27. 8 secondes. Un record.
Je m'étais sans doute endormie puisque je fus réveillé par un bruit de fracas et de cris. Mon corps se mit en marche avant mon cerveau, de sorte que je me retrouvais empêtré dans les couvertures sur le sol. Le temps que mon esprit se réveille, le vacarme se poursuivait, contribuant à mon mal au crâne. Je me plains à voix basse tandis que je me dépêtrais des tissus avant de m'agenouiller au sol. D'autres cris fusèrent peu après les éclats de je-ne-savais quel objet contre les murs.
Du moins, c'était ce que je présumais.
Poussant un gémissement dépité, je passais une main sur mon visage endormi en essayant de faire abstraction du vacarme. J'y parvins pendant 8 secondes. Un record.
- BORDEL! Il y a des gens qui dorment! beuglai-je en me précipitant sur la porte.
Je sortis en pétard de la chambre et saisit la première personne qui me passa sous la main. Sans prendre la peine de me formaliser du qui était-ce, je la saisis brutalement par son gilet pour la balancer d'où elle venait. Son corps qui fit des roulis-boulis au sol fut le seul son qui l'accompagna après le silence.
Je soupirais d'aise en profitant de l'accalmie. Je pris une longue respiration en fermant mes yeux, un léger mal de crâne me saisissant. Je me massais les tempes doucement tandis que des pas s'approchaient de moi. J'ai pris le temps de me calmer avant de m'intéresser à ce qui se passait autour de moi. J'ouvris mes paupières sur Nico qui semblait un brin trop content.
- Bon matin! Je suis trop content que tu te sois enfin réveillée!
J'ignorais si je devais trouver cela énervant ou amusant de le voir étirer son "content". C'était à méditer. Mais en fait, pourquoi est-il si heureux?
Me ramenant au présent, le rouquin passa un bras sur mes épaules, profitant sans doute de ce geste pour me faire une chatterie. Enfin, je veux dire me faire une caresse du bout des doigts. Bref, cela calma mon humeur massacrante du matin pour me permettre de mieux analyser ma situation. Sauf que je ne comprenais pas pourquoi je voyais une blonde. On aurait dit une scène d'animation où un des personnages se trouvait dans une position incongrue. L'observant un peu plus longtemps, je me demandais sincèrement comment elle s'était trouvé sur les épaules, la tête pliée et les genoux semblaient très près de son visage. Et plus je regardais cette blonde, plus son visage me semblait familier.
Non, je rectifie, je reconnaissais maintenant Callie, alias une connaissance de Jeb passive-agressive, qui se remettait lentement debout. Quoique cette fois-ci, elle semblait davantage abasourdie et furieuse que passive-agressive.
Mon intuition me souffla l'explication de cette scène, qui me laissa partagé entre la fierté et la culpabilité.
- Oh... c'est toi que je viens de balancer, c'est ça?
Cette dernière se contenta de retrousser ses lèvres telle un chien (ou une chienne, en fait), mais ce fut le tour de Nathan de débarquer. Mais, il semblait aussi ravi !
- Salut, beau cul! Merci pour ton aide!
Ce dernier se sauva au moment où Callie voulut lui sauter dessus avant que je comprenne la référence. Cela demanda un autre délai de quatre secondes cette fois pour que mon cerveau retrouve ce souvenir gênant où Nathan avait vu mes fesses. Je piquais un fard en étant dans l'incapacité d'aligner une contrepartie, surtout qu'il était trop loin de moi à ce moment-là. Au final, je ne fis que soupirer en me frottant le visage, encore un peu dans les vapes du sommeil. Mon ami rouquin me guida dans le lieu où nous nous trouvions pour m'emmener dans une cuisine. Celle-ci se résumait à ce mot: impersonnelle, froide et sans fenêtre. Il me fit m'asseoir avant de glisser un repas face à moi contenant des œufs, des pommes de terres et des rôties beurrées. Me rendant compte à quel point je me sentais affamée, je décidais de repousser mes questions pour plus tard.
- Parfait. Toi, mange. Et moi, je te fais le topo: nous sommes dans un bunker sur mon domaine, me narra Nico.
J'hochais la tête pour lui faire comprendre que j'écoutais tout en mangeant. C'est ainsi qu'il m'expliqua plus en détail la fin de l'attaque. Grosso modo, une équipe extérieure est intervenue pour arrêter nos assaillants qui s'avéraient être des zombies.
- On les appelle des zombies, parce que leurs esprits sont morts en quelque sorte, expliqua le rouquin en me voyant perplexe. Mais leurs corps sont encore vivants. Leurs esprits se sont enlisés dans l'Astral, et ils peuvent devenir dangereux. Mais on ignore pourquoi tu étais leur cible : les zombies n'ont pas une cible précise habituellement.
Un silence s'installa un moment le temps que je digère cette information. Puis, il reprit son récit lorsque lui et Jeb étaient partis me chercher. Quant au lieu où nous nous trouvions, le bunker était la cache la plus proche étant donné que je m'étais beaucoup plus éloignée que prévu. Ce fut lorsque Nathan vint nous rejoindre qu'il m'expliqua que nous étions à une journée et demie de marche de la maison de Nico. L'information me choqua tellement que j'avais arrêté de mâcher pendant plusieurs minutes, saisissant mentalement la distance que j'avais parcourue.
- Euh... Keyah, avale avant de t'étouffer, me fit remarquer Nathan en me donnant un coup de coude amical.
Je m'empressais d'avaler ma bouchée, évitant de justesse de réellement m'étouffer quand j'ai voulu parler.
- Mais- mais... comment? Comment ai-je été capable de parcourir une si grande distance ?!
- Tu as muté sous une forme capable de courir sur une telle distance, déclara Nathan certain de sa théorie.
- Nous avons trouvé des empreintes de félin inhabituelles, rajouta Nico en ramassant mon déjeuner terminé. Ce devait être toi.
Rendue à cette partie de l'histoire, Nathan m'avait offert un verre de lait au chocolat comme gage de paix. Personnellement, j'étais heureuse de balancer mes souvenirs de notre première impression aux poubelles pour en apprendre davantage sur ce garçon. Son attitude était à l'exact opposé de lorsqu'on s'était vu pour la première fois. Il semblait ne pas se méfier de moi, malgré que j'ignorais la raison de ce changement.
- Dis, Nathan, pourquoi tu es sympa avec moi, maintenant?
Ce dernier tourna la tête vers moi tandis qu'un sourire naissait sur son visage. Puis, il se contenta de lever deux doigts, sans répondre. Alternant mon regard entre ses doigts et son visage, j'attendais patiemment son explication le tout en buvant mon grand verre de lait au chocolat.
- Pour deux raisons. La première: tu as balancé Callie et j'avoue que ça m'a vraiment impressionné. La seconde, eh bien, c'est...
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