39. L'Âge d'Or
Je m'étais étendue directement sur le sol, entourée par la multitude de fleurs. J'ignorais depuis combien de temps j'étais là, mais j'étais bien. J'avais observé ce ciel atypique à cause de la présence de nuages malgré d'être sous terre. Tout comme ce faux soleil, même si je pencherais davantage sur une source de lumière diffuse. Peut-être une immense pierre lumineuse avec un abat-jour ?
Cette image me fit sourire tandis que je changeais ma position. Mes jambes se décroisèrent pour se recroiser, tout comme j'alternais le bras qui me servait d'oreiller. J'inspirais profondément, alanguie par les diverses odeurs délicates des fleurs. Sous mes yeux, le miroitement de la danse entre la lumière et les nuages m'hypnotisait. Le vent soufflait doucement de gauche à droite avant qu'un préssentiment me saisit. Je fronçais les sourcils avant de fermer les yeux. Cette impression, comme les précédentes, devenait de plus en plus fréquente. Au début, je ne saisissais pas leur origine ni leur signification, mais depuis quelque temps, je discernais leur subtilité.
Dans cette situation-ci, j'anticipais une présence qui s'approchait. Me redressant lentement sur les coudes, je découvris sans doute la dernière personne que je pensais voir. Aifé m'avait rejoint.
Sans cacher ma surprise, je la dévisageais longuement en silence. Elle portait un vêtement différent de celui de la dernière fois. Celui-ci ressemblait fortement à un kimono, mais il avait été adapté pour le combat au corps à corps. Il était un curieux, mais élégant mariage multiculturel des habits traditionnels des arts martiaux.
D'un coup, je repensais à cette peinture et je me disais que l'artiste n'avait jamais rencontré Aifé et Scatchy. À part l'évidence de leur parenté, elle était très différente l'une de l'autre. Il me vint à l'esprit deux animaux féroces, chacun ayant ses propres qualités. Cependant, aucun n'avait et ne pouvait avoir l'ascendant sur l'autre.
Je reportais mon attention sur la maîtresse des lieux lorsqu'elle s'installait à une distance polie de moi. Elle prit la parole en premier, d'une étonnante douceur à mon égard :
- Je vois que malgré ton amnésie, tu as été attirée par cet endroit. Je t'accorde que c'est magnifique et apaisant.
Mon interlocutrice laissa son regard voguer sur les pétales tandis que le mien demeurait sur le sien. Son attitude diamétralement opposée à l'habitude avait accaparé toute mon attention. J'ignorais la cause de ce changement, mais elle ne pouvait pas me laisser indifférente. Par contre, je ne sentais pas la nécessité de répondre à cette remarque. En mon for intérieur, je savais qu'elle n'avait pas encore terminé.
Et cette intuition se confirma tandis qu'elle reprit la parole, mais sur un sujet différent.
- Vois-tu, je me rends compte qu'un plan plus grand est derrière tout cela. Quelqu'un est derrière les rideaux à cause de toi. Du coup, je dois t'éclairer sur le passé. Sur un passé très lointain.
Intriguée par ces paroles, je demeurais silencieuse, mais attentive. La voyant prendre le temps de choisir ses mots, je m'installais en indien pour être plus confortable. Lorsque je me sentis à mon aise, Aifé commença :
- À une époque si lointaine que les connaissances humaines n'ont aucune emprise, les civilisations humaines avaient atteint leur apogée. Nous l'appelons l'Âge d'Or. Les Helowyms, ou ce que vous nommez également Dieux, étaient sur Terre parmi les humains. Considères-les comme des êtres de diverses civilisations multi-millénaires, très sages et avancés dans leur évolution. Ils viennent d'un peu partout dans le Cosmos, dont quelques-uns sont des Terriens. Mais bon, nous nous éloignons du sujet. Bref, les Helowyms sont les investigateurs de l'édification de l'Homme.
Mon intellect buta rapidement sur deux mots : "Helowyms" et "édification de l'homme". Pour le premier terme, je me souvenais de l'avoir déjà entendu : c'était juste avant que mon corps se mette à courir vers ce que j'avais compris après coup comme étant un portail. Bien que mes connaissances modernes, dont une partie provenait des nombreux films de science-fiction que j'avais visionnés, appelaient un portail une distorsion spatio-temporelle.
Pour le second par contre, je ne comprenais pas réellement le mot "édification". Ça devait avoir un rapport avec un édifice ?
- C'est-à-dire ? osais-je prudemment demandé, incertaine de bien saisir le sens des mots. Parce que je ne vois pas le lien entre un édifice et "édification de l'Homme".
Un silence gêné s'installa, m'obligeant à ne rien manquer de sa réaction. Je devais admettre que de voir l'exaspération déformer ses traits avant qu'elle finisse par rire sera sans doute un souvenir que je n'oublierais pas de sitôt. Me renfrognant, Aifé fit l'effort de faire semblant de tousser pour reprendre son souffle avant de me répondre :
- Pour vulgariser, les Dieux ont vraiment créé l'homme, génétiquement parlant. La pseudo-théorie des astronautes est vrai, tout comme les textes qui parlent de comment l'homme primitif est devenu l'homme d'aujourd'hui. Mais ce n'est pas vraiment de ça que je veux te parler.
J'opinais de haut en bas sans rien dire pour l'inciter à reprendre son récit. Elle me fit un petit sourire en coin avant de poursuivre :
- La réalité est plus grande que l'humanité peut l'imaginer. Même nous, les Daïmons, ne sommes pas les plus puissants. Nous sommes les gardiens de votre évolution, nous agissons pour ce qui est le mieux pour chaque âme qui s'incarne, tout en obéissant à la loi de non-gérance.
- Comme dans Star Trek ? demandais-je, sceptique.
Repensant à cette vieille série télévisée, je commençais à comprendre ce que m'avait dit Nicolaï lors du départ de Jeb. En effet, tout savoir possède sa part de vérité. J'étais malgré tout bluffée de voir les morcellements de la vérité ici et là, même dans une série aussi légendaire qu'est Star Trek.
Comme si Aifé avait entendu mes pensées, elle se contenta d'acquiescer de la tête. Cependant, je ne manquais pas sa messe basse sur le fait que j'étais devenue pour la citer " aussi diminuée par l'amnésie ".
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Notes :
Star Trek : série télévisée futuriste où une communauté intergalactique (La Fédération des planètes unies) s'assure de l'équilibre entre les différentes mondes et planètes du l'univers, dont la série suit particulièrement les aventures d'une équipe de l'organisation Starfleet. Celle-ci se charge de l'exploration de la Galaxie et de la défense de l'espace de la Fédération.
(source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Star_Trek ET https://fr.wikipedia.org/wiki/Starfleet )
La loi de non-gérance : Selon cette directive, la n'est pas supposée interférer dans le développement des autres espèces de l'univers tant que celles-ci ne sont pas parvenues par leurs propres moyens à . Et même alors, la Fédération n'interviendra qu'à la demande expresse des peuples concernés.
(source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Directive_Premi%C3%A8re )
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