarder Jeb. Un échange muet semblait se faire devant moi. Puis, ses yeux revenaient sur moi et il répondit avec perplexité :
- Que devrais-je savoir?
Je soupirais avant de regarder le garçon qui m'offrait sa protection depuis ces derniers jours. Mais ce dernier ne me regardait pas: il nous observait. J'ignorais ce qu'il cherchait à découvrir, mais son absence de réconfort me mettait mal à l'aise.
Je poussais un grognement en m'asseyant pour débiter d'une traite sans regarder qui que ce soit:
- Je suis la Caith Sidh, mais j'ai perdu la mémoire. Je ne sais pas ce qui est vrai ou faux... Et Scáthach a disparu.
Un silence angoissant s'ensuivit avant d'entendre Nicolaï s'écrire avec une hargne qui me surprit en partie :
- Clébard ! Si c'est une blague, elle n'est pas drôle.
Je relevais les yeux pour découvrir que Jeb était tenu par le col de son chandail. Je me redressais pour m'interposer entre les deux hommes. Nico semblait hors de lui, s'apprêtant à se battre avec le Yéti.
- Lâche-le!
Je m'accrochai à son bras pour le repousser. Nicolaï secoua vivement son membre. Un moment de trouble se fit ressentir dans mon esprit. L'instant d'après, le propriétaire de la boutique était au sol. J'étais au-dessus de lui, l'immobilisant d'une clé de bras.
Papillonant des paupières, je sentis ma vue se modifier. Le tout semblait devenir plus précis. Je commençais à discerner lorsque mes pupilles de félin se manifestaient.
Je le relâchais dans un silence angoissant en regardant mes mains. Puis Jeb prit la parole:
- Maintenant que tu la reconnais, peux-tu nous donner des informations?
- Merde... c'est vraiment toi...?
Je relevais le regard en entendant la voix adoucie de Nicolaï. Ce dernier avait un regard différent : celui d'un petit frère pour sa grande soeur.
Mon soeur serra et j'ai subitement envie de pleurer. Tout ça parce que je ne le reconnaissais pas. J'avais juste mal, incapable de chasser ce brouillard de faux-semblant.
- Je.. Je ne sais pas. Je sais seulement que ce que je croyais être vrai ne l'est pas. Mais je ne sais pas pour autant ce qui est réel. Nicolaï, s'il te plait, dis nous ce que tu sais.
Je le regardais dans les yeux, avec aplomb. Je balayais mon malaise, le compartiment ailleurs dans ma tête. Plus tard, je me pencherais sur mon amnésie. Or, maintenant, je devais La trouver.
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